"Où que tu fuies..." , livre ebook

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Sans le savoir et sans jamais se rencontrer, Thomas, le chauffeur, et Bruno, l’avocat, s’attaquent en même temps au même homme : Paul, un puissant financier. Mais rien ne se déroulera comme prévu. Comme le dit l’un des personnages : « On essaye de tout anticiper, de tout planifier. On veut que les choses se déroulent selon nos désirs et notre volonté. Et c’est l’imprévisible qui survient et bouleverse nos beaux schémas ». La manipulation, l’obsession de l’argent et du pouvoir, les meurtrissures de l’enfance sont quelques-uns des thèmes au cœur de ce roman.
Après des études de droit et de sociologie politique, Luc Guillemard a occupé des fonctions de cadre dirigeant dans le secteur bancaire. Passionné de cinéma et de voyages, il se consacre désormais à l’écriture. Son premier roman, « Le chaos et les étoiles », a été publié en 2018 aux éditions Martin Guidel.
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Publié par

Date de parution

26 août 2019

Nombre de lectures

16

EAN13

9782379790546

Langue

Français

Luc Guillemard
“Où que tu fuies...”
ISBN 9782379790546
© Luc Guillemard, Éditions Martin Guidel
Juillet 2019
Couverture : Emmanuelle Guillemard


Du même auteur
Le chaos et les étoiles
Éditions Martin Guidel (2018)


À Marie Paule et à nos enfants
« Nous sommes dans la main de la destinée comme un oiseau dans la main d’un homme. Tantôt elle nous oublie, elle regarde ailleurs, nous respirons. Et soudain, elle se souvient de nous et elle serre un peu, elle nous étouffe » .
Henri de Montherlant « La Reine morte », Acte I, scène IV


Prologue
Plusieurs mois auparavant. Une petite rue déserte. À six heures trente du matin, les employés qui travaillent dans ce quartier d’affaires ne sont pas encore arrivés. Un léger brouillard enveloppe les hautes tours. La foule qui va se ruer d’ici une heure serait étonnée par le silence et l’atmosphère irréelle qui règnent à cet instant.
Bruno Lanz aperçoit la « Bentley » noire. Il a garé sa voiture deux rues plus loin et a continué à pied, suivant les consignes qui lui ont été communiquées. Un garde du corps lui fait signe d’approcher. De taille moyenne, les cheveux coiffés vers l’arrière, le regard bleu clair, le jeune avocat s’avance d’un pas qu’il souhaite assur é.
Luis Sorin est assis seul à l’arrière. Il est habillé avec une rare élégance. Son costume ne peut venir que de « Saville row » pense Bruno.
– Venez-vous asseoir à mes côtés. Voyez-vous, Monsieur Lanz, je crois à ce vieux dicton qui dit que la vie appartient à ceux qui se lèvent tôt… J’ai pour habitude de rencontrer au moins une fois tous ceux qui peuvent être appelés à travailler pour moi. Je ne me fie qu’à mon instinct pour juger un homme.
Malgré sa petite taille, l’homme en impose. Il s’exprime à voix basse, en détachant chaque syllabe. Un léger accent trahit son origine étrangère.
– Je suis très honoré de faire votre connaissance, Monsieur Sorin, déclare Bruno avec déférence. Je souhaite sincèrement travailler pour vous. Je suis convaincu que l’affaire qui vous intéresse présente des opportunités exceptionnelles…
Sorin ne répond pas. Il continue à scruter son interlocuteur de son regard vif et perçant durant un long instant. Il entend en toutes circonstances rester le maître du jeu, personne ne devant avoir de doute là-dessus.
Bruno l’a compris dès la première seconde. Il se sent soupesé comme une vulgaire marchandise. Il ne représente rien face à cet homme que l’on dit immensément riche. À la faveur d’un changement de régime politique radical dans son pays, Sorin a construit un empire industriel, qui figure aux premières places mondiales dans les secteurs de l’énergie, des transports et de l’armement. Les journalistes du monde entier fantasment sur ses agissements, mais peu l’ont rencontré. Aucune photo récente de lui ne circule. Le mystère étant entretenu avec soin.
– Je vais droit au but. J’attends de vous que vous tissiez une toile épaisse autour des Darcos, reprend le milliardaire. Ainsi qu’une araignée besogneuse et résolue, vous allez prendre dans vos filets les membres les plus influents de cette famille. Certains seront appelés à disparaître, d’une manière ou d’une autre. D’autres se croiront vos alliés, alors qu’ils ne seront que des marionnettes entre vos mains. Ne vous encombrez d’aucun état d’âme, d’aucun affect. Eux aussi savent éliminer lorsque c’est indispensable. Pour protéger et développer leurs acquis, ils sont prêts à tout. N’ayez aucune illusion sur ce point. « La soif de dominer est celle qui s’éteint la dernière dans le cœur de l’homme » a écrit Machiavel. Un bon conseil, Monsieur Lanz : lisez ou relisez « Le Prince »…
Sorin s’arrête. Bruno ne réalise pas immédiatement que sa main gauche fixe l’attention de son interlocuteur : animés de légers soubresauts, ses doigts viennent tapoter à tour de rôle sa jambe. Malgré ses efforts pour afficher une posture maîtrisée, le jeune avocat n’est pas parvenu à masquer son état de fébrilité intérieure : ses mains l’ont trahi. Le potentat reprend son monologue, en homme habitué à imposer ses règles, ses choix et ses décisions sans jamais rencontrer d’opposition :
– La partie qui va commencer sera impitoyable. Une sorte de jeu d’échecs aux règles changeantes et imprévisibles. Oubliez tout scrupule, car en face de vous ils n’en auront aucun. Les seuls moyens d’agir sont la force et la ruse. Ce que l’on appelle « valeurs morales » ne sont presque toujours que des habillages pour contenir et faire plier les plus faibles, les dominés. Ce qui compte pour un dominant c’est d’atteindre le but fixé. De mettre toute son ardeur à surmonter les aléas et de parvenir à ses fins. Peu importe les sorties de route ou les déviations. Maintenez le cap. Ne déviez jamais de votre objectif. Il n’y a pas d’autre façon de gagner la partie… Je n’ai pas besoin de vous préciser qu’une discrétion absolue s’impose à tous ceux qui se mettent à mon service. Vous imaginez ce qui peut arriver au moindre faux pas. Une fois engagé, on ne peut plus revenir en arrière. Jamais.
– Je suis parfaitement conscient de tout cela, réplique Bruno, d’une voix tendue. Je suis déterminé. Je n’ai aucune hésitation. Je connais l’enjeu et les risques. J’irai au bout. Vous m’offrez une occasion unique de réaliser ce à quoi j’aspire depuis toujours. Je veux pénétrer dans le petit cercle de ceux qui décident pour les autres, qui ne dépendent que d’eux-mêmes, parce qu’ils disposent du pouvoir et des moyens nécessaires. Eux seuls peuvent affirmer qu’ils sont libres… Je suis né pauvre. J’ai connu la faim, les réflexions qui blessent, les regards qui humilient. Lorsque l’on s’est rendu compte que j’avais des facilités pour apprendre, on m’a attribué une bourse. Mais c’était insuffisant pour poursuivre dans le cycle supérieur. J’ai vu ma mère s’épuiser pour m’aider à payer mes études, en même temps qu’elle devait subvenir, seule, aux besoins de mon frère et de ma sœur. Elle y est parvenue avant de s’éteindre...
– Quelle était son activité ?
– Elle faisait des ménages pour des particuliers ou des entreprises… Elle a même travaillé un temps pour les Darcos. Un travail de nuit qui lui imposait de longs trajets et auquel elle a dû renoncer, au bord de l’épuisement et de la dépression… Ma mère m’a vu dans ma robe d’avocat. Cela a été sa seule victoire. Elle est partie le cœur rempli de fierté. Je ne la trahirai pas. Je ne pourrai jamais oublier son dernier regard. Il me disait : va aussi loin que possible, mon fils. Ne recule devant rien. Prends notre revanche, sois du côté des vainqueurs et non plus du côté de ceux qui subissent.
– Vous avez eu raison, monsieur Lanz, de m’avouer ce qui vous anime au fond de vos entrailles. Ce n’est pas le cœur qui vous fait gagner votre place au soleil. Ce sont vos « tripes » et votre cerveau. Je viens moi aussi d’un bas quartier. J’ai eu à m’imposer face aux caïds qui y régnaient alors. Croyez-moi, ce n’étaient pas des tendres. J’ai connu tout ce que l’homme peut imaginer en matière de trafics. Ma force a été de ne jamais sombrer dans une quelconque dépendance. Je suis toujours resté maître de moi-même. J’ai travaillé avec acharnement. La rage de vaincre ne m’a jamais quitté. Et surtout, j’ai su identifier les affaires qu’il ne fallait pas laisser passer ainsi que les hommes sur lesquels je pouvais compter. Vous ne pouvez rien faire si vous n’avez pas un esprit vif et agile et si vous ne disposez d’aucun flair. La chance n’existe que pour ceux qui savent la saisir.
Bruno ne quitte pas des yeux le petit homme. Il se sent captivé, subjugué. Il est conscient du caractère exceptionnel de cette rencontre. Il sait qu’aucune autre ne sera comparable dans sa vie. Il se doute qu’il risque de pactiser avec le Diable. Mais son enfance et sa carrière d’avocat lui ont démontré mille fois que les frontières entre le bien et le mal sont plus théoriques que tangibles. Et il a suffisamment lu pour savoir que les vérités et les valeurs d’un moment peuvent être combattues et condamnées l’instant suivant. Sa décision est prise. Elle est irrév

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