Mytale
259 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
259 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Au premier regard, elle a compris qu'elle devait compter les têtes pour être certaine de ne pas s’emmêler dans le décompte des morceaux de viande qui avaient été ses compagnons… 2000 ans après que l’Imperium a abandonné des colons sur la planète Mytale, la jeune Fédération Homéocrate y expédie deux cents agents surentraînés. Ils seront tous massacrés, sauf Audham qui devra apprendre à survivre sans espoir de retour, en proscrite sur une planète ou le maître mot est mutations. Pour cela, elle va traverser des forêts-consciences, affronter les guerriers warches, tromper la magie des mystes, gagner la confiance des esclaves hiumes et des ouvriers beeses. Elle devra aussi composer avec les rebelles humains, illes et nones, et gagner l’affection des ksins, ces chats de la taille d’un tigre qui communiquent par télépathie. Mais que peut-elle espérer dans un monde totalement dépourvu de technologie et dirigé par une poignée de dictateurs immortels ? Pour Audham, unique représentante du rêve homéocrate sur une planète figée dans un système de domination et de castes, beaucoup de certitudes vacilleront sous l’influence de Mytale et des personnages inoubliables qui la peuplent.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 mars 2015
Nombre de lectures 119
EAN13 9782846269797
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ayerdhal
Mytale
Du même auteur chez le même éditeur
LECHANT DUDRILLE, roman LABOHÊME ET L’IVRAIE, roman DEMAIN,UNE OASIS, roman BALADE CHOREÏALE, roman CHRONIQUES DUN RÊVE ENCLAVÉ, roman TRANSPARENCES, roman RÉSURGENCES, roman
Ce roman a été publié pour la première fois en 1997. ISBN : 9782846262125
© Éditions Au diable vauvert, 2010
Au diable vauvert www.audiable.com La Laune BP72 30600 Vauvert
Catalogue disponible sur demande contact@audiable.com
À Corinne et Alain Gaillard, en mémoire des ronciers défunts, des branches qui dépassent et des allumettes ; en mémoire aussi des longues soirées d’été qui fleuraient le cabernet, franc ou sauvignon, le merlot, le basarmagnac et le fumier, puisqu’en mon âme et conscience, comme on dit, j’avais un tout petit peu mis le feu à la fosse à purin. Ce qui prouve bien, quoi qu’on en pense, que certaines erreurs sont inhumaines et que l’amitié est moins une question d’odorat que de franche rigolade.
Première partie
Promesse d’ille
Chapitre premier
Deux mille ans après que les vaisseaux impériaux eurent abandonné les colons de Mytale, la jeune Fédération homéocrate, née des cendres de l’Impérium, décida de s’intéresser à la planète démente que l’humanité avait bannie de son sein. Mytale était consignée en rouge sur fond noir dans tous les hologrammes d’astrogation, pas un astronef ne l’avait approchée à moins d’un parsec depuis sa mise en quarantaine. Les nouveaux dirigeants de l’humanité, poussés par le regain d’avidité scientifique de la communauté, enten daient ne pas laisser dormir le potentiel xénologique qu’offrait Mytale, quel que fût le prix à payer, et ils le savaient élevé : les rapports tant officiels qu’officieux étaient alarmants. Le maître mot en avait été : mutations, auquel on avait adjoint les qualificatifs extrêmes, incon trôlables, mortelles et toute une pléiade de mises en garde. La Fédération organisa donc une expédition très spéciale, placée sous le signe de la prudence. Deux cents individus « d’élite » furent sélectionnés et entraînés pour son accomplissement. Les généticiens de cent mondes travaillèrent d’arrachepied à les doter d’un fixateur cellulaire leur garantissant l’immunité aux muta gènes mytans. L’État engloutit l’équivalent d’un budget annuel dans la construction d’un vaisseau indestructible,
9
10
plus rapide, plus puissant, plus autonome que le plus per fectionné des astronefs amiraux. L’opinion, en pleine effer vescence postrévolutionnaire, appuya avec ferveur cet investissement : dès son retour de Mytale, le vaisseau par tirait à la conquête de nouveaux mondes, la conscience collective s’en félicitait, les consciences individuelles y trouveraient leur compte. Une ère nouvelle d’expansion s’ouvrait. L’histoire, celle à venir, ne s’écrit pas, quel que soit l’enthousiasme du scénariste. L’historien se consacre au passé. À la rigueur, cela peut lui permettre de com prendre certaines subtilités du présent et, éventuelle ment, l’aider à orienter l’avenir vers d’autres voies que celles des erreurs anciennes. Toute relation d’événements défunts signifie : « Cela s’est produit, cela peut se repro duire » – et encore fautil se méfier des visionnaires de la Réaction ! L’astronef s’écrasa sur Mytale. Les générateurs antig sauvèrent ses passagers le temps qu’ils soient taillés en pièces par les autochtones. Les armes fédérales ne fonc tionnèrent pas ou s’avérèrent inutiles, totalement, inex plicablement futiles, comme n’ayant aucun sens, aucune tangibilité sur ce monde aliéné. Les Mytans ne s’arrêtèrent pas au massacre des agents de la Fédération, ils réduisirent en un amas informe de métal déchiqueté le vaisseau et ses composants. L’aven ture humaine est constellée de ces crises de fureur xéno phobe, cellelà se distingue par sa folie destructrice, elle n’aura, il faut l’espérer, jamais d’égale. Chroniques mytanes(extraits) « Commentaires » Danel
Le spectre des hurlements s’était tu, rengorgé dans les plaies béantes par le fracas du métal déchiré, broyé, concassé. Puis
la clameur du vaisseau déchiqueté s’était à son tour estom pée, lentement, telle une nappe de brume. Audh demeurait immobile, le visage baignant dans une mare de mousse poisseuse, l’esprit verrouillé sur les vertus mutagènes des sporanges qu’elle avalait à chaque inspiration, à chaque longue et douloureuse inspiration. Admettre. Il lui fallait admettre. Les faits, tels qu’ils étaient et tels qu’elle allait les vérifier lorsqu’elle aurait accepté. Les morts, comme ils avaient été écharpés, les flaques de sang, les organes éparpillés, les crânes défoncés et les vestiges de l’astronef disloqué qui la condamnaient à mourir sur Mytale. Non ! Pas à mourir ! À survivre. Audh se releva d’un bond, laser au poing. Elle pivota sur ellemême pour s’assurer qu’aucun ennemi ne s’était attardé sur les lieux. Elle se trouvait derrière un rideau de lianes enchevêtrées qui couraient entre les arbres à six cents mètres de l’épave… de la vallée où il aurait dû y avoir une épave. Et elle était seule, à perte de vue, à perte de raison, elle était seule vivante. Elle ne se souvenait pas clairement de s’être mise à l’abri, elle se rappelait seulement le cri dans sa tête, celui qui l’avait entraînée à fuir, en aveugle, audelà de la terreur, loin, le plus loin possible. Ce qui restait du vaisseau ne permettait même pas d’en imaginer la silhouette. Audh s’arracha des buissons plus qu’elle n’en sortit. Ce qui restait des humains… Elle imprégna ses yeux des cadavres et des lambeaux de cadavres jusqu’au cent quatrevingtdixneuvième. Au premier regard, elle avait compris qu’elle devait compter les têtes pour être certaine de ne pas s’emmêler dans le décompte des morceaux de viande qui avaient été ses compagnons. Jamais l’idée ne l’effleura qu’il pût se trouver un survivant dans cet étal de tri pier, jamais elle n’eût pensé qu’elle pourrait s’arrêter de vomir. Elle était la seule rescapée ; elle ne goûta même pas l’amer tume de la bile, et elle ne trouva rien d’intact ou de seulement
11
12
brisé. Tout avait été réduit en poussière de carnage. Du summum technologique de la Fédération, de ses lasers et de ses atomiques, de ses écrans, ses générateurs, ses radiants et ses parals, de ses deux cents agents surentraînés, il ne restait qu’Audham EnTha, sa combinaison de tous les jours et un laser à moitié déchargé. De quoi frissonner, Audh frissonna. Ils n’avaient même pas eu l’occasion de comprendre qu’ils se faisaient exterminer ! Les générateurs étaient tombés en rideau quelques secondes après l’émersion de l’hyperespace et l’as tronef s’était précipité sur Mytale, comme un spermatozoïde sur l’ovule, sans que nul ne pût rien, sans que nul ne fît rien. Et le crash, pas même violent, pas même dangereux, juste de quoi ouvrir le vaisseau comme un bouton de fleur et livrer son contenu à la fureur de Mytale… quelques centaines de monstres rugissants, armés de leurs corps difformes et conton dants, griffant, coupant, tailladant, frappant, broyant, étouf fant, crevant, écrasant, jusqu’à ce qu’il ne demeurât rien ici de la Fédération. Enfin presque : ils avaient oublié Audh. Ses yeux revinrent sur le cadavre qui gisait à ses pieds, sur l’un des onze Mytans que deux cents agents fédéraux suren traînés et surarmés avaient occis. Il était difficile de donner une origine humaine à cette créature. Au mieux, elle pouvait passer pour humanoïde. Elle devait mesurer deux mètres cin quante et peser plus de deux cents kilos, peutêtre trois cents si la carapace chitineuse qui lui couvrait le crâne et le buste était aussi dense que sa résistance aux projectiles l’annonçait. Aux épaules, sa carrure atteignait un mètre soixante, ses jambes étaient de véritables poteaux et ses bras des machines de guerre… non : des pieds à la tête, ce Mytan était une machine de guerre. Le corps couvert de plaques osseuses, des ergots au dessus des talons et deux pinces énormes en guise de bras et de mains, des pinces qui avaient cisaillé du plastacier ! Les dix autres cadavres mytans étaient bâtis dans la même intention, mais ils étaient aussi dissemblables que pouvaient
l’être des chars, des tanks et des canons. Leur fonction était la guerre, mais chacun avait sa spécialité, celle de son corps et de sa monstruosité. Certains bras se terminaient par des griffes, d’autres par des doigts, d’autres par d’autres pinces ; certains portaient des défenses, d’autres des cornes, d’autres… Audh leur avait échappé, mais son humanité n’allait pas lui faciliter la survie. — C’est marrant que ce soit moi qui aie survécu. (Elle ne pleurait pas mais un flot de larmes inondait ses joues.) Ils nous attendaient là où le vaisseau s’est écrasé. Ils nous atten daient là où ils savaient que… (Elle tourna le dos au carnage et tituba vers la forêt.) À quoi peuvent ressembler ceux qui leur ont offert ce massacre ? Elle n’avait touché à rien, elle n’eut aucune trace à effacer. De toute façon, ce nombre absurde de macchabées la dénonçait. « Mytans ! hurlaitil. Il vous reste à parfaire votre extermination ! » — Il semblerait que quelqu’un ait omis un ou deux détails lors de mon entraînement. (Elle marchait la tête baissée, la foulée décidée et rageuse.) Heureusement que j’aime parler toute seule, hein ? Mais bon sang, qu’estce que je vais foutre de cette planète ? Intérieurement, elle se gonflait à bloc :C’est ça, tiretoi de ce charnier ! Remuetoi les fesses, ma petite Audham ! Oublie tout ça et fonce, Audham… T’arrête pas… Pense pas… Droit devant jusqu’au rigolo qui a planté le vaisseau… Si on peut piéger un hyper, on peut en fabriquer un… Tu vas le piquer, Audh ! Tu vas le ramener à la Fédé et la Fédé va leur faire sauter leur putain de planète ! Les enfoirés ! Les enfoirés…
14
Chapitre deux
Si vous me demandez pourquoi nous avons sélectionné EnTha, je vous répondrai : parce qu’elle correspond par faitement à vos critères, si insuffisants soientils. Si vous me demandez pourquoi j’ai pris la décision de l’inclure effectivement dans l’expédition, je vous répondrai : parce que nous avons réussi l’exploit de composer une équipe homogène moins un et qu’en matière d’unicité EnTha est une caricature. Mais vous me demandez seulement ce que je pense d’elle, n’estce pas ? Audham EnTha est foncièrement objective, rationnelle et intègre, et ses actions sont principalement subjectives, irrationnelles et retorses, voire malhonnêtes. Impossible de savoir quelle est l’apparence, quelle est la substance. Pour utiliser un lieu commun, la vie d’Audham est un tissu de mensonges. Tenez : placée dix fois dans une même situation (même lieu, même horaire, mêmes condi tions, mêmes personnages, mêmes moyens), elle réagit de dix façons différentes, avec plus ou moins de bonheur, mais sans jamais refaire les mêmes erreurs. Bon, elle est loin d’être ce que nous avons de mieux, mais elle s’en sort et tout le monde la craint : et, croyez moi, même notre meilleur agent n’encourage pas à autant de respect. Voilà, c’est à peu près tout. Il n’y a pas une seule discipline dans laquelle elle soit l’une des
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents