Seuls au monde , livre ebook

Charles Mitzner
Seuls au monde Grenoble–Auschwitz–Birkenau–Bobrek–Gleiwitz–Buchenwald –Haselhorst–Oranienburg- Sachsenhausen–Grenoble
Récit recueilli par Marie Billet
Collection Témoignages de la Shoah

Le Manuscrit


ISBN: 9782304033991
© 2019 Le Manuscrit
Charles Mitzner




Présentation de la collection « Témoignages de la Shoah » de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah
En lançant sa collection « Témoignages de la Shoah » avec les éditions Le Manuscrit, et grâce aux nouvelles technologies de communication, la Fondation souhaite conserver et transmettre vers un large public la mémoire des victimes et des témoins des années noires des persécutions antis é mites, de 1933 à 1945.
Aux nombreux ouvrages déjà parus, la Fondation espère ainsi ajouter les récits de celles et ceux dont les voix sont restées jusqu’ici sans écho : souvenirs souvent enfouis au plus profond des mémoires individuelles ou familiales, r é cits parfois écrits mais jamais diffusés, témoignages publiés au sortir de l’enfer des camps, mais disparus depuis trop longtemps des rayons des bibliothèques.
Si quelqu’un seul ne peut décrire l’indicible, la multiplicité des récits peut s’en approcher.
En tout cas, c’est l’objectif que s’assigne cette collection à laquelle la Fondation, grâce à son Comité de lecture composé d’historiens et de témoins, apporte sa caution morale et historique.
Face à une actualité où l’instrumentalisation des conflits divers tend à obscurcir, confondre et banaliser ce que fut la Shoah, cette collection permettra aux lecteurs, chercheurs et étudiants de mesurer la spécificité d’une persécution extrême dont les uns furent acteurs, les autres complices, et face à laquelle certains restèrent indifférents et les autres héroïques.
Puissent ces ouvrages inspirer à leurs lecteurs le rejet de l’antisémitisme et de toute autre forme d’exclusion, et l’esprit de fraternité.
Consultez le site Internet de la FMS : www.fondationshoah.org


Comité de lecture de la collection (2011)
Serge Klarsfeld, président
Henri Borlant, survivant de la déportation
Isabelle Choko, survivante de la déportation
Olivier Coquard, historien
Katy Hazan(OSE), historienne
Dominique Missika, historienne
Denis Peschanski, historien
Paul Schaffer, survivant de la déportation
Annette Zaidman, enfant cachée
Philippe Weyl, responsable de la collection
Correction : Laurence Beilvert
Voir les autres titres de la collection en fin de volume .


Biographie de Charles Mitzner
1919 10 mai : naissance de Charles Mitzner à Paris, deuxième fils de Herich Mitzner, né en ١٨٩٢ à Szczebrzeszyn , au sud-est de la Pologne, et d’Esther Dauman, née en 1893 à Varsovie . Celle-ci est venue de la capitale polonaise au début du siècle suivant avec ses frères et ses parents qui s’installèrent commerçants dans le XIe arrondissement. Les parents de Charles sont tailleurs au 16 rue Voltaire dans le XIe arrondissement de Paris. Leur aîné, Jacques, est né en 1915. La famille, juive non pratiquante, parle le yiddish.
1926 5 décembre : naissance du frère cadet de Charles, Simon Mitzner.
1937 Charles obtient le certificat de TSF et de radiotélégraphie de Paris.
Il prépare le concours d’entrée à l’école des Arts et Métiers de Paris, et suit avec son frère Jacques la Préparation militaire supérieure en cours du soir à Fontainebleau.
Charles fait des stages dans diverses entreprises dont la Société industrielle et téléphonique. Il travaille ensuite aux centraux téléphoniques de la ligne Maginot.
1939 3 septembre : la France et le Royaume-Uni déclarent la guerre à l’Allemagne nazie à la suite de son invasion de la Pologne deux jours plus tôt : début de la Seconde Guerre mondiale.
Cachant un handicap à la main gauche, Charles est mobilisé dans l’artillerie en qualité d’instructeur sur les canons antichar 47.
Son père est engagé volontaire et son frère Jacques est mobilisé, classe 35.
27 novembre : Charles part avec son contingent (classe 39/1) en direction de Nemours, puis Lyon pour se cantonner à Grenoble.
1940 10 mai : fin de la « drôle de guerre » et début de la phase armée du conflit.
Jacques, le frère de Charles, est fait prisonnier en Champagne. Il s’évadera par la suite.
17 juin : défaite française, le maréchal Pétain demande l’armistice aux Allemands.
18 juin : de la BBC à Londres, le général de Gaulle appelle les Français à la résistance .
Charles Mitzner, alors en garnison, est un des rares Français à l’entendre – il adhère à ce discours.
22 juin : l’armistice est signé à Rethondes. Trois cinquièmes de la France sont occupés.
10 juillet : à Vichy, l’Assemblée nationale vote les pleins pouvoirs au maréchal Pétain : fin de la IVe République remplacée par l’État français. Pé tain met en œuvre la « Révolution nationale », puis engagera la France dans la politique de collaboration avec l’Allemagne nazie.
Août : Charles est affect é à la surveillance du matériel de l’état-major du 2e régiment d’artillerie.
Automne : premières lois anti-juives adoptées par le gouvernement de Vichy, dont, le 3 octobre, le premier statut des Juifs.
1941 2 juin : second statut des Juifs.
Charles est mis aux arrêts pour avoir livré le matériel militaire aux Chantiers de la jeunesse de la région. Il est transféré à Lyon.
À l’hôpital militaire Desgenettes, Charles met tout en œuvre pour faire reconnaître son handicap de la main gauche par le corps médical.
23 octobre : Charles est réformé.
Il revient à Grenoble et travaille comme radioélectricien sur des postes de radio chez Chevalier, puis sur des talkies-walkies chez Célard.
Décembre : sa mère, Esther, et son frère Simon passent la ligne de démarcation à Charolles (Saône-et-Loire) pour rejoindre Charles à Grenoble.
1942 Mars : son père, Herich, les rejoint à Grenoble. Il trouvera rapidement un travail dans la confection.
Suite au débarquement allié en Afrique du Nord le 8 novembre, les armées d’occupation allemandes se rendent maîtresses de l’ensemble du territoire français, hormis huit départements du sud-est (dont l’Isère) qui passent sous le contrôle des Italiens.
1943 20 janvier : Charles Mitzner obtient une fausse carte d’identité au nom de Jean-Charles Millet.
16 février : loi du gouvernement de Vichy imposant le Service de travail obligatoire (STO) en Allemagne.
Charles est réfractaire.
Il participe à la Résistance par des distributions de journaux clandestins, des fournitures et réparations de matériel radioélectrique.
Charles vit en couple avec Marie Locatelli.
8 septembre : capitulation de l’Italie. La Wehrmacht prend possession de la zone d’occupation italienne en France.
1944 Le frère aîné de Charles, Jacques, vient dans la région de Grenoble où il parviendra à se cacher jusqu’à la fin de la guerre.
Février : par sécurité, Charles décide de rejoindre le maquis de Chartreuse ; Marie, enceinte, ira chez ses parents au Chevalon-de-Voreppe.
21 février : à midi, Simon, 17 ans, est raflé par la Gestapo devant une boulangerie. Une demi-heure plus tard, rue Très-Cloîtres, Charles est arrêté à son domicile avec sa compagne, Marie Locatelli. Transfert au siège de la Gestapo, cours Berriat.
23 février : transfert à l’hôtel Suisse et Bordeaux où séjourne le capitaine SS Aloïs Brunner. Marie, non juive, est relâchée.
24 février : transfert au camp de transit de Drancy (aujourd’hui en Seine-Saint-Denis) en wagon de voyageurs.
7 mars : déportation de Charles et Simon par le convoi n° 69 à destination du camp d’Auschwitz.
10 mars : arrivée à Auschwitz.
11 mars : transfert au camp d’extermination d’Auschwitz II-Birkenau, intégration au Kommando Siemens. Ce dernier, « logé » au Block 11 (disciplinaire), travaille à la construction de l’usine Siemens à Bobrek, à une petite dizaine de kilomètres.
Avril-mai : à Birkenau, Charles voit les centaines de milliers de Juifs hongrois conduits vers les chambres à gaz.
26 mai : transfert du Kommando Siemens au camp de Bobrek.
1er août : naissance à Grenoble de Marie-Antoinette, fille de Charles et Marie.
11 août : déportation du père de Charles, Herich, de Lyon à Auschwitz par le convoi n ° 78.
1945 17-18 janvier : évacuation du camp d’Auschwitz et de ses camps annexes par les SS. Charles commence une première marche de la mort jusqu’au camp de Gleiwitz, à environ 80 kilomètres vers le nord.
20 janvier : transfert en wagons découverts à travers la Tchécoslovaquie et l’Allemagne.
26 janvier : arrivée au camp de Buchenwald.
27 janvier : des soldats des forces armées soviétiques découvrent Auschwitz et libèrent les détenus laissés à leur sort par les nazis, dont le père de Charles. Celui-ci rejoindra la France via Odessa.
28 février : les membres du Kommando Siemens sont réunis, puis acheminés sur Berlin.
2 mars : arrivée à Berlin, et transfert dans sa banlieue, au camp d’Oranienburg-Sachsenhausen.
8 avril : transfert du Kommando vers une usine de Bavière.
Mi-avril : le convoi est bloqué à Dresde, bombardée quelques semaines plus tôt. Retour au camp d’Oranienburg-Sachsenhausen.
22 avril : évacuation d’Oranienburg-Sachsenhausen par les SS. Seconde marche de la mort en direction de Lübeck (land de Schleswig-Holstein, Allemagne actuelle) et de la mer Baltique.
3 mai : après 270 km d’errance, arrivée à proximité de Schwerin (de nos jours, land de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, Allemagne) ; les survivants constatent au petit matin que leurs gardiens les ont abandonnés dans la forêt où ils ont passé la nuit.
L’après-midi, ils rencontrent des soldats soviétiques et se savent libres.
Les frères Mitzner se rendent à Schwerin alors aux mains des Américains.
Ils sont pris en charge par les Britanniques à la caserne Adolf-Hitler où ils r