Né pour vivre
94 pages
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Description

Comme il peut être bouleversant pour une jeune femme, la trentaine révolue d’apprendre qu’elle a été jetée par celle qui l’a conçue ! Je ne comprenais pas pourquoi ma génitrice m’avait mutilée avant de me jeter à la décharge publique (...) J’étais encore plus sidérée de savoir que, bien que je fusse vouée à une mort certaine, à ma naissance, il s’était trouvé de bonnes gens pour me maintenir en vie, dans le seul but de me regarder boire la misère. J’en voulais autant à ces chasseurs de chats qu’à ma mère biologique. Quelle idée de ramener un « déchet », dont l’on avait bien pris soin de se débarrasser ? À quoi bon ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2022
Nombre de lectures 519
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Né pour vivre
Du m ê m e a ut e ur
Rom a ns * La Veuve dorée, Éditions Balafons, 2012 ; * Les Années collège, JD Éditions, 2017.
Re c ue il de nouve lle s * Élodie Éditions Balafons, 2013 ;
Cont e s (c o-a ut e ur) * Contes et légendes de chez nous CP1, NEI-CEDA, 2012 ; * Contes et légendes de chez nous CP2, NEI-CEDA, 2012 ; * Contes et légendes de chez nous CE1, NEI-CEDA, 2012 ; * Contes et légendes de chez nous CE2, NEI-CEDA, 2012 ; * Contes et légendes de chez nous CM1, NEI-CEDA, 2012 ; * Contes et légendes de chez nous CM2, NEI-CEDA, 2012.
Couverture & illustrations : ARE / TCHORNA Yéo Maquette : ARE / KOUASSI Kouassi Marc Mise en page : ARE / OUATTARA Awa / KOUASSI Kouassi Marc Suivi éditorial : OZÉ G. Roger
e © Africa ReLets Éditions, 4 trimestre 2017 ISBN : 978-2-36997-032-3
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous les pays.
Sylvestre OURÉGA
Né pour vivre
Africa Reets Éditions 01 BP 3648 Abidjan 01 E-mail : contact@are-ci.com
« Vos enfants ne sont pas vos enfants : ils sont les Ils et les Illes de l'appel de la Vie à la Vie. »
Khalil Gibran (1883 - 1937)
ChapitreI
e jour naissait, tambour battant, auréolé d’un majestueux L  soleil. Extasiée, la voûte céleste se mit à s’esclaffer devant la navigation de plaisance des hirondelles, les doux gazouillements des ruisseaux et la symphonie des chants des oiseaux. Le spectacle était tout simplement sublime ! Et moi, en spectatrice passive, je n’avais rien raté de la fête. Depuis mon lit, j’avais vécu chaque instant de la naissance du jour, à travers ma fenêtre, avec délectation. Rassurez-vous, je n’avais pas une réputation de lève-tard. « Une femme, une vraie, doit se lever à l’aube et se coucher tard, n’avait de cesse de me répéter ma mère. La femme, ajoutait-elle souventes fois, doit obéir à son mari. Elle a la respon-sabilité de travailler dur pour le bien-être de sa maisonnée et de faire honneur à son mari ». D’aussi loin que remontaient mes souvenirs, mes relations avec ma mère avaient parfois été orageuses. Maman passait son temps à me harceler, essayant systématiquement de me prendre en défaut. Je me sentais épiée et constamment passée au crible sans jamais donner satisfaction. J’avais l’impression que rien de ce que je faisais n’était jamais assez bien assuré pour elle. Souvent je n’avais pas encore ni mes tâches ménagères, qu’elle était déjà là à inspecter et à me chercher noise. Elle me sermonnait sans arrêt.
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Dans ma petite enfance, je croyais que Maman était «parfaite». Et voilà que brutalement j’avais pris conscience qu’elle était loin de ce que j’avais imaginé. Déconcertée, j’en étais venue à remettre en question sa façon de raisonner et son jugement sur moi. Et cela dura de ma moyenne enfance, jusqu’à la n de la puberté. Toutefois, avec les rudes leçons que la vie avait ni par me donner, j’avais réappris à la respecter totalement. C’est sûr, Maman n’était pas parfaite. D’ailleurs, personne ne l’est ici-bas. Mais, au moins, elle avait souvent raison. Et même s’il lui arrivait d’avoir tort, elle demeurait ma mère. Petit à petit, nous sommes devenues des amies, comme beaucoup de lles avec leur mère, je suppose. C’est ainsi que, passé l’âge de la puberté, les choses commencèrent à s’améliorer entre nous. Maman était devenue plus conciliante. Et moi, au prix d’intenses échanges, parfois dans les larmes, je réussis à mieux la comprendre et à mettre en pratique tout ce qu’elle me disait sans cesse. Et cela avait ni par être à mon avantage. En tout état de cause, Maman aurait voulu faire de moi une épouse idéale : une femme d’intérieur qui n’ait jamais à rougir de rien ! Enn, je me tirai du lit, lourde comme une motte de terre. Je s un tour dans la salle d’eau pour une petite toilette indispensable. Je jetai un coup d’œil dans la glace. Oh, quelle horreur ! J’avais les cheveux en bataille et d’horribles poches sous les yeux : une vraie tête de déterrée ! Machinalement, je me brossai les dents, ne quittant pas des yeux cette dame qu’il me semblait avoir déjà vue. Je me rinçai la bouche et retournai en chambre. Je me jetai de tout mon long sur le lit. Je me pris la tête dans l’oreiller de Moïse dont je humai le parfum. C’est alors qu’une douleur aigüe me prit. Je l’avais oubliée, celle-là ! Toujours au même endroit, cette douleur qui me créait tant de misère, alors que Maman, elle, faisait tant de mystère chaque fois que je l’évoquais. Elle trouvait toujours une échappatoire. Je sentais comme un sentiment de culpabilité l’enserrer. Et presque, chaque fois, mes soupçons s’envolaient lorsque je les contrebalançais avec l’amour de cette femme. Ah, qu’elle m’aimait ma petite Maman ! De quoi rendre Caïn jaloux. 8
Caïn, c’est mon unique frère, de cinq ans mon aîné. De son vrai nom, Vangah Thibault, je l’appelais « Caïn » à cause de la haine viscérale qu’il me vouait. Quand je n’étais encore que nourrisson, Maman l’avait surpris en train d’essayer de m’étouffer avec mes draps. Elle me mit la puce à l’oreille, dès que j’eus l’âge de raison. Peut-être voulait-elle juste me mettre en garde. Mais, les effets collatéraux furent immédiats et dévastateurs. Entre nous deux, l’expression « être comme chien et chat » prit tout son sens. D’ailleurs, quand l’on y faisait allusion, il rétorquait toujours que c’était moi le « chat », de l’histoire en ricanant. Je n’en nissais pas de m’interroger. De qui Thibault tenait-il cette animosité ? De Papa ou d’un aïeul ? En tout cas, pas de Maman. Elle était adorable, notre mère. De Papa, je n’avais rien connu, non plus. Il est vrai que quand j’obser-vais Thibault, je retrouvais quelques traits de Papa : les nombreuses photos qui placardaient les murs de la maison me furent d’une aide indéniable. N’empêche que moi, je ne savais pas trop ce que je tenais de l’un comme de l’autre de mes parents. Pour tout dire, je ne savais pas qui j’étais vraiment. Thibault avait peut-être raison de me détester tant. Avec mon visage ovale, mon nez écrasé et ma forte corpulence,je faisais le souffre-douleur idéal. Le regard des autres et la honte faisaient des activités quotidiennes les plus banales, de véritables parcours du combattant pour moi. Et pour ne rien arranger, j’étais livrée en pâture aux brutes de l’école par le fils de ma mère. Il s’amusait à m’arracher mon goûter pour le donner à ses copines. Toujours mal dans ma peau, je n’avais pas une haute opinion de ma personne. J’étais lunatique et je me détestais. Je m’endormais souvent en pleurant. Plus d’une fois, j’avais failli recourir à l’automutilation pour soulager mon anxiété. Et là-dessus, je sentais que même Maman n’était pas honnête avec moi. Par exemple, quand je lui disais : « Je suis énorme,
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