Le Prince des Elfes
85 pages
Français

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Description

Au lendemain de la Grande Bataille qui les a libérés du joug terrien, les Vissariens doivent s’atteler à la reconstruction de leur monde dévasté. La reine Elowa et le prince Travailleur Varnlock, désignés par la prophétie de Tunkara comme les Enfants de Lumière, ont gagné le droit de vivre désormais leur amour au grand jour. Mais les mentalités sont longues à évoluer et l’abrogation de la Loi ancestrale ne fait pas l’unanimité ; Varnlock vit difficilement le fait d’être simplement toléré par les Elus. Quant à Shanek, le prince des Elfes, revenu à la vie grâce à Elowa lors de la Grande Bataille, il a bien du mal à résister à la fascination qu’elle exerce sur lui.


La paix n’est qu’illusoire, car les Terriens, bloqués par la ceinture d’astéroïdes qui entoure dorénavant la planète, ne peuvent rentrer chez eux et nourrissent des projets de vengeance. Elowa, Varnlock et Shanek sont confrontés à de nouveaux défis et s’interrogent sur leur rôle dans l’avenir de Vissara. D’autant que la prophétie elle-même est remise en question : a-t-elle été correctement interprétée ?


La vie d’Elowa est à nouveau bouleversée, et son destin, incertain.



Le prince des Elfes est le deuxième tome de la trilogie Les enfants de Lumière.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2019
Nombre de lectures 2
EAN13 9782378121501
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Prologue
L ’homme aux multiples tatouages se pencha vers elle et approcha son visage grimaçant : il avait à la main une dague effilée et s’apprêtait à lui entailler le bras. Elle hurla de terreur. Alors que la lame n’était plus qu’à quelques centimètres de sa peau et que son tortionnaire la fixait de ses yeux fous, le sol s’effondra sous ses pieds dans un fracas épouvantable. Elle tomba dans le vide. Sa chute lui parut interminable ; des bourrasques tournoyantes lui fouettaient le visage. Quand enfin elle heurta le sol, son corps rebondit sur la pierre et vint s’échouer près d’un tas d’ossements, lugubre vestige d’un être qui avait rendu son dernier soupir au fond de la crevasse dans laquelle elle était tombée. Elle avait mal partout et ne pouvait plus bouger ; le vent mugissait impitoyablement, il y avait peu de lumière, et elle était seule.
Elowa ne chercha pas à retenir les larmes de désespoir qui coulaient sur ses joues glacées, car elle savait qu’elle allait mourir là, dans cette cavité rocheuse froide et silencieuse. N’y avait-il donc personne pour venir à son secours ?
Elle appela à l’aide une fois, puis un deuxième cri la libéra d’une partie de son immense angoisse.
— Elowa ! Elowa ! Réveille-toi ! Je suis là !
Elle sursauta violemment, ouvrit les yeux.
— Varnlock !
— Je suis là, répéta le colosse blond qui était couché à ses côtés, n’aie crainte. Tout est fini maintenant, nous sommes en sécurité !
Il la prit dans ses bras, et la berça doucement contre lui.
Alors, elle se souvint… Dans cette tente, elle dormait avec Varnlock. L’air était frais et ils étaient enlacés dans une couverture bien chaude. Il n’y avait plus de Terriens à leurs trousses ; plus de Loi à fuir, plus personne à éviter.
Varnlock lui embrassa les cheveux, caressant avec douceur sa joue et ses épaules pour la rassurer, et plongea ses yeux gris dans ceux, turquoise, de sa compagne.
— Tu n’es plus seule, et tu n’es plus en danger. Tes cauchemars finiront par s’espacer, quand ton esprit aura compris que tu es en sécurité à présent.
— En sécurité, répéta-t-elle en soupirant d’aise.
Elowa se lova contre lui plus étroitement encore, et la respiration de Varnlock s’accéléra. Imperceptiblement… Mais la jeune femme avait senti l’appel silencieux de son amant, et avec bonheur, elle embrassa son large torse qui lui apportait tant de sérénité. Il lui avait si cruellement manqué… À présent il était là, tout contre elle, vibrant de passion. Il chercha fébrilement ses lèvres et couvrit son corps du sien.
— Élowa, murmura-t-il au creux de son oreille, nuit après nuit, tu me fais perdre la raison ! Tu me rends complètement fou… Comme tous ceux d’ailleurs qui t’approchent d’un peu trop près !
Il la sentit se raidir sous lui, mais il la retint d’un geste vif, et le souffle court lui susurra :
— Ne te fâche pas et offre-moi encore tes baisers incandescents… Sorcière !


Chapitre 1
« Les Elfes sont des enchanteurs,
et celui-ci en est le prince. »
Q uand ils sortirent de leur tente le lendemain, le soleil était déjà haut dans le ciel. Un instant éblouis par son éclat, les jeunes gens posèrent leur main en visière et balayèrent des yeux l’horizon. Une fois encore, ils admirèrent les milliards de fragments rocheux en orbite autour de Vissara, qui scintillaient et piquetaient l’azur d’innombrables touches dorées.
Elowa avait décidé de prendre la parole de façon solennelle auprès de son peuple dès le lendemain des évènements extraordinaires qui avaient secoué Vissara. Lorsque son époux Marsthène, roi de Vissara, avait été exécuté par les Terriens, elle était restée aux yeux de tous la souveraine, et les Vissariens s’étaient naturellement rangés sous son autorité.
Tandis que le couple se dirigeait vers la Coupole, lieu de rendez-vous pour l’allocution de la Reine, les souvenirs affluaient avec force dans leur esprit. Lors de la Grande Bataille qui les avait opposés aux Terriens, un rayon émanant de la Coupole et déclenché par le médaillon de Varnlock avait pulvérisé, dans un fracas de fin du monde, un énorme astéroïde gravitant autour de Vissara. D’innombrables particules et morceaux de roche avaient alors nimbé Vissara d’une aura protectrice, modifiant à jamais l’aspect de la planète.
À présent, la Coupole, demeure ancestrale des Élus, offrait elle aussi un visage transformé : son gigantesque dôme de verre s’était ouvert pour laisser surgir le rayon des Anciens, et sa partie centrale restait désormais béante.
La veille, le départ précipité des Terriens et le prodige des Anciens avaient provoqué un désordre indescriptible parmi les survivants. Il fallut un long moment aux Vissariens pour qu’ils reprennent leurs esprits. Les Élus avaient ensuite entrepris d’établir un campement de fortune en retrait de la Coupole, théâtre de ces sanglants affrontements. Ils s’étaient installés aux côtés des autres peuples qui avaient participé à la bataille finale, car pour le moment, le Dôme était inhabitable : outre les nombreuses destructions de maisons et de bâtiments, les cadavres jonchaient le sol sur plusieurs centaines de mètres.
Nains, Hommes-Chevaux et Elfes avaient également passé le reste de la soirée à établir leur campement, et ils avaient proposé leur aide pour exécuter les premières mesures d’assainissement nécessaires. Ils avaient d’ores et déjà commencé à regrouper les corps, afin de les enterrer ou de les brûler le plus rapidement possible. La chaleur suffocante les poussait à agir vite, car déjà l’odeur insupportable des charniers s’étendait, et des nuées de mouches les harcelaient sans répit.
Ils avaient accompli leur funeste tâche jusqu’au milieu de la nuit, et avaient achevé leur œuvre dans un immense brasier...
En approchant de la Coupole, Elowa et Varnlock se dirigèrent vers la foule immense et cosmopolite qui s’était rassemblée. Élus et Travailleurs, Nains et Elfes discutaient de façon animée. Les Hommes-Chevaux étaient comme à leur habitude plus réservés, et des Sylphides voletaient, curieuses, autour des Terriens rebelles, intimidés et un peu en retrait. Ces derniers, qui s’étaient courageusement opposés à Thorne et qui avaient apporté un soutien décisif aux Vissariens lors de la Grande Bataille, n’avaient maintenant plus de pays. Même si leur présence était moyennement appréciée, chacun savait ce qu’on leur devait et il était évident qu’ils avaient désormais gagné le droit de rester parmi eux. Ils n’étaient plus en effet, aux yeux des Terriens restés fidèles au tyrannique Thorne, que des traîtres. On avait donc décidé de les aider à construire un petit village, voisin de celui des Travailleurs.
Elowa, Varnlock à ses côtés, fendit l’assistance d’un air déterminé, interrompant les conversations, puis elle prit place sur un petit talus ; tous les regards se braquèrent vers elle. Elle avait noué sa lourde chevelure brune en un chignon serré, ce qui rehaussait la pureté de ses traits, en rien altérée par la pâleur de son visage. Drapée dans une robe de mousseline ocre, dont les paillettes mettaient en valeur les éclats dorés de ses yeux, sa silhouette gracile demeura immobile quelques instants face à son auditoire. Intimidée par un tel rassemblement, Elowa prit une grande inspiration avant de commencer :
— Mes amis, vous n’êtes pas sans savoir qu’aujourd’hui est le premier jour d’une nouvelle ère pour Vissara… Il n’y a qu’à lever les yeux pour le comprendre, ajouta-t-elle en désignant d’un mouvement ample du bras la voûte céleste scintillante.
Un murmure d’assentiment parcourut l’assemblée. Les visages étaient graves, car tous étaient conscients qu’ils se trouvaient à un tournant dans l’histoire de leur monde.
— Vous avez participé hier, héroïquement, à la libération de la Coupole et de Vissara tout entière. Beaucoup d’entre nous ont versé leur sang, d’autres ont perdu la vie pour défendre notre cause. Et la victoire nous a été accordée !
Elle attendit un instant, car une vague de satisfaction bruyante secoua la foule après ces paroles.
— Cette victoire, nous l’avons obtenue grâce à la prévoyance et à la technologie des Anciens. Vous n’ignorez pas que le rayon qui a pulvérisé le corps céleste gravitant au-dessus de nos têtes a été actionné par une clé, que nous avons insérée dans le mécanisme de l’ordinateur central. Une barrière infranchissable entre nous et les envahisseurs a ainsi été créée. Les Terriens ne pourront plus jamais faire venir des renforts sur notre planète.
Des milliers de paires d’yeux étaient dardés sur elle, et Elowa sentit que la foule attendait dans un même ensemble qu’elle révèle ce qui, déjà, circulait parmi eux depuis la veille. Une nouvelle impensable…
Elle déglutit difficilement, et croisa ses mains moites derrière le dos, avant de lancer d’une voix forte :
— Cette clé était détenue depuis la nuit des temps par les Travailleurs. Les Travailleurs des Hautes Terres.
À ces mots, une brusque effervescence s’empara de la foule. Ainsi la rumeur était donc vraie ! Pour beaucoup d’entre eux, cela était inconcevable, et remettait en cause tous les principes qui leur avaient été inculqués jusqu’à présent. C’étaient les Élus, et eux seuls, qui étaient les dépositaires de la technologie des Anciens ! C’étaient eux, les enfants chéris des Dieux ! Les Sylphides bourdonnaient avec excitation, les Hommes-Chevaux piaffaient, et les Nains n’étaient pas les derniers à prendre part au tumulte.
Au milieu de ce brouhaha, seuls les Elfes restaient stoïques. Droits et silencieux, ils observaient les réactions de leurs voisins. Leur peuple savait depuis bien longtemps… C’était même eux qui détenaient une partie de la prophétie de Tunkara, jalousement gardée dans le cœur de la montagne sacrée des Hautes Terres.
Elowa, la gorge serrée, attendit avec patience que les premières effusions se calment. Elle tourna la tête vers Varnlock, et il lui envoya un léger sourire, hochant la tête en signe d’e

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