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Publié par
Nombre de lectures
74
EAN13
9782381510125
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
Charlotte ne peut plus nier ce qu’elle ressent pour MKT / Heath. C’est trop beau, trop vrai, complètement inattendu. Pourtant, un danger envoûtant brille dans les yeux noirs, si mélancoliques, du seul homme capable de lui redonner confiance en elle. Des yeux qui ont le pouvoir de déceler ses pensées les plus intimes, ses désirs les plus secrets.
Et si MKT tient à la réconcilier avec son corps, Charlotte, elle, fait tout ce qu’elle peut pour rassembler les fragments de son cœur. Elle est trop craintive, trop blessée par la vie, et n’a aucune idée de ce dont il est véritablement capable... mais elle ne peut plus faire marche arrière.
MKT / Heath s’est immiscé sous sa peau...
Et il va y mettre le feu.
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74
EAN13
9782381510125
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
© Océane Ghanem, 2020
© Éditions Plumes du Web, 2020
82700 Montech
www.plumesduweb.com
ISBN : 978-2-38151-012-5
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1. Où es-tu, mi bella ?
Heath
La tôle froissée. Le siège renfoncé. L’odeur âpre du gasoil dégoulinant sur l’asphalte brûlant. La douleur. L’incompréhension. Les gémissements de détresse. Un corps en travers du pare-brise. Et du sang. Tellement de sang...
Heath, m’appelle-t-elle d’une voix larmoyante. Heath ! Par pitié !
Pitié . C’est un mot que Vega n’invoque pratiquement jamais sur ses lèvres pourpres. Elle n’en a pas. Elle n’en veut pas. C’est aussi pour cela que je l’aime : elle est beaucoup plus forte que moi.
Heath, Heath, Heath ! martèle-t-elle au-delà de la souffrance, d’un timbre rauque altéré par des gargouillis sinistres.
D’autres voix s’élèvent autour de nous. Dans un recoin perdu de ma conscience, je sais que nous venons d’avoir un terrible accident. J’ai lâché le volant. Max m’a hurlé de freiner. Vega a cherché à agripper sa ceinture. Mais c’était trop tard. Bien trop tard. L’avant de la voiture s’est encastré dans le muret d’un joli pavillon de banlieue, les roues ont saccagé la pelouse verte et bien entretenue, et du sang m’a giclé en travers du visage, une gifle d’hémoglobine tiédie par le choc de mon engourdissement.
Heath !
C’est Max, cette fois. Les battements désordonnés de mon cœur s’apaisent très légèrement à l’intérieur de ma poitrine : mon ami est vivant.
Enfin, vivant ... C’est un bien grand mot pour décrire l’état actuel de Max. Il ne le sait pas, et il ne le saura probablement jamais, mais j’ai compris ce qu’il lui était arrivé... Sa mère l’a écrit partout sur les murs de leur maison froide et suante de folie.
Elle l’a fait.
Je la déteste.
Elle me l’a volé.
Aujourd’hui, Max est plus mort que vif. Il ne sourit plus. Il ne rit plus. Il regarde le monde qui l’entoure avec des yeux sombres et inexpressifs. Il ne ressent du plaisir qu’en s’immergeant profondément dans ses cauchemars, plus noirs les uns que les autres. S’enfonçant jusqu’au cou dans toutes les embrouilles qui croisent son chemin, il semble déterminé à s’autodétruire, à se mutiler, à se perdre dans Albuquerque.
Max n’a plus peur de rien et ne craint plus personne. Même plus le diable qui habite l’esprit de sa mère.
On ne peut pas tuer ce qui est déjà mort , me répond-il à chaque fois que je me risque à lui faire la morale sur ses tendances suicidaires. Ne t’inquiète plus pour moi, Heath.
C’est affligeant et terrifiant. Contrairement à ce que l’on pense, la peur est une émotion positive. Elle t’aide à mettre en lumière toutes les choses que tu risques de perdre, si tu ne fais pas attention à ce qu’il se passe dans ta vie. Et si tu n’arrives pas à la ressentir, c’est que tu ne possèdes rien de valeur à quoi te raccrocher lorsque le sol s’écroule sous tes pieds. Moi, j’ai peur... mais pas autant que je le devrais. On m’a déjà volé la plupart des choses auxquelles je tenais : ma fierté, ma dignité, mon innocence, la pureté de mon meilleur ami, le sourire de ma Mamá et la liberté de mon grand frère...
Putain ! s’époumone Max en me secouant dans tous les sens. Réveille-toi, mec ! Réveille-toi, réveille-toi, réveille-toi !
Sa panique flagrante alimente la mienne. Un brasier incandescent s’allume dans le fond de mon ventre. S’il éprouve de nouveau ce genre d’émotion explosive, c’est que la situation l’a profondément ébranlé. L’horreur est allée le chercher aussi loin qu’il est possible de pénétrer dans le cœur d’un homme sans le tuer.
J’ouvre les yeux.
La terreur me coupe le souffle.
L’effroi me vole mon oxygène.
Mon cœur se brise littéralement dans ma poitrine. Je sens des morceaux tomber à mes pieds. Je les vois s’écraser sur mes rêves brisés par la seule femme qui ait réussi à me donner l’envie de croire à un avenir meilleur. Toute mon existence s’achève sur cet ultime clignement de paupières que je m’accorde pour comprendre que....
Je ne serai plus jamais le même.
Après .
Je ne serai plus jamais entier.
Après .
Je ne serai plus jamais heureux.
Parce qu’il n’y aura pas d’après pour Vega.
Heath, me supplie-t-elle, la bouche écumante d’une salive rose et mousseuse. Je ne... s’il te plaît... aide-moi...
Que pourrais-je faire pour elle ? Je ne suis pas Dieu et visiblement, notre créateur l’a condamnée. Vega parle peut-être encore, mais elle est déjà morte. La moitié supérieure de son corps est passée en travers du pare-brise qui s’est fendillé autour d’elle comme une immense toile d’araignée. La vitre épaissie s’est effilée en pointes acérées, indubitablement mortelles, qui se sont plantées dans son ventre et ses reins lors de la collision. Son beau visage maculé de sang est méconnaissable : nez cassé, orbite fendue, œil crevé et joues lacérées jusqu’à l’os.
Où es-tu passé, mi bella ? Ce n’est pas toi, ça... non, ça ne peut pas être toi !
Je me mets à pleurer avant même que mon cerveau ne parvienne à assimiler toute la monstruosité de la scène que Vega m’offre, mourante, la main tendue vers moi...
Heath, souffle-t-elle, prête à perdre connaissance. S’il te plaît...
Les mains tremblantes de Max m’extirpent de mon siège par la portière ouverte. Son élan me fait tomber à la renverse sur le bitume défoncé. Les gravillons m’écorchent les paumes, une douleur électrique remonte le long de mes doigts jusqu’à la racine de mes cheveux. Je crois que l’un de mes bras est cassé, mais je m’en fiche. La souffrance physique est secondaire.
À côté de moi, Max vomit sur la chaussée. Il est si près de la foule curieuse qui s’amasse sur le bord de la route pour étancher sa soif de morbidité malsaine qu’il éclabousse leurs chaussures vernies.
Allez-y ! ai-je envie de hurler, alors que je sanglote, le visage plongé dans mes mains. Prenez votre pied à observer ma petite copine mourir sous mes yeux ! Vous pourrez faire la morale à vos gosses plus tard : mettez toujours votre ceinture, bande de grosses merdes !
Heath...
La voix de Vega s’éteint dans un souffle saccadé. Je sens qu’elle meurt, qu’elle me quitte, qu’elle disparaît en s’émiettant dans le vent tourbillonnant du désert. La chaleur donne un relief saisissant à l’odeur de son sang qui se répand sur la carcasse pliée de la voiture d’Ambroise.
Elle l’a trahi et envoyé en prison – en me poussant à commettre le pire des crimes pour sauver notre peau . Il a juré de se venger et m’a supplié de me libérer une bonne fois pour toutes de l’emprise néfaste qu’elle exerce sur mes sens... et voilà, la vengeance d’Ambroise est exaucée. Il obtient toujours ce qu’il veut, de toute façon. La roue a fini par tourner et moi, je suis la pauvre cloche qui s’est pris le revers en pleine tronche.
S’il te plaît...
Péniblement, j’arrive à me redresser et à atteindre la main qu’elle s’obstine à me tendre. Nos regards se croisent par-dessus nos doigts entremêlés. Elle voit sa fin dans mes yeux, comme elle a vu, autrefois, le début d’une vie commune pleine de rires et de promesses.
Nous ne nous marierons pas.
Nous n’aurons pas d’enfants.
Nous ne veillerons pas côte à côte.
Et ce n’est pas à cause de l’accident.
Heath... Pitié, aide-moi. Ne me lâche pas !
Je ne sais même pas comment elle arrive encore à me parler. Il y a tellement de sang, tellement de plaies, tellement de...
Les yeux fermés, j’évite de regarder l’esquille de verre brisé qui p