Ainsi va la vie
106 pages
Français

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Description

Je dois déjeuner avec mon père aujourd'hui. Cela fait un mois que je refuse de le voir et de lui parler.David m'a convaincue, et il n'y a rien que je ne ferais pour lui. Depuis cette fameuse nuit, nous avons commencé à nous voir. Je crois qu'il a vaincu ses peurs. À vrai dire, je ne sais pas de quoi il avait peur au juste. Et cette grande tristesse qui nourrissait son regard semble avoir presque totalement disparu.

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2018
Nombre de lectures 6 680
EAN13 9782372231022
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

MAÏMOUNAKONÉ
Ainsi va la vie…
CIV 3102
Ainsi va la vie…
La nuit est très avancée. Tout est si calme dehors que le moindre petit bruit se perçoit facilement. Depuis ma chambre, j’entends les voix de papa et maman s’élever dans la pénombre. – Tu devrais avoir honte de te com-porter ainsi devant tes propres enfants, hurle maman. Je n’ai aucune envie de me disputer avec toi ce soir. J’ai eu une journée difïcile de travail et tout ce que je veux à présent, c’est dormir. Tu vas m’écouter, que tu le veuilles ou non ! Mais qu’est-ce qui t’arrive à la ïn ? – Il m’arrive que j’en ai marre que tu me prennes pour une idiote. Tu as vu l’heure ? Comment veux-tu que je sois pressé de rentrer à la maison quand mon épouse s’est transformée en furie ? Le silence s’installe un court instant et maman reprend avec force : « Et bien, tu vas voir à
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quoi ça ressemble, une vraie furie. » Puis un bruit assourdissant de verres entrechoqués perce la quiétude de la nuit. C’est tout maman ça ; elle a encore pété un vase dans un accès de colère. Bientôt, il ne restera plus rien de sa collection.
La porte de ma chambre s’ouvre brusquement et je sursaute. Ce sont Nael et Rayan, mes petits frères. Les pauvres ont les yeux tout rouges et les visages tristes. Je leur fais signe de me rejoindre dans mon lit. Ils viennent se blottir contre moi et dans le silence, nous continuons d’écouter papa et maman se disputer et surtout maman casser des vases. Le dernier bruit est si fort que Rayan, notre cadet, me demande, les yeux grand ouverts, manquant même de me faire éclater de rire :
Tu crois que maman a tué papa ? – Elle l’aurait fait depuis si elle le voulait, renchérit Nael. Vous allez arrêter un peu, vous deux, avec vos idées sordides ? Personne ne tuera
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personne. Faites comme si vous n’entendiez rien et essayez de vous rendormir. Demain il y a école, je vous le signale. – Comment fais-tu pour rester aussi calme, Emma ? – Parce que dans une famille, après les parents, c’est aux aînés de prendre soin des plus petits et de les rassurer quand ils sont inquiets. – Nous, on ne va jamais se détester comme ça, n’est-ce pas ? – Bien sûr que non. Et puis, ils ne se détestent pas, ils traversent juste un moment difïcile. Vous voulez dormir avec moi cette nuit ? Oui, s’il te plaît. Moi, je fais des cau-chemars rien que d’entendre papa et maman se crier dessus comme ça, dit Rayan. – Ok, allez, installez-vous et tachez de vous rendormir très vite, sinon je vous expédie.
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Mes frères dorment depuis une petite heure déjà. La maisonnée est enïn plongée dans le calme. Un calme qui se veut apaisant. Pour-tant, je ne trouve pas le sommeil. Mon regard s’attarde sur une photo de mariage de mes parents posée sur le chevet de mon lit. Ils avaient l’air si heureux. Que leur arrive-t-il donc ? Les adultes sont déïnitivement bien compliqués.
Au petit matin, nous sommes prêts pour l’école. Ni papa, ni maman ne semble disposé à nous y emmener. D’ailleurs, la voiture de papa n’est pas là. Il semble qu’il n’a pas passé la nuit à la maison. Quant à maman, elle est affalée dans le divan, les yeux enés et la tête atta-chée dans un foulard comme une veuve en détresse. Je suis triste de la voir dans cet état. Je n’ai pas envie de la déranger. J’ai encore un peu d’argent de poche et j’emmène mes frères à l’école en taxi.
Je suis bien contente d’être à l’école. Je res-sens ce grand soulagement à être loin de la maison, depuis les mois que dure cette situa-
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tion invivable entre mes deux parents. Une fois en classe, je retrouve Lena, mon amie et voisine d’école.
– Tu en fais une tête, Emma ! Que se passe-t-il ? me demande-t-elle. Ah, Lena, tu sais que chez moi, c’est pire qu’un champ de bataille en ce moment. Et crois-moi, on ne sait jamais à quel moment ça peut éclater. En plein jour, au milieu de la nuit ou même au petit matin, répondis-je dans un soupir. C’est encore tes parents ? – Oui ! Tu crois qu’ils vont divorcer ? – Lena, ne dit pas de telles choses. Enïn, Dieu nous en garde. Excuse-moi. C’est que tout ça commence à devenir inquiétant. Et tu l’as dit toi-même, ils ne sont jamais arrivés à cette extrême-là. – Oui, mais pas au point de divorcer quand même je n’ose même pas y penser. Ce serait vraiment la cata.
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Et toi, ça va ? Tu es toute pale. À vrai dire, je ne me sens pas très bien et je pensais justement faire un tour à l’inïr-merie à la recréation. Tu m’accompagnes ? – Oui, bien sûr.
On est dimanche aujourd’hui et c’est l’anni-versaire de mariage de papa et maman. Cela fait plusieurs jours que nous ne les avons pas entendu se chamailler et nous gardons bon espoir que les choses s’arrangent. Mes frères et moi leur avons préparés une surprise. Nous espérons tant passer une belle soirée, comme autrefois, quand nous étions encore une fa-mille normale. Si seulement ils pouvaient se réconcilier à la suite de celle-ci. Il est dix-huit heures, ils ne vont pas tarder à rentrer. Je leur ai laissé un message chacun, où je leur ai fait croire à une urgence à la maison. La femme de ménage et moi nous occupons des derniers détails à la cuisine. Le gâteau est presque prêt. Comme il sent bon ! Dire que j’ai fait la tête à maman quand elle m’a inscrite à ce cours de pâtisserie les vacances
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