La ronde des hyènes , livre ebook

Africa Reflets Editions - Camara Nangala

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312 pages

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Sujets

Littérature Ivoirienne

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Publié par	Africa Reflets Editions
Date de parution	01 janvier 2022
Nombre de lectures	777
Langue	Français
Poids de l'ouvrage	1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La ronde des hyènes

Couverture : ARE / TCHORNA Yéo Maquette : ARE / KOUASSI K. Marc Mise en page : ARE / OUATTARA Awa / KOUASSI K. Marc Suivi éditorial : OZÉ G. Roger

e © Africa Reets Éditions, 4 trimestre 2017 ISBN : 978-2-36997-035-4

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous les pays.

CAMARA Nangala

La ronde des hyènes

e 2 édition

Africa Reets Éditions 01 BP 3648 Abidjan 01 E-mail : contact@are-ci.com

Du m ê m e a ut e ur

Rom a ns Procès dans les entrailles de la terre La Nouvelle Conscience Le printemps de la liberté L’autre versant Dévoilement La poupée Le trio de choc Les illes au grand cœur Vacances mouvementées Tourbillon

Re c ue ils de nouve lle s Histoire de fous Révélation Symphonies de l’enfer

Re c ue ils de poé sie Mélancolie Monotonie Chants incantatoires Amarres rompues

Partie 1

F iomokaha, en d’autres termes, pays de la pauvreté, pays de la misère, pays de la souffrance. Fiomokaha, quartier précaire, ensemble informe d’habitations spontanées qui s’étend à perte de vue. Fiomokaha, tumeur sur la capitale économique de la Terre d’Éburnie ! Les habitants de Fiomokaha survivent dans des parallélépipèdes rectangles sommairement bâtis. Les maisons des privilégiés s’honorent de murs constitués de briques en ciment et de toitures de tôles. L’immense majorité se contente de masures construites à l’aide d’objets de récu-pération : tonneaux, cartons, toiles en matière plastique. À Fiomokaha, s’entasse une certaine catégorie de citoyens : gens de peu, crève-la-faim, gagne-petit, laissés-pour-compte, vomissures et étrissures de la société. Pour tout dire, à Fiomokaha, vivotent les adeptes de la cour des miracles. Fiomokaha n’est pas un périmètre loti : pas d’assainissement, pas d’eau courante. En ce qui concerne l’électricité, les ls de récupération courent sur de longues distances, chevauchent impudiquement arbres et perches de fortune. Ils enjambent, sans grande conviction, les crevasses qui rendent difcile l’accès du quartier, disparaissent parfois sous terre ou dans les broussailles pour refaire surface de façon inattendue. Seuls les initiés savent d’où provient l’alimentation en élec-tricité. Eux seuls fournissent le courant dont la tension baisse souvent à un point tel qu’il vaut mieux recourir à la bonne vieille lampe à pétrole.

À Fiomokaha, les ruelles sont tracées approximativement. Elles serpentent comme elles le peuvent entre les habitations jetées çà et là dans un désordre indescriptible. Elles se terminent d’ailleurs dans bien des cas, en culs de sac. Elles sont envahies par les broussailles à longueur d’année, tant et si bien que les automobiles se hasardent rarement par ici. Des taxis aux allures inquiétantes bravent dos d’âne et nids de poules, en cas d’urgence médicale, à des tarifs hors de portée de la bourse de la plupart des habitants du quartier. À Fiomokaha, il n’existe ni école, ni centre de santé. Les enfants sont occupés à exercer des petits métiers qui leur permettent de ramener quelque argent à la maison. Ils sont abandonnés à eux-mêmes le plus souvent. Pour les questions de santé, on se rabat, la plupart du temps, sur les produits pharmaceutiques proposés dans la rue à des prix déant toute concurrence et vendus au détail. Il n’en demeure pas moins qu’ils sont d’origine et d’efcacité douteuses. Les campagnes électorales passent et se ressemblent étrangement. Les politiciens s’aventurent, à ces occassions, à Fiomokaha. Ils distribuent tee-shirts à leurs efgies, un peu de riz, un peu de sucre. Parfois de l’huile, des pâtes alimentaires et du savon. Pour le reste, on se nourrit d’espoir. L’école, le centre de santé, l’eau courante, l’électricité, le marché, le centre commercial ultra moderne, l’assainissement et le prolage des ruelles seront réalisés très prochainement. C’est promis ! Si les braves populations ont eu la patience d’at-tendre toutes ces années, que représentent quelques mois ? Du travail ? Tout le monde en aura. N’est-il pas vrai que des listes circulent déjà ? Il faut batailler ferme pour voir son nom y gurer, bien souvent moyennant de l’argent, si l’on veut compter parmi les heureux élus. Une fois l’élection passée, c’est le statu quo. Fiomokaha demeure Fiomokaha. Impossible de rencontrer les politiciens qui ont gavé les populations de promesses. Ils n’ont guère le temps. Les engagements pris sont rangés aux oubliettes, en attendant la prochaine élection. 10

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