La lecture à portée de main
28
pages
Français
Ebooks
Écrit par
Ligaran Théodore De Banville
Publié par
Ligaran
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EAN : 9782335064841
©Ligaran 2015
NOTE DE L’ÉDITEUR
Saynètes et monologues , édité par Tresse de 1877 à 1882, regroupe six volumes de textes courts en vogue dans le Paris des cercles littéraires d’avant-garde comme dans les soirées mondaines. Un répertoire de dialogues, monologues, saynètes, comédies et opérettes portés à un art véritable dont la modernité apparaît avec évidence et dans lequel se côtoient Charles Cros, Paul Arène, Nina de Villard, Charles de Sivry, Théodore de Banville, Eugène Labiche, Charles Monselet ou encore Villiers de L’Isle Adam.
Le présent ouvrage a été sélectionné parmi les textes publiés dans Saynètes et monologues que nous avons choisi de vous faire connaître. De nombreux autres titres rassemblés dans nos collections d’ebooks, extraits de ces volumes sont également disponibles sur les librairies en ligne.
La perle
Comédie en un acte, en vers par M. Théodore de Banville.
Le théâtre représente une chambre carrée, recevant le jour par le reflet de la cour ensoleillée. – Au fond, une porte ornée de deux colonnettes, sur laquelle tombe une tapisserie à personnages. – À droite et à gauche, des baies fermées par des nattes peintes de couleurs variées. – Les parois de la chambre, de couleur lilas tendre, sont divisées en panneaux par des colonnettes très riches, peintes sur le mur. – Dans les panneaux, des ornements, des gerbes de fleurs, des figures d’oiseaux, des damiers de couleurs contrastées, des scènes de la vie intime, coupées de bandes verticales peintes en blanc et couvertes d’hiéroglyphes de toutes couleurs. – Dans un coin, à droite, un petit dieu de bronze sur un piédestal de granit rouge, devant lequel est placé un grand vase d’argile peinte, porté sur un trépied de bois, et rempli de fleurs de lotus. – Fauteuil en bois doré, rechampi de rouge, aux pieds bleus, aux bras figurés par des lions, recouvert d’un épais coussin à fond pourpre et quadrillé de noir, dont le bout déborde en volute par-dessus le dossier. – Tabouret de cèdre, à pieds d’animaux peints en bleu. – Au fond, à gauche, sur une table de bronze à trois pieds, un lechytos de verre phénicien, et une large coupe d’or.
Personnages
Cléopâtre.
Antoine.
Charmion.
La scène est à Alexandrie, dans le palais des Ptolémées, en l’an 40 avant Jésus-Christ .
Scène première
Cléopâtre, Charmion.
CHARMION
Oui, ma reine, un courrier venu de Sicyone
Cause là-bas avec le noble empereur.
CLÉOPATRE, irritée et inquiète.
Donne-
Moi le coup de la mort. – Oui, je sens le danger ;
C’est le malheur qui vient avec ce messager.
Mais Antoine, dis-moi, quelle est son attitude ?
CHARMION
Il semblait frémissant et plein d’inquiétude.
CLÉOPATRE
Hélas ! – Rappelle-toi bien tout, ma Charmion.
CHARMION
Un éclair flamboyait dans ses yeux de lion, –
CLÉOPATRE
Il est proche, l’instant fatal que je redoute !
CHARMION
Et le sang furieux gonflait sa lèvre.
CLÉOPATRE
Écoute,
Va le trouver. S’il est en proie à son ennui,
Si tu vois sur son front la tristesse, dis-lui
Que je danse ; mais s’il est gai, dis-lui bien vite
Que je meurs.
CHARMION
Vous cherchez les maux que nul n’évite.
Pourquoi le tourmenter ainsi ?
CLÉOPATRE
Va, je sais bien
Ce qu’est leur faible amour, et tu n’y comprends rien.
CHARMION
Antoine vient.
CLÉOPATRE
Je vais donc voir s’il me résiste,
Lui !
Scène II
Cléopâtre, Charmion, Antoine.
ANTOINE
Ma reine…
CLÉOPATRE
Seigneur, je suis malade et triste.
ANTOINE
J’ai pris avec douleur la résolution
De partir. Le devoir commande.
CLÉOPATRE
Charmion,
Aide-moi, je te prie, à sortir. Je succombe.
ANTOINE
Quoi ! ma reine, des pleurs dans ces yeux de colombe !
Ah ! laisse-moi calmer la peine et ton effroi.
Donne-moi cette main.
CLÉOPATRE, languissante.
Non, reste loin de moi.
ANTOINE
Qu’as-tu donc ?
Charmion sort.
Scène III
Cléopâtre, Antoine.
CLÉOPATRE, fiévreusement.
Cléopâtre est-elle injuriée
Dans leurs lettres ? Que dit la femme mariée ?
Tu peux partir. Va-t’en comme un époux soumis.
Je voudrais que jamais elle ne t’eût permis
De venir. Après tout, qu’emportes-tu ? Ma vie !
Ce n’est rien. Va trouver ta Romaine.
ANTOINE, gravement.
Fulvie
Est morte.
CLÉOPATRE
Que dis-tu ? Non. Est-ce qu’elle peut
Mourir ! Si ton visage à cette heure s’émeut,
C’est pour quelque chagrin léger qu’un souffle emporte !
Pour Cléopâtre, pour un rien.
ANTOINE
Fulvie est morte.
CLÉOPATRE
Et tes yeux sont plus secs que le sable vermeil
De nos déserts, brûlé par le fauve soleil !