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EAN : 9782335067392
©Ligaran 2015
Avertissement pour la présente édition
C’est au mois d’avril 1744 que Voltaire commença à travailler au divertissement de la Princesse de Navarre , et ce ballet ne lui demanda pas moins de dix mois de remaniements et de retouches. « J’aurais mieux aimé faire une tragédie, » écrit-il à Richelieu, et on le croit sans peine. Il fallait écouter les avis de tout le monde, corriger, modifier d’après ces avis. Il était associé à Orphée -Rameau, ce qui n’augmentait pas médiocrement les difficultés. Pourquoi Voltaire mettait-il tant d’ardeur à cette ingrate besogne ? C’est qu’il espérait par là se mettre bien en cour : « Cette bagatelle, écrit-il à d’Argental, est la seule ressource qui me reste, ne vous déplaise, après la démission de M. Amelot, pour obtenir quelque marque de bonté qu’on me doit pour des bagatelles d’une autre espèce dans lesquelles je n’ai pas laissé de rendre service. »
Au commencement de janvier 1745, il va s’établir à Versailles, à l’hôtel de Villeroy, pour suivre les répétitions de plus près ; il écrit à Cideville : « Ne plaindrez-vous pas un pauvre diable qui est bouffon du roi à cinquante ans, et qui est plus embarrassé avec les musiciens, les décorateurs, les comédiens, les chanteurs, les danseurs, que ne le seront les huit ou neuf électeurs pour se faire un César allemand. Je cours de Paris à Versailles, je fais des vers en chaise de poste : il faut louer le roi hautement, M me la Dauphine finement, la famille royale doucement, contenter la cour, ne pas déplaire à la ville. »
Pour ses peines, il espérait et demandait les charges de gentilhomme de la chambre et d’historiographe du roi qu’avait eues Racine sous Louis XIV.
La représentation solennelle de la Princesse de Navarre eut lieu le 23 février, dans une salle construite exprès. Elle réussit officiellement. L’avocat Barbier, dans son Journal , dit, d’autre part, que la pièce avait paru longue, ennuyeuse, mauvaise. C’était être bien sévère pour une composition de ce genre. Voltaire s’exprime dans ces termes mesurés : « Mon ouvrage est décent ; il a plu sans être flatteur, le roi m’en sait gré. Les Mirepoix ne peuvent me nuire. Que me faut-il de plus ?… »
Il obtint ce qu’il avait souhaité, et plus qu’il n’avait souhaité : le brevet d’historiographe de France, qui lui fut délivré à la date du 1 er avril 1745, une pension de 2 000 livres, et la promesse de la première place vacante de gentilhomme ordinaire de la chambre ; il fit à ce propos cette épigramme ;
Mon Henri IV et ma Zaïre,
Et mon Américaine Alzire
Ne m’ont valu jamais un seul regard du roi ;
J’eus beaucoup d’ennemis avec très peu de gloire.
Les honneurs et les biens pleuvent enfin sur moi
Pour une farce de la Foire.
La seconde représentation de cette pièce fut donnée le samedi 27 février 1745. La même année, l’auteur la réduisit en un acte, ou, pour mieux dire, composa des scènes nouvelles pour en lier les intermèdes : ce nouveau travail était intitulé : les Fêtes de Ramire . Ce n’était plus une princesse de Navarre qui était l’héroïne de la pièce, mais une princesse grenadine. Richelieu, qui avait demandé, et à qui Voltaire avait remis son ouvrage, voulut quelques changements, soit dans les paroles, soit dans la musique. Mais Voltaire et Rameau étaient alors occupés du Temple de la Gloire , et le duc s’adressa à J.-J. Rousseau, à la fois poète et musicien (voyez dans la Correspondance générale la lettre de J.-J. Rousseau, du 11 décembre 1745 ; et la réponse de Voltaire, du 15 décembre). Les Fêtes de Ramire , dont il ne reste plus qu’un vers cité par J.-J. Rousseau, dans ses Confessions , livre VII, furent jouées le 22 décembre.
La Princesse de Navarre fut jouée à Bordeaux en novembre 1763.
Avertissement
Le roi a voulu donner à madame la Dauphine une fête qui ne fût pas seulement un de ces spectacles pour les yeux, tels que toutes les nations peuvent les donner, et qui, passant avec l’éclat qui les accompagne, ne laissent après eux aucune trace. Il a commandé un spectacle qui pût à la fois servir d’amusement à la cour, et d’encouragement aux beaux-arts, dont il sait que la culture contribue à la gloire de son royaume. M. le duc de Richelieu, premier gentilhomme de la chambre, en exercice, a ordonné cette fête magnifique.
Il a fait élever un théâtre de cinquante-six pieds de profondeur dans le grand manège de Versailles, et a fait construire une salle dont les décorations et les embellissements sont tellement ménagés que tout ce qui sert au spectacle doit s’enlever en une nuit, et laisser la salle ornée pour un bal paré, qui doit former la fête du lendemain.
Le théâtre et les loges ont été construits avec la magnificence convenable, et avec le goût qu’on connaît depuis longtemps dans ceux qui ont dirigé ces préparatifs.
On a voulu réunir sur ce théâtre tous les talents qui pourraient contribuer aux agréments de la fête, et rassembler à la fois tous les charmes de la déclamation, de la danse, et de la musique, afin que la personne auguste à qui cette fête est consacrée pût connaître tout d’un coup les talents qui doivent être dorénavant employés à lui plaire.
On a donc voulu que celui qui a été chargé de composer la fête fit un de ces ouvrages dramatiques où les divertissements en musique forment une partie du sujet, où la plaisanterie se mêle à l’héroïque, et dans lesquels on voit un mélange de l’opéra, de la comédie, et de la tragédie.
On n’a pu ni dû donner à ces trois genres toute leur étendue ; on s’est efforcé seulement de réunir les talents de tous les artistes qui se distinguent le plus, et l’unique mérite de l’auteur a été de faire valoir celui des autres.
Il a choisi le lieu de la scène sur les frontières de la Castille, et il en a fixé l’époque sous le roi de France Charles V, prince juste, sage, et heureux, contre lequel les Anglais ne purent prévaloir, qui secourut la Castille, et qui lui donna un monarque.
Il est vrai que l’histoire n’a pu fournir de semblables allégories pour l’Espagne, car il y régnait alors un prince cruel, à ce qu’on dit, et sa femme n’était point une héroïne dont les enfants fussent des héros. Presque tout l’ouvrage est donc une fiction dans laquelle il a fallu s’asservir à introduire un peu de bouffonnerie au milieu des plus grands intérêts, et des fêtes au milieu de la guerre.
Ce divertissement a été exécuté le 23 février 1745, vers les six heures du soir. Le roi s’est placé au milieu de la salle, environné de la famille royale, des princes et princesses de son sang, et des dames de la cour, qui formaient un spectacle beaucoup plus beau que tous ceux qu’on pouvait leur donner.
Il eût été à désirer qu’un plus grand nombre de Français eût pu voir cette assemblée, tous les princes de cette maison qui est sur le trône longtemps avant les plus anciennes du monde, cette foule de dames parées de tous les ornements qui sont encore des chefs-d’œuvre du goût de la nation, et qui étaient effacés par elles ; enfin cette joie noble et décente qui occupait tous les cœurs, et qu’on lisait dans tous les yeux.
On est sorti du spectacle à neuf heures et demie, dans le même ordre qu’on était entré : alors on a trouvé toute la façade du palais et des écuries illuminée. La beauté de cette fête n’est qu’une faible image de la joie d’une nation qui voit réunir le sang de tant de princes auxquels elle doit son bonheur et sa gloire.
Sa Majesté, satisfaite de tous les soins qu’on a pris pour lui plaire, a ordonné que ce spectacle fût représenté encore une seconde fois.
Prologue de la fête pour le mariage de M. le Dauphin
LE SOLEIL descend dans son char, et prononce ces paroles :
L’inventeur des beaux-arts, le dieu de la lumière,
Descend du haut des cieux dans le plus beau séjour
Qu’il puisse contempler en sa vaste carrière.
La Gloire, l’Hymen, et l’Amour,
Astres charmants de cette cour,
Y répandent plus de lumière
Que le flambeau du dieu du jour.
J’envisage en ces lieux le bonheur de la France