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Publié par
Nombre de lectures
1
EAN13
9782889300846
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
Il est 17 h. Louis vérifie une dernière fois les horaires du bus 42 qui passe en bas de chez lui. Son scooter étant en panne, il doit se résoudre à prendre les transports collectifs pour aller voir son frère. Mauvaise surprise à l’arrêt de bus : « retard indéterminé ». Regard à droite vers les vélos en libre-service : il ne sait pas comment en prendre un et ne veut pas être la risée des passants. Coup d’oeil à gauche vers le taxi qui passe sans passager : il n’a pas les moyens. Tant pis. En remontant chez lui, il n’entend même pas le bus 42 qui passe avec trois petites minutes de retard.
Le Laboratoire de sociologie urbaine de l’EPFL défend une approche originale de la mobilité consistant à analyser les dispositions de la population en la matière et le passage à l’acte de se déplacer, plus que les déplacements proprement dits. Ainsi, chaque personne ou groupe se caractérise par des propensions plus ou moins grandes à se mouvoir, propensions approchées à partir de la notion de « motilité ». Initialement développées en 2002, la motilité et la conception de mobilité qui lui est associée ont connu un écho scientifique important. Nous proposons dans cet ouvrage de tirer le bilan des travaux qui ont utilisé cette notion, afin de démontrer son utilité sur les plans théorique et empirique et de mettre en évidence les étapes à franchir pour en faire un concept scientifique et un outil opérationnel stabilisé.
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EAN13
9782889300846
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Français
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Couverture
4e de couverture
La collection « Espaces, mobilités et sociétés » investigue les dimensions spatiales des sociétés humaines. Elle s’intéresse notamment au développement et à la reconfiguration de différents espaces (villes, régions, réseaux, etc.) sous l’angle des diverses formes de mobilité (migration, mobilité résidentielle, etc.). Si la géographie humaine occupe une place de choix, la collection est également ouverte à d’autres disciplines telles que l’urbanisme, la sociologie ou l’économie territoriale.
La collection « Espaces, mobilités et sociétés », publiée aux Éditions Alphil-Presses universitaires suisses, est dirigée par Patrick Rérat.
Déjà parus :
R ÉRAT Patrick, Habiter la ville. Évolution démographique et attractivité résidentielle d’une ville-centre , 2010.
R ÉRAT Patrick, P IGUET Étienne (éd.), « La pensée du monde » . Une société de géographie à la Belle Époque , 2011.
T HOMAS Marie-Paule, Urbanisme et modes de vie. Enquête sur les choix résidentiels des familles en Suisse , 2013.
R ÉRAT Patrick , Après le diplôme. Les parcours migratoires au sortir des hautes écoles, 2013.
Titre
V INCENT K AUFMANN , E MMANUEL R AVALET , É LODIE D UPUIT ( DIR .)
M OTILITÉ ET M OBILITÉ : M ODE D’EMPLOI
É DITIONS A LPHIL -P RESSES UNIVERSITAIRES SUISSES
Copyright
© Éditions Alphil-Presses universitaires suisses, 2015
Case postale 5
2002 Neuchâtel 2
Suisse
www.alphil.ch
Alphil Diffusion
commande@alphil.ch
ISBN : 978-2-88930-084-6
Cet ouvrage est publié avec le soutien du Fonds national suisse de la recherche scientifique dans le cadre du projet pilote OAPEN-CH.
Cet ouvrage a été réalisé à la suite d’une journée d’étude sur la motilité organisée le 28 mai 2014 à l’École polytechnique fédérale de Lausanne. Il s’inscrit plus largement dans le cadre d’une recherche sur la motilité et les perspectives de son usage à des fins opérationnelles. Cette recherche est financée par le Forum Vies Mobiles que nous tenons ici à remercier tant pour son implication dans le projet que pour les riches échanges qui ponctuent notre partenariat.
Pour plus d’informations sur le Forum Vies Mobiles : http://fr.forumviesmobiles.org/
Illustration de couverture : © Eva Katalin Kondoros ; Istockphoto.com : 51208674.
I NTRODUCTION A NALYSER LES SOCIÉTÉS À PARTIR DE LA MOTILITÉ
V INCENT K AUFMANN
L a mobilité est un « fait social total » tel que décrit par Marcel Mauss, c’est-à-dire un outil permettant d’analyser l’ensemble des rapports sociaux propres à une société ( M AUSS , 1997). Durant les années 1920 déjà, Robert Park déclarait que « l’homme doué de locomotion » est l’objet de la sociologie urbaine ( P ARK , 1979). L’idée de la centralité de la mobilité spatiale en sociologie n’est donc pas nouvelle, même si elle est restée ignorée jusqu’aux années 1970 quand elle a ressurgi, en sociologie urbaine tout d’abord puis plus tard en sociologie générale. Cette redécouverte a suscité une multitude de travaux sur la mobilité, de portée souvent générale et théorique.
Nous défendons ici l’idée que pour que la mobilité devienne véritablement cet instrument de lecture de la composition et des transformations d’une société, elle doit être considérée comme un outil à définir et à dimensionner avec précision.
Dans cette perspective, il est nécessaire, dans un premier temps, de reprendre et d’identifier les limites conceptuelles courantes de l’appréhension de la mobilité pour traiter du phénomène urbain. Dans un deuxième temps, à partir des travaux théoriques sur la mobilité, il s’agit de pointer les travers qu’une nouvelle conceptualisation de la mobilité devrait éviter. Dans un troisième temps, pourra alors être formulée une proposition de conceptualisation par la motilité qui réponde à ces contraintes. Enfin, l’examen des résultats de recherches basées sur cette conceptualisation permettra de mettre en relief ce que celle-ci apporte à la connaissance.
L ES LIMITES D’UNE THÉORIE DE LA MOBILITÉ
C’est l’analyse du processus d’urbanisation et, plus précisément, de la transformation progressive de la dualité territoriale ville-campagne et de l’avènement du règne de l’urbain et de la métropolisation qui vont remettre la mobilité sur le devant de la scène sociologique.
Parmi les nombreux ingrédients composant la substance d’un espace, trois ont subi des changements qui sont à l’origine de la transformation actuelle de la ville : la centralité fonctionnelle – une ville rayonne sur un arrière-pays dont elle constitue le centre fonctionnel ; la morphologie du bâti – une ville se caractérise par une densité du bâti, des formes et des infrastructures ; et enfin les modes de vie – les habitants sont porteurs de pratiques sociales spécifiques. Il y a encore quelques décennies, centralités, morphologies et modes de vie s’emboîtaient à la manière de « poupées russes », pour reprendre l’expression de Pierre Veltz (1996) : les modes de vie s’agençaient en fonction des morphologies, la ville concentrait des fonctions centrales de façon hiérarchisée, les frontières des communes correspondant aux frontières fonctionnelles. En d’autres termes, la vie quotidienne s’inscrivait dans des territoires aux frontières multiples, mais nettes et relativement solides, et les villes rayonnaient sur un arrière-pays selon des modalités abondamment modélisées par les géographes. Mais la poupée russe a, depuis, largement éclaté.
Oubliant la métrique du piéton, les territoires sont désormais organisés autour des métriques automobiles ( W IEL , 1999). Les potentiels de vitesse offerts par l’automobile ont permis aux ménages, attirés à la fois par la maison individuelle et par un foncier très accessible, d’aller habiter plus loin de la ville. C’est cette situation, associée à un développement considérable des grandes infrastructures routières urbaines (rocades, autoroutes urbaines), qui a progressivement entraîné le changement de métriques. À mesure que l’automobile se diffusait au sein des ménages, les stratégies de localisation des entreprises se sont modifiées au profit de la périphérie des villes, amplifiant le phénomène d’étalement.
Certaines villes acquièrent progressivement une centralité mondiale qui dépasse la notoriété des pays dans lesquels elles se trouvent. Ces métropoles concentrent la création d’emplois et de valeur ajoutée, la créativité artistique et l’innovation en général. Il ne s’agit pas d’un processus essentiellement matérialisé, même s’il a des implications morphologiques (comme le développement des financial districts ou une croissance urbaine particulièrement forte, fréquemment associée à l’étalement urbain). Généralement de grande taille, mais pas toujours, ces villes sont souvent spécialisées et sont en concurrence.
S’il y a encore quelques décennies, l’opposition ville-campagne était associée à des cultures et à des modes de vie spécifiques, ce n’est plus véritablement le cas aujourd’hui, même si, bien entendu, certaines spécificités demeurent. De nombreux analystes font apparaître que cette situation traduit un affranchissement de la proximité spatiale dans les références culturelles, par l’intermédiaire de la diffusion d’objets de consommation dans le territoire ainsi que du développement des mass media .
Un examen plus approfondi révèle que cette situation consacre une disparition de l’unité de lieu qui constituait autrefois la ville, et remet également en cause bien des approches théoriques.
La recherche urbaine se caractérise depuis son origine par une pluralité d’ancrages théoriques, les pionniers de la sociologie ayant d’emblée perçu la grande ville comme un révélateur des dynamiques sociales et sociétales. C’est ainsi que Karl Marx