Propos sur notre époque
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Propos sur notre époque , livre ebook

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Description

« Quel que soit le thème examiné, on constate que, au fil du temps, la condition humaine s’est améliorée. Nul ne peut nier qu’il existe des exceptions à cette affirmation. Mais, en définitive, cette restriction importe peu. D’autant moins que ces restrictions sont destinées, condamnées, pourrait-on dire, à disparaître. » M. T. Et si, au lieu de devenir plus dur à ceux qui l’habitent, notre monde se civilisait, s’humanisait, se bonifiait ? En s’appuyant sur les grands auteurs de notre littérature et sur des faits historiques, Michel Tirouflet montre que, dans tous les domaines, de la condition féminine à la guerre, en passant par la peine capitale, le racisme, la torture, l’esclavage ou encore les relations internationales, le monde s’est amélioré. Michel Tirouflet est dirigeant d’entreprises. Il a publié plusieurs ouvrages d’économie et d’histoire. 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 25 novembre 2015
Nombre de lectures 3
EAN13 9782738164490
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB , NOVEMBRE  2015 15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-6449-0
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
À Brigitte, de tout mon cœur.
« Avec le soir, viennent les larmes, mais, au matin, les cris de joie. »
Psaume 29.
Avant-propos

« La conviction […] est subjective par essence. »
Lucien J ERPHAGNON , L’homme qui riait avec les dieux, Paris, Albin Michel, 2013 .

Quand j’étais petit garçon, je punaisais sur le mur de mon cabinet de toilette les photos des sportifs que j’admirais. Les plus grandes représentaient des boxeurs : l’élégant Sugar Ray Robinson , le gentleman des rings, ou Cassius Clay , qui ne s’appelait pas encore Mohammed Ali. Même s’ils étaient d’une autre époque, on parlait encore avec respect de Georges Carpentier et de Marcel Cerdan . Le montant des bourses était affolant. Les rencontres étaient télévisées. Les caméras montraient complaisamment le tout New York s’affichant autour du ring du Madison Square Garden à l’occasion de combats prestigieux, comme celui qui opposa Joe Frazier à Mohammed Ali le 8 mars 1971 et vit la première défaite du second. Un demi-siècle plus tard, le noble art a perdu son pouvoir de séduction. Le public ne se presse plus pour assister aux rencontres ; le sport vit ses derniers moments. Certains diront que les pratiques cancéreuses du milieu de la boxe l’ont tué, que la prolifération des métastases qui s’appellent galas truqués, multiplication des titres, ne pouvait être enrayée. Je suis d’une opinion différente. La boxe est morte d’être le sport d’un autre âge. Celui où la puissance du mâle était son attribut le plus recherché, où les querelles se vidaient dans le sang, où les femmes, disaient les livres, frissonnaient en regardant les combattants.
Plus tard, jeune homme, j’ai vécu l’abolition tant désirée de la peine de mort en France avec la certitude grandissante qu’un vieux monde cruel laissait place à une nouvelle société plus humaine. Même l’observation que la courtoisie héritée des temps passés, voire la simple politesse et peut-être aussi le respect que l’on disait dû aux anciens s’effaçaient au profit d’une indifférence clinique, me semblait aller dans le sens que j’imaginais puisqu’il m’apparaissait que le vernis de jadis avait moins lieu d’être dans une époque enfin civilisée.
Mieux encore, les faits confirmaient ma conviction. Les comparaisons que l’on pouvait faire la renforçaient. Celle qui suit me paraît édifiante. Vendredi 26 et samedi 27 mai 1967 en Guadeloupe. Depuis quelques mois, la révolte gronde ; les Guadeloupéens manifestent pour obtenir des augmentations de salaire. Partie de Basse-Terre en mars, l’agitation a atteint Pointe-à-Pitre. Mars, avril s’écoulent dans une atmosphère tendue, lourde. Les grèves débutent le 24 mai 1967. Le préfet Bolotte fait appel aux CRS et à l’armée. Un coup de feu part, un manifestant tombe. Les forces de sécurité font usage de leurs armes. Des renforts arrivent de la Martinique. Il en résulte un carnage. La population du département d’outre-mer pleure quatre-vingt-sept morts. Quatre-vingt-sept morts pour un accord entre partenaires sociaux favorable aux grévistes. Quatre-vingt-sept morts passés sous silence, ignorés, morts pour rien ou presque. Les fauteurs de troubles seront jugés, écoperont de peines légères. Le préfet Bolotte continuera sans heurt une carrière modèle avant de tâter de la politique. Voilà pour le passé récent. 17 décembre 2010 à Sidi Bouzid en Tunisie. Un jeune homme, victime d’exactions policières, Mohamed Bouazizi , s’immole par le feu. Son geste fait le tour du monde des moyens de communication. Il mourra dix-huit jours plus tard. Ce suicide, bientôt imité, déclenche une vague de manifestations protestataires. Le peuple tunisien étouffe sous un régime corrompu, vieillissant et surtout incapable de lui procurer du travail. La veille de Noël, la police ouvre le feu et un premier manifestant est tué. Toutes les télévisions, toutes les radios parlent à longueur de journaux et de débats de la situation dans l’ancien protectorat. Les forces de l’ordre tirent à balles réelles sur les émeutiers. On dénombre près de soixante-dix morts. Par toute la Terre, des voix, des cris s’élèvent pour que cesse ce qui est perçu comme une boucherie. À la mi-janvier, l’armée met la crosse en l’air et se range du côté des manifestants. Le régime a vécu. Voici pour la période contemporaine. Entre ces deux événements, dont le premier a été plus meurtrier que le second, il s’est écoulé à peine plus de quarante ans. Quatre décennies au cours desquelles sont nés les téléphones portables, Internet et les réseaux sociaux, mais quatre décennies seulement.
Pourtant, niant d’une seule et terrible phrase cette heureuse conviction, l’historien Simon Sebag Montefiore écrit en 2011, à propos du siège de Jérusalem par Titus en 70 de notre ère : « Les cruautés commises par les Romains et les rebelles derrière leurs murailles sont dignes de certaines des pires atrocités du XX e  siècle 1 . »
Il me fallait résoudre cette contradiction et, pour cela, ausculter le passé, le faire parler. Ou plutôt faire parler nos ancêtres ; c’est-à-dire exhumer leurs écrits et les regarder avec les yeux et l’entendement des hommes de leur temps. C’est pourquoi cette réflexion pourra paraître un recueil de textes choisis. À juste titre, car il m’a toujours semblé vain de paraphraser ce que les Anciens ont livré à la pierre, au papyrus, au parchemin, plus près de nous au papier, plus près encore aux moyens modernes de conservation des mots. Et leurs mots, justement, parlent sans secours d’exégètes et d’analystes, à la condition de les lire dans l’état d’esprit que j’ai tenté d’adopter pendant la rédaction de cet ouvrage. Pour le composer, je me suis servi de plus d’un demi-siècle de lectures, de souvenirs. J’ai pioché dans la bibliothèque de la mémoire. Quête singulière de souvenances qui en ont entraîné d’autres… Ces partis pris ont eu pour conséquence une absence de rigueur scientifique qui donnera lieu, j’en suis persuadé, à de nombreuses critiques. Il est vrai que le défaut de recherche systématique, ajouté à un flou chronologique et géographique forcément inévitable, laisse la porte ouverte à la contestation sinon à la désapprobation. Et c’est très bien ainsi…
CHAPITRE I
Les grandes avancées

C’est une conviction que la transformation de l’humain vers un être plus ou très respectueux de l’autre a été progressive et, le plus souvent, insensible. Elle a accompagné le développement des sciences et des techniques, et l’essor économique. Comme la prospérité, elle est souventes fois revenue en arrière, mais pour mieux reprendre son irrésistible avancée. D’innombrables contributions sont venues s’ajouter, au fil des temps, pour que le mouvement se poursuive, et même, de nos jours, s’accélère. Certaines ont été d’importance et reconnues, d’autres imperceptibles. Et puis, quelques figures exceptionnelles, quelques événements remarquables ont permis à l’humanité de faire de véritables bonds en avant. J’ai relevé cinq tels sauts : la publication du code d’Hammurabi , le message de Jésus-Christ , la publication de Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations par Adam Smith , l’admission que deux États voisins puissants pouvaient vivre durablement en paix, la mise en lumière et la condamnation de la culture de mort par Jean-Paul II . C’est, à l’évidence, un choix arbitraire. Qui laisse de côté les très nobles figures de Voltaire et de Victor Hugo , de Montaigne et de Montesquieu , de Victor Schœlcher et d’Henri Dunant , de Bartolomé de Las Casas , de Mustafa Kemal Atatürk et du Mahâtma Gandhi pour ne citer qu’eux. Qui omet la Grande Charte , l’ Habeas Corpus Act de 1679, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, la création de la Croix-Rouge, les Conventions de Genève et bien d’autres pareilles pierres blanches. Ces hommes-là, en avance sur leur temps, furent les inoubliables défenseurs d’une civilisation dépouillée de la barbarie et des tyrannies qui sont, hélas, les marques de notre passé. Ils avaient une grande âme ; mais si, par leurs discours et leurs actions, ils ont contribué à rendre les peuples, et donc le monde, meilleurs pour les faibles, les déshérités et les victimes d’injustices, ils n’ont pas été des découvreurs. D’une certaine manière, ils sont le produit précoce d’une formidable poussée qui, au cours des siècles, des millénaires, a érodé barbarie et tyrannies. Quant aux pierres blanches, elles sont comme des bornes, plantées sur le chemin d’une civilisation universelle fondée sur l’homme mais elles n’ont fait, si l’on ose dire, que constater une évolution des mœurs et des mentalités, sans être à l’origine de ces rares bouleversements radicaux qui ont permis d’accélérer l’allure sur ce même chemin.

Le code d’Hammurabi
C’est vers 1770 avant J.-C. que, sous la conduite d’Hammurabi , Babylone devient le centre d’un empire florissant que le roi s’est taillé aux dépens de ses voisins par la force, la ruse, la patience et la ténacité. Grâce à ce conquérant, la barbarie qui marque, jusque-là, l’histoire des humains va subir son premier revers. Dans ses États, le Babylonien va y mettre un frein. Mieux encore, une limite. La loi qui désormais s’appliquera sera celle du talion. Ce talion, qui

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