Entre le risque et le rêve : Une brève histoire des Éditions David
129 pages
Français

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Entre le risque et le rêve : Une brève histoire des Éditions David , livre ebook

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Description

Yvon Malette choisit ici d’évoquer quelques souvenirs, non pas pour passer à la postérité, ni par nostalgie, mais bien pour faire revivre des époques, celle de son enfance dans un village franco-ontarien, puis celle de sa maturité dans la région d’Ottawa, un parcours mouvementé qui l’a mené à réaliser un rêve un peu fou, risqué à maints égards, soit la fondation d’une maison d’édition en milieu minoritaire.
Ces deux histoires contiguës, celle de l’auteur et celle des Éditions David, illustrent à merveille cette volonté qui l’a toujours animé, soit de « vivre debout », selon la belle expression de Gilles Vigneault, et de continuer d’affirmer coûte que coûte son identité linguistique et culturelle.
Entre le risque et le rêve. Une brève histoire des Éditions David, un livre nécessaire qui retrace le parcours d’un Franco-Ontarien fier, frondeur à l’occasion, mais surtout soucieux de réaliser ses rêves malgré les risques et les qu’en dira-t-on.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 août 2018
Nombre de lectures 1
EAN13 9782895976844
Langue Français
Poids de l'ouvrage 7 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Yvon Malette
Entre le risque et le rêve
UNE BRÈVE HISTOIRE DES ÉDITIONS DAVID
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada

Malette, Yvon, 1943-, auteur Entre le risque et le rêve : une brève histoire des Éditions David / Yvon Mallette.
Publié aussi en formats électroniques. ISBN 978-2-89597-655-4 (couverture souple). — ISBN 978-2-89597-683-7 (PDF). — ISBN 978-2-89597-684-4 (EPUB)
1. Malette, Yvon, 1943-. 2. Éditions David — Histoire. 3. Éditeurs — Ontario — Ottawa — Histoire. I. Titre.
Z483.E35M35 2018 070.509713’84 C2018-903188-3 C2018-903189-1

Les Éditions David remercient le Conseil des arts du Canada, le Bureau des arts francophones du Conseil des arts de l’Ontario, la Ville d’Ottawa et le gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada.

Les Éditions David 335-B, rue Cumberland, Ottawa (Ontario) K1N 7J3 Téléphone : 613-695-3339 | Télécopieur : 613-695-3334 info@editionsdavid.com | www.editionsdavid.com

Tous droits réservés. Imprimé au Canada. Dépôt légal (Québec et Ottawa), 3 e trimestre 2018
A VERTISSEMENT
Selon les circonstances que le lecteur pourra apprécier, j’ai parfois préféré taire le nom des gens rencontrés au hasard des rues et des souvenirs évoqués ou mentionner uniquement le prénom suivi de la première lettre du nom de famille.
À Kathy, pour son écoute et sa patience. Aux enfants et aux petits-enfants, pour croire au rêve. À mes parents et à tous les « modèles accessibles » qui ne sauront jamais ce que ce livre leur doit.
Sans le passé, qui sommes-nous ? Des plantes coupées, moitié vivantes.
Gabrielle R OY
Quand on refuse de revenir sur le passé, C’est le passé qui revient sur nous.
Georges B ERNANOS
Vivre debout.
Gilles V IGNEAULT
A VANT-PROPOS
C ONVAINCU , avec raison, que personne n’écrira ma biographie, j’entreprends ici d’évoquer quelques souvenirs. Pour m’assurer de passer à la postérité ? Nullement. Et ce n’est pas non plus par nostalgie ni pour régler des comptes bien que certains propos, parfois plutôt sévères, puissent suggérer le contraire. Pourquoi alors rappeler le passé ?
Tout en ressentant le besoin de tracer l’histoire des Éditions David, fondées davantage sur un coup de tête que par conviction, je constate combien le risque et le rêve, souvent entrelacés, m’ont incité, tout au long de ma vie, à privilégier tel ou tel choix. Tantôt pour contrer une prise de décision douteuse, sinon carrément injuste. Mieux, pour revendiquer des changements, quitte parfois à mettre sur pied les outils afin de corriger la situation. Mieux encore, pour réaliser un projet qui, de prime abord, aurait pu être perçu trop audacieux, téméraire même.
Je traîne depuis très longtemps des souvenirs, apparemment accrochés à rien puis, en les repensant, je me surprends à trouver une ligne directrice. Et ainsi, au fil des années, davantage en vieillissant, on repasse et repense toute une vie.
Au lieu de ranger ces souvenirs dans des tiroirs distincts ou, pour mieux dire, de les regrouper par thèmes, je choisis délibérément de les laisser parler au hasard des rues. Au lieu de décortiquer un thème, l’un à la suite de l’autre, je laisse plutôt la parole à des bouts de souvenirs qui trouvent, des années ou des décennies plus tard, un écho. Pour rendre ainsi le récit plus présent, plus vivant, comme si les souvenirs cherchaient des lendemains, des réponses. Pour le rendre moins savant, surtout plus humain.
On découvre alors leur importance. On s’étonne de constater à quel point ils nous permettent de reconnaître un élément déterminant de notre identité, puis un autre, selon le temps et les lieux habités. Au fil des ans, ces identités s’entrecroisent et s’additionnent un peu à notre insu, nous permettant de mieux nous connaître, de mieux vivre le présent.
Donner la parole aux souvenirs, c’est accepter l’obligation de relever un grand défi : laisser la voie à la lucidité, sans détours et sans fard, à l’honnêteté aussi, pleine et entière, sans le moindre compromis. En même temps, cette honnêteté sera mise à rude épreuve, car le souvenir, quel qu’il soit, est vu à partir du moment présent, soit vingt, trente ou soixante ans plus tard. Le souvenir est donc forcément perçu sous la lorgnette d’aujourd’hui. Comment alors demeurer fidèle à la réalité d’autrefois, ne pas déformer le souvenir ? L’exercice de se raconter, ne serait-ce que par quelques souvenirs, n’est-il pas forcément une certaine forme de mensonge ?
Le défi est certes très grand ; les risques, nombreux. Qui dit risque dit aussi danger mais, entre nous, le danger le plus grand est de se taire, de ne pas reconnaître, comprendre et accepter pleinement ces moments d’identité qui, réunis, expriment aussi clairement et lucidement que possible l’être que l’on devient, que je suis devenu.
Aujourd’hui, je me demande pourquoi j’ai tant attendu pour plonger dans le passé, pour creuser la mémoire, alors que je ressentais, depuis des années, le besoin, même une certaine urgence, de jeter sur papier tous ces souvenirs. D’autant plus que des collègues et amis m’incitaient à le faire. Dans un livre-souvenir que les Éditions David m’ont offert le 17 octobre 2015 en guise de témoignage de gratitude, Robert Major, parmi d’autres, souhaitait que je raconte mes souvenirs, l’histoire en somme d’une vie. Aujourd’hui, je lui redis mon estime et mon amitié : il aura été l’élément déclencheur.
Voici, sans vouloir abuser de la patience du lecteur, l’histoire d’une vie, différente de et semblable à bien des égards, à celle de bien d’autres. La vie est un chemin, selon l’adage, mais les rues et les croisements ne portent pas toujours les mêmes noms. À chacun, son parcours, son identité. À chacun également, ses risques et ses rêves.
P RÉAMBULE
L ES SOUVENIRS , pour aussi personnels qu’ils soient, prennent souvent leur origine dans une mémoire collective dont les contours, malgré la distance dans le temps, laissent parfois une marque profonde sur des événements vécus quarante, cinquante ou soixante ans plus tôt. Bien qu’il en soit question, du moins quelques fois, dans la première partie, « Le hasard des rues », il m’a paru souhaitable d’évoquer, dans un court texte, la conjoncture sociale et religieuse des années 1950. Ce préambule, qui trace un portrait sommaire des villages francophones de l’Est ontarien au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, jette un éclairage sur certains faits, décisions ou propos qui ponctuent le récit et qui, de prime abord, peuvent surprendre, même faire sourciller le lecteur non averti.
Ces villages partageaient alors les mêmes référents identitaires : la langue française, la religion catholique, la fierté d’être Canadien français. Que nombre d’entre eux se retrouvent, par ailleurs, à proximité de la rivière Nation étonne peu puisque Mgr Guigues, évêque du diocèse de Bytown (ancien nom d’Ottawa) de 1847 à 1874, et Mgr Duhamel, son successeur de 1874 à 1909, avaient pris soin d’installer les colons québécois, venus en majorité des comtés de Vaudreuil, de Soulange et des Deux-Montagnes, à proximité de la rivière dans les Comtés unis de Prescott Russell, et les Irlandais, plus au nord dans les terres, devenues les Comtés de Stormont, Dundas & Glengarry.
Lefaivre, où j’ai été baptisé en 1943, Casselman, où j’ai vécu une partie de mon enfance, et tous ces villages de l’Est ontarien, Saint-Isidore, Saint-Albert, Limoges, Embrun, Bourget, Fournier, pour n’en mentionner que quelques-uns, représentaient une même dynamique communautaire dépendante de l’autorité de l’Église. Cette dernière, comme institution, y contrôlait la gouvernance religieuse et sociale en fondant son autorité sur trois piliers : la paroisse, l’école et la famille.
La paroisse
Convaincue de sa mission providentielle, l’Église, alors toute puissante, n’hésite pas à imposer ses valeurs morales et religieuses dans chacune des paroisses. Un moyen, certes efficace, est de regrouper et d’encadrer la majorité des paroissiens, du berceau jusqu’au tombeau, dans divers organismes. Nombreux, bien structurés et ayant à leur tête un aumônier responsable de veiller au bon grain, ces divers organismes accentuent le sens d’appartenance à la paroisse tout en rappelant, au quotidien, l’importance de la religion et des valeurs morales. Pensons, entre autres, aux Enfants de chœur, aux Enfants de Marie, à la Ligue du Sacré-Cœur, aux Dames de Sainte-Anne, aux membres du Tiers-Ordre et aux cercles Lacordaire et Sainte-Jeanne-d’Arc. Leurs activités visaient à imprégner chez leurs membres un profond respect de la religion et de l’Église, à leur rappeler également l’importance, voire la nécessité, de toujours se comporter conformément à l’enseignement appris dans le petit catéchisme. Plusieurs de ces organismes participaient, en outre, à la promotion de la vie religieuse à l’occasion de nombreuses cérémonies, notamment la Saint-Jean-Baptiste, la Fête-Dieu, les Quarante Heures, la retraite annuelle, les Heures saintes, le Carême, la Semaine sainte et la cérémonie au cimetière.
Le défilé de la Saint-Jean-Baptiste est devenu dans les années 1950 une source de fierté pour les paroissiens des villages francophones de l’Est ontarien. C’était l’occasion de célébrer le patron des Canadiens français, saint Jean-Baptiste. Comme il s’agissait d’un défilé régional, chaque paroisse fournissait un char allégorique de sorte que la fête du 24 juin devenait une occasion de rencontre prisée par tous les gens des villages environnants. Commencé d’abord à Embrun en 1955, le défilé eut lieu par la suite à Casselman (1956), Crysler (1957), Saint-Isidore (1958), Saint-Albert (1959), Moose Creek (1960), Marionville (1961), Limoges (1962), puis de nouveau à Embrun (1963), Casselman (1964) et Saint-Isidore (1965). Dans tous les défilés, il y avait un char allégorique représentant chacune des paroisses et celui, certes le plus important, organisé par la paroisse hôtesse où on pouvait voir un saint Jean-Baptiste enfant, préférablement la tête blonde et les cheveux fr

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