Sans fards, mélanges en l honneur de Maryse Condé
200 pages
Français

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Description

Figure essentielle de la littérature francophone, Maryse Condé allie modernité et originalité d’une pensée ouverte sur le monde. Mettant à nu la vérité des imaginaires, son œuvre contribue à une compréhension approfondie des régions géographiques et humaines qu’elle explore. Fortes d’une énergie qui relie les espaces, l’écrivain, le texte et ses mythologies, les études proposées replongent le lecteur dans le bain des libertés et des confidences, de la fiction romanesque et de la mise en scène, de l’errance et de la rébellion d’une œuvre à laquelle la philosophie en action de son auteure imprime une qualité roborative. Les contributions réunies en hommage à cette œuvre protéiforme proposent de croiser les regards inédits de critiques universitaires, de personnalités des arts et des lettres, de vieux habitués de l’œuvre condéenne entre virtuosités esthétiques et conscience claire, révélant une nécessaire asymétrie du dialogue. Ces Mélanges offerts à une Guadeloupéenne de renom manifestent avec évidence toutes les potentialités des divers horizons de la lecture et du sens inépuisable de l’œuvre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 janvier 2019
Nombre de lectures 14
EAN13 9791095177036
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sans fards, mélanges en l’honneur de Maryse Condé
Sous la direction de LAURA CARVIGAN-CASSIN


| Collection Écrivains de la Caraïbe |
PHOTOGRAPHIE DE COUVERTURE « La Liseuse au masque bambara » est une œuvre sculpturale réalisée en 2011 par l’artiste-plasticien Richard-Viktor Sainsily Cayol, à la demande du maire de la Désirade, et inaugurée lors de la nouvelle nomination du collège Maryse Condé, afin de mettre en valeur l’œuvre littéraire de Maryse Condé par le truchement du symbole exprimé par une fillette à la lecture. Conçue en aluminium ou « fer blanc », cette œuvre offre un clin d’œil aux arts dits premiers. La référence à la statuaire africaine est soulignée par la tête de la fillette et le visage n’est autre qu’une inspiration de masque bambara du Mali.
Le Conseil régional de la Guadeloupe, en partenariat avec l’Association des Écrivains de la Caraïbe, rend hommage à une illustre figure de la Guadeloupe, Maryse Condé. Maryse Condé, sans fards
Ils découvrirent ensuite la mer et le sable.
Quelle merveille que cette tiédeur qui coulait fluide
entre leurs doigts potelés aux ongles roses
comme des coquillages.

Maryse Condé
Préface
Lyonel TROUILLOT
Président de l’Association des Écrivains de la Caraïbe
Il arrive qu’à force d’œuvre des individus deviennent eux-mêmes éléments d’un patrimoine symbolique, partie concrète d’enjeux littéraires, humains, sociaux. Le piège alors tendu aux lecteurs, porteurs eux-mêmes de ces enjeux, c’est de tenter une lecture de la vie et de l’œuvre de ces individus pour référencer leurs propres propos, au risque de vider œuvres et parcours de leurs contradictions, de leur singularité et de la part d’indicible qui vit dans tout trajet humain.
Cet ouvrage a le mérite de ne pas se présenter comme un résumé ou une récupération idéologique de la vie d’une femme et surtout d’une œuvre littéraire que nulle interprétation finaliste ne peut emprisonner et qui offre à chaque lecteur, à chaque lectrice, suffisamment de formes et de sens pour que chacun, chacune, la fragmente sans en faire une lecture totalisante, n’en saisisse que tel ou tel aspect.
L’œuvre de Maryse Condé nous offre ce bonheur de l’inépuisable qui fait les grandes œuvres. Qu’on veuille la saisir du lieu de l’errance ou de l’ancrage, d’un territoire (la Caraïbe), de la difficile, mais souveraine expression et quête d’une subjectivité féminine toujours en contexte, elle se plaît à nous déborder. En dernière instance, c’est toujours elle qui nous convoque, et non l’inverse.
L’association des écrivains de la Caraïbe est heureuse d’avoir contribué à la publication de ces Mélanges en l’honneur de Maryse Condé, coordonnés par Laura Carvigan-Cassin. La cohabitation entre le témoignage et l’analyse lie l’œuvre et la vie de son auteur(e) sans les confondre, ne niant pas les incidences de l’une sur l’autre sans tomber pour autant dans le piège du biographisme.
Il est nécessaire d’intégrer ce type d’ouvrage collectif dans une politique de valorisation et d’exploration du patrimoine symbolique de la Caraïbe. Patrimoine dans lequel, sans minimiser la force d’autres formes d’expression, l’écriture littéraire tient une place à part. Le travail de l’œuvre, le processus de son élaboration, sa part de solitude et de solidarité, comme un voyage à l’intérieur de nous-mêmes. Une urgence, ce travail d’appropriation et de reconnaissance. N’est pas Maryse Condé qui veut. Nécessaire de le rappeler. Non pour souligner l’exception ni l’impossibilité. Mais, au contraire, pour raviver le souffle de la forge auprès de ceux, ici particulièrement auprès de celles qui entrent en écriture. Que ce livre soit, avec d’autres qui viendront sur d’autres auteurs, d’autres œuvres, d’autres parcours majeurs, comme un cadeau à la jeunesse. Un cadeau qui pose en même temps les termes d’un défi. Donner voix à nos voix dans la singularité d’un chemin et d’une expression. Merci à toi, Maryse.
Prolégomènes
Introduction à l’œuvre-monde de Maryse Condé
Laura CARVIGAN-CASSIN
Vice-Présidente de l’Association des Écrivains de la Caraïbe, Maître de conférences, Université des Antilles
Les décennies d’écriture de Maryse Condé qui réfléchissent sa conscience identitaire sont marquées par une esthétique changeante au cours du temps, modelée par des expériences, des voyages et par l’actualité, l’irruption de l’histoire et des luttes politiques dans sa vie. Les premiers romans, qui l’ont rendue célèbre, se distinguent par un sentiment de solitude dans la quête des origines, mais aussi par la richesse, la multiplicité à travers la diversité des espaces et des lieux, la prolifération des personnages et la relativité de l’univers romanesque renforcée par une énonciation volontairement distanciée grâce aux interrogations, à l’ironie et à la structure polyphonique narrative.
Maryse Condé, une originale, une inconvenante, une contestataire qui se méfie des doctrines, des implications idéologiques, des réflexions initiées par son temps sur la négritude, la créolité [1] et le féminisme ne résiste pas aux attraits de l’errance, de l’insolence et de la démythification. Ségou est une anti-épopée et Tituba, une anti-héroïne. Thécla et Rosélie s’affirment comme des symboles cannibales [2] , Célanire se présente comme une héroïne fantastique transgressive et Toussaint Louverture apparaît comme un bâtisseur démythifié. Chacun des personnages semble relever d’une équation idiosyncrasique posée par une romancière tellement anticonformiste, provocatrice que la rébellion et la transgression semblent des caractéristiques de son œuvre subversive complexe.
Héros « romantiques » selon Régis Antoine parce qu’ils « sont plongés dans l’idéalisme ou la désillusion », qu’ils ont « soif d’action politique ou sociale », les personnages de Maryse Condé explorent un romantisme de la désillusion [3] . Même lorsque la romancière narre les contes vrais de son enfance, elle resitue l’esprit critique insoumis de « l’incarnation de l’intelligence couplée avec la méchanceté » [4] , qui puise sa force chez une mère pieuse, fière et digne « capable de tuer avec l’arme blanche de ses mots » [5] , modèle récusé qu’elle se plaira d’ailleurs durant l’adolescence à lacérer de ses « coups de langue » [6] et un grand frère rebelle, féru d’avant-gardes, « recours habituel » [7] reconnu en raison de sa sagacité, également adoré et mort trop tôt [8] .
Le ton inimitable qui est le sien semble tenir à ce qu’elle a eu le culot de créer des personnages qui « tendent un miroir à notre époque comme faisait le Clamence de Camus dans La Chute. Nul ne peut faire comme s’il ne savait pas de quoi ils parlent » [9] . Partageant les « foyers » d’intérêt du texte » [10] , au lecteur d’interpréter ce qui relève de la cruauté, du cri de détresse, de la bassesse sans réticence et de savoir remonter aux causes sociologiques de la rupture du lien social qui a produit des êtres aussi complexes, hétérogènes, composés de tous les contraires volontairement brouillés, lesquels ne sont pas autres que le lecteur justement. Leur révolte se signale par un dramatique approfondissement, une « surfonctionnalité » narrative » [11] ; le héros constitue « le tenant et l’aboutissement de toutes les crises et transformations du récit » [12] .
Les œuvres de Maryse Condé peuvent prendre la forme de la fiction (16 romans), du théâtre (8 pièces), du récit autobiographique (4) ou du récit de jeunesse. S’attachant à une reconstitution contrôlée du passé, elles peuvent théâtraliser la geste épique des combattants de la liberté, se nourrir d’une enfance au sein de la classe des grands Nègres afin de peindre la complexité des relations familiales, épier les lieux et les nuances de l’aliénation relevés lors des voyages effectués depuis le plus jeune âge à Paris, à Marie-Galante ou ailleurs afin de tenter de comprendre les réactions face à l’oppression des langues ou des cultures.
Rejetant une conception impér

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