Au commencement était l homme : De Toumaï à Cro-Magnon
184 pages
Français

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Au commencement était l'homme : De Toumaï à Cro-Magnon , livre ebook

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Description

« Nous ne connaissons qu'une petite partie de l'arbre évolutif des hommes et des grands singes africains. Des pans entiers continuent à nous échapper et beaucoup reste à découvrir. Mais ce que nous commençons à percevoir bouleverse toutes les conceptions classiques de l'homme et de sa place dans l'histoire de la vie. Notre évolution n'est pas singulière mais mosaïque, plurielle, buissonnante. Elle se place sous le signe de la diversité et l'homme moderne constitue le dernier représentant d'une grande histoire évolutive dont on appréhende à peine la richesse. Ce livre invite à suivre les étapes connues de notre histoire évolutive en faisant le point sur l'état des recherches en paléoanthropologie. Un extraordinaire voyage au commencement de l'homme, pour enfin savoir et comprendre qui nous sommes. » Pascal PicqPascal Picq est maître de conférences à la chaire de paléoanthropologie et préhistoire du Collège de France.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2003
Nombre de lectures 10
EAN13 9782738171276
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB, SEPTEMBRE 2003 15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN 978-2-7381-7127-6
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
Avant-propos

« Tous nos malheurs proviennent de ce que les hommes ne savent pas ce qu’ils sont, et ne s’accordent pas sur ce qu’ils voudraient être. »
V ERCORS, Les Animaux dénaturés , 1952.
Orrorin , tel est le nom du fossile du millénaire, annoncé à la fin de l’an 2000. Il provient de sédiments du Kenya âgés de six millions d’années et, de ce fait, vient confirmer l’hypothèse des origines de la lignée humaine qui s’enracinerait dans la partie orientale de l’Afrique, à l’est des vallées du Rift, la célèbre East Side Story d’ Yves Coppens. Et puis voilà qu’arrive Toumaï, un autre fossile trouvé en quelque sorte du mauvais côté du Rift, à 2 500 kilomètres à l’ouest. Annoncée au début de l’été 2002, cette découverte considérable nous oblige à repenser toutes les idées que nous avions sur les origines de notre lignée évolutive. Que d’os que d’os ! On ne cesse de produire de nouvelles découvertes. Au cours de la dernière décennie, une déferlante de fossiles et d’études a ainsi doublé le nombre d’espèces de la famille des ancêtres de l’homme. Pourtant, on est loin de nos surprises car, autant le dire d’emblée, on ne connaît qu’une toute petite partie de notre histoire évolutive.
C’est là un des paradoxes les plus troublants concernant la quête de nos origines. La paléoanthropologie — la discipline scientifique qui étudie l’évolution biologique de l’homme — traque nos ancêtres fossiles depuis un siècle et demi. Elle répond au besoin universel de savoir « ce que nous sommes ». Mais, ce faisant, elle reste profondément influencée par nos mythes séculaires, nos croyances religieuses et nos constructions philosophiques. Notre conception de la place de l’homme dans la nature comme de son évolution se fige obstinément sur une vision anthropocentrique du monde, venue de la pensée grecque classique, adossée à l’échelle des espèces ( scala naturae ) héritée du Moyen Âge. Ce qu’on appelle encore le processus de l’hominisation était déjà inscrit dans nos représentations bien avant la découverte en 1856 de l’homme de Neandertal, le premier fossile humain reconnu comme tel. D’une certaine manière, moins on avait de fossiles, plus l’on croyait tout savoir sur l’homme.
Dans l’état actuel de nos connaissances, on dénombre une vingtaine d’espèces fossiles, et plus d’hypothèses encore sur nos origines et notre évolution. D’un point de vue strictement scientifique, nous ne connaissons en effet qu’une partie de l’arbre évolutif des hommes et des grands singes africains. Certes, nous savons qu’il s’enracine en Afrique. Mais des pans entiers continuent toutefois de nous échapper, et beaucoup reste à découvrir. Mais ce que nous commençons à percevoir bouleverse toutes les conceptions classiques de l’homme et de sa place dans l’histoire de la vie. Le schéma tristement linéaire et hiérarchique qui fait se succéder une série d’ancêtres alignés entre le chimpanzé et l’homme n’est plus. La vision progressiste, qui associe une bipédie de plus en plus perfectionnée, un cerveau de plus en plus grand, des mains de plus en plus habiles et des outils de plus en plus diversifiés, vole en éclats. Notre évolution n’est pas singulière mais mosaïque, plurielle, buissonnante. Pour toutes les périodes connues, celles pour lesquelles nous disposons d’une documentation fossile, on constate que des australopithèques, des paranthropes ou des hommes ont été contemporains. Autrement dit, les bipédies et les gros cerveaux s’expriment selon diverses modalités chez l’homme moderne comme chez ses ancêtres. Il en va de même pour toute correspondance étriquée entre un type d’homme fossile et une culture préhistorique qui est devenue pareillement obsolète. L’usage d’outils comme l’invention de la pierre taillée précède l’émergence du genre Homo . L’outil ne fait donc pas l’homme, mais ce sont des hominidés qui font des outils. On observe aussi que certaines cultures sont partagées par plusieurs espèces de paranthropes et d’hommes alors que certaines espèces se trouvent associées à plusieurs cultures. Notre évolution se place sous le signe de la diversité et l’homme moderne — nous, en l’occurrence — constitue le dernier représentant d’une grande histoire évolutive dont on appréhende à peine la richesse.
Certes, une grande partie reste pour l’heure enfouie dans les profondeurs obscures de périodes encore avares de fossiles. Mais, dès que les sédiments livrent des vestiges de nos ancêtres, on constate la coexistence de plusieurs espèces. Il y a seulement 35 000 ans, les hommes de Neandertal et de Cro-Magnon cohabitaient en Europe. Deux espèces biologiquement distinctes partageant la même humanité. Il en fut ainsi tout au long de notre évolution. En fait, c’est notre situation actuelle — une seule espèce représentant toute une famille évolutive — qui se révèle aberrante. C’est ce que les fossiles viennent nous dire. Ils nous conduisent à repenser notre place dans l’histoire de la vie.
Ce livre invite à suivre les quelques étapes connues de notre histoire évolutive en faisant le point sur l’état des recherches en paléoanthropologie. Un court essai l’accompagne dont l’ambition est de dégager cette science de l’homme du déterminisme métaphysique qui l’entrave et de l’inscrire dans le cadre des sciences de l’évolution. Il est temps, en effet, d’en proposer une théorie qui se dégage de la pléthore d’écrits qui correspondent à autant de « ce que je crois ». Les paléoanthropologues, tout accaparés par l’avalanche des découvertes, ont délaissé l’exercice nécessaire d’une synthèse qui, forcément, devient vite remise en cause. Alors d’autres s’en chargent, souvent de manière remarquable, comme Stephen Jay Gould, spécialiste de l’évolution, ou Ian Tattersall, spécialiste de l’histoire évolutive des primates. Mais que dire de ces « nouveaux regards » et autres « vues novatrices » qui ne font que reprendre les vieux schémas de l’hominisation et, pour ce faire, récusent en bloc les théories de l’évolution ainsi que les connaissances apparues dans le cadre de recherches internationales, à commencer par celles relatives à la diversité de nos ancêtres ? Le temps est venu de proposer un récit scientifique des origines et de l’évolution de l’homme, avec ses incertitudes et ses questionnements, mais prenant en compte toutes les avancées acquises.
1
L’AFRIQUE, TERRE DES ORIGINES
Les origines, c’est le commencement de toute chose, de tout être. Nous naissons et nous mourons, ainsi va la vie. Mais comment se dégager de cette échéance (encore ?) inéluctable. C’est là la signification fondamentale des origines. Aucun homme, aucune culture humaine n’existent sans une représentation des origines. Les sciences n’échappent pas à cette quête. Mais leur plus grand défi, c’est justement de pouvoir s’affranchir de toutes nos représentations héritées de nos mythes, de nos croyances ou de nos convictions philosophiques. Ce premier chapitre se lance sur la piste des origines de la lignée humaine en s’efforçant d’éviter la ligne droite balisée par les certitudes et les ornières de nos multiples questionnements sur ce qui fait l’homme.
La prédiction de Charles Darwin

Dans La Filiation de l’homme en relation avec la sélection sexuelle , publié en 1871, Charles Darwin suggère que les origines de la lignée humaine se trouvent en Afrique. Il considère, en effet, que l’espèce vivante la plus proche de l’homme dans la nature actuelle est le chimpanzé. Comme ces grands singes vivent sur ce continent, la séparation entre notre lignée et la leur s’y est donc accomplie. Mais reste à en trouver les preuves.
Celles-ci seront mises au jour en 1959, dans les gorges d’ Olduvai en Tanzanie. C’est là que Louis et Mary Leakey, couple légendaire, prospectent les terrains fossilifères d’Afrique à la recherche des plus anciens vestiges des origines de l’homme. Ils découvrent les plus anciens outils en pierre taillée à côté d’un fossile d’australopithèque appelé en la circonstance Zinjanthrope, ce qui signifie l’« homme de la Tanzanie ». Cette découverte, décrite comme la « bombe d’Olduvai », marque un tournant majeur dans l’histoire de la paléoanthropologie.
L’événement ouvre une ère nouvelle dans les recherches sur les origines de l’homme. Il suscite l’organisation d’une dizaine d’expéditions internationales dont certaines aligneront une vingtaine de campagnes. C’est la « ruée vers l’os » qui connaîtra deux décennies prodigieuses jusqu’en 1977, pour reprendre de plus belle au cours des années 1990. Aujourd’hui, les preuves fossiles de notre évolution s’accumulent et reposent sur une collection de plusieurs centaines d’individus appartenant à moins d’une vingtaine d’espèces. Mais il s’agit de notre évolution et non pas de nos origines. Cette évolution s’étend sur une durée de cinq millions d’années. Avant, on a peu de fossiles, si ce n’est Orrorin tugenensis , le « fossile du millénaire » et Toumaï. Constat amer, on ignore comment a débuté l’histoire évolutive de notre lignée. En d’autres termes, on ne connaît pas l’état de nos origines.
Reconstituer nos origines

Les origines, nos origines, s’entendent ici comme l’état du dernier ancêtre commun à la lignée des chimpanzés et des hommes actuels, soit res

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