Le suicidé de la rue Jacob
133 pages
Français

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Le suicidé de la rue Jacob , livre ebook

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Description

Il était évident que M. Wladimir d’Ormoy était mort...


Il l’était autant qu’il s’était suicidé...


C’était du moins ce que pensait le médecin appelé chez monsieur d’Ormoy pour constater le décès.


C’était également l’avis du commissaire de Police et du juge d’instruction...


L’affaire n’aurait pas été plus loin sans la présence d’un étrange personnage qui accompagnait le magistrat.


Le vieillard, au regard vif, vêtu avec une sobre élégance et portant à la boutonnière la rosette de la Légion d’honneur, répondait au nom de Nauville.


Et ce n’était pas un doute qu’il avait émis en évoquant un meurtre, mais une certitude... certitude qu’il s’engageait à démontrer... ainsi qu’à découvrir le mobile du crime et l’identité de l’assassin...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 29 avril 2023
Nombre de lectures 3
EAN13 9782385011529
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0019€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LE SUICIDÉ DE LA RUE JACOB
Roman policier

par Henry JAGOT
CHAPITRE PREMIER
LA MORT DE M. D'ORMOY

Il était certain que M. Wladimir d'Ormoy était mort...
Il l'était autant qu'il s'était suicidé...
Mais, ce qui apparaissait moins clairement, c'était pourquoi cet aimable célibataire, qui venait à peine de dépasser la cinquantaine, avait mis fin si brusquement à ses jours, alors que la veille encore il s'était montré plein de gaieté, parlant avec joie du prochain voyage qu'il se proposait de faire.
— J'ai toujours eu envie, avait-il dit, de visiter la Suède et la Norvège. C'est un plaisir que je m'offrirai au mois de juin prochain.
L'homme dispose...
M. Wladimir d'Ormoy s'exprimait ainsi au début du mois d'avril...
Quinze jours plus tard, exactement le jour du terme, il s'était mis en route pour un grand voyage qu'il n'envisageait pas deux semaines auparavant.
Ce suicide était, d'ailleurs, la fin mystérieuse d'une existence assez énigmatique, celle d'un homme qui dissimule avec soin les particularités de sa vie, n'en laissant voir que ce qu'il est absolument impossible de cacher aux yeux d'autrui.
M. Wladimir d'Ormoy occupait, au troisième étage d'une maison de la rue Jacob, un appartement composé d'un vestibule, d'un petit salon, d'un cabinet de travail, d'une salle à manger, d'une chambre à coucher et d'une cuisine.
Il ne recevait personne, au dire de la concierge. C'était un locataire modèle, payant son loyer une quinzaine avant l'échéance, ne réclamant rien, ne manquant pas de générosité, discret, silencieux habituellement, ou, quand il adressait un mot banal à la digne tenancière de la loge, enveloppant ce mot d'un ton qui le rendait agréable.
Son courrier n'était jamais très volumineux.
Le plus souvent, il ne comprenait que des journaux, et, lorsqu'il y avait une lettre, elle venait presque toujours de l'étranger.
Ce détail aurait pu provoquer la curiosité de la concierge, mais M. Wladimir d'Ormoy alla au-devant d'elle en disant que celui qui, comme lui, a beaucoup voyagé et voyage beaucoup encore a des amis, ou tout au moins des connaissances, dans les pays qu'il a visités.
Il était exact que M. d'Ormoy s'absentait fréquemment.
Il s'en allait, un matin ou un soir, une valise à la main, recommandant qu'on remît chaque jour son courrier à sa femme de ménage, et ce n'était quelquefois qu'au bout d'un mois qu'il revenait, aussi tranquillement qu'il était parti, et porteur de son éternelle valise.
Ordinairement, du reste, ses absences n'étaient pas de si longue durée, ne dépassant guère une quinzaine.
Au contraire de ce qui se passe chez la plupart des vieux garçons, le genre de vie de M. Wladimir d'Ormoy n'avait rien de mécanique. Les heures où il sortait n'étaient point régulières, il lui arrivait d'aller déjeuner à midi. Le lendemain, il ne descendait de chez lui que vers une heure. Il montrait la même indifférence en ce qui concernait le moment du dîner. Il était vrai que, depuis l'époque où il était venu habiter la rue Jacob, ce qui remontait à une dizaine d'années, il prenait ses repas dans un restaurant de la rue Bonaparte, où sa table lui était gardée. Repas très simples, auxquels le vin ne figurait que rarement.
Habituellement, il restait chez lui le matin.
Pourtant, s'il quittait son appartement dans la matinée, il était rare que ce ne fût pas avec une serviette assez volumineuse sous le bras, une serviette qu'en rentrant chez lui il enfermait dans un secrétaire dont la clef ne le quittait pas.
Sans doute, la serviette devait-elle contenir des choses importantes, car un après-midi, étant parti depuis cinq ou six minutes, et s'étant aperçu qu'il avait oublié d'enlever la clef du secrétaire, il revint au plus vite, monta l'escalier en courant et se précipita dans son cabinet de travail, au grand ahurissement de la femme de ménage, qui, ce jour-là, au lieu de se retirer à midi, comme elle le faisait toujours, était restée afin de procéder à un nettoyage général.
Ce fut la seule fois où M. Wladimir d'Ormoy abandonna le calme souriant qui était une des caractéristiques de son individualité, et ce fut également la seule fois qu'il oublia d'emporter la clef de son secrétaire.
Indépendamment des pièces qui composaient son appartement, le célibataire de la rue Jacob avait droit à une chambre de bonne, au sixième étage, mais, tout en conservant cette chambre, il ne l'utilisait pas.
Il n'avait besoin, ne prenant pas ses repas chez lui, que d'une femme de ménage.
Celle-ci, qui se nommait M me Ménard, arrivait chaque matin à huit heures. Ayant une clef du vestibule, elle gagnait la cuisine par un couloir intérieur, allumait le gaz, préparait le déjeuner de M. d'Ormoy, qu'elle avait ordre de prévenir cinq minutes avant de le servir.
Vêtu seulement d'une robe de chambre, M. Wladimir d'Ormoy prenait ce premier repas, consistant en une grande tasse de café au lait et de trois ou quatre petits gâteaux secs, dans la salle à manger, après quoi il procédait à sa toilette avec lenteur et minutie.
— Pour un homme qui se soigne, disait M me Ménard à la concierge, c'est un homme qui se soigne ! Mais, au temps qu'il passe à se bichonner, on voit bien qu'il n'a rien à faire.
On aurait considérablement surpris la femme de ménage, ainsi que la concierge, M me Oustremont, si on leur avait expliqué pourquoi le célibataire s'attardait ainsi chaque matin dans son cabinet de toilette.
C'était parce que ce cabinet de toilette était pour lui un véritable cabinet de travail, où, sans hâte, il pensait à ce qu'il avait fait et réfléchissait à ce qu'il allait faire.
Le plus fréquemment, il employait sa matinée à lire des journaux, et cela avec une attention soutenue, puis il écrivait des lettres qu'il mettait à la poste en s'en allant déjeuner.
Selon le temps, et probablement aussi selon des obligations tenues secrètes, il rentrait ou ne rentrait pas avant cinq ou six heures du soir, et il changeait alors de vêtements pour se rendre à son restaurant, de manière à pouvoir passer sa soirée au spectacle, si l'envie lui en venait.
Très rarement, il dînait en ville.
Dans ces occasions-là, il prenait un habit, et M me Oustremont, qui se piquait de connaître le monde, parce qu'elle avait été, dans sa jeunesse, au service de la femme d'un ministre, assurait qu'il avait la mine d'un véritable gentilhomme.
Elle aurait bien voulu en savoir davantage sur son compte, mais M. Wladimir d'Ormoy n'était pas de ceux qui font des confidences à leur concierge et, lorsque sa femme de ménage, M me Ménard, s'était risquée à lui adresser de prudentes questions, elle n'avait reçu de lui qu'une réponse n'ayant rien d'encourageant.
— Madame Ménard, lui avait-il dit, vous tenez très bien mon appartement et votre café au lait est excellent. Continuez ainsi. C'est parfait. Je ne vous en demande pas davantage.
La femme de ménage, qui n'était pas bête, avait compris et se l'était tenu pour dit, ce qui était son intérêt, car M. Wladimir d'Ormoy la payait largement et la besogne n'était pas des plus dures. En somme, la place valait la peine d'être conservée.
De ce qui précède, il résulte que, si l'existence coutumière de M. d'Ormoy n'offrait, en apparence, rien d'extraordinaire, sa régularité s'accompagnait néanmoins d'un certain mystère.
— Il est trop tranquille, cet homme-là ! déclarait la concierge. Ça n'est pas naturel, car, enfin, ce n'est pas un vieillard. Il m'a dit un jour qu'il avait cinquante ans. C'est un âge qu'on ne lui donnerait pas. Aussi, de le voir vivre comme ça, en image, ça m'étonne.
M me Oustremont exprimait ce sentiment à M me Ménard.
— Que voulez-vous, ma bonne madame Oustremont, répondit la femme de ménage, les gens sont les gens. On ne peut rien y faire. Il faut les prendre comme ils sont.
— Tout de même, s'obstinait la concierge, c'est un peu fort ! Bien sûr que ça ne me ferait pas plaisir, rapport que la maison est convenable, si un locataire recevait jour et nuit des femmes que rien qu'en les regardant on sait ce que c'est, mais, depuis dix ans que M. d'Ormoy habite au troisième, je ne me souviens pas d'avoir vu une dame monter chez lui, excepté une, qui était en deuil, qui n'est venue qu'une fois.
M me Ménard hocha la tête.
— Faut jurer de rien ! assura-t-elle. C'est entendu ! Il ne vient pas de femme chez M. d'Ormoy, mais cela ne prouve pas qu'il n'y en a pas une chez laquelle il va.
— C'est vrai ! convint M me Oustremont. Mais, malgré tout, c'est un drôle de type. J'ai cru qu'il ne voudrait jamais louer la chambre du sixième à cette jeune fille qui ne savait pas où se loger, et qui est si gentille. Une chambre qui ne lui servait à rien. Il m'en a fallu des si et des, mais pour le décider.
L'histoire remontait à une année environ.
Une grande jeune fille brune, plutôt jolie, distinguée, aux manières parfaites, s'exprimant correctement en français, mais ayant un léger accent étranger, était entrée un matin dans la loge, disant qu'elle avait appris qu'il y avait une chambre vide dans la maison, et qu'elle serait heureuse si on voulait bien la lui louer.
Elle ajouta qu'elle était Polonaise et que, venue à Paris afin d'y continuer des études commencées dans son pays, il lui avait fallu descendre à l'hôtel, mais qu'elle aimerait mieux être chez elle.
— Je comprends çà, Mademoiselle ! répondit la concierge. Malheureusement, je n'ai pas de chambre à vous louer. Il y en a bien une de vide, au sixième, seulement elle est à un locataire. Il ne s'en sert pas, c'est vrai, mais je serais bien étonnée s'il consentait à vous la laisser.
— Vous pourriez le lui demander, insista la jeune fille, et si vous parveniez à le décider, je vous en serais reconnaissante. Je ne me trouve pas bien à l'hôtel, tandis qu'il me semble que je serais parfaitement dans une maison qui a l'air aussi convenable que la vôtre.
La jeune fille avait un joli sourire...
Sa voix était douce...
Elle avait mis de la câlinerie dans son accent...
Et, surtout, elle avait fait l'éloge de la maison à la surveillance de laquelle était prépo

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