Potelée , livre ebook

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Parisienne et célibataire endurcie, Rose rêve de devenir comédienne et de raconter des histoires. Malheureusement, quand on pèse trente kilos de trop, percer au cinéma n’est pas une mince affaire.


Le jour où sa meilleure amie, une rousse incendiaire à qui tout réussit, lui annonce ses fiançailles, Rose s’effondre. Elle en est convaincue, si rien ne marche dans sa vie pro et perso, c’est parce que son corps lui met des bâtons dans les roues... L’évidence s’impose alors à elle : si elle veut trouver l’amour et décrocher le rôle de ses rêves, elle doit se mettre au régime et sortir dare-dare ses baskets du placard.


Cette décision va évidemment la transformer et bouleverser sa vie... Mais pas du tout de la façon qu’elle avait imaginée !


Avec à ses côtés son fidèle carlin Chocolat, sa grand-mère hippie, des danseuses burlesques et un Anglais so charming, Rose va découvrir que le bonheur ne tient pas au chiffre qui s’affiche sur la balance.

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6

EAN13

9791094543962

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

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sur www.leseditionsduloir.fr
Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction par tout procédé et pour tout type d’usage, sont interdits. ISBN : 979-10-94543-72-6 pour l’édition papier ISBN : 979-10-94543-96-2 pour l’édition numérique © Les Éditions du Loir, Février 2022 pour l’édition papier © Les Éditions du Loir, Juin 2022 pour l’édition papier Dépôt légal Février 2022 Les Éditions du Loir
1 rue des Empereurs
28200 CHÂTEAUDUN Dessin de couverture : Marc Rouchairolles



À toutes celles qui ont parfois évité de croiser leur reflet dans le miroir, et qui se sont dit (à tort) qu’elles n’étaient pas assez bien



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Prologue
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été potelée.
Bébé, déjà, j’avais des petits bras grassouillets, des cuisses pleines de plis et des joues énormes que ma grand-mère maternelle, Mamita, adorait pincer et mordiller. « Elle est tellement belle qu’on la mangerait », disait-elle.
J’étais une petite fille grosse, adorable avec mes bouclettes blondes, mais grosse. On parle d’une petite fille de soixante kilos, tout de même. Et je pense que j’ai atteint mon pic d’obésité vers dix-huit ans, je faisais peut-être quatre-vingt-quinze kilos. Ce n’était pas faute d’avoir tout fait pour maigrir, pendant toute mon adolescence. J’avais essayé le régime soupe au chou (je fais encore des cauchemars en repensant à l’odeur de cette mixture infâme), le régime protéiné (qui m’avait dégoûtée à vie du poulet grillé et du fromage blanc), la cure de raisin, le régime chrononutrition, le régime fourchette (je n’ai toujours pas bien compris le principe de celui-là), le jeûne à en tomber dans les pommes… En vain. Les kilos partaient et revenaient aussi vite qu’un boomerang, toujours plus nombreux. Ma mère avait aussi essayé de m’emmener chez une diététicienne, qui m’avait concocté un programme alimentaire sur mesure, et qui me faisait écrire tous mes repas dans un carnet. Au début, j’avais suivi le programme à la lettre, noté scrupuleusement tout ce qui passait par ma bouche et j’avais perdu quelques kilos. Presque dix, à vrai dire, mon record absolu. Puis un jour, j’avais découvert que je pouvais tricher : manger des cochonneries en cachette, quelques chocolats, une glace de-ci de-là et tout ce que j’adorais, et tout simplement ne rien noter



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dans le cahier. Je me disais que si je n’abusais pas et que j’y allais à petites doses, ça ne pouvait pas faire tant de différence en termes de calories, et que ma mère et la diététicienne n’y verraient que du feu…
Bien entendu, j’avais recommencé à enfler comme un ballon, et au bout de quelques semaines d’efforts (hem) inutiles, ma mère avait décrété que la diététicienne (qui, elle, n’avait pas été dupe) était une arnaqueuse et qu’elle ne voulait plus la payer pour rien. J’avais donc arrêté les séances.
« C’est de ma faute, Rose », m’avait-elle dit un jour, entre deux bouchées de pâtes à la carbonara. « J’ai crevé de faim quand j’étais gamine. Je t’ai raconté que j’étais tellement maigre qu’on m’appelait “arête de poisson” ? Ma famille n’avait pas un rond, on était dix gosses et le frigo était toujours vide. Je ne voulais pas que tu connaisses ça… Je voulais que tu ne manques de rien, que tu aies tout ce que je n’ai pas eu… Mais tu es belle, ma fille. Tu as quelques kilos en trop, mais tu es belle. »
Ça, c’est un truc que je ne pourrai jamais lui reprocher, à ma mère. Elle m’avait toujours dit que j’étais la plus belle. Si seulement j’avais réussi à la croire…
Ce qu’elle ne savait pas, c’est qu’une fois franchi le seuil de la maison, je n’étais plus sa petite Rose, mais je devenais « la grosse ». C’était comme ça qu’on m’appelait à l’école. « La grosse », ou ses variantes : « la boule », « la baleine », « la grosse patate », « la grosse vache », « l’éléphant », « bouboulina », ou encore « la naine », « nimbus », ou « Cochonou », parce qu’en plus d’être grosse, j’étais petite… Avec mon mètre quarante-huit et mes trente kilos de trop, je cumulais les défauts. Pour couronner le tout, je m’appelais Rose Bolanger, comme boulanger , mais sans le u , et je ne comptais plus le nombre de fois où l’on m’avait fait des remarques sur mes « grosses miches ». Mes adversaires avaient le choix des armes…



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Plus les moqueries se faisaient méchantes et humiliantes, plus je mangeais. Je dévorais ma tristesse et mes émotions comme si, une fois enfouies au plus profond de moi, elles allaient enfin disparaître à jamais. Manger me soulageait, puis me revenait en pleine face comme une gifle. Plus je mangeais, plus je nourrissais mon mal-être, et la certitude que je n’étais pas belle ni digne d’être aimée. J’avais traversé l’enfance en essayant de me faire le plus transparente possible… Je voulais juste me faire oublier. Être normale.
« Elle maigrira quand elle aura ses règles », disait ma mère à mes tantes quand elles s’inquiétaient de mon état. Mais la métamorphose tant espérée n’était jamais arrivée.
Après la puberté, j’avais quand même perdu un peu de poids, sans m’en rendre compte, peut-être parce que j’avais commencé à travailler pour gagner de l’argent de poche et que j’étais plus active, mais j’étais toujours grosse. Disons, bien potelée. Mais j’étais habituée à mon physique. J’avais toujours été comme ça, je ne me connaissais que comme ça, alors j’avais arrêté de lutter pour maigrir et plus ou moins accepté que mon corps ne changerait jamais. J’avais arrêté de le combattre, et j’avais fait une croix sur mes rêves de bikini et de taille 38.
Baisser les bras face à mon embonpoint impliquait aussi quelques concessions et techniques d’adaptation. Par exemple :
− J’évitais autant que possible de manger en public, parce que sinon je devenais la cible de remarques du style « Regarde la grosse, elle ne peut pas s’empêcher de se goinfrer », quand ce n’étaient pas des gens qui s’adressaient directement à moi en disant « Vous ne devriez pas manger ça, ce n’est pas bon pour vous » ;
− Je restais le plus souvent debout dans le bus ou dans le métro, parce que mes fesses ne tenaient pas sur un seul siège et que c’était toujours gênant quand quelqu’un voulait s’asseoir à côté de moi ;



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− Je ne faisais pas de shopping dans des boutiques « nor- males » parce que généralement il n’y avait pas ma taille, et que je préférais m’épargner les regards lourds de jugement des vendeuses et des clientes ainsi que la torture suprême des essayages. Devoir me déshabiller dans une cabine me donnait l’envie de fuir en courant sans me retourner et de ne plus jamais franchir le seuil d’un magasin de vêtements (au passage, certains devraient repenser leurs éclairages, qui mettent un peu trop en lumière la cellulite…) ;
− J’évitais les miroirs comme la peste ;
− Je ne lisais jamais la presse féminine (bonjour la déprime) ;
− Je m’habillais le plus souvent en noir, m’interdisais les jupes courtes (de toute façon avec les cuisses qui frottent, les jupes n’étaient pas une option), les talons, les décolletés, tout ce qui était moulant, en Lycra, imprimé à gros motifs, ou blanc, et je ne portais jamais de manches courtes, même si la météo annonçait 40 degrés à l’ombre. J’avais trop honte de la cellulite sur mes bras, et de la façon dont ces derniers ballottaient quand je marchais. Sans parler des maillots de bain : plutôt me casser une jambe que d’en porter un en public, d’ailleurs je n’en possédais même pas.
Pour détourner l’attention de mon corps, j’arborais en permanence un large sourire et j’étais toujours, toujours de bonne humeur (du moins, c’est ce que je laissais paraître). Je prenais aussi grand soin de mes cheveux et mettais un point d’honneur à sortir bien coiffée et bien maquillée, qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il vente. J’avais compris qu’on ne pardonnait rien aux grosses et je n’avais pas envie qu’on me colle en plus l’étiquette de celle qui se laissait aller.
À l’âge adulte, les gens ne me traitaient plus en face de grosse baleine, mais leurs yeux parlaient pour eux et leurs mots, quand ils se permettaient de me jeter leurs critiques en plein visage, se faisaient plus pernicieux. J’avais appris à



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courber l’échine et à me construire une solide carapace qui me protégeait, et je dois dire que ça ne m’avait pas trop mal réussi. De « la grosse », j’étais devenue Rose, la bonne copine joviale et sympa. Et ça m’allait très bien.
Puis, à l’âge de 28 ans, j’avais eu comme un électrochoc.
C’était au printemps 2018, et cette année-là, comme chaque année, j’étais célibataire. J’avais déjà connu au cours de mon existence quelques aventures, mais jamais rien de très sérieux… Ma détermination à me protéger des moqueries et de la méchanceté m’avait aussi conduite à me tenir à bonne distance de la gent masculine. J’avais une peur terrible du rejet, donc en toute logique, dès qu’un garçon me plaisait, je fuyais en courant ou me débrouillais pour qu’il me mette d’office dans la case « amie » (ce que de nos jours on appelle se faire friendzoner ). Je me pensais incapable de séduire, à tel point que si un homme montrait des signes d’intérêt, je devenais méfiante – était-ce un pervers ? Un fétichiste des grosses ? Un homme marié avec une femme mince qui voulait coucher avec moi pour satisfaire un fantasme ?
Ma vie sentimentale était d’un calme tristement plat. J’étais toujours la solo de service, à tel point que mes amies m’appelaient « Bridget Jones » (sauf que, contrairement à elle, je ne disposais pas d’un patron sexy avec qui batifoler, et que je n’avais pas non plus rencontré mon Mark Darcy).
J’étais célibataire, donc, et solitaire. Cette solitude me faisait souffrir… Je mourais d’envie de savoir ce que ça faisait d

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