Histoire de ma vie , livre ebook

alphil - Alain Cortat

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578 pages

Français

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Extrait

Description

Faisons un effort d’imagination : nous sommes en 1855, un vieil homme est penché sur sa table, éclairé par une chandelle, il écrit. Il nous emmène dans le récit de sa vie, de sa jeunesse en Alsace sous l’Ancien Régime, aux derniers jours de sa vie dans une maison de campagne près de Porrentruy. Son récit est intitulé : Relation de la vie industrielle & commerciale de François Xavier Gressot, écrite par lui-même dans sa maison des soupirs, à Porrentruy, 1855. Edités pour la première fois, les mémoires de François Xavier Gressot (1783-1868) nous conduisent à découvrir le parcours d’un homme du XIXe siècle, avec ses émotions, ses peines et ses joies. L’auteur évoque son enfance sous l’Ancien Régime, la Révolution française, ses voyages en France et en Suisse, ses activités industrielles en Alsace et ses commerces dans la petite ville de Porrentruy. Il nous parle de sa vie quotidienne, de ce qu’il mange et boit et il lève le voile sur ses premiers émois amoureux, ses flirts et son mariage.

« C’est le récit d’une vie extrêmement dense, dans une période des plus troublées politiquement parlant, en pleine mutation industrielle. Un document passionnant à lire. » Annuaire de la Société d’Histoire du Sundgau, 2002.

« Ils font des mémoires de F.X. Gressot un document de première importance pour l’histoire économique et sociale de l’Alsace et de ses environs immédiats, francs-comtois ou jurassiens, au début du XIXe siècle. Au-delà de cette dimension, c’est un livre d’aventures historiques qui se lit comme un roman. » Nicolas Stoskopf, Revue d’Alsace, 2003, no 129.

Sujets

Biographies

Fiction historique

Mémoires

Biographie

Fiction

Autobiographie

Littérature

Informations

Publié par	alphil
Nombre de lectures	0
EAN13	9782940489602
Langue	Français
Poids de l'ouvrage	2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0165€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
D U MÊME AUTEUR ( A LAIN C ORTAT) :
Condor. Cycles, motocycles, construction mécanique, 1890-1980. Innovation, diversification et profits. Delémont, Editions Alphil, 1998, 324 p.

Apprendre l’horlogerie dans les Montagnes neuchâteloises, 1740-1810. La Chaux-de-Fonds, Institut l’Homme et le temps, 2001, 176 p. (en collaboration avec Estelle Fallet).

La place financière et les banques suisses à l’époque du national-socialisme. Zurich, Chronos, 2002, 724 p. (en collaboration avec Marc Perrenoud, Rodrigo Lopez, Florian Adank, Jan Baumann et Suzanne Peters).
Titre
Copyright
© Editions Alphil, 2002
Case postale 5
2002 Neuchâtel 2
Suisse

EAN Epub : 978-2-940-48960-2

Réalisation graphique : Teddy Nusbaumer, graphiste, Delémont
François Xavier Gressot

François Xavier Gressot (1783-1868), auteur du récit.
Les recherches ont été financées par :

– le Fonds Butticaz de la Société d’histoire de la Suisse romande ;
– la Faculté des Lettres de l’Université de Lausanne.

La publication a été financée par :

– la Fondation du 450 e de l’Université de Lausanne ;
– la Loterie Romande et la République et Canton du Jura ;
– la Société Académique Vaudoise.

L’auteur et l’éditeur remercient très sincèrement ces institutions.
R EMERCIEMENTS
Je remercie François Noirjean qui m’a soumis l’idée d’éditer les mémoires de François Xavier Gressot, qui m’a orienté et conseillé dans mes recherches et qui a facilité la mise à disposition par l’Office du patrimoine historique de la République et Canton du Jura d’une copie du manuscrit lors de mon séjour à l’Université de Harvard.

Cette étude s’est inscrite dans trois institutions universitaires : à l’Université de Harvard à Cambridge, Massachusetts, USA, où j’ai été accueilli par David Landes, Thomas McCraw et leurs collègues alors que je bénéficiais d’une bourse de jeune chercheur du FNRS ; à l’Université de Lausanne où j’ai travaillé durant six mois avec le professeur François Jequier, grâce à une bourse du fonds Butticaz de la Société d’histoire de la Suisse romande, dans le cadre du service civil, et enfin à l’Institut l’homme et le temps et à l’Université de Neuchâtel qui m’ont permis de poursuivre et d’achever mes recherches. Je remercie toutes les personnes qui ont facilité mon accueil et qui ont accepté avec gentillesse un surcroît de travail administratif engendré par ma présence, ainsi que les commissions locales du FNRS des Universités de Neuchâtel et de Lausanne.

Je remercie particulièrement François Jequier et Laurent Tissot. Sans leur aide, leurs encouragements et leur précieux soutien ce projet n’aurait pas abouti.

Je remercie :

Céline et Gilles Gressot, de Genève, qui ont mis le manuscrit original à ma disposition ;

Françoise et Philippe Gressot, de Porrentruy, et Anne-Marie Irr, de Nice, qui m’ont transmis de précieux renseignements sur l’histoire de la famille Gressot ;

Pierre Lamard qui m’a orienté dans mes recherches sur l’Alsace, qui a relu le manuscrit et qui m’a aidé dans la recherche de financements ;

Pierre-Yves Donzé, François Kohler et François Noirjean qui ont relu le manuscrit et m’ont transmis de précieux renseignements ;

Mes collègues de l’Université de Neuchâtel qui ont répondu à mes innombrables questions et demandes de renseignements.

I NTRODUCTION
« Avancé dans ma carrière laborieuse, veuf, resté seul et isolé par suite de l’établissement de mes enfants, habitant ma petite campagne près de la ville, j’ai imaginé, pour occuper mes loisirs pendant les longues soirées d’hiver, d’écrire la relation de ma vie. Cette vie n’a rien d’extraordinaire, mais elle a été si diversifiée, j’ai changé si souvent d’état, je me suis livré à tant de sortes de choses qu’elle pourra néanmoins être intéressante pour mes enfants et mes petits neveux, auxquels elle pourra être transmise de père en fils ». C’est ainsi que François Xavier Gressot commence son récit intitulé : Relation de la vie industrielle & commerciale de F. X. Gressot, écrite par lui-même dans sa maison des soupirs, à Porrentruy, 1855, seconde édition. D’emblée, il nous renseigne sur les destinataires de son texte : son récit s’adresse à ses descendants. Toutefois il dédie une partie du texte à son fils exclusivement (les mémoires sont suivies « d’une instruction en forme de conseil » à son fils). Cependant, on peut relever dans plusieurs passages de son manuscrit que l’auteur souhaite avoir d’autres lecteurs, ainsi cette phrase : « Je devais à sa mémoire sa réhabilitation dans l’esprit de ceux qui me liront ou au moins de mes enfants, s’il n’y a qu’eux qui profitent de cette lecture. »

Quelques années avant que François Xavier Gressot ne prenne la plume, la Société jurassienne d’Emulation avait publié les mémoires de Joseph Stemmelin, un artisan de Porrentruy. Cette publication avait rencontré un grand succès et elle fut même traduite en allemand. En publiant ce texte, la Société jurassienne d’Emulation souhaitait édifier les pauvres en illustrant le fait qu’un homme, même pauvre, peut atteindre une certaine aisance par le travail et en menant une vie réglée. Cet exemple a-t-il influencé François Xavier Gressot ? Nous ne pouvons pas le savoir, toutefois nous pouvons relever des similitudes entre les récits. Dans les deux textes les auteurs s’adressent à leurs enfants et ils cherchent à donner leur vie en exemple. On y retrouve les mêmes conseils d’économie et d’incitation au travail. 1 Toutefois, les textes diffèrent du fait de l’origine sociale de leurs auteurs : Joseph Stemmelin commence sa vie misérablement, alors que François Xavier Gressot est éduqué dans la bourgeoisie de Delémont et de Porrentruy.

Pourquoi François Xavier Gressot prend-il la plume ? Il affirme que son texte vise à donner un exemple à ses descendants et à leur servir de guide. Cependant, un autre aspect apparaît dès les premières lignes : il pense que sa vie a été exceptionnelle, qu’il a vécu des choses qui le distinguent de ses contemporains, notamment ses changements professionnels et c’est de cela qu’il veut rendre compte ; toutefois, sa modestie l’incite à écrire que sa vie n’a rien eu d’extraordinaire !

La Révolution française et les événements politiques qui lui sont liés ont pu donner l’impression à François Xavier Gressot qu’il vivait une époque exceptionnelle, faite d’accélérations et de bouleversements. Le destin de François Xavier Gressot n’est cependant pas singulier en regard de ce que vivent ses contemporains. Tous ont vécu les changements politiques, économiques et religieux qu’il subit. La plupart de ses concitoyens ont vu leur ancien monde disparaître, endurèrent les conséquences des guerres et de la famine et s’adaptèrent aux nouvelles conditions de vie.

François Xavier Gressot se distingue toutefois de la masse de ses contemporains par l’éducation qu’il a reçue et par les fonctions qu’il a exercées dans des entreprises industrielles. Il fait partie d’une classe sociale intermédiaire constituée par des artisans, des médecins, des notaires et des commis de fabrique. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les propositions de mariage qui lui parviennent concernent des filles de notaires et de médecins et qu’il épouse finalement la fille d’un petit commerçant. S’il se distingue de la masse de ses contemporains, son destin n’a cependant rien d’extraordinaire pour des hommes de sa classe sociale.

Le récit de François Xavier Gressot offre plusieurs niveaux d’analyse. Dans cette introduction nous nous bornerons à présenter cinq grands thèmes : son environnement familial, ses principaux lieux de vie (Grandvillars en Alsace et l’ancien Evêché de Bâle), son parcours professionnel, quelques aspects de sa vie quotidienne et sociale ainsi que ses voyages.
F RANÇOIS X AVIER G RESSOT ET SA FAMILLE
François Xavier Gressot naît à Grandvillars, en Alsace, le 17 mars 1783 et il meurt à Porrentruy le 30 mai 1868. Les Gressot sont originaires du village de Méroux (actuellement Territoire de Belfort). Dans son texte, François Xavier rapporte que les Gressot viennent d’une famille grisonne qui aurait émigré en Alsace vers 1680 en raison de dissensions religieuses. Cependant, on trouve trace de Gressot à Méroux avant 1570 et nous n’avons trouvé aucun élément appuyant la thèse de l’émigration grisonne. 2 Les Gressot constituèrent à Méroux « une petite dynastie rurale de maires colongers du Chapitre de Belfort » 3 . Au Moyen-Age, les colonges étaient des sortes de communautés rurales ou seigneuries particulièrement développées en Alsace et dans ses marges, notamment en Ajoie. 4 Celles de Méroux appartenaient au prieuré de Frondefroide, lequel relevait du Chapitre de Belfort.

Le grand-père de François Xavier Gressot, François, naît à Méroux en 1707 5 et décède à Grandvillars le 27 août 1785 6 . Il est le fils de François Gressot et de Marie-Anne Jeanmarie. Il occupe les charges de fermier de Chèvremont, prévôt royal à Méroux, puis fermier des droits de la seigneurie de Bourogne appartenant au sire de Brinighoffen. Il est aidé dans sa carrière par la fortune de son grand-père maternel, Pierre Jeanmarie, procureur fiscal de la seigneurie de Grandvillars. Il épouse Marie Françoise d’Algener de laquelle il a seize enfants. A la fin de sa vie, il se retire à Grandvillars où sa femme a hérité d’une maison de son oncle Jean-Pierre Jeanmarie (voir arbre généalogique p. 45).

Le père de François Xavier Gressot, Georges Gressot, fils de François (1707-1785), naît à Bourogne le 7 février 1753 et décède à Grandvillars le 16 novembre 1840. Après avoir effectué un apprentissage de brasseur chez son beau-frère Hauptmann à Belfort, il installe une brasserie et un restaurant dans la maison paternelle. Il épouse Marie-Anne Flotat (Froidefontaine 8.7.1751 - Grandvillars 20.2.1828), le 14 mai 1782. Sept ou huit enfants naissent de leur mariage (voir p. 45) ; François Xavier, l’auteur des mémoires, est l’aîné. Georges Gressot est syndic de Grandvillars en