Douk Saga ou l’histoire interdite du coupé-décalé, un destin fracassé , livre ebook

Les classiques ivoiriens - Usher Aliman

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L’auteur relate dans ce livre l'histoire de Douk Saga, de la Jet-set et du coupé–décalé. C’est le résultat de 10 ans d'investigation sur la naissance la vie et la mort de Douk Saga.

Informations

Publié par	Les classiques ivoiriens
Date de parution	14 novembre 2003
Nombre de lectures	445
EAN13	9791092625363
Langue	Français
Poids de l'ouvrage	1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Usher ALIMAN

CIV 539

Tél : (225) 21 56 50 63 • Fax : (225) 21 36 56 57 • 10 BP 1034 Abidjan 10 info@classiquesivoiriens.com • www.classiquesivoiriens.com

ou l ’histoire interdite du coupédécalé, un destin fracassé DOUK SAGA

CHAPITRES

I-II-III-IV-V-VI-VII-VIII-IX-X-XI-XII-XIII-XIV-XV-XVI-XVII-XVIII-XIX-XX-XXI-XXII-XXIII-XXIV-XXV-XXVI-XXVII-

SOMMAIRE

Pages

Départ surprise en France Itinéraire d’un enfant gâté d’Abidjan Un étudiant noir À Paris Tombés dans l’arnaque parisienne Un peu en exil, étranger dans votre vie, je suis Africain À Paris Vivre la vie de François Lougah À Paris Les gens n’aiment pas les gens mais les gens avancent Enïn arriva l’Atlantis La Jet-set est née Coupé d’abord, décalé ensuite Celui qui n’a pas peur n’a pas le courage Je suis fort, vraiment fort, très très fort, sérieusement fort Le choc brutal Douk Saga s’en va en France On n’est pas président pour rien, on est président quand on est fort. Je suis le président Douk Saga, prémier de sa génération Silence, ici on travaille Je suis l’Ambassadeur de la joie en Côte d’Ivoire Seul le travail paye Si tu ne manges pas la vie, c’est la vie qui te mange Douk Saga n’est plus un ami, c’est un concurrent Parmi les champions, il y a toujours un champion L’ennemi de l’homme, c’est l’homme …j’aime les jaloux, j’aime les aigris, car ils me permettent de me corriger La Jet-set est À nouveau au bord de l’implosion Le feu, c’est le feu Le boucan ou la mort Les gens n’aiment pas les gens mais ils aiment l’argent des gens Au-dessus d’une montagne, il y a toujours un sommet, je suis le sommet des sommets, je suis le sommet de l’Himalaya

14 21 23 26 30 32 35 39 45 50 53 57 65 68 72

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JE tiENs à REMERciER pouR lEuR coNtRibutioN :

Le Molare Laurent Oula (ami et manager de Douk Saga) Moustapha Doukouré (oncle de Douk Saga) Mme Fatoumata Doukouré (la mère de Douk Saga) Amy Doukouré (sœur de Douk Saga) Antoine Kouadio-Blé alias Antonio Faragoué Tata Kheny Siaka Kourouma alias Chakoule DJ Jacob Lino Versace Serge 2Falet Sara Dicko Moctar Samassi alias Samassi Akwaba Gauthier la Vivatché Jean-Jacques Kouamé Didier Bléou David Tayorault David Monsoh Emmanuel N’driba Yoboué

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Ce jour lÀ… eudi 12 octobre 2006. Douk Saga est mort depuis J quelques heures seulement. Son corps, encore chaud, a été transféré À la morgue de l’hôpital Yalgado Ouédraogo de Ouagadougou au Burkina Faso. A Paris, Lino Versace convoque une réunion d’urgence non loin de la Porte Maillot. Elle rassemble tous les amis du défunt. En plus des membres de la Jet-set, plusieurs groupes concurrents comme ‘’Les Gunners’’, ‘’La cour suprême’’, ‘’La Jet 8’’ de Marcellin Ouédraogo, ‘’la diaspora’’et ‘’Le dernier kata’’ sont lÀ. Des personnes connues dans la diaspora ivoirienne comme John Pripri et Ladji Méité sont présentes, elles aussi. Les discussions sont d’abord émues À cause du choc de la nouvelle du décès. Puis elles se font plus tendues, houleuses par moment. Une foule de choses importantes se décident et le temps presse. Il faut faire partir des gens À Ouagadougou pour ramener la dépouille de Douk Saga À Abidjan. Il urge de trouver les moyens pour acheter les billets d’avion pour tous ceux qui veulent partir À Ouaga. A cette réunion, il y a aussi des règlements de comptes, des rancœurs qui remontent À la surface, des contentieux À vider. Les nombreuses déclarations de Douk Saga qui accusent les membres de la Jet-set de l’avoir abandonné pendant sa maladie sont encore vivaces

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dans les esprits. C’est depuis la maison des parents de Jean-Jacques Kouamé que Douk Saga, malade, a fait la plupart de ses déclarations accusatrices. Alors À un moment donné, certains propos dérapent. Ils se cristallisent autour de la présence de Jean-Jacques Kouamé. Certains participants reprochent À Jean-Jacques Kouamé d’avoir laissé faire, d’avoir encouragé Douk Saga À diaboliser la Jet-set. On accuse Jean-Jacques Kouamé de n’avoir jamais rien tenté pour dire la vérité À l’opinion. La tension monte rapidement et plusieurs participants exigent que Jean-Jacques Kouamé quitte immédiatement la réunion, les lieux. Pour ces participants, il ne fait partie ni de la Jet-set, ni d’aucun autre groupe parisien, alors il n’a rien À faire À cette rencontre. Des propos désobligeants À l’endroit de Jean-Jacques Kouamé se font entendre. Dans le remue-ménage qui s’installe, quelques personnes dont Le Molare tentent de calmer le jeu et les esprits. Mais dans le tohu-bohu, personne n’écoute plus personne. Les gens ont les nerfs à eur de peau et ils ont visiblement envie de se vider. Les plus énervés ont envie d’en découdre. Le Molare crie pour se faire entendre. Il hurle qu’il ne sert À rien de régler des comptes personnels, de s’en prendre À Jean-Jacques Kouamé. Pour Le Molare, le plus important est de trouver les moyens pour organiser des obsèques dignes pour Douk Saga. Et l’urgence du moment, c’est d’aller chercher sa dépouille À Ouagadougou. Finalement les gens commencent À se calmer. La salle retrouve un peu de sérénité. On demande À ceux qui veulent partir À Ouagadougou de se désigner. Ceux qui ont de l’argent pour acheter leur billet d’avion d’un côté et de l’autre, ceux qui ont aussi envie d’y aller mais qui n’ont pas les moyens. La réunion reprend, elle traîne en longueur. Les débats paraissent interminables À cause de la foule de détails À régler. De la couleur des vêtements que les amis de Douk Saga devront porter aux obsèques jusqu’au choix du cercueil du défunt. Au petit matin du 13 octobre, les participants parviennent enïn à s’accorder sur l’essentiel dans l’organisation pratique des obsèques de Douk Saga.

àla ïn de la réunion, chaque membre de la Jet-set va faire ses valises pour Abidjan. Le Molare essaie de trouver un billet d’avion pour l’Espagne où il doit jouer ce même vendredi 13 octobre 2006. Il cherche précisément un billet avec une continuation À Ouagadougou.

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Malheureusement, il n’y a pas de vol entre l’Espagne et le Burkina Faso ce jour-lÀ. Qu’À cela ne tienne, il achète deux billets d’avion. L’un pour aller en Espagne pour y jouer et l’autre pour partir d’Espagne À Abidjan. Dès qu’il a les billets, Le Molare appelle sa femme et lui demande de lui faire deux valises : une valise pour aller jouer en Espagne, une autre pour Abidjan. Ensuite il téléphone À Lino pour lui conïer la valise pour Abidjan. Le dimanche 15 octobre. Toute la Jet-set est À Abidjan pour les obsèques de Douk Saga. A l’exception de Boro Sanguy et Chakoule qui restent À Paris, pour le moment. Tous les deux représenteront la Jet-set en France en cas de besoin. Il est huit heures, ce matin du 15 octobre À l’aéroport international Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan Port-Bouët. La dépouille de Douk Saga arrive dans quelques heures seulement par un vol régulier d’Air Burkina. La zone de l’aéroport est 1 noire de monde. Le parcours entre l’aéroport et Ivosep est envahi par des dizaines de milliers de personnes. Un public tout de blanc vêtu, comme cela a été décidé À la réunion de Paris. A l’arrivée de l’avion, dès que le corbillard de Douk Saga sort de l’aéroport, tous les véhicules du cortège s’ébranlent. Direction, le siège d’Ivosep À Treichville. Le Molare prend place dans la voiture de Sané Ballon d’Or, un grand ami de la Jet-set. Après la voie express de l’aéroport, ils empruntent le boulevard Giscard d’Estaing. Un taxi arrive en trombe derrière eux. Le taxi rattrape Le Molare et Sané Ballon d’Or. Au lieu de les dépasser, le taxi reste À leur niveau, toutes vitres baissées. A bord de ce véhicule, quatre passagers. Des jeunes, ils ont entre vingt et vingt cinq ans. Tous montrent Le Molare du doigt. Une fois que ces jeunes ont la certitude que c’est bien Le Molare qui est assis À la place passager, ils crient ensemble« Molare assassin, Molare Assassin » À plusieurs reprises. Etonnés, Le Molare et Sané restent sans réaction dans un premier temps, puis, Sané accélère brutalement, pour essayer de semer le taxi. Le taxi accélère À son tour. Les jeunes reprennent de plus belle« Molare assassin, Molare assassin ». Sané sort alors la tête de la voiture et dit :« Qu’est-ce que vous racontez là ? De quoi parlez-vous ? Arrêtez vos bêtises et dégagez ! » Les jeunes ne dégageront pas. Bien au contraire. Sur leur trajet, ils haranguent la foule, ils encouragent les fans et les badauds À reprendre 1 - Ivoire sépulture, entreprise de pompes funèbres en Côte d’Ivoire, en activité depuis 1956 6

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le« Molare assassin ». Au grand carrefour de Koumassi, le taxi des jeunes accélère À nouveau. Cette fois, il se met en tête du cortège. Ils continuent de haranguer la foule et cela semble être efïcace. Au fur et À mesure que Le Molare et Sané Ballon d’Or avancent vers Ivosep, l’hostilité d’une partie du public grandit. Le« Molare assassin »est de plus en plus scandé. De Marcory À Treichville, certaines personnes menacent de s’en prendre physiquement À Le Molare, cet assassin qui a tué Douk Saga, l’idole de toute une jeunesse. Les attaques verbales, les injures, les menaces pleuvent. Le Molare commence À prendre la mesure de la dangerosité de sa situation. L’hostilité ambiante fait peser un risque évident sur sa sécurité. Quand la voiture de Sané Ballon d’Or entre enïn dans la cour d’Ivosep, il y a une véritable marée humaine qui attend lÀ depuis des heures, sous le soleil. Les diatribes des jeunes et de la foule résonnent encore aux oreilles de Le Molare. Cependant, les centaines de fans au sein d’Ivosep ne montrent aucun signe d’hostilité À l’égard de Le Molare. Ce dernier ne boude pas ces petits instants de répit. Le Molare et Sané Ballon d’Or pénètrent dans le bâtiment administratif d’Ivosep. LÀ, ils apprennent que le corbillard qui ramène le corps de Douk Saga À Ivosep n’a pas été payé. La couronne mortuaire n’a pas été achetée. Les deux amis sont obligés de parer aux plus pressés. Séance tenante, ils se cotisent pour régler ces factures. Sané donne cinquante mille francs quand Le Molare, lui, débourse cent mille francs. Juste après ces dépenses, Le Molare appelle un de ses oncles pour qu’il lui avance un peu d’argent. Il a dépensé tout ce qu’il avait dans des imprévus et urgences liés À l’arrivée du corps de Douk Saga. L’oncle demande À son neveu de le retrouver dehors, hors d’Ivosep. Parce que ce dimanche d’arrivée du corps de Douk Saga, il est pratiquement impossible de s’approcher d’Ivosep. Il y a trop de monde et trop de véhicules. En sortant pour aller retrouver son oncle, Le 2 Molare est accosté par un jeune. Ce dernier fait desatalakuimprovisés pour tous les membres de la Jet-set. La scène est assez gênante, vu le contexte de deuil. Le Molare demande gentiment au faiseur d’atalaku d’arrêter. Puis il continue À fendre la foule. Quelques pas plus loin, Le Molare tombe sur un petit groupe de jeunes, une dizaine. Certains

2-Faire un atalaku : faire des éloges publics, vanter les mérites de quelqu’un. Le mot est d’origine congo-laise, mais il a été intégré au langage populaire ivoirien. 7

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ressemblent étrangement aux quatre énervés dans le taxi de tout À l’heure. Ces jeunes ne laissent pas le temps À Le Molare de rassembler ses souvenirs. Dès qu’ils le reconnaissent, ils scandent À nouveau« Molare assassin, Molare assassin ». Dans le groupe, il y a un meneur qui donne le ton et les autres suivent. Le Molare tremble de nouveau pour sa sécurité. Il essaie, malgré tout, de ne rien laisser transparaître. Il continue À se frayer un chemin dans cette foule de plus en plus dense,compacte. Le petit groupe hostile suit Le Molare À la trace. Il ne le lâche pas. Certains spectateurs entrent dans la danse. Le« Molare assassin »repris par un nombre de plus en en plus important de gens. En est quelques minutes, le« Molare assassin »se transforme en grondement. Tout le périmètre autour du siège d’Ivosep le reprend. Le Molare a un frisson dans le dos, l’idée que cette foule en colère n’hésiterait pas À le lyncher lui donne des sueurs froides. Il n’aurait aucune chance de s’en sortir. Les gens sont de plus en plus hostiles, énervés, menaçants. Certaines personnes tentent même d’agripper Le Molare, de se saisir de lui. Cette fois, Le Molare ne peut plus continuer À avancer. C’est trop dangereux. Il revient précipitamment sur ses pas. Il court se réfugier dans l’enceinte d’Ivosep. Une fois À l’abri, Le Molare patiente. Une attente inquiète. En cet instant précis, son salut serait que cette foule excitée et énervée contre lui se calme. Malheureusement pour lui, dehors, le« Molare assassin »ne baisse pas en intensité. Il gronde plus fort encore. Il est repris au sein même d’Ivosep. Le Molare est cerné. Il se sent pris au piège. La panique commence À gagner tout le comité d’organisation. Le préfet de police d’Abidjan, présent sur les lieux, prend assez vite la mesure de la situation. Il demande À Le Molare de quitter immédiatement Ivosep. Il est vrai que le dispositif sécuritaire est impressionnant, mais un mouvement de cette foule en colère peut très bien le déborder. On organise le départ, la fuite de Le Molare. Il se cache dans une voiture banalisée et quitte Ivosep À l’insu de la foule. Le Molare se retrouve en Zone 4. La nouvelle se répand dans toute la ville d’Abidjan : Le Molare, l’assassin de Douk Saga, vient d’échapper À un lynchage À Ivosep. Les fans de Douk Saga ont tenté de lyncher Le Molare pour venger sa mort. De sa cachette, Le Molare reçoit un premier coup de ïl. C’est celui de John Chahin Sombo, le militaire et producteur de télévision :« Le Molare, je t’ai vu te démener comme un beau diable pour essayer de sauver Douk Saga,je n’accepte pas que des opportunistes proïtent

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de ses funérailles pour te salir et se faire un nom. Je viens te retrouver là où tu es… » John Chahin arrive au bout de quelques minutes. Il propose une interview À Le Molare séance tenante, pour son émission télé Tonnerre. L’idée est de donner un espace À l’accusé pour qu’il se défende. L’émission doit être diffusée le samedi 21 octobre 2006. Dès la ïn de l’entretien, les spots annonces inondent la télévision publique ivoirienne. A partir de lÀ, Le Molare reçoit de nombreux coups de ïl. Des appels anonymes d’injures, de menaces. Mais aussi des signes de soutien. La comédienne Clémentine Papouet l’appelle pour lui dire toute son amitié. Elle lui écrit une lettre ouverte de soutien 3 que le magazineTop Visages publiera. L’animateur et producteur de télévision Barthelemy Inabo, des patrons de boîtes de nuit comme Solo SS, Don Mike le Gourou et Fabrice Tiacoh, le chanteur Gadji Céli, le ministre Hamed Bakayoko et bien d’autres personnalités téléphonent À Le Molare pour le réconforter. Même Antonio Faragoué, proche parmi les proches de Douk Saga, fait publier dans la presse une lettre que Le Molare avait écrite À Douk Saga au plus fort de sa maladie. Cette lettre avait été rédigée au moment où Douk Saga était au Bénin. Le Molare lui demandait notamment de se soigner, de prendre ses médicaments, s’il voulait rester en vie. Cette note, Douk Saga l’avait précieusement gardée dans ses affaires, jusqu’à la ïn. Tous les gestes de soutien à Le Molare ne sufïsent pas à calmer la colère du public. Bien au contraire. La foule ne veut pas de raisonnement, elle veut de l’action, tout de suite. Elle veut absolument un coupable, elle l’a trouvé, elle le tient et elle ne le lâche plus. Dans la presse, dans les maquis d’Abidjan, on ne parle que des obsèques de Douk Saga. De son assassin, Le Molare qui n’a pas hésité À le supprimer mystiquement pour être le seul maître À bord du bateau coupé-décalé. 4 Radio Treichvilles’en mêle pour donner des détails sur cet assassinat. Certains parlent d’empoisonnement, d’autres disent que Le Molare a transmis, mystiquement, une maladie mortelle À Douk Saga. Le public est d’autant plus convaincu que dans ses dernières déclarations, Douk Saga n’avait de cesse de pointer un doigt accusateur sur ses ennemis tapis dans l’ombre qui l’auraient envouté, sur les membres de la Jet-set,

3- Top visages : est le plus ancien magazine de show business ivoirien, il a été créé en décembre 1993. 4- Radio Treichville : est l’équivalent ivoirien du téléphone arabe pour propager une rumeur ou des infor-mations en dehors des canaux traditionnels. 9

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sur Le Molare.

Très vite les obsèques de Douk Saga se transforment en une foire aux empoignes verbales. Une guerre ouverte de positionnement entre les amis de Douk Saga. Aux yeux du public, Jean-Jacques Kouamé est le seul véritable ami de Douk Saga. L’ami sincère qui l’a soutenu pendant sa maladie, jusqu’à son dernier soufe. Le Molare et tous les autres membres de la Jet-set passent, au mieux, pour des gens qui ont abandonné un ami dans le malheur. Surtout Le Molare qui ne cessait de contester le titre de président de la Jet-set de Douk Saga. Entre Jean-Jacques Kouamé et Le Molare, le fossé se creuse. Pendant les obsèques, ils se boudent. Il y a des jours où ils s’ignorent en public, ils ne s’adressent même pas la parole. Leurs connaissances communesfont la navette entre eux pour leur rapporter ce que l’un dit de l’autre. Le matin, ces connaissances passent chez Jean-Jacques Kouamé pour lui dire tout le mal que Le Molare pense de lui. Pour ce service, Jean-Jacques Kouamé leur donne quelques billets de banque. Le soir, en rentrant, les mêmes personnes font escale chez Le Molare pour lui rapporter toutes les mauvaises intentions que Jean-Jacques Kouamé nourrit contre lui. Outre Le Molare, Jean-Jacques Kouamé a maille À partir avec d’ autres membres de la Jet-set qui le prennent en grippe. Certains disent, À qui veut l’entendre, qu’il vont casser la gueule À Jean-Jacques Kouamé. L’atmosphère est tellement délétère que tous les amis de Douk Saga qui connaissent la cause réelle de sa mort n’osent plus en parler en public. Ils se taisent volontairement. Personne ne veut prendre le risque de révéler la véritable cause du décès de Douk Saga. Le public croit dur comme fer qu’il a été tué, alors personne ne veut aller contre l’opinion et se mettre le public À dos. Les rares fois où les amis de Douk Saga prennent la parole en public ou dans la presse, ils disent ignorer complètement de quoi Douk Saga est mort. Ils parlent d’autopsie qu’il faudra faire sur le corps pour déterminer réellement ce qui l’a tué. Une autopsie qui servirait aussi À démasquer l’assassin. Lynché dans les médias et montré du doigt en ville, Le Molare demeure le suspect numéro un, voire le coupable. A tous les coins de rue, il risque de subir la folie d’un fan désespéré. Même sa famille a peur pour lui. Morte d’inquiétude, la mère de Le Molare craint pour la vie de son ïls à cause de tout ce déchainement de haine. Elle le fait asseoir :«Maury Féré, 10