Pasteur et Koch : Un duel de géants dans le monde des microbes
132 pages
Français

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Pasteur et Koch : Un duel de géants dans le monde des microbes , livre ebook

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Description

Pour les Français, Louis Pasteur n’est pas seulement celui qui a inventé les vaccins, il est aussi le père de la microbiologie. S’ils connaissent le nom de Robert Koch, celui-ci n’évoque pour eux que le bacille de la tuberculose. À l’inverse, de l’autre côté du Rhin, on ne retient de Pasteur que la découverte du vaccin contre la rage, alors que Koch est un héros national, découvreur des bactéries causant les maladies infectieuses les plus meurtrières. Une rivalité féroce a opposé ces deux savants. Nourrie, du côté de Pasteur, par un nationalisme exacerbé résultant de la défaite française lors de la guerre de 1870, et, pour Koch, de sa difficulté à s’imposer face à un savant de vingt ans son aîné et bénéficiant d’un immense prestige international. Mouvementée et violente, cette opposition, qui s’est étendue aux écoles qu’ils ont créées, n’a pour autant pas été stérile, bien au contraire. Elle a conduit les savants français et allemands à se surpasser, accomplissant des oeuvres d’une étonnante complémentarité. Grâce à eux, la plupart des maladies infectieuses qui décimaient jadis l’humanité ont été vaincues. Annick Perrot est conservateur honoraire du musée Pasteur. Elle est l’auteur, avec Maxime Schwartz, de Pasteur et ses lieutenants. Maxime Schwartz est biologiste moléculaire. Il a été directeur général de l’Institut Pasteur. Il a publié Comment les vaches sont devenues folles, Des microbes ou des hommes, qui va l’emporter ? (avec François Rodhain) et La Découverte du virus du sida (avec Jean Castex). 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 septembre 2014
Nombre de lectures 5
EAN13 9782738169624
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB, SEPTEMBRE 2014 15, RUE S OUFFLOT, 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-6962-4
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
À Iona, Leïla, Lucie, Milla, Tamara, Éliote, Léa, Martin, Robin, Antoine et Mathieu
Préface

– Pasteur et Koch ? Pasteur, je connais, mais Koch, qui est-ce ? Et comment cela se prononce-t-il ? « Coq » ? « Coche » ?
– Koch était allemand. Le « ch » de son nom se prononce donc à l’allemande, comme un « r » venant du fond de la gorge.
– Qui était-ce ?
– Le bacille de Koch, cela ne vous dit rien ?
– Ah oui, le bacille de la tuberculose ! Il l’a donc découvert, mais comment le mettre en parallèle avec notre grand Pasteur ?
– Notre grand Pasteur ! Selon vous, qu’a-t-il fait, lui ?
– Ben… le vaccin contre la rage et… (silence)
Voici le dialogue que nous pourrions avoir avec la plupart des Français voyant la couverture de ce livre. Concernant Pasteur, c’est sans doute exagéré. Après quelques minutes de réflexion, notre interlocuteur se souviendra peut-être que Pasteur a établi le rôle des microbes dans les fermentations, qu’il a réfuté la théorie de la génération spontanée et qu’il a sauvé la sériciculture française avant de proposer un vaccin contre le charbon, maladie qui dévastait les troupeaux de vaches et de moutons. Pour Koch, quel Français connaît de lui autre chose que le bacille qui porte son nom ?
De l’autre côté du Rhin, quelle serait la réaction ? Le nom de Pasteur n’est pas inconnu, mais exclusivement pour son travail sur les vaccins, Koch, ce héros national qui a découvert les bactéries responsables de la tuberculose et du choléra, étant considéré comme l’inventeur de la bactériologie.
Ce livre a d’abord pour ambition de montrer à quel point la perception française de l’œuvre de Koch est limitée, autant que la perception allemande de celle de Pasteur.
Beaucoup, des deux côtés du Rhin, mais aussi dans le reste du monde, se souviennent sans doute que ces deux savants ont été rivaux. C’est cette rivalité, qui s’est d’ailleurs étendue à leurs collaborateurs, que nous allons rappeler. Une rivalité féroce, qui a vu des échanges verbaux et épistolaires d’une rare violence. Mais pour comprendre celle-ci, il convient de l’analyser dans la perspective des relations franco-allemandes de l’époque, consécutives à la guerre franco-prussienne de 1870. Cette guerre a fait de Pasteur, franchement germanophile dans sa jeunesse, un savant haïssant viscéralement l’Allemagne. Quant à Robert Koch, ce petit médecin de campagne qui a su se hisser au sommet de la gloire, on verra qu’il a vécu très difficilement la concurrence du grand Pasteur qui lui faisait de l’ombre.
On pourrait penser que cette rivalité a été stérile et contre-productive. Au contraire, semble-t-il, elle a créé une émulation qui conduisit chacun des deux protagonistes à se surpasser. L’œuvre de ces deux géants de la science, et plus généralement des écoles française et allemande, s’est révélée d’une merveilleuse complémentarité. Grâce à ces savants, la plupart des maladies infectieuses qui, avant eux, décimaient l’humanité ont été vaincues, au moins dans les pays développés.
CHAPITRE 1
Pasteur conquis par l’Allemagne

1852 : redingote noire impeccable, petites lunettes cerclées d’acier et barbe taillée qui donnent juste ce qu’il faut d’austérité et de sérieux au jeune professeur de chimie, Louis Pasteur, 30 ans, sillonne l’Allemagne, installé dans un compartiment du chemin de fer. En tête, un seul but : « Aller à la source de l’acide racémique. » Pour le débusquer, il ira, a-t-il promis, « jusqu’au bout du monde » ! En poche, des lettres de recommandation d’Eilhard Mitscherlich, célèbre chimiste allemand, et de son maître Jean-Baptiste Dumas, non moins célèbre chimiste français, viatiques qui doivent lui permettre d’approcher des fabricants du mystérieux acide. Le 9 septembre, il a laissé à Paris son épouse Marie, avec laquelle il s’est marié trois ans plus tôt, la petite Jeanne âgée de 2 ans et Batitisse, Jean-Baptiste, un bébé de 10 mois.
Qu’était donc cet acide racémique que Pasteur recherchait avec tant de détermination ? Pendant ses études à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm à Paris, ce jeune Jurassien s’était pris de passion pour la cristallographie. Au point qu’il en avait fait le sujet de ses thèses de chimie et de physique. L’un de ses composés de prédilection était l’acide tartrique, présent dans le tartre qui se dépose au fond des cuves où se produit la fermentation alcoolique lors de la transformation du jus de raisin en vin. Cet acide tartrique avait plusieurs utilisations industrielles, notamment pour la fixation des colorants sur les étoffes. Or il s’était trouvé qu’en 1844 l’Allemand Eilhard Mitscherlich avait découvert qu’un acide tartrique provenant de l’usine de l’industriel alsacien Charles Kestner avait des propriétés optiques particulières qui le différenciaient de l’acide tartrique classique 1 . Cet acide tartrique particulier avait été qualifié d’acide racémique. En 1848, Pasteur avait montré que l’acide racémique était en fait un mélange de deux sortes de tartrates dont les molécules, selon lui, se différenciaient par la position dans l’espace de leurs atomes, chacune étant comme l’image de l’autre dans un miroir. Ces travaux avaient rendu d’emblée Pasteur célèbre dans le milieu sélect des chimistes. Il n’eut alors de cesse que de continuer ses travaux avec le fameux acide racémique… mais il vint à en manquer, car l’industriel Charles Kestner, qui n’avait aucune idée de la raison pour laquelle ce composé était apparu dans son usine, en avait épuisé ses stocks. C’est pourquoi Pasteur s’était mis en tête de retrouver cet acide racémique chez d’autres industriels, espérant du même coup découvrir le secret de sa formation.
Or, au mois d’août 1852, Mitscherlich, nommé membre associé étranger par l’Académie des sciences, est de passage à Paris, accompagné de Gustav Rose, un autre cristallographe allemand. Ces messieurs expriment à Jean-Baptiste Biot 2 leur désir de rencontrer le jeune chimiste, lui et ses produits. Pasteur bondit et leur montre « pendant deux heures et demie au Collège de France ses cristaux ». « Ils ont été fort heureux et m’ont parlé avec beaucoup d’éloges de mes travaux », commenta-t-il. Puis Pasteur est convié à un dîner chez le baron Louis Jacques Thénard qui réunit la fine fleur de la chimie, Dumas 3 , Chevreul, Regnault, Pelouze, etc.
Fort impressionné par la découverte de Pasteur concernant l’acide racémique, Mitscherlich le félicite chaleureusement : « Nous avions tant et tant étudié ces cristaux que nous sommes persuadés que, si vous n’aviez pas trouvé en les observant de nouveau ce fait si remarquable, notre découverte serait restée ignorée pendant un temps considérable. » Et il lui indique un fabricant et ami, M. Fikentscher, habitant à Zwickau près de Leipzig, susceptible de disposer du composé magique. Pasteur ne peut retenir son excitation. Il lui faut, toute affaire cessante, aller chercher cet acide là où il se trouve. La force de sa conviction entraîne l’adhésion des sommités de l’Académie des sciences Jean-Baptiste Biot et Jean-Baptiste Dumas.
Dès lors que ce voyage en Allemagne est décidé, Pasteur est chargé d’une autre mission par Jean-Baptiste Dumas, qui a veillé à l’exécution de l’entreprise qu’il a soutenue de son crédit : « Il doit visiter tous les laboratoires allemands et tous les établissements scientifiques d’une partie de l’Allemagne pour les comparer à ceux qui existent en France et pour en prendre au besoin ce qu’ils auraient de bien. » De l’espionnage industriel, en quelque sorte !
Cependant, l’acide convoité se montre plus rebelle que prévu et recule à mesure que le détective avance.
Quand sa quête éperdue du Graal laisse à son esprit le loisir de s’intéresser à l’environnement, il confie ses impressions de voyage à sa « chère Marie » en brefs commentaires, noyés dans le flot abondant des explications sur les tartres et acides paratartriques. Le voyage lui paraît long, d’autant plus qu’il perd « un temps considérable à chaque station ». Désagrément compensé par « l’excellence des chemins de fer allemands ». Le voilà confortablement installé dans un compartiment de deuxième classe « qui vaut mieux que les premières en France », prix modique et peu de secousses. Après Bruxelles, que l’arrêt de quatre heures lui aura permis de visiter, il admire Cologne, où se déploie « le Rhin dans toute sa beauté », Hanovre, « qui respire fortune et noblesse », Magdebourg, « place forte très curieuse », Leipzig, qui réveille sa fibre bonapartiste paternelle 4 , « la fameuse bataille de l’Empire ».
À Zwickau, ville de Saxe proche de Leipzig, sur la Mulde, il arrive au but premier, chez le fabricant, M. Fikentscher. L’accueil des plus courtois séduit Pasteur . D’autant plus que l’homme, très instruit, éclairé, ne lui épargne aucun détail, aucun secret de sa fabrique, alors que Pasteur est plus habitué à une certaine réserve de la part des industriels. Les environs de Zwickau, où l’entraîne son nouvel ami pour une promenade du soir, l’impressionnent plus encore. Il constate, ébloui, la richesse industrielle du pays qu’il ne soupçonnait pas et, de facto , l’aisance sinon l’opulence des habitants : « J’ai vu pour la première fois des houillères immenses et dans l’une d’ell

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