Utopies made in monde : Le sage et l économiste
269 pages
Français

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Utopies made in monde : Le sage et l'économiste , livre ebook

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Description

L’économie doit se réinventer et elle ne pourra le faire qu’en puisant son inspiration à la source de l’utopie. Telle est la conviction qui anime ce livre foisonnant. Alors que nous sommes confrontés à une crise de civilisation industrielle et à une mondialisation devenue chaotique, il nous faut réouvrir les champs du possible. C’est ce que nous propose Jean-Joseph Boillot avec ce voyage en utopies. Voyage dans l’histoire longue et universelle des utopies et des grandes traditions culturelles : taoïsme, bouddhisme, esprit des griots, christianisme social… Voyage aussi sur les pas de l’auteur, qui nous entraîne à la rencontre des utopies concrètes, de l’agroécologie indienne à l’esprit coopératif africain en passant par les montagnes sacrées chinoises jusqu’à son petit village normand. De cette double traversée intellectuelle et géographique, Jean-Joseph Boillot tire une typologie commune et des leçons. Et si l’utopie du XXIe  siècle était tout simplement celle de la sagesse ? Et si l’économie devenait elle-même « sage » ? Un livre qui montre comment l’économie, nourrie des sagesses du monde, offre une alternative aux scénarios de l’effondrement et aux sociétés de surveillance dystopiques. Économiste globe-trotter parlant huit langues et ayant séjourné dans une centaine de pays, Jean-Joseph Boillot renouvelle ici l’approche décentrée qui a fait le succès de Chindiafrique (éditions Odile Jacob, 2013). 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 avril 2021
Nombre de lectures 5
EAN13 9782738154064
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Illustrations : Akshay Raj Singh Rathore ici , ici , ici , ici et là
© O DILE J ACOB , AVRIL  2021 15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-5406-4
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
À Nora, Zéphyr et Émaho qui nous ont prêté leur planète.
Carte de mes voyages
Introduction

« Lorsque les humains se multiplièrent, les troubles commencèrent, les troubles firent naître la sagesse, la sagesse fit naître la ruse, la ruse fit naître la raillerie. »
La Création de l’homme , légende Maohie, citée par Henry T EUIRA , Tahiti aux temps anciens (2015).

Le 23 janvier 2020, coup de théâtre. Le monde apprend officiellement qu’un coronavirus inconnu s’est répandu dans toute la Chine à partir d’un marché de Wuhan. Située au beau milieu du puissant fleuve Yangzi, cette ville, je l’ai souvent visitée en famille : d’abord en 1985 puis régulièrement, tant elle est centrale dans la vie et la géographie chinoises.
S’enclenche alors l’une des pires crises de l’histoire moderne même si nul n’en connaît à ce jour l’issue précise et surtout les conséquences de long terme : la mondialisation quasi instantanée d’un virus dit « émergent ». Comme les accidents climatiques, cette classe de virus est en grande partie liée à la profonde perturbation des écosystèmes par ce qu’on peut appeler la « civilisation industrielle » qui s’est invitée au cœur de l’Europe au XVIII e  siècle. Elle va ensuite s’étendre au monde entier par vagues, dont les pays « émergents » eux-mêmes si confiants dans leur avenir avant la pandémie et représentant pas loin des trois quarts de la population mondiale tout de même !
Pourtant, ces virus biologiques ne sont finalement pas grand-chose à côté d’autres virus qui expliquent l’ampleur de la contagion et surtout ses conséquences terribles dont on n’aperçoit début 2021 que les pointes émergées de l’iceberg.
Virus d’une mondialisation outrancière dans son modèle de production et de consommation, d’une mobilité effrénée et de masse dont la chute de 90 % du trafic aérien est tout un symbole. Virus également du prélèvement excessif sur les ressources de la planète à propos de laquelle il faut sans cesse rappeler cette phrase citée par Saint-Exupéry dans Le Petit Prince  : « Nous n’héritons pas de la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants. » Virus, enfin, d’un modèle de Sapiens , qui met la violence, les luttes pour le pouvoir, au cœur des relations entre sexes, entre classes sociales et entre pays. D’où la crise géopolitique lancinante depuis la chute du mur de Berlin entre l’hyperpuissance américaine et son challenger chinois bien décidé à ne pas finir comme l’ex-URSS, ainsi que le soulignent Pascal Boniface et Hubert Védrine dans leur Atlas des crises et des conflits . À ce duel entre nouveaux frères ennemis s’ajoute une internationalisation des radicalismes religieux dont l’historien Pierre Conesa a raison de souligner qu’ils concernent désormais toutes les religions et toutes les régions du monde.
Va-t-on vers l’effondrement ? vers une issue heureuse ? Qui sera le nouveau Stanislav Petrov qui sauva le monde d’une apocalypse nucléaire en 1983 ? Nul ne le sait. Et c’est ici que commence l’histoire de ce livre.
 
Juin 2017. Dans son bureau de la rue Soufflot à Paris, je retrouve Odile Jacob. Les tables sont couvertes de manuscrits empilés les uns sur les autres et formant comme des pyramides dans un jardin anglais. Elle s’interroge sur la suite à donner à Chindiafrique qui a suscité un certain intérêt autour du sous-titre provocateur : La Chine, l’Inde et l’Afrique feront le monde de demain . La réponse vient spontanément : l’utopie, et plus précisément même, l’utopie made in monde. Telle m’apparaît la suite logique à ce livre qui décrivait les enjeux de la montée inexorable de ces trois géants en train de bousculer l’ordre établi dans tous les domaines. Chindiafrique concluait en effet qu’un jeu à somme positive était tout à fait possible pour le monde. Mais à la condition de s’adapter à la nouvelle donne, et d’une façon empathique pour reprendre cet aphorisme attribué au Chinois Laozi : « Quand on a réglé un grand différend, il reste toujours quelques griefs. Et la paix ne peut être rétablie que par la bonté. » Plus d’empathie avec les nouveaux acteurs économiques et géopolitiques, plus de respect pour la diversité des cultures, et surtout un New Deal planétaire pour changer de modèle bioéconomique. Comme le disait déjà Gandhi : « Puisse Dieu empêcher l’Inde de jamais s’industrialiser à la manière de l’Occident […]. Si toute une nation de 300 millions d’habitants se mettait à exercer une exploitation économique du même type, elle dévasterait le monde comme un nuage de sauterelles. » Le nuage est passé, les sauterelles ont dévasté le champ, il fallait désormais le réhabiliter et compenser les dégâts. Les calculs des experts concluaient déjà à l’époque qu’il fallait en gros une réduction de quatre fois l’empreinte écologique des pays riches pour permettre aux pays en développement de faire face à leurs besoins de base tout en restant dans une enveloppe soutenable pour la planète.
Nous en étions là en 2013. Mais plutôt que de réformer l’architecture mondiale et infléchir notre modèle économique vers plus de soutenabilité sociale et écologique, notre planète a opté de facto pour la voie de l’affrontement, de la concurrence sans limites, d’une mondialisation plus sournoise, consistant à produire du café ou des fleurs désormais « bio », mais à des milliers de kilomètres en Éthiopie ou en Colombie. Qu’on ne s’y trompe pas. La victoire de Donald Trump en 2016 est celle d’une partie du camp occidental tombée dans le piège de Thucydide, ce classique de la géopolitique qui explique la guerre entre la ligue établie du Péloponnèse et la ligue montante de Délos menée par Athènes. Faut-il s’étonner alors d’un effet miroir avec la dérive totalitaire, nationaliste et même ethnique de Xi Jinping arrivé au pouvoir en 2013 ? ou celle du fondamentaliste hindou Narendra Modi élu en 2014 et réélu triomphalement en 2019 ? ou encore celles de Poutine, d’Erdogan, de Bolsonaro et de tant d’autres dont on refuse de voir qu’ils sont à la fois l’expression et la conséquence d’un ensemble de pathologies du système monde, comme le dit l’économiste indien Raghuram Rajan : un grand dérèglement du système mondial qui se trouve à la croisée des chemins.
Alors pourquoi l’utopie ?
Pour deux raisons. La première est née de mes voyages. Des mois entiers passés en Chine, en Inde, en Afrique, mais aussi en Europe, avec chaque fois la rencontre d’individus ou de communautés, foncièrement optimistes, laborieux, à la recherche de solutions innovantes pour soigner les pathologies du monde. Certains bien sûr motivés par leur seul profit personnel – les fameux crooks  –, mais la plupart animés par un idéal, une éthique du bien commun, une vision du futur qui ne peut que susciter une confiance mesurée dans l’avenir. Or c’est précisément ce que je découvrirai petit à petit comme étant la définition de l’utopie, et notamment de l’utopie concrète ou réelle définie ainsi par le philosophe allemand Ernst Bloch dans ses entretiens philosophiques : « L’utopie n’est pas la fuite vers l’irréel, c’est l’exploration des possibilités objectives du réel et la lutte pour leur concrétisation. »
La seconde raison est un défi intellectuel fondé sur tout un ensemble de signaux, dont cette catégorie de femmes et d’hommes qui n’ont cessé dans l’histoire de rêver à un monde meilleur à défaut d’être le meilleur des mondes, un peu à l’image de cette belle formule d’Oscar Wilde : « Aucune carte du monde n’est digne d’un regard si le pays de l’utopie n’y figure pas. » Défi, car il fallait solder le bilan terrible de certaines utopies dans l’histoire. D’autant qu’un nouveau genre était né dans la première moitié du XX e  siècle : la dystopie, ou la transformation d’une utopie idéale en un monde sombre, voire un cauchemar humain. Genre intrigant, tant il semble correspondre à l’évolution de la civilisation moderne avec ses prouesses technologiques parfois inhumaines, sa société de surveillance de plus en plus sophistiquée, son consensus mou entre les classes dirigeantes et moyennes au détriment d’un prolétariat programmé vivant en marge. Les œuvres d’Aldous Huxley, Le Meilleur des mondes , et de George Orwell, 1984 , remontent aux années 1930-1940, mais elles connaissent partout sur la planète un regain de ventes qui n’est pas un hasard. Comment éviter les pièges fatals de l’utopie, y compris celui de la science la plus sophistiquée dont le best-seller de Yuval Noah Harari, Sapiens , nous promet qu’elle va éradiquer la mort, pas moins !
Comment imaginer que ces quatre années de voyage aussi bien physique qu’intellectuel allaient m’apporter autant de satisfactions dans les rencontres et les découvertes, et qu’une piste sérieuse allait même s’en dégager petit à petit : et si l’utopie du XXI e  siècle était tout simplement celle de la « sagesse » ? On pourrait même dire la sagesse de la sagesse, une sagesse un cran au-dessus des sagesses déjà existantes parce qu’elle comprendrait les limites tout à la fois des utopies et des sagesses passées. La sagesse, nous dit l’encyclopédie Wikipédia, est « un comportement conforme à une éthique qui allie la conscience de soi et d

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