Dans l antre du loup
168 pages
Français

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Description

Bédi rejoint aux États-Unis son pote du quartier, Mike, pour chercher fortune. quatre de leurs amis l'y aient précédé mais ne donnaient plus signe de vie. Un jour, par indiscrétion il fouille les tiroirs de Mike et fait une terrible découverte, qui le jette sur les routes de la campagne dans un pays inconnu de lui.
quote testimonial

L'avis de l'équipe

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2010
Nombre de lectures 971
EAN13 9782916472652
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

REGINA YAOU
DANS L’ANTRE DU LOUP
CIV 265
DU MÊME AUTEUR
N.E.A Lezou Marie ou les écueils de la vie, roman, (coédition Edicef), Paris, 1982 La révolte d’Afïba, roman, Abidjan, 1985 Aihui Anka, roman, Abidjan, 1988
N.E.I La révolte d’Afïba, roman, Abidjan, 1997, (2eme édition)-Abidjan, 2009 (3eme édition) Le prix de la révolte, roman, Abidjan, 1997- Abidjan, 2009 (2eme édition) Aihui Anka ou déï aux sorciers, roman, (2eme édition), Abidjan, 1998 – Abidjan, 2007 (3eme édition) Symphonie et lumière, roman, Collection Adoras, Abidjan, 1998 Cœurs rebelles, roman, Collection Adoras, Abidjan, 1998 La ïlle du lagon, roman, Collection Adoras, Abidjan, 2000 Les miraculés, roman, Collection Adoras, Abidjan, 2001 Le glas de l’infortune, roman, Abidjan, 2006 Coup d’état, roman, collection Plaisir de Lire, 2009 (à paraître)
PASSERELLE Les germes de la mort, tome 1, Abidjan, 1998
CEDA L’indésirable, roman, Abidjan, 2001 (1ere édition) – Abidjan, 2009 (2eme édition)
PUCI Toi, Lana, roman, Collection Clair de lune, Abidjan, 2003 Le contrat, roman, Collection Clair de lune, Abidjan, 2004 Deux pièges pour un cœur, roman, Collection Clair de lune, Abidjan, 2004 L’amour en exil, roman, Collection Clair de lune, Abidjan, 2004 Tendres ennemis, roman, Collection Clair de lune, Abidjan, 2004
CERCLE EDITION Les germes de la mort, tome 2, Abidjan, 2007
VALESSE EDITION/EDITION EBURNIE Histoires si étranges
À toi, pour avoir permis que mon cœur réapprenne à battre With love,
R. Y.
Chapitre 1
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1 arathon ? Course de fond ? Nanmambédi ne sa-M vait plus. En revanche, une chose était claire dans son esprit, il devait fuir, fuir, fuir, partir le plus 2 loin possible.Run for your life, comme diraient les Améri-3 cains. Les pieds de Bédi , comme l’avaient, ô inconsciente ironie, surnommé ses amis d’enfance, efeuraient à peine le sol couvert de fougères, en ce début d’été. Il courait, cou-rait, courait, tandis que son cœur cognait. Fuir, puis fuir encore. Si seulement la nuit pouvait tomber ! Il était vingt heures, mais le ciel ressemblait à celui d’Abidjan quand il n’était que dix-sept heures. La sueur dégoulinait du corps d’athlète de Bédi, mais il n’y prêtait pas la moindre attention. Fuir, s’enfuir, courir, pouvoir se cacher de ceux qui, très certainement, ne tarderaient pas à le prendre en chasse s’ils ne l’avaient déjà fait. Il ne les avait jamais tous vus, mais il devinait aisément que ce ne devait pas être des enfants de chœur. Lancé comme il l’était, Bédi n’eut pas le temps de voir le cours d’eau qui se prolait devant lui. Il y tomba plus qu’il ne s’y jeta, ce qui l’inquiéta en raison des photos et documents qu’il avait subtilisés à Mike. Dans la précipitation, il ne les avait emballés que dans deux
1 « Qu’ils ne mangent pas » (genre de noms qu’on donne à un enfant pour l’arracher des griffes de la mort) 2 Mot à mot « Cours pour ta vie », « sauve-toi » 3 « Qu’ils mangent »
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feuillets de papier de cuisine et un sachet plastique qui traînait par là. Il se réjouissait aussi d’avoir revêtu ce jour un short avec les grandes poches sur le côté. Bédi se rendit compte qu’il n’avait pas besoin d’effectuer sa traversée à la nage, car il s’agissait d’une toute petite rivière. Bien vite, le fugitif reprit sa course. Cette fois-ci par petites foulées. Il ne tarda, cependant, pas à retrouver sa vitesse première, car comme il l’avait encore deviné, ceux qui avaient juré sa perte ne devaient pas être bien loin.  Le soufe court, Bédi s’arrêta tout à coup et se mit à regarder autour de lui. Il vit des cavernes. Cette découverte donna un nouveau coup d’accélérateur à son sang. Il n’osait se réjouir trop vite. À pas prudents, il s’approcha de l’une d’entre elles. Son instinct le poussait à porter son choix sur celle-ci. Il écarta les herbes qui en cachaient l’entrée, y glissa la tête, tentant d’en voir l’intérieur, mais tout était sombre. Il poussa un petit cri que lui renvoya l’écho. Bédi attendit encore un petit moment, puis jeta dans la caverne une des pierres qu’il avait ramassées dans le torrent. Aucune chauve-souris, aucune bestiole ne se manifesta. Rasséréné, le jeune homme se baissa et entra dans la caverne. Il y tenait tout juste à genoux ou assis en raison de sa grande taille. Il se traîna à reculons à l’intérieur et s’aperçut que plus l’on s’y enfonçait, plus elle s’agrandissait. Il put donc allonger ses jambes devant lui et s’adosser à la paroi. Son cœur, lui, battait toujours avec la même frénésie. Tous les sens en éveil, Bédi regardait la nuit tomber avec un lent crépuscule où le feu le disputait au sang. Un coucher de soleil comme on n’en voit qu’au cinéma.  Lorsque la nuit se t un peu plus sombre et que les bois se mirent à bruire, le cœur de Bédi s’apaisa. Un gros soupir s’échappa des lèvres du fugitif. Rompu de fatigue, il allait s’assoupir lorsqu’un bruit venu du ciel l’arracha
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à sa brève torpeur. Un hélicoptère, armé d’un puissant projecteur, survolait la zone. Le cœur battant plus que de raison, les tempes en feu, Bédi se blottit dans le fond de sa caverne. C’étaient ses poursuivants. Lui qui n’avait jamais pensé à son Créateur, se mit à prier. Au bout d’un moment, qui sembla une éternité au fugitif, l’appareil se posa et l’air brassé par ses hélices créa à l’intérieur des cavernes un bruit assourdissant. Bédi se garda bien de se boucher les oreilles quoiqu’il en eût envie. Des chiens se mirent bientôt à aboyer dans le lointain. Des hommes approchaient. Ils parlaient, mais leur conversation ne parvenait pas distinctement aux oreilles du fugitif. Le cœur de Bédi dansait, sautait, montait ou descendait. Le jeune homme se demandait si ce n’était pas la peur qui aurait raison de lui en n de compte. Les pas approchaient de plus en plus et l’hélicoptère, calmé, permit à Bédi de tout entendre. C’était bien lui qu’on recherchait. « Seigneur, pardon, aide-moi. Je sais que je ne suis qu’un pécheur, mais c’est toi qui m’as créé. Je suis ton enfant, aie pitié de moi. Aie pitié de Milèliké, pauvre femme, dont je suis l’unique enfant, l’unique espoir. C’est surtout à cause d’elle que je suis venu dans ce pays, c’est surtout pour l’aider. Tu le sais bien. Je te promets d’aller à l’église et de prier chaque jour, si tu me fais sortir de ce guêpier », murmurait sans cesse Bédi, bête aux abois. Les faisceaux d’une puissante lampe-torche balayèrent le bas de la caverne où se terrait Bédi. Les hommes avaient commencé à explorer les alentours ! Un cri déchira l’air, coupant le soufe à Bédi et créant la panique chez les autres membres de la bande qui s’était lancée à la recherche de celui-ci depuis quelques heures. Une autre voix rugit : celle du patron, Bédi la reconnut aussitôt. Celui qui avait hurlé de terreur se confondit en excuses, bien que les autres aient tressailli en voyant le groupe de chauves-souris qui
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lui avaient sauté au visage quand il avait dirigé sa lampe à l’intérieur de leur abri. Le même homme se pencha à l’entrée d’une deuxième caverne, idem. Il ne put maîtriser un nouveau moment de recul quand un des étranges mammifères poussa son cri strident. Plus qu’agacé, leur patron, un homme au physique de mannequin et tout de noir vêtu, The Black Man, lui cria de faire demi-tour. On n’allait pas passer la soirée à déranger les pauvres chauves-souris au lieu de débusquer ce petit sauvage fraîchement débarqué d’Afrique qui ne connaissait rien de cette région ! Les chiens se montrèrent subitement plus nerveux, mais le patron hurla l’ordre de rembarquer. Il se tourna vers Mike et lui intima sur un ton qui t frissonner l’intéressé : «You’d 4 better ïndhim! »  Bientôt, Bédi entendit l’hélico reprendre son envol et le bruit d’un camion –genre cargo militaire– démarrer, puis quitter la zone. Le jeune homme poussa un indescriptible soupir de soulagement. « Merci mon Dieu. Mais Seigneur, tu sais que ce n’est pas ni, n’est-ce pas ? Ils sont toujours à ma recherche. Aide-moi oh, aide-moi ! » Les yeux de Bédi se mouillèrent, à son grand étonnement.  Mike ! Un rire sans joie échappa à Bédi. Mike, son ami d’enfance, son pote du quartier ! Mike qui l’avait encouragé et aidé à « venir se chercher » aux States ! C’est ce Mike-là qui, avec chiens, hélicoptère et hommes certainement armés jusqu’aux dents, s’était lancé à sa poursuite ? Incroyable, mais vrai ! La nuit était tout à fait tombée à présent. Cependant, Bédi, fugitif en terre étrangère, savait qu’il ne pouvait se payer le luxe de s’endormir. Il devait sortir de cette caverne et essayer de retrouver un endroit qu’il avait repéré lors de sa course folle cet après-midi. Une pancarte indiquait un camp
4 T’as intérêt à le retrouver (en anglais) Page 10
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de vacances, mais la longueur des herbes alentour faisait penser qu’il n’était pas très fréquenté. Il priait pour ne s’être pas trompé.  Un cri terriant bloqua net Bédi dans sa progression vers la sortie. Son cœur se remit en branle. Un frisson le parcourut. L’instant d’après, le jeune homme se mit à rire de sa propre peur : ce n’était que le hululement d’un hibou. Bédi, au bout de quelques minutes, dut se coucher et se traîner jusqu’à l’entrée. Il constata qu’un rayon de lune éclairait la clairière et que cela contrecarrait quelque peu ses plans de fuite. Néanmoins, il s’extirpa de la caverne et se mit en route. Vers quelle destination ? Dieu seul le savait, car rien ne prouvait qu’il retrouverait le camp de vacances et que celui-ci serait désert.  Ayant rééchi au fait qu’il ne devait pas éveiller de soupçons au cas où il rencontrerait des campeurs, Bédi décida d’adopter le rythme bon enfant d’un jogger matinal. Le short et la chemisette de cotonnade qu’il portait n’avaient, heureusement, rien d’incongru à cette époque de l’année. Sa foulée le conduisit, nalement, aux abords du camp de vacances. Bédi s’accroupit dans les hautes herbes qui entouraient celui-ci. C’est dans cette position qu’il se mit à progresser vers le vieux portail en bois. Pas un véhicule en vue, pas d’aboiements. Le jeune homme continua son avancée. Il se félicitait d’avoir vu tant de lms américains. Tout à coup, le portail grinça. Bédi se jeta à plat ventre sur le sol et tendit l’oreille. Le grincement se reproduisit à plusieurs reprises. Le cœur battant de nouveau la mesure de sa frayeur, Bédi se terra là, quelques minutes. Puis il se remit dans sa position première avant de lever un peu la tête. Rien. Personne. Le jeune homme dut admettre que c’était juste le vent. Ouf !  Il était déjà quatre heures et le jour n’allait pas
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tarder à se lever. Il fallait se presser. « On ne meurt qu’une fois ! », murmura Bédi pour se redonner du courage. Il se gourmandait de se montrer aussi peureux, lui qui, au pays, 5 passait pour un garçon pile . Il se remit donc debout et entra dans le camp par le portail en bois qui lui avait donné des sueurs froides il n’y avait pas si longtemps de cela. Apparemment, il n’y avait pas âme qui vive. Poussé par de pressants besoins naturels, Bédi ne tarda pas à découvrir les différentes pièces de la maison en bois. Dans la salle d’eau, un tonneau plein et un seau semblaient une invitation. Bédi s’offrit donc le luxe d’une douche quand il découvrit dans une sorte d’armoire un morceau de savon et des serviettes propres dans un emballage plastique. Malheureusement, dans la cuisine, il n’y avait rien à manger. La faim avait, insidieusement, commencé son travail de sape. Une sorte de ltre à eau trônait sur un meuble. Bédi, après moult hésitations, se saisit d’un des gobelets en fer accrochés au-dessus de la cheminée, t couler le peu d’eau qui restait dans le réceptacle et le porta à sa bouche. Il but d’un trait et déposa le gobelet avec un soupir. Il lui fallait trouver de quoi se restaurer s’il ne voulait pas tomber au cours de cette fuite, victime d’inanition. Mais quoi et où, au milieu de nulle part ? Fuir la mort et se jeter nalement dans ses bras ? Non ! Bédi, harassé, s’endormit comme une masse sur le sol. Le soleil qui, dès six heures, s’était levé, brillait maintenant. C’est ce qui réveilla le fugitif. Il regarda à son poignet : sa montre indiquait huit heures. Il avait donc dormi aussi longtemps, s’offrant ainsi au bon plaisir de ses ennemis, ses impitoyables poursuivants ! Etonné de constater que malgré le plongeon dans la rivière et cette course effrénée, la montre marchait toujours, il se félicita
5 Un vrai mâle, un homme digne de ce nom Page 12
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