Cerveau de soi, Cerveau de l'autre , livre ebook

Odile Jacob - Pierre Buser

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363 pages

Français

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Extrait

Description

Comment sait-on que l'autre a des représentations ? Comment sait-on que ces mots articulés que nous entendons expriment des représentations qui habitent le cerveau de l'autre ? Nous ne pouvons attribuer au cerveau de l'autre que des représentations que nous avons déjà dans le nôtre... Ce problème est l'un des nombreux sujets de discussion et de recherche en sciences cognitives que ce livre présente avec tous les arguments enjeu. L'auteur donne en outre une théorie plurielle de l'inconscient - cognitif et affectif - qui éclaire d'un jour nouveau cette question. Neurobiologiste, professeur émérite de neurosciences à l'université Paris-VI, Pierre Buser est membre de l'Académie des Sciences.

Sujets

Science

Neuroscience

Sciences et techniques

Life Sciences

Informations

Publié par	Odile Jacob
Date de parution	01 janvier 1998
Nombre de lectures	0
EAN13	9782738180803
Langue	Français
Poids de l'ouvrage	3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB , JANVIER 1998 15, RUE SOUFFLOT , 75005 PARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-8080-3
Ouvrage publié sous la responsabilité de Gérard Jorland
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
Sommaire
Couverture
Titre
Copyright
Avant-propos
Première partie - CONSCIENCE ET INCONSCIENTS
CHAPITRE I - Mental et cerveau
Il est difficile d’oublier l’histoire : du passé au présent
Idées générales sur le fonctionnement cérébral
De la matière et de l’esprit
CHAPITRE II - La conscience, clé pour la structure de l’esprit ?
Hypothèses sur les niveaux de conscience : des animaux et des hommes
Discussions : la conscience devant les théoriciens et les neurobiologistes
CHAPITRE III - Stimulations électriques de l’écorce cérébrale et expériences subjectives
CHAPITRE IV - Percevoir le temps
Présent et passé : l’hypothèse de Dennett
Quel temps prévu pour la perception consciente d’un stimulus ?
L’inconscient dans le mouvement volontaire et dans sa programmation
Chronométrie mentale : les étapes successives du temps de réaction
Quel temps pour traiter l’information sensorielle ?
CHAPITRE V - L’animal, intelligent mais aussi conscient ?
CHAPITRE VI - Premier regard sur l’inconscient cognitif
L’explicite et l’implicite cognitifs : le domaine préconscient
Quel rôle causal pour l’appréhension consciente ?
Entre conscience claire et préconscient, le noyau et la frange
Autoconscience et autocontrôle : enquête aux limites de la conscience réflexive
Deuxième partie - PERCEVOIR, SE SOUVENIR, AGIR
CHAPITRE VII - Questions sur la perception consciente et infraconsciente
Problèmes de la perception consciente
La perception sous-liminaire
La « vision aveugle »
CHAPITRE VIII - Attention et préattention
Des cadres théoriques pour l’attention et la préattention : l’attention et ses doubles visages
Un pas de plus vers les théories de l’attention
Attention et préattention dans le cadre expérimental et clinique
Neuropsychologie des états attentionnels chez l’homme
CHAPITRE IX - Conscient et infraconscient, explicite et implicite cognitifs dans la mémoire
Mémoire opérationnelle ou mémoire de travail
Mémoires et analyses par neuro-imagerie
Mémoire spatiale et représentation mentale de l’espace
Conclusion
CHAPITRE X - Les agnosies : déficits de perception, d’attention ou de mémoire ?
Avec une annexe sur les images mentales
Les agnosies visuelles
Combien de formes d’agnosies visuelles ?
Questions théoriques à propos des agnosies visuelles
Autres agnosies
Images mentales
CHAPITRE XI - Au-delà de l’attention : de la perception à l’action. Les déficits de l’activité gestuelle. L’involontaire et le volontaire
De la perception à l’action : des schémas-blocs
Un autre modèle expérimental fort utile : circuits pour l’action visuo-motrice
Données neuropsychologiques
Autour de la représentation mentale du mouvement
Apraxies, conception et structure du geste
Schémas du mouvement volontaire
Le cortex moteur, opérateur cognitif ?
Les aires préfrontales, un système d’autocontrôle métacognitif ?
CHAPITRE XII - Hémisphère gauche, hémisphère droit chez l’homme
Propos sur le langage
Perception et reconnaissance de la musique. Amusie, puis musique à droite, musique à gauche
Les sujets commissurotomisés. Deux cerveaux, une ou deux consciences ?
Désormais, quelles spécialisations fonctionnelles pour l’un et l’autre hémisphères ?
Quelle concession faire aux philosophes ?
Troisième partie - INCONSCIENTS AFFECTIFS ET PERTURBATIONS DE LA CONSCIENCE
CHAPITRE XIII - Conscient et inconscients affectifs, émotions, psychanalyse et rêves
Émotions
L’inconscient des analystes
Du rêve simple et du rêve lucide
CHAPITRE XIV - États modifiés de conscience sous anesthésie et dans certaines pathologies
Des performances cognitives sous anesthésie
Enquête brève sur les comas
États confusionnels ou crépusculaires. Les hallucinations
CHAPITRE XV - Hypnose, passé et présent, vraie ou fausse ?
Un peu d’histoire
Le sujet hypnotisé
Analgésie et amnésie
Vers la pathologie : vésication, hallucinations, catalepsie et hystérie
Hypnose et niveaux de conscience
CHAPITRE XVI - Psychobiologie des états de méditation
Écoles de méditation de l’Est et de l’Ouest
Voies de méditation et modifications de la conscience
Attention et classes de méditation
À la recherche d’une neuropsychologie de la méditation
Épilogue : comment conclure ce curieux chapitre ?
Conclure
Notes
Comment un neurobiologiste peut-il concevoir la genèse d’une expérience consciente ?
Bibliographie
I. Références générales
II. Références spécialisées
III. Références des figures
Index
Avant-propos

Tout commença il y a bien longtemps. J’expérimentais sur l’animal depuis de nombreuses années, tentant d’explorer, avec des fortunes diverses, un certain nombre de fonctions cérébrales chez l’animal. Par tradition et surtout pour suivre d’évidentes et élémentaires règles éthiques, la préparation était alors sous narcose profonde et l’espoir d’une interaction avec elle bien entendu impensable. Deux circonstances me firent soudain m’interroger sur ce que pouvait signifier être conscient. D’une part, les méthodes expérimentales avaient fait du chemin et désormais il devenait possible d’explorer le cerveau d’un animal éveillé, auquel on apprenait une tâche, avec lequel on interagissait, et l’analyse physiologique devint soudain passionnante, pour peu que l’on s’intéresse aux mécanismes du comportement, lorsque le sujet était un chat, ou un singe qui coopérait, sollicitait l’attention de l’opérateur, et tout simplement faisait partie du paysage de vie du laboratoire. J’eus d’autre part l’extrême chance de pouvoir participer, à partir de cette époque, dans un service de neurochirurgie stéréotaxique parisien, à des explorations effectuées sur des patients épileptiques (qui traversent, les cliniciens le savent bien, des niveaux de vigilance très variables).
Quelle était donc cette mystérieuse fonction qui faisait que le sujet est tantôt avec nous et conscient, tantôt au contraire mentalement absent et inconscient ? Je constatai très vite que si des cliniciens et des philosophes, aussi, parlaient parfois du psychique et du mental, très peu d’expérimentateurs, fussent-ils psychologues et à plus forte raison physiologistes, osaient le faire. Sans doute estimaient-ils, à tort ou à raison, que le thème n’était scientifiquement pas accessible. Mes questions restèrent sans réponse. La bienséance intellectuelle semblait souhaiter que ce problème soit tout simplement oublié.
Et voici qu’en un peu plus d’une décennie tout a paru bouger. En cette période récente où l’on ne l’attendait plus, où l’on aurait pu croire que serait éliminée toute subjectivité dans la démarche scientifique contemporaine, si fière d’être objective, voilà qu’a refait surface le phénomène de conscience. Et avec lui un satellite, l’inconscient dit cognitif . Ainsi nommé pour l’opposer à un autre, qui n’avait, lui, été ni oublié, ni ignoré de certains cliniciens et penseurs depuis la fin du XIX e siècle, celui de la sphère affective et émotive dans sa plus grande complexité ; celui-là n’a pas cessé de vivre des jours heureux depuis les débuts de l’analyse freudienne. Mais l’inconscient cognitif, qui sera un des axes principaux de mon essai, est celui que l’on découvre à mesure que se développent des recherches sur les processus conscients, et qui enferme toute cette richesse d’activités mentales intellectuelles qui échappent à notre appréhension claire. Banale en somme, la constatation que si, pendant une longue période, l’étude des mécanismes du cerveau a délibérément voulu ignorer, par un a priori très dogmatique, et la conscience et l’inconscient cognitif, un retour s’est maintenant largement amorcé. Et soudain, tout à la fois la démarche introspective et l’observation et le récit de l’autre ont repris une importance depuis si longtemps perdue.
On a vu se multiplier les analyses, les théories et les explications de ce que pouvaient être le conscient et l’inconscient. À l’écoute ou à la lecture des uns et des autres, je décidai de tenter à mon tour l’impossible : avec cet ouvrage, où je cherche à lier les mécanismes cognitifs conscients à ceux de l’inconscient également cognitif ; où je tente de faire la part de l’inconscient cognitif et celle de l’autre, l’inconscient affectif des profondeurs ; où j’essaye aussi de voir la conscience sous l’angle relativement large de la phylogenèse et de certaines pathologies ; où je m’applique enfin à explorer des activités aussi complexes et inattendues aux yeux de certains que l’hypnose ou la méditation.
J’ai souhaité, en bâtissant ce livre un peu atypique, où il est question de l’homme et un peu de l’animal, situer le point de vue d’un expérimentateur face à deux domaines auxquels il n’appartient pas, celui de la clinique et celui d’une certaine analyse philosophique. J’ai voulu réagir à cette curieuse tendance, que l’on retrouve si fréquemment chez les théoriciens de l’esprit et du mental, à invoquer la neuroscience, tantôt comme un domaine par excellence réducteur et mal aimé, tantôt au contraire comme un accompagnateur de leur cheminement. Au fil de l’écriture il m’est vite apparu enfin que, dans