L'Inconnu de la Saint Blaise , livre ebook
272
pages
Français
Ebooks
Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus
Découvre YouScribe et accède à tout notre catalogue !
Découvre YouScribe et accède à tout notre catalogue !
272
pages
Français
Ebooks
Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus
Le conseil municipal
Trèves (Gard) – vendredi 1er février 1884 – soirée.
« PUISQUE NOUS SOMMES AU COMPLET, le premier conseil municipal de l’an de grâce 1884 peut être ouvert. Qu’on se le dise ! »
Depuis les dernières élections municipales et son accession au pouvoir suprême local, il prenait de grands airs. Toutes les assemblées débutaient et étaient clôturées par des phrases pompeuses, alambiquées, d’un autre âge.
« Mais il manque Pierre, de la Mouline. »
C’était le premier adjoint, Hubert Biou, qui venait de prendre la parole, sans qu’on la lui donne. Bien qu’en accord avec Léonard, sur le fond, il ne manquait pas de faire remarquer ses différences sur la forme. Brave homme trapu, au regard clair de ceux qui ont une vision saine et honnête des choses, il n’avait jamais voulu se présenter à la fonction de maire. Malgré ses trois mandats successifs dans l’ombre immédiate du maire précédent, il avait refusé la place d’honneur que les autres conseillers lui proposaient. Il ne se sentait pas capable d’exercer cette tâche alors qu’il connaissait mieux que personne tous les dossiers depuis près de vingt ans. Issu d’une très vieille famille trévezaise2, la modestie de celui que tous appelaient affectueusement « Bébert » était très appréciée sur les bords du Trévezel3.
Beaucoup d’habitants préféraient parler de leurs affaires avec lui plutôt qu’avec Léonard, jugé plus austère et beaucoup moins réceptif ou accessible à leurs préoccupations.
« Il s’est fait excuser, il a une vache qui a quelques problèmes de vêlage et il a préféré ne pas la laisser seule pour l’instant. »
Celui qui venait d’intervenir n’était autre que l’instituteur, Mathieu Reboul, dont c’était la première affectation.
Il n’était pas conseiller municipal mais assurait, comme bon nombre de ses collègues, le secrétariat de la mairie et la rédaction des comptes rendus des séances du conseil municipal. Cela lui permettait d’augmenter ses appointements.
Dès que les élèves avaient quitté leurs bancs, en fin d’après-midi, les dix élus de la commune prenaient leur place. Cela permettait de profiter de la chaleur du poêle entretenu toute la journée par les enfants.