La vie est une lente agonie...
99 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

La vie est une lente agonie... , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
99 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Parfois, il suffit de peu de choses pour bouleverser le destin d’une personne.


Un mot ou un geste risque de déclencher un chaos intérieur qui engendrera une série d’actes dont on se serait cru incapable.


Si cette révolution peut être bénéfique, elle menace aussi de générer de grands malheurs, d’intenses douleurs...


Quand un combat collectif se mue en rébellion personnelle, un homme habitué à courber l’échine plonge dans la violence et le sang.


N’ayant plus rien à perdre, mais surtout plus rien à gagner, il prend alors conscience qu’en attendant sa mort, sa vie est une lente agonie...




Un roman noir, brutal, sanglant et désenchanté. Un uppercut qui laissera le lecteur chancelant...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 avril 2023
Nombre de lectures 0
EAN13 9782385011482
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0019€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

CHAPITRE I

10… 9… 8… 7… 6… 5… 4… 3… 2… 1… Bonne année 2019 !!!
Les chiffres avaient défilé sur les murs de l'Arc de Triomphe, égrenant les derniers instants du moribond 2018, préparant l'arrivée de son aîné 2019 qui s'annonçait plus mortifère que son petit frère.
Un feu d'artifice embrasait le ciel de Paris tandis que les Champs-Élysées étaient, eux, illuminés par les écrans des smartphones filmant l'événement.
J'étais debout, médusé, au milieu de 300 000 personnes enthousiastes.
Les cris d'allégresse agressaient mes tympans aussi sûrement que les détonations de la pyrotechnie mise en place pour fêter la nouvelle année.
J'étais debout, désabusé, au milieu de 300 000 personnes insouciantes.
Les lueurs vives assaillaient mes pupilles où que mon regard se posât. Tout était lumière : les décorations de Noël ceignant les arbres et le mobilier urbain ; les écrans positionnés sur les bords des Champs afin d'afficher l'animation de 30 minutes, préliminaires au funeste décompte ; les feux de Bengale, fusées et autres joyeusetés du genre illuminant le ciel ; les éclairages des téléphones, une marée de téléphones…
Toute la ville, toute la vie, étaient baignées de lumière alors que mon existence était si sombre…
J'étais debout, déprimé, au milieu de 300 000 personnes euphoriques… et, pourtant, je ne m'étais jamais senti aussi seul !
Seul ! C'était le résumé de ma vie depuis un certain temps, un temps trop long, un temps qui durait plus qu'une vie, plus que ma vie.
Il est difficile de n'être rien dans une société où l'individualisme prime.
L'être humain n'a plus le droit de ne pas être.
On ne peut pas être et avoir été, mais si l'on n'a jamais été, on ne peut que disparaître.
J'étais appelé à périr à force de m'affaiblir.
Avant, le désir de tout le monde était de s'épanouir dans son métier, au sein de sa famille, dans un groupe, d'œuvrer pour la communauté.
Maintenant, chacun veut devenir célèbre, connu, riche, et, quand il se propose de combattre pour le bien commun, il ne lutte, en fait, que pour sa propre gloriole.
Si j'en doutais encore il y a quelques semaines, j'en étais désormais convaincu.
Participer au plus imposant mouvement de révolte populaire de ces dernières années n'avait fait que me confirmer que l'individualisme primait.
Bien sûr, tout cela est assez contradictoire et on ne peut blâmer personne, c'est la société actuelle qui est responsable de ce travers.
Et puis, qui suis-je pour cracher sur mon prochain et lui reprocher son égocentrisme alors, qu'au final, j'avais endossé mon gilet jaune pour les mêmes raisons que la plupart d'entre nous : pour ma pomme.
Appeler à la révolution générale pour le bien du peuple quand, seul le mien comptait… était une réaction humaine face à l'immense vide qui régissait mon existence.
J'aurais toujours pu arguer qu'au départ, mes intentions étaient louables, que je voulais me battre pour autrui et pour moi, à travers les autres. Que j'en avais marre de me sentir vache à lait pour un gouvernement qui ne voyait, dans les classes les plus modestes, que des contribuables chargés de remplir les caisses de l'État en vidant les leurs. Oui, j'aurais pu me vanter de m'être investi pour faire baisser le prix de l'essence, même si je n'avais aucun véhicule à moteur. J'aurais pu m'enorgueillir de lutter pour l'augmentation du SMIC alors que j'étais au chômage. J'aurais pu me targuer de pousser le président de la République hors de son trône alors que je n'en avais rien à foutre qu'il y pose son fessier. J'aurais pu me glorifier d'exiger un Référendum d'Initiative Citoyenne alors que cela faisait des années que je n'allais plus voter, car je ne savais plus vers qui me tourner, en qui avoir confiance, et que, de toute façon, que ce soit la Droite ou la Gauche au pouvoir, cela ne changeait rien pour ceux qui étaient dans le caniveau. Et en plus, il faut bien avouer que cela m'emmerdait de faire la queue pour ensuite simuler une hésitation entre plusieurs candidats, raison pour laquelle on ne prenait pas qu'un seul bulletin, d'aller me cacher derrière un rideau, comme si j'avais honte de mon choix, et de glisser ma petite enveloppe dans l'urne dans l'espoir que son contenu changerait quelque chose au moment du décompte. Élection, piège à illusions.
Oui, j'aurais pu me flatter d'être un bon citoyen soucieux du bien-être de mes concitoyens alors que je n'étais qu'un citoyen con, aussi con que mon prochain, qui ne pensais qu'à ma gueule.
Certes, peut-être… peut-être, oui, au début, je m'étais investi, plein de bonnes volontés. Mais, c'est en côtoyant des dizaines, des centaines d'autres semblables que j'avais fini par comprendre que chacun, moi le premier, menait son propre combat, et que c'est ce qui pérennisait cette vaine lutte.
Car il aurait été facile à nos dirigeants de contenter les maigres exigences d'un peuple qui avait pour seule ambition le bien de la majorité.
D'ailleurs, dans un tel cas, le discours du 10 décembre 2018 du président aurait étouffé toutes les velléités.
Mais voilà, ce que ni les autorités ni les journalistes n'avaient compris, et c'est surtout en cela qu'ils étaient déconnectés de notre vie, c'est que nous ne prenions pas les armes pour que nos exigences annoncées soient comblées, mais tout simplement pour nous sentir utiles, importants… vivants.
Nous sortions de nos ornières, de notre anonymat en formant des foules. À plusieurs, nous existions là où, seuls, nous n'étions rien.
Chacun clamait ses revendications : qui la baisse des taxes sur le pétrole, qui la mise en place du RIC, qui l'augmentation du SMIC, qui la baisse de la CSG, qui la baisse des taxes sur les produits de première nécessité, qui la démission du président, qui ceci, qui cela, alors que notre seule adjuration était : « Hé ! Regardez-moi ! J'existe ! J'en ai marre de n'être personne ! Je veux devenir quelqu'un ! »
Et c'est cette muette prière qui nourrissait la colère et la faisait croître puisqu'elle ne pouvait être prise en compte, car non exprimée. Et c'est cette même imploration qui poussait l'un ou l'autre à des exigences qu'il savait demeurer sans réponse. La cause de slogans tels « Macron, démission » comme si on pouvait penser qu'un type qui avait pour ambition de devenir président de la République, qui avait monté son parti pour cela, qui était parvenu à se faire élire, abdiquerait, abandonnerait sa si juteuse place, juste parce que quelques énergumènes l'y invitaient expressément via pancartes et banderoles ?
Voilà des décennies que certains excités réclamaient la démission du président, que ce fût celle de Hollande, de Sarkozy, de Chirac… A-t-on vu, une seule fois, un des interpellés ne serait-ce qu'envisager un instant d'accéder aux desiderata de leurs contradicteurs ?
Soyons sérieux un petit peu… mais nous ne l'étions pas. Demander l'impossible c'était s'assurer de ne jamais être comblés. Et ne pas être comblés impliquait de poursuivre la lutte. En luttant, nous n'étions plus 0, mais 1, un 1, un petit peu trop nombreux, certes, pas assez identifiable, pas assez quantifiable, pas assez unique, mais un 1 qui valait mieux que le 0 d'antan.
Mais, parmi nous, il y avait des 1 qui cherchaient à devenir Un ! Des 1 qui ne se satisfaisaient pas de devenir quelqu'un à travers un groupe et qui voulaient, enfin, être reconnus, célèbres. On les voyait s'infatuer à la télévision, leur ego gonflant d'émission en émission risquant à tout moment d'éclater telle la grenouille voulant se faire plus grosse que le bœuf.
Et le pire, c'est que tout le monde bouffait sur notre dos. Il ne suffisait pas que certains d'entre nous profitent du mouvement pour émerger et se faire un nom dans l'optique, peut-être, plus tard, d'écrire un livre ou de se faire embaucher comme chroniqueur par le bouffon devenu gourou de C8, très vite, toute une part de la société mangeait dans notre gamelle. Les journalistes des chaînes d'informations qui, grâce à nous, avaient du grain à moudre pour nourrir les programmes. Les porte-parole des divers partis qui, occultes partisans, étalaient leurs anonymats et leurs blafardises sous les rampes des projecteurs et qui auraient bien du mal, quand la « révolution » aurait fait le tour de l'information, à retrouver l'obscurité de leurs placards. Les représentants des mêmes partis qui nous passaient la brosse à reluire dans l'espoir d'attirer nos votes en cherchant à nous convaincre que nos exigences étaient les leurs alors que la leur était finalement la nôtre : devenir quelqu'un. Sauf que notre épanouissement passait par un peu de respectabilité quand le leur ne pouvait trouver grâce qu'en devenant Calife à la place du Calife. Mais une fois exaucé le souhait d'Iznogoud, ses priorités divergeraient immédiatement de celles des exaltés qu'il comprenait jusqu'alors si bien pour rejoindre les prévalences de celui qu'il conspuait avec la foule et dont il ne se révélerait, au final, qu'un fac-similé.
Pendant ce temps, le peuple nous soutenait. 90 %, 80 %, 70 %, selon les sondages et les moments, étaient favorables à ce que le mouvement perdure. Tu m'étonnes ! C'est facile de soutenir quand tu as le cul bien au chaud dans ton fauteuil et que ta seule crainte est de louper ton émission favorite en zappant sur la chaîne d'information continue pour savoir si les choses se durcissent et si le président va enfin lâcher quelques miettes pour remplir ton assiette.
Seulement, c'est difficile de penser représenter le peuple quand il y a seulement 300 000 cons, sur 66 millions, dans la rue à gueuler avec un putain de gilet jaune sur les épaules.
D'abord, c'est moche un gilet jaune. Et puis, c'est pas ça qui tient chaud. Tu parles d'un symbole.
Ceci dit, c'est tout de même un ustensile que tu es censé revêtir, quand tu es en panne sur le bord de la route, la nuit, pour te faire repérer dans la lueur des phares des voitures qui roulent à plein tube.
Nous étions en panne au bord de la route de la vie. Les phares des médias nous éclairaient tandis que les plus nantis s

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents