Droits de l homme et dialogue interculturel
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Droits de l'homme et dialogue interculturel , livre ebook

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Description

Prétendant à l’universalité, les droits de l’homme conçus par l’Occident n’en demeurent pas moins les fruits d’une époque, d’une culture, d’une société, indissociables aussi de l’émergence d’une nouvelle conception de l’État. Répandus à travers le monde à travers les mouvements de l’histoire, guerres et colonisations, ils restent, en dépit de leur volonté de correspondre à tous et à toutes, des droits «?particuliers?», et même partiels, incapables de répondre aux attentes d’autres peuples ou d’autres cultures... C’est cette tension, ce nœud, que tente de résoudre la réflexion de Christoph Eberhard au cours d’un ouvrage d’anthropologie juridique, en pensant les outils conceptuels qui pourraient permettre l’avènement d’un droit capable de répondre aux tenants de chaque culture. Les mots clés de cette démarche?: l’ouverture à l’Autre, le dialogue, la communauté... Quelles seront les conditions et les modalités d’une redéfinition pertinente des droits de l’homme?? Sur quels méthode et paradigme s’appuyer pour mener ce processus devant aboutir à la refonte de ces droits, afin que chacun, quelles que soient son appartenance et son identité, s’y retrouve?? Socle du présent essai, ces problématiques osent se confronter aux paradoxes de ce que nous, Occidentaux, considérons comme un modèle indépassable, pointent les lacunes de ce système pour mieux le faire évoluer et faire de lui la chambre de résonances de desiderata forcément pluriels. Une prospection éclairée sur l’un des enjeux juridiques majeurs de notre époque marquée par la réévaluation de notre vivre ensemble.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 février 2014
Nombre de lectures 6
EAN13 9782748398335
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0064€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Droits de l'homme et dialogue interculturel
Christoph Eberhard
Connaissances & Savoirs

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Connaissances & Savoirs
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Droits de l'homme et dialogue interculturel
Merci à tous ceux qui ont contribué à la réalisation de ce travail et à tous ceux qui continueront à le faire vivre.
Ce livre leur est dédié.
Préface
J’ai l’immense plaisir de pouvoir rédiger la préface de cet ouvrage. À n’en pas douter, c’est une excellente initiative que prenait Christoph Eberhard de retravailler le volume qu’il sortait en 2002. En effet, on ne saurait suffisamment accentuer l’actualité de sa réflexion sur les tenants et aboutissants du dialogue entre les cultures juridiques à travers le monde, au moyen de l’instrument qu’offrent les droits de l’homme. Elle le fut déjà en 2002, elle l’est aujourd’hui plus que jamais. Le défi est de taille.
En découvrant les travaux de Christoph Eberhard – sa bibliographie s’est effectivement enrichie de manière spectaculaire depuis 2002 – on est frappé par l’originalité de la démarche. Celle-ci associe, d’une manière tout à fait audacieuse, la trajectoire personnelle de l’auteur à la rigueur scientifique. L’approche peut surprendre, car elle est inhabituelle. Elle est d’autant plus enrichissante pour le lecteur qui s’intéresse à la « pluriculturalité » et à la complexité qui accompagne celle-ci sur le plan du droit. Christoph Eberhard apporte un témoignage qui ne saurait être dissocié d’un exercice d’analyse de longue haleine auquel l’auteur s’applique depuis qu’il découvrait, jeune étudiant à Paris dans les années quatre-vingt-dix, la perspective anthropologique. Les nombreux épisodes investis depuis, dans un fructueux va-et-vient entre l’Europe et les autres continents du globe, entre la théorie et la pratique, entre le droit et l’approche « métajuridique », traduisent tout à la fois un investissement irremplaçable sur le vaste terrain des droits de l’homme et un effort de développement des idées particulièrement soutenu, imprégné d’un débat continu avec les auteurs dont il s’inspire.
Depuis 2000, l’année où il soutenait sa thèse de doctorat à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, de nombreux étudiants et chercheurs, aux horizons les plus divers, ont pu bénéficier des enseignements éclairés de Christoph Eberhard. Quiconque suivait un de ses cours, que cela soit en France, en Belgique ou ailleurs, reconnaît en lui un penseur qui, au carrefour du droit et de la culture dans ses formes les plus diverses, cherche à dépasser une approche technicienne des droits de l’homme, pour démontrer que le système universel des libertés, dites irréductibles de la personne, est lui aussi une culture. Il le fait avec pouvoir de conviction. Son ouvrage, parfaitement maîtrisé dans la forme comme sur le fond, prend pour thème cette démonstration.
Un constat s’impose : cette seconde édition de l’ouvrage n’est pas un aboutissement. Au contraire, elle est l’expression d’un cheminement intellectuel qui, face au schéma d’organisation juridique des sociétés humaines, s’interroge et ne cesse d’évoluer en se nourrissant d’expériences concrètes de terrain. Depuis 2002, l’auteur faisait des longs séjours, durant chaque fois plusieurs mois, tantôt en Inde, tantôt en Chine. En suivant au plus près certaines réalités au sein de deux civilisations, encore – relativement peu ou sinon – mal connues du lecteur francophone, Christoph Eberhard démontre la place féconde de la culture au sein de toute notion de droit. Mais sa démarche va aussi bien au-delà de cette démonstration, elle transcende en quelque sorte les circonstances immédiates – pour complexes et riches qu’elles soient – en quête d’ouvertures, de rencontres, de métissages entre les systèmes parfois antagoniques. Il a le soin de méticuleusement résumer la pensée des auteurs qui l’accompagnent dans cette recherche, ce qui ajoute de l’intérêt à l’ouvrage en donnant au lecteur la possibilité d’aller, lui aussi, puiser dans des sources tantôt juridiques, tantôt philosophiques ou anthropologiques.
Aujourd’hui, les droits de l’homme sont devenus un enjeu essentiel des relations entre sociétés humaines, nationales et internationales, de par le monde. Christoph Eberhard lance un appel au « dialogue interculturel », pour parer à l’impérialisme culturel et politique qui prend argument du patrimoine commun de l’humanité que constituent les droits de l’homme pour imposer une vision unique, réduite de ceux-ci.
Ce que s’investit à démontrer avec finesse l’auteur se résume relativement facilement, mais est d’autant plus difficile à réaliser : pour pouvoir « entrer en dialogue », en particulier avec des cultures juridiques qui s’inscrivent dans une conception de la construction de la société – et de la place des individus au sein de celle-ci – différente de la nôtre, il faut se donner les moyens nécessaires. Les juristes sur ce point ont beaucoup à apprendre de l’anthropologie qui est une connaissance comparée, profondément ancrée dans les logiques normatives des sociétés qu’elle étudie. Christoph Eberhard n’hésite pas à s’inscrire dans cette démarche d’apprentissage : dans le contexte actuel de l’évolution vers un monde sans cesse plus complexe et pluriel, il prend appui sur l’anthropologie pour stimuler la réflexion sur la nature et la portée des droits de l’homme.
Dans un contexte international qui est aujourd’hui, hélas, souvent conflictuel et surtout très tendu à propos de maintes questions se rapportant aux droits de l’homme et de leur protection effective dans des situations concrètes, la démarche vient à point nommé. Certes, Christoph Eberhard n’est pas le premier juriste à se mettre à l’écoute de l’anthropologie pour proposer un rapprochement des visions qui ne soit pas une simple juxtaposition des différentes approches, mais on saluera son style très personnel, la grande liberté intellectuelle avec laquelle il traite son sujet, et enfin, sa conception féconde du rôle qu’il prête à l’anthropologie dans l’élaboration d’une véritable culture des droits de l’homme, qui serait ouverte et plurielle.
Marie-Claire Foblets
Professeur d’anthropologie du droit à la Katholieke Universiteit Leuven
Leuven, juillet 2010
Préface de l’auteur à la deuxième édition
« Ne sois pas une dépouille porteuse d’un nom,
Ne sois pas un réservoir de projets,
Ne prends pas d’affaires en charge,
Ne sois pas un maître de savoir.
Incarne totalement l’infini et ébats-toi dans le sans-trace.
Va au bout de ce qui t’est donné par le Ciel sans considérer que tu acquiers quelque chose.
Sois vide et c’est tout ! »
(Zhuang Zi, cité dans Robinet, 2002 : 248)
La deuxième édition de Droits de l’homme et dialogue interculturel est une occasion bienvenue pour fournir aux lecteurs un cadre de lecture pour cet ouvrage et pour ceux qui se sont depuis inscrits dans son sillon. Je commencerai par retracer pour les lecteurs l’origine de cet ouvrage. Expliciter la démarche dont il est l’aboutissement lui permettra de mieux saisir ses enjeux. J’aborde, maintenant depuis quelques années, l’anthropologie du Droit, comme un cheminement, voire une voie, au sens du do 1 des arts martiaux japonais (voir Eberhard, 2010a) 2 . C’est une voie qui n’est pas qu’intellectuelle mais existentielle. L’emprunter c’est changer, se transformer. Elle est tout aussi importante que les résultats qu’elle produit. Or, on n’a pas souvent l’occasion de partager son cheminement dans ses publications scientifiques. Une préface à une deuxième édition d’un ouvrage semble un endroit approprié pour une telle entreprise, surtout si l’ouvrage en question constitue le fondement d’une démarche intellectuelle. Et qu’il a été réédité justement : pour donner des clefs de compréhension et des pistes d’approfondissement à des chercheurs qui ont découvert la pensée de l’auteur dans des travaux ultérieurs, inscrits dans le même sillage. Il sera intéressant ensuite de dire quelques mots sur ces travaux, contenus en germe dans le livre que tient en mains le lecteur 3 .
Comparaisons, dialogues et choc culturel indien
La première édition de l’ouvrage, datant de 2002, était une version légèrement retravaillée de ma thèse de doctorat en droit, préparée au Laboratoire d’Anthropologie Juridique de Paris (LAJP) sous la direction d’Étienne Le Roy et défendue à l’Université Paris 1 Panthéon – Sorbonne en 2000. C’était le fruit d’un parcours interculturel débuté dès mon plus jeune âge. Il a commencé à se refléter plus explicitement dans mes réflexions sur le droit et la société lors d’une maîtrise de droit allemand à l’Université Paris 2 Assas et d’un master de droit allemand à la Ludwig Maximilians Universität München, où je me plongeai en 1993-1994, pour la première fois, dans un travail de droit comparé franco-allemand. Des questions s’y cristallisèrent. D’une part, sur ce que signifiait et impliquait la démarche comparative, mais aussi le dialogue entre cultures. Et d’autre part, sur comment aborder le pluralisme et les pratiques des acteurs dans la mise en forme de notre « vivre ensemble » contemporain. Je partis ensuite une année en Inde, pour un programme de M. Phil. in international law à la Jawaharlal Nehru University à Delhi. L’idée était de me familiariser avec une perspective non occidentale sur la globalisation et de découvrir une culture non européenne en vivant une vie estudiantine indienne. Je fus profondément choqué par deux choses.
D’abord, je pris conscience de la méconnaissance abyssale de l’Inde et du manque d’intérêt qu’elle suscitait en Europe 4 . Je dois avouer que,

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