La Traversée des mondes , livre ebook

Éditions L'Interligne - Carlos Taveira

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233 pages

Français

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Extrait

Description

Est-ce que vous aimez voyager?
Est-ce que vous croyez que vous feriez un bon voyageur pour ce livre? Vous avez bien lu : » voyageur » et non «-lecteur, puisque le voyage est envisagé ici comme une leçon initiatique hors des marges du temps et de l'espace.
La traversée des mondes, c'est le seizième siècle et le début du suivant vus pas les yeux d'un Congolais qui s'embarque à bord de morutiers et part vers l'Amérique où il sera recensé comme étant le premier Noir à fouler le sol de ce continent. Il s'appelle Mateus da Costa et a connu Samuel de Champlain, s'est lié d'amitié avec les nations autochtones, a aimé, a frôlé la mort, puis a disparu…
L'Histoire de Mateus da Costa est écrite sur une disquette bleue remise entre les moins de Mario Estéban, un informaticien chilien qui, délivré des prisons de Pinochet, a refait sa vie à Montréal où il vit depuis plus de quinze ans. Celui qui lui, a donné ce document informatique, c'est son futur patron, Matt Lacoste, un agent de voyages d'origine africaine. En apparence, ces trois personnages n'ont rien en commun, mais leurs routes vont se croiser… Comment? Tout est question de voyage et d'être un bon voyageur. Si au départ vous êtes un bon lecteur, ce sera chose facile, mais méfiez-vous quand même des sauts de lapin, on ne sait jamais où ils peuvent nous mener.

Sujets

Aventure

Fiction

Informations

Publié par	Éditions L'Interligne
Date de parution	09 novembre 2011
Nombre de lectures	0
EAN13	9782896990139
Langue	Français
Poids de l'ouvrage	2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Table des matières

Du même auteur
Page titre
Catalogage - Dépôt légal
Livre I – Premiers voyages
1 - Le Garçon
2 - Matt et Mario – I
3 - L’embarquement
4 - Session 1 – Réminiscences chiliennes
5 - Le dîner
6 - Matt et Mario – II
7 - Arrivée à Lisbonne
8 - Initiation
9 - Pêcheries
10 - Session 2 – Surf et tempêtes
11 - La bourrasque
Livre II – L’Nu’k
12 - Éveil
13 - Manon et Mario – Prise I
14 - Le village
15 - Session 3 – Ressentiments corporatifs
16 - Un nouveau monde
17 - Mat et Mario – III
18 - Le manteau blanc
19 - Louise et Matt
20 - Les feux de Megumaagee
21 Manon et Mario – Prise II
22 - Le mariage
23 - Session 4 – Le froid et la fuite
24 - Guerrier malgré lui
25 - Manon et Mario – Prise III
26 - Les sentiers de Megumaagee
27 - Session 5 – Au hasard des mots
28 - Les flèches de la guerre
29 - Matt et Mario – IV
30 - La guerre de Mateus da Costa
Livre III – Le retour
31 - Départ de La Rochelle
32 - Le voyage de Mario Estéban
33 - La traversée
34 - Session 6 – Sages et recherches
35 - Terre, terre, terre...
36 - Matt et Mario – V
37 - L’habitation
38 - Session 7 – Consuelo Rodriguez
39 - Voyage au pays des Armouchiquois
40 - Session 8 – Sorcelleries thérapeutiques
41 - Théâtre de Neptune
42 - Le dernier voyage de Matt Lacoste
43 - L’Ordre de la bonne humeur
44 - Les adieux de Matt Lacoste
45 - La fin du voyage
46 - L’accouchement.
47 - L’Homme
Bibliographie
Crédit - Achevé d'imprimer
La traversée des mondes
Du même auteur

Chez d’autres éditeurs
Mateus da Costa e os Trilhos de Megumaagee, roman, Lisbonne, Éditions Texto, 2006.

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada

Taveira, Carlos, 1953-
La traversée des mondes [ressource électronique] / Carlos Taveira.

(« Vertiges ») Monographie électronique. Publ. aussi en format imprimé.
ISBN 978-2-89699-012-2 (PDF).--ISBN 978-2-89699-013-9 (EPUB)

I. Titre. II. Collection: Collection « Vertiges » (En ligne)

PS8639.A896T73 2011a C843’.6 C2011-905530-9

Les Éditions L’Interligne 261, chemin de Montréal, bureau 310 Ottawa (Ontario) K1L 8C7 Tél. : 613-748-0850 / Téléc. : 613-748-0852 Adresse courriel : communication@interligne.ca www.interligne.ca

Distribution : Diffusion Prologue inc.

ISBN papier : 978-2-923274-83-6 ISBN PDF : 978-2-89699-012-2 ISBN ePub : 978-2-89699-013-9

© Carlos Taveira et Les Éditions L’Interligne Dépôt légal : quatrième trimestre 2011 Bibliothèque nationale du Canada Tous droits réservés pour tous pays
À deux voyageurs en herbe, arrivés à bon port :
Olivia et Gabriel, mes petits-enfants.
Ma profonde gratitude…
Au personnel de « Les Éditions L’Interligne » fièrement engagé dans la
difficile mission de maintenir allumé le fait français en Ontario.

À Michèle Matteau, écrivaine essentielle, à son
oeil magique, à son orientation et à ses précieux conseils. Elle m’a aussi appris qu’un livre peut
se lire à haute voix. Je l’ai fait entre un cognac et un porto.

À Danielle Chassé, ma rigoureuse correctrice dont le beau peigne
rouge (vert et bleu dans son cas) a si bien démêlé mes textes.

À Luis Damas un ami qui, voilà des années,
m’a présenté un inconnu : Mateus da Costa.

À Conceição Pernadas, photographe talentueuse, auteure de mon
portrait (plus beau que nature) qu’elle m’offre en toute amitié.

À Ana Taveira, ma soeur, pour son énergie et
son appui intarissable depuis l’autre côté de l’océan.

À João Cotrim, ami, journaliste et bédéiste, pour son soutien
indéfectible et sa révision de la version portugaise de ce livre.

À (dernière, mais non la moindre) Johanne Morency, ma compagne et
ma première lectrice, dont l’intuition et la tendresse
m’empêchèrent d’abandonner.
« [...] Nicolas de Bauquemarre, marchand demeurant en la ville de Rouen étant de présent en cette ville de Paris, lequel a dit et déclaré, reconnu et confessé que Mathieu de Coste, nègre, par lui ci-devant et dès le vingt-sixième jour de mai mil six cent huit pris à son service pour les voyages de Canada, Cadie et ailleurs. [...] le dit nègre s’était obligé envers ledit de Bauquemare de le servir au voyage de Canada et ailleurs à sa volonté, pour trois ans sauf plus, pour truchement [...] »

Robert Le Blant / René Beaudry,
Nouveaux documents sur Champlain et son époque.
Publications des archives publiques
du Canada n o 15 Ottawa 1967.
Livre I – Premiers voyages
« C’est dans la mer que l’aventure
a les rives qu’elle mérite... »
Alexandre O’Neill, poète portugais.
1
Le Garçon

Le corps trapu du sage ressemblait à celui d’un vieux baobab. Ses bras aux branches sèches criaient au ciel, son visage était labouré par des années de chaleur et d’humidité. Même le roi du Congo, pourtant converti à la religion des Blancs, consultait ce sage. Ainsi fit le garçon au regard vif pour savoir si l’homme serait capable de quelques prédictions à propos des voyagements qu’il rêvait d’entreprendre. Le vieillard avait bâti sa cabane dans la forêt du Mayombe, près d’une source d’eau, et vivait entouré d’une colonie de singes que le garçon détestait parce qu’ils lui avaient volé son chapeau européen. Le sage, après avoir lancé plusieurs fois ses coquillages et en avoir considéré les formations, avait dévisagé le garçon de ses yeux aqueux, perçants :
— Tu survivras à tous les êtres vivants aujourd’hui vivants.
Puis, ses yeux se rétrécirent et devinrent mauvais, père Elias disait qu’il s’agissait là du regard d’un démon qui habitait ses tripes :
— Longues vies, ce sont de longues et vives souffrances, tu chemineras dans les sentiers de ta vie, parfois seul, et tu goûteras, de ton vivant, aux larmes de la vie vivement amères.
S’apercevant de l’effroi sur le visage du jeune congolais, le sage eut un sourire apaisant :
— Tiens, c’est un sac de vie pour les longues vies, le sac te protégera, l’eau ne peut pas corrompre un sac de vie, non, l’océan ne peut guère entrer dans le sac, parce qu’un océan ne peut pas en déloger un autre, mais gare à toi, n’ouvre jamais le sac avant d’apprendre à voyager.
Enfin, le vieil homme lui donna congé, après avoir refusé d’être payé :
— Garde tes Zimbos, fais-en un collier, car je vais mourir ; je vais donc entrer dans mon sac de vie. Oui, mais je te trouverai de l’autre côté des deux mers, de la mer océane et de la mer du temps.
En effet, pour le grand plaisir des prêtres, et au grand dam des Congolais ainsi que de quelques marchands portugais qui le consultaient, il expira le lendemain. Un groupe de chasseurs qui passaient par hasard entendirent, terrifés, le roulement de tambours qui leur parvenait de nulle part, et ce lieu fut, à compter de ce jour, considéré comme hanté. Le garçon prit son courage à deux mains, y alla pour constater de lui-même le trépas du sage et fut le seul à remarquer que la bande de singes avait aussi disparu. À sa grande surprise, il retrouva son chapeau européen, intact, suspendu à une branche d’arbre, enjolivé d’une longue plume appartenant à un oiseau dont il ne connaissait pas le nom.
— C’est un chapeau de voyageur, se dit-il émerveillé.
2
Matt et MarIo – I

La rumeur court, véloce, l’immense onde d’une impossible hauteur s’approche de la ville, l’agitation est générale et toi, Mario, tu commandes : « Nous n’avons pas le temps de fuir, il y aura des embouteillages, la mer nous attrapera et nous noiera, montez au sommet de la montagne, grimpez aux toits et restez là jusqu’au retrait des Éots. » Et tu escalades vers le haut de ta demeure, mais au moment de t’y agripper, tu trouves la tour d’un temple : « Est-ce un rêve ? Suis-je de retour à Arica ? » Tout est si réel, l’océan de ton enfance d’un bleu turquoise, les odeurs de la mer, le castillan parlé par tes voisins. Ne te réveille pas tout de suite, regarde les Éots déferlant sur la ville que seuls les toits laissent à découvert, surprends-toi de tes concitoyens nageant par les rues transformées en canaux. Personne ne t’a imité et ils ont l’air content. Et regarde, là-bas tout proche, à portée de voix, Mateus da Costa Éotte, décontracté, sur une bouée, heureux, entouré d’enfants mutil&