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La sagesse du papillon , livre ebook

109

pages

Français

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2023

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Août 2013. Lorsqu’elle arrive en France à vingt-deux ans, Ivy déchante vite. À la recherche d’un stage en marketing, la jeune Américaine finit par consulter des annonces de baby-sitting. Elle rencontre Charlotte qui lui confie ses deux enfants, Vanessa et Simon. Employée irréprochable, Ivy ne tarde pas à se rendre indispensable... tout le monde la trouve parfaite, les enfants, les parents, et même le voisin, Diego, dont elle tombe éperdument amoureuse. Cependant, Charlotte se montre de moins en moins présente, au grand désespoir de sa fille, Vanessa. Des tensions éclatent. Malgré les efforts d’Ivy, rien ne se passe comme prévu. Après quelques mois, elle disparaît soudainement. Qu’est-il arrivé à Ivy ? Quel est le secret qui empoisonne cette famille en apparence sans histoire ? La sagesse du papillon est un roman à trois voix où se confrontent trois héroïnes, trois destins et trois regards singuliers. Ceux de Vanessa, Ivy et Charlotte. Malmenées dans leur quête du bonheur, elles sont plus que jamais déterminées à s’offrir une vie meilleure... envers et contre tout ! "Tout simplement captivant !" - L'esprit des lettres New-Yorkaise, née en 1980, médecin, passionnée d’écriture et fascinée par les méandres du cœur humain, Hélène Drummond a publié son premier recueil de nouvelles, Mensonges Innocents, aux éditions d’Avallon et sa première romance, Plus jamais seule pour Thanksgiving, aux éditions Loreleï en 2022.
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Publié par

Date de parution

06 octobre 2023

EAN13

9782385330262

Langue

Français

Graphiste : Valentine Flork/A&L Livres
Direction éditoriale : Diana Tass
 
Distribution : Immatériel
 
ISBN papier : 9782385330255
ISBN numérique : 9782385330262
 
1ère édition
 
Dépôt légal : octobre 2023
 
Éditeur : Les éditions d’Avallon
342 rue du Boulidou
34980 Saint-Clément-de-Rivière
 
© 2023 Les éditions d’Avallon
 
Collection littérature contemporaine
La sagesse du papillon
De la même autrice
Mensonges innocents et autres nouvelles , éditions d’Avallon, 2022
Plus jamais seule pour Thanksgiving, éditions Loreleï, 2022
 
 
 
Hélène Drummond
La sagesse du papillon
ROMAN
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Le ciel bleu sur nous peut s’effondrer
Et la terre peut bien s’écrouler
Peu m’importe si tu m’aimes
Je me fous du monde entier.
 
Édith Piaf, Hymne à l’amour , 1950
 
 
 
Depuis deux jours, Ivy a disparu. Ils ont interrogé les voisins, fouillé notre maison, notre ordinateur et même notre voiture. Maman ne quitte plus son lit, Papa devient de plus en plus pâle, Rosa nettoie en récitant des prières et Simon s’en donne à cœur joie. Il ne se brosse même plus les dents. Ce matin, il s’est mis à jouer au foot dans le salon et il a ouvert la cage de Flocon. Je pensais que les cochons d’Inde avaient plutôt l’instinct casanier, mais pas du tout, même les plus gâtés veulent manifestement changer d’air. Surtout le nôtre. Cette libération accidentelle l’a rendu fou d’excitation, il a inspecté toutes les pièces en laissant un amas de minuscules crottes sur chaque tapis et, depuis des heures, il se terre sous le divan. Mais personne n’y prête attention. Tout le monde cherche Ivy. Tout le monde sauf moi, évidemment. Je sais bien qu’elle ne reviendra pas.       
Rien ne serait arrivé si on n’avait pas changé de nounou. Il faut dire que Maman n’a pas eu le choix, l’ancienne est morte. Son cœur a lâché. Je ne savais pas que les cœurs pouvaient caler du jour au lendemain comme de vieux moteurs rouillés, mais un lundi on m’a annoncé que Marie ne viendrait plus. Papa a fait envoyer des fleurs à sa famille et moi j’ai voulu aller lui dire au revoir, mais Maman a crié qu’on n’allait pas aux enterrements des domestiques. Je l’aimais bien, Marie. Quand elle faisait la vaisselle, elle me laissait souffler sur la mousse du savon et on en mettait partout. Elle préparait des gaufres pour le goûter. Elle lisait des histoires à Simon pour l’aider à s’endormir. Il réclamait toujours le même livre, celui avec les deux souris qui apprennent à une taupe à faire de la tarte aux pommes. Elle devait en avoir marre de cette histoire, c’était insupportable à la longue, et puis c’est n’importe quoi, les taupes ne mangent que des vers de terre, tout le monde le sait. Mais Marie continuait à lire et à sourire. On s’amusait bien avec elle. Depuis qu’elle est partie, Simon ne rit plus. C’est sans doute aussi parce qu’il grandit. C’est bien connu, plus on devient grand, moins on rit. Moi pareil, je ris de moins en moins. Je dois faire très attention, je sais que sinon, Maman a honte. Elle m’a surprise avec Céline l’autre jour, on se bidonnait comme des folles parce que son père a traité mademoiselle Adeline de chiffe molle. Mademoiselle Adeline, c’est notre institutrice. Elle fait son possible, mais il faut quand même avouer qu’elle a tout le temps l’air épuisé. Même en début de journée. Et le père de Céline, il n’est pas du genre à garder sa langue en poche. Alors quand il vient à l’école c’est toujours un spectacle. Enfin, on rigolait en repensant à la tête catastrophée de la pauvre mademoiselle Adeline quand Maman est entrée dans ma chambre. Elle a roulé des yeux furieux en disant qu’à mon âge, je devais apprendre à mieux me tenir. Que rire aux éclats, c’est bruyant et vulgaire. Que de toute façon, mes dents ne sont pas assez jolies pour les donner en spectacle et que les demoiselles raffinées sourient toujours la bouche fermée. Il faut dire que Maman n’est pas du genre à se tordre de rire. Pas du tout. Elle est très raffinée.
Ivy, c’était une Américaine. Maman l’a engagée pour que nous apprenions l’anglais. Pourtant, elle ne disait pas grand-chose. Mais elle était tellement belle ! Je voudrais parfois que le temps file plus vite, pour devenir un peu plus vieille et lui ressembler. Elle aurait pu être ma grande sœur… non, plutôt ma cousine. Je ne suis pas assez jolie pour être sa sœur. Elle souriait souvent au début. Puis son sourire a fini par s’éteindre. Quand elle nous emmenait au parc, elle restait sur un banc, pendant des heures, à regarder dans le vide. Forcément, son pays devait lui manquer.
Ivy raffolait de donuts, surtout ceux fourrés à la confiture. Elle en avait déniché en ville, elle me répétait qu’ils n’étaient pas si bons que chez elle, mais elle les mangeait tout de même. Malheureusement, je n’aime pas du tout les donuts. J’ai essayé, mais j’ai failli vomir et je me suis sentie barbouillée toute la journée. C’est dommage, c’est certainement excellent pour la peau. Le visage d’Ivy était tellement lisse et rose qu’on avait envie de le croquer.
Comme tout le monde, Céline aussi la trouvait très belle. Parfois elle se mettait même à pleurer. Comme ça, juste en l’apercevant à la sortie de l’école. Le plus souvent, les gens pleurent quand ils ont un trop-plein de tristesse, parfois un trop-plein de bonheur, mais le problème avec Céline, c’est qu’elle déborde sans raison. Et les larmes, c’est comme le rire, ça énerve Maman. Elle dit que pleurnicher ne mène à rien. Que Céline devrait « apprendre à vivre » et arrêter de se lamenter. Je ne dis rien pour ne pas contrarier Maman, mais je sais bien que Céline ne se lamente pas. Elle ne sait juste pas faire autrement. Quand elle ne trouve pas ses mots, elle pleure. De toute façon, je ne vois pas comment « apprendre à vivre » pourrait aider les gens à garder les yeux secs, mais j’ai compris une chose, c’est qu’« apprendre à vivre », ce n’est pas donné à tout le monde. La vie, on n’est pas tous faits pour ça. Même quand on essaie très fort. L’autre jour, à l’école, Céline a relevé sa manche et m’a montré une tache rouge sur son bras. Ses yeux brillaient quand elle a caressé la peau boursouflée. Elle avait mal, mais elle était fière. Tout ce qui vient de son père la rend fière. Même un trou dans son bras. Elle a dit qu’il parlait vite, en agitant les mains… puis que sa cigarette lui est tombée sur le bras. Et le pire, c’est qu’elle n’a pas pleuré. Elle qui pleure tout le temps. Quand je vous dis que la vie, c’est pas donné à tout le monde. Céline, elle fonctionne à l’envers. Mais c’est mon amie et c’est la plus gentille fille que je connaisse.
Autant vous le dire tout de suite, Diego, son père, c’est un feu d’artifice. Il brille, il explose, il lui en fait voir de toutes les couleurs. C’est sûr qu’on ne s’ennuie jamais avec lui, mais quand on s’approche de trop près, on est ébloui. Épaté. On a les oreilles qui bourdonnent. Et si on ne fait pas attention, on se retrouve avec la peau trouée. Moi, le mien, il est plutôt du genre étoile filante. Je ne le vois quasi jamais. Vous saviez que les étoiles filantes, ce ne sont pas du tout des étoiles ? Ce sont en fait des grains de poussière qui entrent dans l’atmosphère à toute allure. Mademoiselle Adeline nous l’a expliqué. À cause du frottement avec l’air, ils deviennent incandescents juste avant de se volatiliser. Mon père est très doué pour se volatiliser. C’est même ce qu’il fait de mieux. L’avantage, c’est qu’il n’y a pas de risque d’aveuglement ou de brûlure avec lui, il clignote une fois de temps en temps puis il disparaît. Enfin, depuis deux jours, tout a changé, il ne quitte plus la maison. Il promène son visage décoloré de pièce en pièce. Rosa, elle, passe l’aspirateur en boucle d’un air mortifié. Elle oublie même d’arracher les pages du calendrier de la cuisine, alors que d’habitude, c’est la première chose qu’elle fait en arrivant à la maison. Il est resté bloqué au 19 décembre, comme si le temps s’était arrêté depuis qu’Ivy n’est plus là. Quant à Maman, sa pauvre mine ravagée me fait de la peine. On dirait que la perte d’Ivy la rend inconsolable. Pourtant, elle la détestait. Elle me répétait de prendre exemple sur Ivy si polie, si élégante, si jolie, si gentille, je vous assure, c’était vraiment très énervant… mais je sais bien que même si elle la trouvait parfaite, elle ne la supportait pas. Enfin, tout est fini maintenant. Rien de tout cela n’a plus aucune importance.
Quatre mois plus tôt
Il était temps
De : Milady
À : Tartuffe
Envoyé : Jeudi 22 août 2013, 14h23
Objet : Il était temps
 
J’ai enfin trouvé quelqu’un pour remplacer Marie ! Tu ne vas pas me croire, mais elle est américaine, exquise et ridiculement jeune… Non, je ne suis pas tombée sur la tête. J’y ai abondamment réfléchi. De toutes les candidates, c’était la meilleure. Je ne vais tout de même pas continuer à engager des gouvernantes vétustes et repoussantes jusqu’à la fin des temps sous prétexte que la compétition m’effarouche. Il faut que je grandisse un peu. Je t’entends sourire, tu es sceptique… mais je t’assure, ma jalousie s’émousse enfin. Il était temps. De toute façon, je ne sais pas de quoi j’aurais peur, Gabriel n’est jamais là. C’est de pis en pis, ils l’envoient en déplacement toutes les semaines. Moi aussi je bouge beaucoup en ce moment, cette absence de nounou devenait un casse-tête majeur. Elle s’appelle Ivy et elle a vingt-deux ans. Pas de risque qu’elle me file entre les doigts à cause d’une crise cardiaque celle-ci, elle est fraîche comme une rose. C’est ironique quand on s’appelle Ivy ! Drôle de choix comme prénom, surtout qu’elle n’a vraiment rien d’un arbrisseau rampant. Et puis le lierre, c’est si sombre et tristounet. Quelle idée d’appeler son enfant « lierre » ! S’ils tenaient à un prénom botanique, ils auraient pu choisir Lily… ou Violet. Ou Rose. Ou Daisy à la rigueur. C’est nettement plus avenant. Enfin, on ne choisit pas ses

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