William Morris
209 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

William Morris , livre ebook

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
209 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

William Morris (1834-1896), par son éclectisme, fut l’une des personnalités emblématiques du XIXe siècle. Peintre, architecte, poète et ingénieur, maniant avec autant de talent la plume que le pinceau, il bouleversa la société victorienne en refusant les standards instaurés par l’industrie conquérante. Son engagement dans la rédaction du manifeste socialiste fut la suite naturelle de cette révolution qu’il incarna dans l’habitat, les formes et les couleurs. Précurseur des designers du XXe siècle, il fut le co-fondateur, avec John Ruskin, du mouvement des Arts and Crafts. En homme libre, William Morris ouvrit les chemins qui conduisirent à l’Art nouveau et, plus tard, au Bauhaus. Cet ouvrage décrypte les rapports étroits entre idéaux et création, entre évolution et révolution, en s’appuyant sur l’essentiel de son Œuvre écrit et visuel.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 juillet 2023
Nombre de lectures 0
EAN13 9781783108534
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Texte : Arthur Clutton-Brock
Traduction : Aline Jorand

Mise en page :
Baseline Co. Ltd
61A-63A Vo Van Tan Street
4 ème étage
District 3, Hô Chi Minh-Ville
Vietnam

© Confidential Concepts, worldwide, USA
© Parkstone Press International, New York, USA
Image-Bar www.image-bar.com

Tous droits d'adaptation et de reproduction réservés pour tous pays.
Sauf mention contraire, le copyright des œuvres reproduites se trouve chez les photographes qui en sont les auteurs. En dépit de nos recherches, il nous a été impossible d'établir les droits d'auteur dans certains cas. En cas de réclamation, nous vous prions de bien vouloir vous adresser à la maison d'édition.

ISBN : 978-1-78310-853-4

Note de l'éditeur
Par respect pour le travail originel de l'auteur, le texte n’a pas été réactualisé dans ses propos, notamment en ce qui concerne les changements d’attribution, la datation et la localisation des œuvres, qui ont été et qui sont encore parfois incertaines. En revanche, les légendes ont été actualisées.
Arthur Clutton-Brock



William
SOMMAIRE


Introduction
Un Avenir prometteur
Son Enfance et sa jeunesse
L’Influence de Rossetti
La Fondation de la firme
Le Poète romantique
Une Carrière florissante
La Renaissance des arts et métiers
Les Sagas et « Sigurd »
Morris et le socialisme
Maturité et as s ertion
Romances en prose et derniers poèmes
Dernières Années et personnalité
Les Idées de William Morris
Bibliographie
Liste des illustrations
1. Cosmo Rowe , Portrait de William Morris , vers 1895.
Huile sur toile. Wightwick Manor, Staffordshire.


Introduction


De la moitié du XIX e siècle juqu’au début du XX e , l’Europe a connu une période de continuelle recherche esthétique, qui se révéla être la manifestation d’une certaine insatisfaction artistique. Cette quête existe probablement depuis la nuit des temps. Les Hommes ont, en effet, souvent tendance à penser que l’art de leur époque est inférieur à celui des époques passées, mais, au cours de la période susmentionnée, il semblerait qu’ils n’en aient jamais été aussi convaincus, au point d’y voir le résultat d’une crise et le symptôme d’une maladie généralisée de la société.
Au début du XX e siècle, les Hommes se sentaient puissants ; ils avaient réussi, dans de nombreux domaines, à surpasser les générations précédentes. Cependant, ce monde, fait de villes surgies si rapidement, paraissait, à certains, comparé à celui de ces anciennes villes qui se bâtissaient lentement, vide et inexpressif, à moins qu’il n’exprime à leurs dépens ce qu’ils auraient préféré taire. Ce malaise nourrissait leurs plaintes sur la laideur des choses modernes. Celles-ci ne leur parlaient pas ou elles leur disaient ce qu’ils ne souhaitaient pas entendre, aussi ces Hommes eussent-ils, sans doute, préféré un monde sans cet art.
Au début du XX e siècle, la ville était considérée comme une forme de destruction du paysage naturel. On estimait même, parfois, qu’une seule maison moderne suffisait à défigurer un espace naturel. A l’inverse, jusqu’au XVIII e siècle, les Hommes estimaient que leur ouvrage enrichissait la beauté de la nature, ou qu’il était, pour le moins, en harmonie parfaite avec celle-ci. Cette harmonie est celle de l’église d’un village, d’un vieux manoir ou d’une chaumière, aussi simples soient-ils. Ces œuvres héritées du passé semblaient receler un secret disparu.
Il s’agit sans doute, en effet d’un secret. Auparavant, certaines œuvres d’art, particulièrement travaillées, pouvaient être considérées comme peu esthétiques. Mais c’est à partir de cette période que la totalité des productions artistiques commença à être laide, par son style trop élaboré, son manque de créativité ou à cause d’une mauvaise exécution et de l’utilisation de matériel de mauvaise qualité.
Il s’agit sans doute, en effet, d’un secret perdu dans une période qui se situe entre 1790 et 1830. Au milieu du XVIII e siècle, la France et l’Angleterre fabriquaient des meubles inutiles destinés aux classes riches. Les meubles fonctionnels étaient, par contre, simples, solides et bien proportionnés. Les palaces étaient devenus des demeures pompeuses et irrationnelles alors que les maisons ordinaires avaient pour mérite d’être équipées d’un mobilier simple et fiable. En effet, ce que les hommes fabriquaient, sans intention artistique aucune, donnait finalement un bon résultat.
Le travail de ces artisans était doté d’une beauté naturelle et discrète qui passa inaperçue, jusqu’au jour où le « secret » de leur fabrication se perdit. Lorsque cette catastrophe arriva, elle n’affecta pas véritablement les arts comme la peinture, qui sont plutôt soutenus par une clientèle cultivée et riche. Elle toucha davantage les arts plus universels et pratiques dont le savoir-faire se transmet grâce à un amour naturel du métier et grâce au plaisir de créer des objets pratiques. Il existait encore, par le passé, des peintres tels que Turner et Constable mais bientôt, riches ou pauvres ne pourraient plus acheter de nouveaux meubles ou d’outils domestiques qui ne soient pas hideux. Chaque nouveau bâtiment qui était construit était soit vulgaire, soit banal, voire les deux. Des ornements laids et inadaptés furent partout combinés à l’utilisation de matériel de mauvaise qualité et à des fabrications médiocres.
Personne à l’époque ne semblait avoir remarqué ce problème. Aucun des grands poètes du mouvement romantique, sauf peut-être Blake, n’y fit allusion. Ils tournèrent tous le dos, avec un dégoût inconscient, à l’œuvre de l’homme et valorisèrent en contrepartie la nature. Lorsque les romantiques parlaient d’art, ils se référaient à celui du Moyen Age, qu’ils appréciaient parce qu’il appartenait au passé. En effet, le mouvement romantique, lorsqu’il s’intéressait à l’art, les affligeait d’une nouvelle maladie. Le néogothique, qui faisait partie du mouvement romantique, n’exprimait rien sinon un vague rejet du présent et de tout ce qui lui était associé ainsi qu’un désir de faire réapparaître les traces du passé. C’est ce que firent les poètes romantiques. En réalité, ce retour vers la Renaissance exprimait une lassitude vis-à-vis de la laideur des créations contemporaines et le désir d’évasion vers le passé, pour changer d’air et d’idées.
Cette fatigue était néanmoins tout à fait consciente, du moins dans un premier temps. Les hommes ne se rendaient pas compte que l’art de leur époque avait été contaminé. Ils avaient perdu une partie de leur joie de vivre, sans en comprendre les causes, avant que Ruskin ne vienne le leur expliquer (1819-1900). Ce fut grâce à lui que la recherche esthétique se saisit de ces problèmes et devint un objet scientifique.
Selon Ruskin, la laideur n’était pas simplement due à une perte de savoir-faire, puisque les facultés artistiques sont liées à ses autres facultés humaines. Il est le premier intellectuel à avoir analysé l’art comme le produit des différentes actions humaines. L’œuvre a, par conséquent, des aspects moraux et intellectuels, en plus de ses qualités esthétiques. Ruskin voyait l’esthétique d’une œuvre, mais également le produit de la société au sein de laquelle elle avait été créée.
Sa critique fit évoluer le regard de ses contemporains sur les œuvres d’art, considérées comme des expressions de l’âme humaine, capables de traverser le temps. Il accorda, en particulier, beaucoup d’importance à l’architecture et aux arts appliqués, parce qu’il s’agissait d’une production collective d’objets utilitaires.
Ainsi, pour Ruskin, l’architecture exprimait l’état d’esprit d’une société, mieux que toute autre expression artistique ; la peinture, par exemple, n’étant l’œuvre que d’un unique artiste. Il reconnaissait cependant que les bâtiments et les arts appliqués de son époque étaient de piètre qualité, comme ils ne l’avaient jamais été auparavant, symbolisant la corruption et les sinistres comportements des hommes et des femmes de son temps.
Il ne regrettait pas simplement que le plaisir d’admirer de belles choses ait disparu. Il sentait qu’un véritable mal, auquel les époques précédentes avaient échappé, frappait la société. L’art n’était pas, pour Ruskin, quelque chose de superflu que l’on pouvait choisir d’avoir ou de ne pas avoir chez soi. Il agissait comme un miroir, reflétant l’ensemble des créations humaines. Bon ou mauvais, l’art exprimait la qualité d’un processus créatif.
2. William Morris et William Frend De Morgan (pour la conception) et Architectural Pottery Co. (pour la fabrication), Panneau de carreaux de céramique, 1876. Carreaux de céramique, couverts d’engobe et peints à la main, 160 x 91,5 cm. Victoria & Albert Museum, Londres.
3. Tulipes et treille , 1870. Carreaux de céramique,
peints à la main en bleu et vert, sur céramique glaçurée,
15,3 x 15,3 cm. Victoria & Albert Museum, Londres.
4. William Morris (pour la conception ?) et Architectural Pottery Co. (pour la fabrication), Œillet et aubépine , 1887. Carreaux de céramique,
couverts d’engobe et peints à la main, 15,5 x 15 cm (chacun).
Victoria & Albert Museum, Londres.


Ainsi, après avoir été critique d’art, il devint critique de la société, et, après avoir donné son point de vue sur les vieux bâtiments et sur les peintres modernes, il se mit à écrire sur l’économie politique, sur l’ordre et le désordre de la société qui produisait toute cette laideur.
Il est certain que beaucoup avant lui avaient dénoncé les maux de leur temps, mais Ruskin fut le premier à se transformer en prophète en proposant une vision de la recherche esthétique, fondée sur une critique de l’art. Son action eut un grand impact sur le monde artistique.
Ruskin était un génie, qui réussit à détecter un nouveau danger pour l’Homme et mit des mots sur l’inquiétude qui gagnait l’humanité. Sa position fut celle du recul critique. Il raisonnait à partir de ses propres expériences, au lieu de devenir artiste lui-même. Sa rébellion se traduisait davantage par une réflexion intellectuelle, que pa

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents