50 ans de mutations de lemploi
4 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
4 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Au début des années 1960, la main-d’œuvre est très majoritairement masculine, plutôt ouvrière et peu qualifiée. Souvent, seul le chef de ménage exerce une activité hors du domicile. C’est le règne de la grande entreprise industrielle marquée par une organisation du travail de type fordiste ou taylorien, avec essentiellement des contrats de travail à durée indéterminée et à temps plein. Aujourd’hui, l’emploi apparaît plus « éclaté », qu’il s’agisse des statuts et des situations d’activité entre l’emploi et le chômage, des durées et rythmes de travail, des modes de rémunération ou des unités productives. Au cours de ces cinquante dernières années, l’emploi s’est féminisé, tertiarisé et urbanisé, il est devenu plus qualifié mais aussi moins jeune. Les contraintes associées au travail ont progressivement changé de nature avec la montée des flexibilités : moins de fatigue physique mais davantage de stress au travail. Les recensements de la population permettent de préciser certaines de ces grandes évolutions. De l'ouvrier spécialisé à l'employée de service Élévation du niveau de formation, vieillissement progressif de la main-d’œuvre La multiplication des statuts Encadré Le recensement de la population de 2007 : un concept d’emploi plus large que lors des recensements précédents

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 71
Langue Français

Extrait

N° 1312 - SEPTEMBRE 2010
50 ans de mutations de l’emploi
Olivier Marchand, direction des Statistiques démographiques et sociales, Insee
u début des années 1960, la également l’expression d’une forte demande
des entreprises dans certains secteurs et surmain-d’œuvre est très majoritaire-
certains métiers, qui fait appel à toutes lesAment masculine, plutôt ouvrière et
réserves potentielles de main-d’œuvre, notam-
peu qualifiée. Souvent, seul le chef de
ment les femmes ; mais c’est aussi, et
ménage exerce une activité hors du domi- peut-être surtout, la marque que désormais les
cile. C’est le règne de la grande entreprise femmes se réalisent dans un emploi perçu
industrielle marquée par une organisa- comme nécessaire à leur reconnaissance
sociale et à leur autonomie personnelle.tion du travail de type fordiste ou taylo-
La féminisation de l’emploi va de pair avec unrien, avec essentiellement des contrats
bouleversement de la structure sociale. Ainsi,
de travail à durée indéterminée et à temps
plus de quatre ouvriers sur cinq sont des
plein. hommes, tandis que près de quatre employés
Aujourd’hui, l’emploi apparaît plus sur cinq sont des femmes. Les premiers ont
« éclaté », qu’il s’agisse des statuts et des peu à peu laissé la place aux secondes alors
que, pendant plus d’un siècle, l’ouvrier a été lasituations d’activité entre l’emploi et le
grande figure de notre société. C’est après lachômage, des durées et rythmes de
Seconde guerre mondiale que le nombre d’ou-
travail, des modes de rémunération ou
vriers croît le plus vite : en 1962, ils sont
des unités productives. Au cours de ces 7,4 millions (dont 0,8 million d’ouvriers agrico-
cinquante dernières années, l’emploi les), soit 39 % de la population en emploi
s’est féminisé, tertiarisé et urbanisé, il est (graphique 2). Aujourd’hui, on ne recense
guère plus de 6 millions d’ouvriers, soit moinsdevenu plus qualifié mais aussi moins
d’un emploi sur quatre. Conséquence du reculjeune. Les contraintes associées au
de l’industrie, le nombre et surtout la part des
travail ont progressivement changé de
ouvriers ont fortement diminué depuis une
nature avec la montée des flexibilités : bonne trentaine d’années. C’est la composante
moins de fatigue physique mais davan- la moins qualifiée de cette main-d’œuvre qui a
tage de stress au travail. été la plus touchée, du moins jusqu’au milieu
des années 1990 : les mesures d’allègementLes recensements de la population
des charges sociales pour les bas salairespermettent de préciser certaines de ces
alors prises, ainsi que le développement du
grandes évolutions.
Taux de féminisation de l'emploi deAu recensement de 1962, le nombre de person-
1962 à 2007nes occupant un emploi (définitions) en France
en %
métropolitaine était de l’ordre de 19 millions,
50
dont les deux tiers étaient des hommes.
45Quarante-cinq ans plus tard, en 2007, et
toujours d’après le recensement de la popula- 40
tion (encadré), il avoisine 26 millions et se
35
partage presque à parts égales (53 % - 47 %)
30
entre hommes et femmes (graphique 1).La
25forte montée de l’emploi féminin, essentielle-
ment salarié, s’est engagée au milieu des 20
années 1960.
15
Ce mouvement s’achève maintenant que les
10
générations nées après 1945 ont totalement
5remplacé leurs aînées sur le marché du travail.
C’est le résultat de l’élévation générale du 0
1962 1968 1975 1982 1990 1999 2007niveau de formation de la population et de l’in-
Champ : actifs ayant un emploi, France métropolitaine, contingent
térêt, ou de la nécessité, d’un double salaire à
exclu.
l’ère de la « consommation de masse » ; c’est Source : Recensements de la population.
INSEE
PREMIEREtravail à temps partiel ont favorisé l’em- (de 11,1 % à 24,8 %) et celui des cadres de nouvelles formes d’inégalités entre
ploi non qualifié, employé ou ouvrier. de plus de 11 points (de 4,7 % à 15,8 %). les femmes elles-mêmes : d’un côté, les
En revanche, depuis le début des Principales explications à ce développe- femmes bénéficiant d’une carrière inté-
années soixante, les professions sala- ment des compétences : la montée en ressante et bien rémunérée, pouvant
riées non ouvrières ont progressé de puissance des nouvelles technologies concilier le modèle masculin de réussite
façon continue. La part des employés de l’information et de la communication, professionnelle avec la vie de famille et
s’accroît de dix points (18,3 % en 1962, le souci d’une gestion plus rationnelle les contraintes domestiques, de l’autre
28,4 % en 2007), même si elle semble des ressources humaines, le renforce- celles qui connaissent la précarité de
plafonner depuis le tournant des années ment des fonctions commerciales ou l’emploi, le temps partiel contraint, les
2000. Le poids des professions intermé- technico-commerciales dans l’entreprise bas salaires et qui ne peuvent se faire
diaires progresse de près de 14 points et l’investissement de notre société dans aider dans la sphère domestique.
l’éducation, la santé et l’action sociale,
ainsi que dans la recherche. Répartition de l'emploi par
Élévation du niveau deLes femmes accèdent, beaucoup pluscatégorie socioprofessionnelle
souvent qu’auparavant, à des postes formation, vieillissementde 1962 à 2007
d’encadrement. Mais par ailleurs, ellesen % progressif de la main-d’œuvre
100 occupent fréquemment des emplois
faiblement qualifiés dans les secteurs L’amélioration de la qualification moyenne90
Ouvriers des services. Le développement de ces des emplois occupés a été étroitement
80
emplois de service, souvent assurés liée à l’élévation du niveau général de
70 autrefois dans la sphère domestique, a formation de la population. La proportion
60 d’ailleurs été une condition de l’accès de personnes en emploi ayant un
Employés des femmes aux postes les plus quali- diplôme de niveau supérieur ou égal au50
fiés, en élargissant les possibilités de bac est passée de 8,5 % à 51 % entre
40
garde d’enfants, de prise de repas à l’ex- 1962 et 2007 (graphique 3), avec un netProfessions intermédiaires
30 térieur du domicile... Alors que les inéga- avantage aux femmes. Depuis les
Artisans, commerçants, Cadres et professions lités entre sexes régressent très années 1960, des générations d’actifs20
chefs d'entreprise intellectuelles supérieures
progressivement, se sont ainsi ajoutées âgés et peu formés ont été remplacées
10
Agriculteurs exploitants
0
1962 1968 1975 1982 1990 1999 2007
Le recensement de la population de 2007 : un concept d’emploi plusLecture : en 1962, la part des agriculteurs exploitants dans
l'emploi était de 16 % ; en 2007, elle n'est plus que de 2 %. large que lors des recensements précédents
Champ : actifs ayant un emploi, France métropolitaine,
contingent exclu. Grâce au nouveau recensement de la (définitions). Dans cette optique, le recen-
Source : Recensements de la population.
population, on dispose d’une source sement comporte une question nouvelle
structurelle sur l’emploi beaucoup plus visant à réintégrer dans l’emploi toutes les
fréquemment mise à jour que ne l’était le personnes qui, même si elles ne se sont Répartition de l'emploi
recensement traditionnel de la popula- pas classées spontanément comme telles,par niveau de diplôme*
tion. En outre, les concepts d’activité et « travaillent actuellement », y comprisde 1962 à 2007
d’emploi mesurés par les enquêtes celles ayant un emploi occasionnel ou deen %
100
annuelles de recensement se sont très courte durée. Le nouveau recense-
Supérieur rapprochés des normes internationales ment couvre mieux les situations mixtes ou90
Bac ou équivalent
appliquées dans l’enquête Emploi : en intermédiaires : étudiants exerçant un
80
dépit de légères différences, les structu- « petit boulot », retraités conti

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents