Jeïs , livre ebook

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Je m’appelle Jeïs...
J’étais une adolescente insouciante, une jeune fille comme tant d’autres au sein de mon peuple, les Loupbrousses.
Étais-je heureuse ? Pas vraiment. J’offrais cette sensation à ma mère, Miléline. Une femme singulière, physique antagoniste avec ce peuple du nord qui s’en méfiait.
Et un jour tout bascula...
La mort s’abattit sur mon village, tuant les miens, me laissant seule et perdue.
Mais finalement, seule, ne l’ai-je pas toujours été ?
La fuite m’a poussé dans les bras des Lupios, puis dans ceux d’Astinjal et de Backlüs, deux êtres sombres au comportement troublant.
Des alliés dont personne ne voudrait. Et pourtant, c’est avec eux que je vais m’attacher à dévoiler mon passé des plus obscurs...
Grave erreur...
Certaines vérités ne sont pas bonnes à déterrer...
Et de cette fange, je vais renaître... différente... moins naïve... dangereuse...
Je m’appelle Jeïs et j’étais une adolescente insouciante... c’était avant...


Note de l'éditeur : version revue et corrigée (2.0) mise en ligne le 14 septembre 2012.

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Date de parution

28 juin 2012

Nombre de lectures

32

EAN13

9782919550326

Langue

Français

Jeïs
Le chemin de la liberté
Jean Vigne
Éditions du Petit Caveau - Collection Sang d'Ailleurs
Avertissement

Salutations sanguinaires à tous ! Je suis Van Crypting, la mascotte des éditions du Petit Caveau. Je tenais à vous informer que ce fichier est sans DRM, parce que je préfère mon cercueil sans chaînes, et que je ne suis pas contre les intrusions nocturnes si elles sont sexy et nues. Dans le cas contraire, vous aurez affaire à moi.
Si vous rencontrez un problème, et que vous ne pouvez pas le résoudre par vos propres moyens, n’hésitez pas à nous contacter par mail ou sur le forum en indiquant le modèle de votre appareil. Nous nous chargerons de trouver la solution pour vous, d'autant plus si vous êtes AB-, un cru si rare !

Prémices
Quelle lumière étincelante ! Un goût unique figé dans cet œil rond à l’iris de feu. Si beau, doux, apaisant, l’éclat m’inspire confiance. Après tant de luttes, de trahisons, de désillusions, j’en suis réconfortée. Où sont mes amis, les quelques rares personnes que j’ai aimées et que j’aime encore ? Sans doute, loin, à vivre d’autres aventures, à parcourir les chemins tortueux de l’existence. La lumière m’appelle, il est temps pour moi de l’accepter. Elle palpite, régulière comme le battement de mon cœur, un appel sans cesse renouvelé. La porte derrière moi se ferme, bruit mat pour sceller mon destin. Tout semble si paisible ici… Dois-je le croire ?
La retrouver

« Où que tu sois, je te vois,
Où que tu ailles, je te chercherai,
Où que tu t’échappes, je te trouverai,
Le temps qu’il faudra, cela me prendra,
Mais jamais, tu ne m’échapperas,
Car ton destin est lié au mien. »
… L’homme souffle, dépité. D’une voix sèche, il apostrophe le responsable de la garde.
Où l’as-tu déniché, celui-là ? Je n’ai jamais rien entendu de pire. Un poème, ça ? Tout juste un gribouillis d’enfant de cinq ans !
Le guerrier n’ose répondre. Il comprend la source du problème. Ne vient-il pas lui-même de subir l’écoute de cette poésie insipide ? Son seigneur quitte à regret l’assise pourtant confortable de son trône et lâche, aigri :
Envoie-moi ça dans les mines de Katarïa. Au moins, là-bas, cet imbécile ne nous polluera plus les oreilles…
Le troubadour veut protester, une poigne ferme l’en dissuade. Un dernier regard vers son maître pour confirmer l’ordre et le garde s’évanouit avec son prisonnier. Si le courage ne lui manquait pas, le guerrier serait tenté d’indiquer à son souverain combien il est dur de trouver encore un scribe digne de ce nom dans le royaume. La plupart ont fini dans les mines, les autres, en pâture aux charognards. Celui-là, il l’a dégoté dans une taverne malfamée de Lisbung. Le type, à moitié saoul, ne savait pas où il mettait les pieds… sinon, il se serait lui-même coupé la langue pour éviter la mine.
Je n’ai rien fait, piaille le pauvre diable, entre deux grognements de douleur.;
C’est justement ça ton problème, crétin !
Le garde pousse sans ménagement son prisonnier. Le voilà obligé de trouver un autre imbécile pour jouer les artistes d’opérette… où va-t-il dénicher un inconscient pareil ? Même le pire des pochtrons n’osera plus mettre les pieds ici. Et dire que ses subalternes envient sa place de chef…
Le souverain retourne à son fauteuil, fatigué par la prestation de ce troubadour à l’imagination étriquée. Six ans déjà qu’il cherche. Six longues années où, par tous les moyens, il tente de la retrouver. Peine perdue. Cette idée de missive lancée dans tout le royaume n’est que la dernière d’une interminable série d’échecs. À quoi bon insister, elle est prisonnière de ce rat, voilà tout. C’est la seule explication plausible, la seule.
Mais où es-tu ?
D’une main hésitante, il caresse une tenture colorée, aux liserés argentés. Le tissu borde une ouverture offrant une vue incomparable sur l’oasis de Malgräer. C’était elle qui, autrefois, passait commande d’étoffes douces et soyeuses aux tisserandes réputées de Génioul la ventée. Il fallait égayer un peu cet endroit morbide, disait-elle de sa voix cristalline.
Il fallait…
Pourquoi ne donne-t-elle pas signe de vie ? Même prisonnière, elle aurait forcément dû s’échapper, laisser un message, un indice. Est-elle morte ? Cette dernière pensée le terrifie. Presque à regret, il se lève une fois encore. Il lui reste tant de choses à régler en ce jour, des affaires courantes et rébarbatives, tant de devoirs que lui seul est capable de gérer.
De quoi l’oublier… jusqu’au crépuscule. Là, les cauchemars reviendront hanter ses nuits, comme toujours…
Souvenirs Mortels

Le froid, toujours ce maudit froid.
La neige cruelle me poursuit de sa morsure. Le givre s’insinue comme une sale catin dans les moindres recoins de mon être. Une flèche glacée prête à transpercer mon cœur. Je suis à bout de force. Une branche morte s’amuse à me faire trébucher. Cette garce dissimulée sous la neige m’a mise à genoux. Comment supporter plus longtemps l’impensable ? Ma seule envie, m’allonger et dormir. Oh oui, dormir d’un sommeil éternel…
Et ce satané vent qui ne cesse de siffler à mes oreilles, bien mal couvertes par ce berakan en peau de chèvre. Ce souffle maudit me traverse comme si je n’existais pas, se moquant de mon désarroi. Découragée, je finis par observer le paysage alentour. Du blanc, du blanc et toujours du blanc, un désert d’une uniformité désespérante. Même le ciel chargé de neige brouille le relief, écrasé par la main d’un artiste peu inspiré.
Il aurait pu au moins apposer une touche de couleur, de-ci, de-là, histoire de me guider dans cet enfer hivernal.
Bon, ma petite Jeïs, premier constat, tu es perdue. C’est bête de l’avouer, mais inutile de me mentir, je suis en bien mauvaise posture. Deux jours dans cette galère, ce blizzard démoniaque comme seul guide et cette meute affamée qui n’a de cesse de me traquer, j’ai connu mieux. Deux jours de fuite, tel un animal en détresse. Combien de temps tiendrais-je encore ? Il serait si facile de déposer les armes, de s’abandonner aux intempéries et de s’adonner à cette douce somnolence. Un serpent au venin prometteur qui me libérerait de mes souffrances. Je sens ma tête s’alourdir, mes bras s’ankyloser, mes jambes abdiquer. Un fin manteau de neige commence à me couvrir, me voilà transformée en statue de givre plantée dans ce décor sans vie.
Soudain, un cri me sort de ma torpeur. Un hurlement à glacer le sang – ce qui, il faut l’avouer, est déjà le cas…
Ils arrivent… Ainsi, ils m’ont retrouvé…
Dans un ultime effort, je me relève. La pellicule de glace sur mes habits tombe en une fine pluie sur le sol gelé. Il me faut avancer, reprendre pied, sous peine de mourir. Je me nomme Jeïs, j’ai seulement treize ans et je n’ai pas le droit d’abandonner, pour mon père, pour ma mère. Mes parents… À cette pensée, je ne peux m’empêcher de pleurer. Mes larmes se figent au contact du froid, perles nacrées de désespoir.
Et ces hurlements qui ne cessent de me poursuivre…
Malgré moi, les souvenirs affluent…
— Jeïs, arrête de faire l’imbécile !
La voix épaisse de son père résonne dans la pièce, grognement d’un ours mal léché, mais peu féroce. La petite fille vient de fêter ses six ans et revendique les mêmes libertés que sa sœur aînée, Armantiste. Revendication étouffée dans l’œuf par son cabot de paternel :
— Ta sœur à quatorze ans, toi tu n’en as que six, alors tu fais ce que je te dis et tu te tais.
Inutile d’aboyer comme Cleps, le chien du voisin… Jeïs hausse ses frêles épaules et jette une tentative de regard noir vers ce grand bonhomme. Peine perdue, l’homme à la carrure de bûcheron n’est guère impressionné par sa brindille de fille. Son visage carré exprime tout au plus une pointe d’amusement, avant de regagner un sérieux à faire peur. Brômks est ce digne représentant du peuple des loupbrousses . Forgé dans la trempe d’un climat nordique, le caractère froid et dur, pas question de plaisanter avec l’ordre et le respect. Pourtant, Jeïs ne craint pas ce grand gaillard au verbe sec. Brômks peut grogner, Jeïs du haut de ses six ans sait comment l’amadouer. Un regard, un sourire, une mimique de son cru, et voilà son père acquis à sa cause. Toutefois, à son grand désarroi, son petit stratagème ne semble pas fonctionner cette fois-ci.
— Je t’ai dit non, non, et non ! Les gorges de Tyëls sont dangereuses, inutile de te le rappeler. Je ne veux pas que tu t’en approches. Seuls nos pécheurs ont le droit d’y pénétrer, et encore, les meilleurs…
— Il a raison Jeïs.
La voix douce, suivie d’un geste tendre sur sa joue, c’est sa sœur aînée, Armantiste. Celle-ci s’accroupit et la fixe d’un sourire enjôleur.
— Tu pourras m’accompagner d’ici quelques années ma belle, lorsque tu auras grandi.
Jeïs ne sait quoi répondre. Sa sœur, si belle, a toujours été bienveillante. Elle ne lui ment jamais, signe d’une réciprocité partagée. Pourtant, elles sont si différentes toutes les deux : l’aurore et le crépuscule, l’eau et le feu, la bruine matinale, longue et langoureuse, face à l’orage, violent et passionnel. Jeïs au teint doré comme le miel, aux yeux noirs comme la braise, aux cheveux flamboyants. Tout le contraire de son aînée, blanche comme la neige, la chevelure ivoire, parsemée de reflets bleu azur, les prunelles couleur de lac de montagne. Jeïs admire sa sœur qui entre de plain-pied dans une féminité assumée. Armantiste s’éloigne, non sans lancer un dernier au revoir à sa cadette.
— Pourtant, j’aimerais tant t’accompagner, murmure Jeïs, le visage crispé…
Une grotte… mon unique chance. Non loin derrière, je peux percevoir les ombres mouvantes, furtives, agressives. Ils sont là, ils n’ont pas renoncé, tous mes efforts pour leur échapper sont restés vains.
Jeïs, ma grande, la calamité te poursuit comme la peste brune…
Cette maudite grotte est mon seul salut. Malgré le froid, les membres engourdis, la douleur dans mes cuisses, j’avance, mue par mon instinct de survie, l’héritage de mon père. Peut-être, une fois à l’intérieur, ces sales vermines cesseront-elles de me harceler. Foi de Jeïs, je n’aband

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