La lecture à portée de main
243
pages
Français
Ebooks
2023
Écrit par
Stéphanie Roselière
Publié par
Editions Elixyria
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Publié par
Date de parution
23 juin 2023
Nombre de lectures
14
EAN13
9782379613388
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
2 Mo
Urban Fantasy (Bit-Lit) - Vampires - 511 pages
Lorsque Sénaé sort ce soir-là, elle est très loin de se douter que sa vie va basculer face à son sujet de mémoire universitaire : le mythique vampire. Au mauvais endroit au mauvais moment, elle se retrouve captive d’un clan de buveurs de sang. Refusant de devenir l’une de ces sombres créatures, la jeune fille lutte alors contre leur chef tyrannique, mais aussi contre elle-même quand une attirance inconcevable vient sérieusement compliquer les choses.
Entre surnaturel et contraintes bien réelles, Sénaé réussira-t-elle à conserver son intégrité ?
... D’autant plus que l’ennemi n’est pas toujours celui que l’on croit.
Publié par
Date de parution
23 juin 2023
Nombre de lectures
14
EAN13
9782379613388
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
2 Mo
Captive de sang
Stéphanie Roselière
Stéphanie Roselière
Mentions légales
Éditions Élixyria
http://www.editionselixyria.com
https://www.facebook.com/Editions.Elixyria/
ISBN : 978-2-37961-338-8
Illustration de couverture : Didier de Vaujany
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Parce que vous méritez
les émotions les plus intenses !
À mes 3 sang-pur, les amours de ma vie.
À mon mari qui sait si bien croire en moi.
« Ton âme est faite pour aimer ardemment, ou pour se dessécher tout à fait »
Georges Sand
« Nous sommes reliés par le sang et le sang est une mémoire sans langage »
Joyce Carol Oates
Chapitre 1
Le gouffre béant dans sa poitrine ne cessait de se creuser tel un insidieux monstre doté d’un seul objectif : l’anéantir. Le voile de la mort voulait l’entraîner jusqu’au tréfonds de l’enfer. Son homme. Sa vie. Son amour pour toujours. Les yeux clos pour l’éternité. Ses cheveux d’un noir de jais tranchaient sur le blanc de l’oreiller. Son corps si chaud auparavant reposait maintenant sur le lit. Froid et sans vie, ne lui appartenant plus, sa bouche tant chérie, silencieuse à jamais, et sa peau si pâle à présent…
Elle ne pouvait détacher son regard de lui, ne pouvait lâcher cette main qui ne la reconnaissait plus. Elle le fixait depuis des heures, mais il ne se réveillait pas. Il ne pouvait pas. Elle s’effondra, la tête sur sa poitrine qui ne bougeait plus au rythme de sa respiration. Une larme roula le long de sa joue, lui laissant un goût amer au coin de la bouche. Quelques-unes de ses mèches cuivrées chatouillèrent le cou de son amant, mais il ne réagit pas. La mort avait tout emporté.
Elle laissa échapper un gémissement plaintif tandis que son corps se crispait. C’était sa faute. Il lui avait fait découvrir son monde, était devenu tout pour elle. Il avait comblé un vide en elle qu’elle ignorait porter, jusqu’à ce jour où elle l’avait rencontré, et ils s’étaient aimés malgré les différences. Mais eux ne l’avaient jamais accepté. Ils les avaient condamnés et la sentence était tombée. Elle savait que les siens attendaient derrière la porte, qu’ils voulaient savoir ce qui se passerait ensuite, mais elle n’avait laissé personne approcher. Pas encore.
La douleur était là, enracinée dans chaque fibre de son corps, la gangrenant d’heure en heure. Un vide abyssal qui s’amplifiait inexorablement, n’alimentant plus qu’une chose dorénavant : une haine vengeresse.
Elle sentit alors ses entrailles remuer. Son ventre se contracta et un spasme la saisit. Des vagues de douleur vinrent lui lacérer les reins par intermittence puis une lame plus grosse que les autres enfla jusqu’à la rupture. Quelque chose céda en elle et ouvrit les vannes...
Tandis qu’elle se massait le cou ankylosé d’être resté penché sur son clavier, Sénaé jeta un coup d’œil vers la pendule de son petit studio. Déjà 20 h 30 ! Elle relut une dernière fois les pages qu’elle venait de corriger et enregistra solennellement son document au format Word, avant de le transformer en PDF.
— Ça y est ! jubila-t-elle en s’étirant.
Son mémoire était enfin terminé ! Cela lui avait coûté de longues heures de travail et de questionnements. Elle voyait encore le visage sceptique de son tuteur lorsqu’elle lui avait annoncé le thème. Certes, celui-ci était peu conventionnel, mais le sujet l’avait toujours fascinée. Qu’est-ce qui pouvait bien pousser toute une population à croire en quelque chose d’aussi invraisemblable que l’existence des vampires ? La jeune fille était persuadée que chaque légende contenait toujours un fond de vérité faisant référence à des éléments simples du quotidien ; le bouche-à-oreille et le pouvoir des croyances populaires faisaient ensuite le reste.
Le titre trônait au milieu de son écran : De la formation des mythes vampiriques traversant les âges à l’émergence d’un mouvement s’ancrant dans l’économie capitaliste moderne . Sa réflexion reposait sur trois axes principaux : les faits à l’origine de la légende initiale, l’appropriation de la société au fil du temps menant à l’évolution du mythe du vampire et, pour finir, l’engouement culturel déclencheur de la création de sectes florissantes.
En premier lieu, elle soulignait la forte symbolique du sang dans les religions et civilisations anciennes, avec notamment la pratique de l’hématophagie. Fascination qui se retrouvait par la suite dans l’atrocité des crimes perpétrés par de célèbres tueurs sanguinaires tels que la comtesse de Báthory ou encore Gilles de Rais. D’autre part, tout au long de l’Histoire, de grandes épidémies mortelles avaient fortement marqué les esprits, tout comme certaines maladies rares et impressionnantes, la porphyrie étant la plus connue. Il suffisait d’y ajouter beaucoup de superstition et des lacunes scientifiques sur la décomposition des corps pour obtenir des récits à faire froid dans le dos se répandant très vite pendant ces périodes agitées. En Europe de l’Est spécifiquement, il y avait eu des rapports officiels sur l’existence de tombes de morts-vivants. La culture populaire s’était ensuite emparée du sujet, faisant évoluer positivement l’image du vampire. Le célèbre buveur de sang était passé du statut de monstre damné de Dieu à celui de romantique tourmenté dans la littérature, puis de tombeur charismatique au cinéma. Véritable niche de profit pour les sociétés de production hollywoodiennes, la figure du vampire avait engendré un tel engouement qu’elle avait donné naissance à des groupuscules sectaires aux États-Unis. La liberté de culte outre-Atlantique étant très importante, ce type de communauté avait pu se développer avec son mode de vie bien particulier : leurs membres s’étaient eux-mêmes rebaptisés « vampyres », guidés par un chef spirituel. Lequel leader ne perdait pas de vue l’intérêt profond du mouvement : le rendre bankable .
Ainsi, toute une série de peurs ancestrales avait contribué à l’émergence du mythe vampirique qui, contre toute attente, s’était transformé en véritable phénomène de société. L’étudiante terminait par un parallèle avec la fascination montante pour les récits de zombies, ces derniers étant aussi liés au fléau épidémique et à sa menace d’éradication de la race humaine, une des grandes peurs communes de la société.
Quoi qu’il en soit, Sénaé était soulagée d’avoir réussi à ordonner ses idées et elle prit quelques instants pour savourer le fait d’avoir devant elle son rapport terminé. Elle se rendrait à la faculté dès le lendemain pour remettre son précieux document à son référent, espérant ainsi valider son master de sociologie. Comme elle avait sauté une classe en primaire, l’impression de devoir mettre les bouchées doubles pour ne pas être cataloguée comme la jeunette du groupe l’avait toujours poursuivie. Heureusement, l’anonymat des cours universitaires avait effacé cette frontière invisible, lui permettant de gagner en assurance. La jeune fille avait décroché un emploi dans le magazine mensuel Actualité et Sociologie et avait hâte de commencer ses enquêtes en free-lance, une fois son diplôme en poche. M. Partrat, qui l’avait reçue en entretien, lui avait garanti un CDI si ses essais étaient concluants. De toute manière, que son travail de fin d’études soit bien reçu ou non, elle arriverait à se débrouiller. Sénaé aspirait à vivre autre chose que le stress des examens, le jugement des professeurs qui ne pensaient pas comme elle et la nécessité des aides sociales pour payer ses factures. L’université, c’était terminé.
En attendant, elle méritait bien un petit moment de détente. Elle sauvegarda son document sur le disque dur de son ordinateur, le copia sur une clé USB puis lança l’impression de la centaine de pages. Alors qu’elle éteignait ensuite son PC, Sénaé saisit son téléphone portable pour prévenir Amandine de son arrivée. Cette dernière était une des rares personnes avec qui elle s’était liée durant ses années d’études. Les deux amies avaient prévu de passer au Pablo, le bar étudiant le plus animé de la ville, le vendredi soir, avant de terminer par une virée en boîte. Elles devaient retrouver le reste de la promotion 2018 pour célébrer la fin des vacances scolaires, avant que chacun ne parte de son côté à la rentrée. Certains avaient déjà rendu leur mémoire, d’autres, comme Sénaé, avaient choisi la dernière session de septembre comme date butoir, sacrifiant leur été pour la bonne cause.
Une fois n’est pas coutume, la jeune fille était motivée à voir du monde. Habituellement, elle n’était pas du genre très sociable (malgré sa passion pour la sociologie, paradoxe qui aurait certainement intéressé Freud). Déjà adolescente, elle se sentait un peu à l’écart et différente des autres, à la recherche de quelque chose d’indéfini. Elle avait toujours eu du mal à faire confiance et à s’attacher, par peur d’être rejetée de nouveau. Toujours est-il que, ce soir-là, c’était jour de fête. Sénaé enfila un pantalon blanc fluide et un caraco de satin noir au sage décolleté. Passant ensuite dans sa petite salle d’eau, elle entreprit de se maquiller avec soin, après avoir lissé ses longs cheveux châtain foncé. Des créoles en argent, une touche de parfum et sa veste en similicuir noir vinrent couronner sa tenue. Puis, attrapant son sac en bandoulière, elle fila hors de l’appartement, non sans avoir bien fermé à clé.
Le trajet à pied ne prenait qu’une dizaine de minutes et Sénaé en profita pour prendre son temps, observant les passants en cette chaude soirée d’été, la dernière du mois d’août. Le tissu clair de son pantalon formait un halo flottant à chacun de ses pas, contrastant avec la discrétion de ses sandales plates silencieuses sur l’asphalte du trottoir. Elle bifurqua sur la droite pour couper à travers le parc municipal et, nostalgique, s’arrêta quelques instants devant la fontaine qui brillait au clair de lune. Elle adorait regarder ces deux angelots tendre leurs mains vers les simples vivants, l’eau claire jaillissant de leurs paumes pour retomber dans le bassin en un ru