L'Amour ne meurt jamais , livre ebook
119
pages
Français
Ebooks
2024
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2024
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Publié par
Date de parution
12 avril 2024
EAN13
9782385150280
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
Flore a déjà vécu le pire : le décès inattendu de l’amour de sa vie. Pour lui rendre hommage, et réaliser le rêve qu’ils avaient en commun, elle abandonne tout et s’engage en tant que kinésithérapeute dans une mission humanitaire en Haïti. Là-bas, la misère, le deuil et le chaos la bouleversent. Accompagnée de son amie et collègue, Aïssatou, et de Vincent, un patient à la survie miraculeuse, Flore affronte la douleur, la destruction et la perte. Sur cette île ravagée, Flore parviendra-t-elle à retrouver foi en l’humain, en l’amitié, et peut-être en l’amour ?
Un incroyable parcours de reconstruction de soi où l’on réapprend à aimer pour ne pas oublier.
Rose Morvan, passionnée de littérature française et d’Histoire, écrit des portraits de femmes combatives où l’amour tient une place privilégiée. Rendez-vous place de Fürstenberg a été republié en 2023 aux éditions Loreleï dans une nouvelle édition en deux tomes.
Publié par
Date de parution
12 avril 2024
EAN13
9782385150280
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
Composition du livre : Valentine Flork / Agence A&L
Direction éditoriale : Valentine Flork
Distribution : Immatériel
ISBN papier : 9782385150273
ISBN numérique : 9782385150280
1re édition
Dépôt légal : avril 2024
Éditeur : Les éditions d’Avallon
342 rue du Boulidou
34980 Saint-Clément-de-Rivière
© 2024 Les éditions d’Avallon
collection romance contemporaine
L’Amour ne meurt jamais
De la même autrice
Fictions historiques
L’Audace d’un baiser , édité sous le titre d’Un baiser audacieux aux éditions Something Else, 2017
L’Héritière de la Nouvelle-France , éditions Something Else, 2017
Madame Vandœuvre , édité sous le titre Un contrat scandaleux , éditions Gloriana, 2018
Le Choix de Marguerite , éditions Something Else, 2020
Rendez-vous place de Fürstenberg, Tome 1 : Le temps des épreuves , éditions Loreleï, 2023
Rendez-vous place de Fürstenberg , Tome 2 : Le temps des adieux , éditions Loreleï, 2023
Autres œuvres (en AE)
À Corps et à cœurs , 2016
Les Coquelicots de sang , 2017
Cœurs en déshérence , version brochée uniquement, 2019
Légendes de Bretagne , 2019
À Corps et à cœurs , tome 2, 2020
Le Temps qu’il faut , version brochée uniquement, 2020
Égarements amoureux , version brochée uniquement, 2020
Atropos ou le fil de la vie , 2020
L’Héritière de Liffré , 2022
Légendes de Bretagne , tome 2, 2022
Rose Morvan
L’Amour ne meurt jamais
ROMAN
Les femmes souffrent plus ou moins de par le monde,
selon les pays,
du fait même d’être des femmes.
Ce roman est pour vous.
1.
La vie contre la mort
Janvier 2010
Seule.
Je pars seule.
Pourtant, ce projet, nous l’avions construit à deux.
Longtemps j’ai douté de le conduire à son terme.
Rappelle-toi ! Cette expérience particulière, nous voulions la vivre ensemble. Nous étions certains qu’elle faisait partie de notre chemin de vie, certains qu’elle enrichirait notre amour. Nous avions passé toutes les étapes de la sélection, avec de gros efforts et beaucoup de sacrifices, jusqu’aux stages d’intégration servant à tester notre motivation. Notre engagement dans les maraudes durant notre jeunesse avait joué en notre faveur, il faut l’admettre. Je me souviens de notre fébrilité devant la grande enveloppe de la fondation Gaïa 1 ! Nous tremblions de tous nos membres. J’avais l’estomac noué et les mains moites. Jamais, même pour les résultats des examens et concours, je n’avais éprouvé une telle anxiété. Là, elle se doublait d’une excitation incoercible. J’ai enlacé ton cou, j’ai posé un baiser sur ta joue et je t’ai susurré :
— Ouvre vite !
Tu as presque déchiré l’enveloppe. Elle contenait nos deux contrats. Nous sommes tombés dans les bras l’un de l’autre, en pleurs, devant l’aboutissement de notre projet. Nous touchions au but de cette magnifique idée. Comment nous était-elle venue à l’esprit ? Je ne sais plus, mais, un jour, elle nous a paru une évidence. Nous avons prévenu tes parents dans la minute qui a suivi. Te souviens-tu de la grande fête que nous avons donnée après ? Aussi belle que celle de notre mariage. Nous avions l’impression d’embrasser le monde, d’être plus forts que l’adversité. Quel bonheur de lire cette exaltation dans ton regard ! Nous allions sauver des enfants, des femmes, des hommes victimes de maladies, de malnutrition, de guerres. Le feu nous animait et personne n’aurait réussi à l’éteindre.
Et puis c’est arrivé.
L’innommable est arrivé.
Quand on est jeune, on se croit invincible, immortel, avec des rêves plein la tête censés repousser l’infortune. Et pourtant…
2.
Vocations
La faucheuse m’accordera-t-elle la tranquillité, un jour ? J’ai l’impression qu’elle s’acharne sur moi en s’en prenant à tous ceux que j’aime. Ironie tragique, c’est elle qui a décidé de mon sort en m’ôtant mes parents dans un accident de la route, alors que je n’avais que six ans. À partir de là, j’ai su ce que je devais faire : médecine. Je voulais lutter contre elle, la laisser gagner le moins souvent possible. Je voulais remporter des victoires, la supplanter, lui prouver que je serais plus forte que mes parents. J’avais besoin de cette « réparation », comme disent les psys, et cette colère m’a construite.
Ces sombres pensées attirent les larmes au coin de mes yeux ; une boule d’émotion grossit dans ma gorge. Je ne peux pas non plus oublier mes grands-parents qui m’ont élevée par la suite, avec leurs modestes ressources, mais toujours débordants d’amour, et qui n’ont cessé de me montrer le chemin de la réussite. Mais voilà, le pretium doloris que j’ai touché à mes dix-huit ans, remis par la Caisse des dépôts et consignations, n’aura pas suffi à un cursus long. Alors j’ai suivi des études d’infirmière et de kinésithérapie. Si seulement j’avais eu les moyens !
Cette veille de départ, je peine à m’endormir. Je sens que je vais passer une nuit blanche. Nos heureux souvenirs tentent de supplanter les mauvais. Je sombre peu à peu dans leur torpeur douceâtre. Notre première rencontre ! Dans une ambulance de la fondation Gaïa, chacun avec son brevet de secourisme à peine sec dans la poche. Cette soirée de réveillon, nous avons travaillé sur quatre accidents de la route dus à l’alcool et à la vitesse ; nous avons aidé à sauver cinq personnes, une est morte dans une carcasse en feu. Nous étions à peine majeurs et la vie venait de nous déniaiser ! Au petit matin, à la fin de notre mission, nous avons cherché un bistrot susceptible de nous servir café et croissants. Nous l’avons déniché dans une ruelle près de Denfert-Rochereau. Uniques clients dans la salle, comme si nous avions été seuls au monde, nous avons regardé la lumière et la nouvelle année se lever. Autour de nos tasses fumantes, je n’ai pas cessé de parler et tu n’as pas cessé d’écouter, le menton calé dans la paume de ta main, le sourire aux lèvres, la pupille malicieuse et vive, malgré cette nuit de garde. Ma volubilité t’a sans doute excédé , mais tu n’as manifesté aucune lassitude. Une patience d’ange. Je crois avoir refait le monde lors de ce petit déjeuner. Tu m’as paru charmant, attentif, voire attentionné, en bref : disponible. Plus tard, tu m’as avoué ne pas m’avoir vraiment écoutée, tu étais déjà amoureux de la douce musique de ma voix. À partir de là, nos destins étaient scellés.
Tu me manques tant !
L’appartement est vide, les plantes vertes ont été mises en pension chez nos proches et amis, les cartons de notre vie sont partis dormir dans le garage de tes parents. Ne reste plus que ce lit avec ces draps dans lesquels je m’enroule en cherchant désespérément le sommeil. Ta sœur Brunelle emportera ce que je laisserai derrière moi. Elle s’occupera de rendre les clefs. J’ai préféré passer seule cette dernière nuit dans notre nid d’amour. Nous y avons été si heureux. Dès demain matin, un linceul recouvrira ce lieu, cette adresse, nos souvenirs.
3.
Maelströms sous un crâne
Je ne dors toujours pas. J’aurais dû m’en douter. Les images de notre vie continuent de m’assaillir, comme pour me torturer, comme pour m’empêcher de partir. Elles m’accusent de vouloir t’abandonner, de vouloir balayer d’un revers de main notre couple. Telles des Érinyes, elles viennent me tourmenter, me font observer que j’ai l’oubli facile, me culpabilisent. J’avoue, elles ne sont pas loin de réussir. Je fuis. Je te laisse derrière moi. Je suis égoïste.
Je me suis longtemps interrogée. Ta famille et nos amis, quoique bienveillants et tout à leur propre chagrin, ne m’ont pas aidée, à vrai dire, pour me déterminer : deux camps qui rivalisaient d’arguments, soit pour que je renonce, soit pour que je parte. Logique. Égalité des deux côtés. Chacun me donnait un avis que je n’avais même pas sollicité, et où perçait parfois une pointe de reproche. N’étais-je pas encore trop fragile ? Il faut avoir les reins solides et le cœur bien accroché pour affronter au quotidien la misère et… la mort. Mon deuil récent me permettrait-il de résister moi-même ? Mon esprit contenait-il la sérénité et la force nécessaires à ce genre de mission ? Un jour, je restais, le lendemain je m’en allais. J’étais lasse, avec cette impression d’écartèlement, de te trahir en abandonnant notre beau projet.
Cerise sur le gâteau, comme on dit, ma volonté farouche de demeurer seule à Noël et au jour de l’An a entraîné des remous qui ont accentué le débat, aussi bien dans un sens que dans l’autre : « Tu broies du noir, ça ne va pas, Flore. Il ne faut pas rester seule dans des moments pareils. Nous sommes là pour toi. Viens à la maison, tu te sentiras mieux avec de la compagnie. » Parents et amis ne cherchaient que mon bien-être, mon bonheur malgré moi. Je leur renvoyais leur insuffisance à me consoler de mon chagrin, d’après ce que j’ai senti. Personne ne voulait me laisser vivre mon deuil comme je l’entendais. Je les fuyais tous. Et si moi j’avais envie de ne pas me mêler à tout cela ? Je n’aspirais qu’à une chose : qu’on me fiche la paix !
L’échéance se rapprochait, je serais bientôt acculée ; viendrait le moment où je devrais prendre cette sacrée décision. Au milieu des crépitements de leurs voix, j’ai encore discerné la tienne se faufiler jusqu’à mes oreilles, me rappelant à ma vocation et à notre projet. À partir de cet instant, ma résolution était arrêtée et je n’ai plus renoncé. Finis les atermoiements, les conseils des uns et des autres. Même si j’ignore toujours si ce départ a encore du sens sans toi. Ton absence a creusé un tel vide en moi ! Je t’entends déjà me reprocher de me laisser aller, de ne pas poursuivre la route que nous nous étions tracée. Tu me gronderais : « Flore, relève-toi, ne renonce pas sous prétexte que je ne peux plus t’accompagner. Réalise ce rêve pour nous deux. »
Alors je me suis redressée.
Alors j’ai promis.
Sur ta tombe, j’ai promis. Le cœur déchiré. Afin de ne pas te