64
pages
Français
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2023
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Publié par
Date de parution
04 juillet 2023
EAN13
9781644618578
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
5 Mo
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Date de parution
04 juillet 2023
EAN13
9781644618578
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Français
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VICTORIA CHARLES
Vincent van Gogh
Texte : Victoria Charles
Maquette et mise en page : Sté phanie Angoh
© Confidential Concepts, Worldwide, USA
© Parkstone Press USA, New York
© Image Bar www.image-bar.com
ISBN : 978-1-64461-857-8
Tous droits d ’ adaptation et de reproduction ré servé s pour tous pays.
Sauf mention contraire, le copyright des œ uvres reproduites se trouve chez les photographes qui en sont les auteurs. En dé pit de nos recherches, il nous a é té impossible d ’é tablir les droits d ’ auteur dans certains cas. En cas de ré cla mation, nous vous prions de bien vouloir vous adresser à la maison d ’é dition.
Tronc d ’ un Vieil If, Arles, fin octobre 1888. Huile sur toile, 91 x 71 cm. Collection privé e.
Sommaire
« … Comme à travers un miroir, pour d ’ obscures raisons »
Hollande, Angleterre et Belgique : 1853-1886 « Je ne me sens nulle part aussi é tranger que dans ma famille et dans mon pays… »
Paris 1886-1888 « Diffusion des idé es »
Arles : 1888-1889 « L ’ Atelier du Midi »
Arles : 1889 « Je suis la sottise et la bé vue en personne »
Saint-Ré my : 1889-189 0 « À quoi bon me remettre ? »
Auvers-sur-Oise : 1890 « Mais dans cette mort rien de triste… »
Table des œ uvres reproduites
Index des œ uvres reproduites
NOTES
« … Comme à travers un miroir, pour d ’ obscures raisons »
I l s ’ asseyait sur cette chaise. Sa pipe é tait posé e sur un siè ge de paille, à cô té d ’ une blague à tabac ouverte. Il dormait dans ce lit, vivait dans cette maison. C ’ est là qu ’ il se coupa un morceau d ’ oreille. Nous le voyons la tê te bandé e, la pipe au coin des lè vres, le regard fixé sur nous.
La vie et l ’œ uvre de Vinc ent Van Gogh sont si intimement lié es qu ’ il est presque impossible de regarder ses tableaux sans y lire l ’ histoire de sa vie. Une vie si souvent dé crite qu ’ elle est devenue lé gende. Van Gogh est l ’ incarnation mê me de la souffrance, du martyr de l ’ artiste m oderne incompris, é tranger au monde qui l ’ entoure.
En 1996, Jan Hulsker, le grand spé cialiste de Van Gogh, a publié un catalogue revu et corrigé de ses œ uvres complè tes, dans lequel il remet en question l ’ authenticité de 45 peintures et dessins. Ce qui pré occupe Hulsker, ce ne sont pas seulement les faux, mais aussi les toiles qui ont à tort é té attribué es à Van Gogh.
De son cô té , l ’ historien d ’ art du British Museum, Martin Bailey, affirme avoir identifié plus de cent faux « Van Gogh » , dont le Portrait du docteur Gachet , qui existe en deux versions. L ’ une d ’ elles a é té acheté e en 1990 par un industriel japonais pour 82,5 millions de dollars – le prix le plus é levé jamais payé pour un tableau. Le nouveau proprié taire bouleversa bientô t l ’ opinion publique en dé clarant qu ’ il voulait ê tre brû lé en mê me temps que l ’œ uvre aprè s sa mort.
Par la suite, pour é pargner la sensibilité des amateurs d ’ art europé ens, il changea d ’ avis et dé cida de construire un musé e destiné à abriter sa collection. Cependant, si quelqu ’ un parvenait à prouver que le Portrait du docteur Gachet est un faux, l ’ inté rê t du public pour cette œ uvre s ’é vanouirait aussitô t.
Il fut trè s vite é vident que les é vé nements de la vie de Van Gogh allaient jouer un rô le dé terminant dans l ’ accueil ré servé à s es œ uvres. Le premier article sur lui parut en janvier 1890 dans Le Mercure de France . L ’ auteur, Albert Aurier, é tait en contact avec un ami de Van Gogh, É mile Bernard, qui lui donna des pré cisions sur la maladie du peintre.
À l ’é poque, Van Gogh sé journait dans un asile psychiatrique à Saint-Ré my, prè s d ’ Arles. L ’ anné e pré cé dente, il s ’é tait coupé l ’ oreille droite. Sans trop entrer dans les dé tails, Aurier laissait né anmoins transparaî tre sa connaissance de l ’é tat de santé mentale du peintre dans ses comme n taires sur les tableaux.
Ainsi, il utilise des expressions telles qu ’ « obsé dante passion » [1] et « pré occupation persistante » [2] ; Van Gogh lui apparaî t comme un « gé nie à demi fou, souvent sublime, parfois grotesque, toujours à la limite du morbide » . [3] Aurier considé rait le peintre comme un « messie, semeur de vé rité , qui ré gé nè rerait la dé cré pitude de notre art et peut-ê tre de notre imb é cile et industrialiste socié té » . [4]
En dé crivant l ’ artiste comme un gé nie fou, le critique posait les fondations du mythe de Van Gogh qui allait é merger dè s la mort du peintre. En fait, Aurier ne pensait pas que Van Gogh pû t jamais ê tre com pris du grand public : « Mais quoi qu ’ il arrive, quand bien mê me la mode viendrait de payer ses toiles – ce qui est peu probable – au prix des petites infamies de M. Meissonier, je ne pense pas que beaucoup de sincé rité puisse jamais entrer en cette tardiv e admiration du gros public. » [5]
1. Autoportrait (dé dié à Paul Gauguin), Arles, septembre 1888. Huile sur toile, 62 x 52 cm. Cambridge (Mass.), Fogg Art Museum, Harvard University.
2. La Chambre de Vincent à Arles, Saint-Ré my, dé but septembre 1889. Huile sur toile, 73 x 92 cm. Chicago, The Art Institute of Chicago.
3. La Maison jaune (La Maison de Vincent à Arles), Arles, septembre 1888. Huile sur toile, 72 x 92 cm. Amsterdam, Rijksmuseum Vincent van Gogh.
4. La Chaise de Vincent avec sa pipe, Arles, dé cembre 1888. Huile sur toile, 93 x 73,5 cm. Londres, National Gallery.
5. Le Fauteuil de Paul Gauguin, Arles, dé cembre 1888. Huile sur toile, 90,5 x 72,5 cm. Amsterdam, Rijksmuseum Vincent van Gogh, Fondation Vincent van Gogh.
Quelques jours aprè s l ’ enterrement de Van Gogh à Auvers-sur-Oise, le docteur Gachet, qui soigna le peintre à la fin de ses jours, é crivit à son frè re Thé o : « Ce souverain mé pris de la vie, sans aucun doute le ré sultat de son amour impé tueux de l ’ art, est extraordinaire (… ). Si Vincent é tait encore en vie, il faudrait des anné es pour que l ’ art humain triomphe. Cependant, sa mort est, si l ’ on peut dire, le ré sultat glorieux du combat entre deux principes adverses : la lumiè re et l ’ obscurité , la vie et l a mort. » [6]
Van Gogh ne mé prisait pas plus la vie qu ’ il n ’ en é tait maî tre. Dans ses lettres, dont prè s de sept cents ont é té publié es, il é voque souvent son besoin lancinant d ’ amour et de sé curité : « J ’ ai besoin d ’ une femme, je ne puis pas et je ne veux pas vivre sans amour. » [7] À plusieurs reprises il ré pè te qu ’ « il vaudrait mieux fabriquer des enfants que de fabriquer des tableaux » . [8]
Ce rê ve un peu bourgeois d ’ un foyer et d ’ un mé nage ne se concré tisa jamais. Le premier amour de Van Gogh, Ursula Loyer, en é pousa un autre. Sa cousine Kee, dé jà mè re et veuve, lui refusa sa main en partie pour des raisons maté rielles : Van Gogh é tait incapable de subvenir à ses besoins et à ceux de ses enfants. L ’ artiste essaya de fonder un foyer ave c une prostitué e du nom de Sien, mais dut la quitter parce que son frè re Thé o, dont il dé pendait financiè rement, voulait le voir mettre fin à cette relation. En ce qui concerne la relation de Van Gogh avec Marguerite Gachet, â gé e de vingt-et-un ans, elle p ourrait n ’ avoir jamais dé passé le stade de la rumeur. Une personne amie de Marguerite affirma qu ’ ils é taient tombé s amoureux, mais le docteur Gachet, habituellement trè s libre d ’ esprit, interdit l ’ accè s de sa maison au peintre.
Van Gogh ne recherchait pas seulement l ’ amour des femmes, mais aussi celui de sa famille et de ses amis, bien qu ’ il n ’ accé dâ t jamais au degré d ’ intimité souhaité . Quelques jours avant son suicide, il ré suma son é chec de toute une vie en termes é nigmatiques : « De ceux à qui j ’ ai é té l e plus attaché , je n ’ ai pas remarqué autre chose que comme à travers un miroir, pour d ’ obscures raisons. » [9] Ce fils de pasteur empruntait son analogie à la premiè re é pî tre des Corinthiens : « Nous voyons aujourd ’ hui au moyen d ’ un miroir, confusé ment. Je ne connais aujourd ’ hui que partiellement, mais plus tard je connaî trai comme j ’ aurai é té connu. »
Cette quê te d ’ une place dans la collectivité et le dé sir d ’ê tre reconnu sont deux thè mes que l ’ on retrouve tout au long de la vie de Van Gogh.
Hollande, Angleterre et Belgique : 1853-1886 « Je ne me sens nulle part aussi é tranger que dans ma famille et dans mon pays… »
Le 30 mars 1852, Anna Van Gogh accoucha d ’ un enfant, mort-né , au presbytè re de Zundert, mais un an plus tard exactement elle donna le jour à un fils robuste. [10] Le pasteur Theodorus Van Gogh nomma son deuxiè me fils comme le premier : Vincent. Quand le deuxiè me Vincent pé né trait dans l ’é glise de son pè re pour assister au service, il passait devant une pierre tombale sur laquelle « son » pré nom é tait é crit. Dans les derniers mois de sa vie, Van Gogh devait souvent é voquer les lieux de son enfance, parlant avec mé lancolie du cimetiè re de Zundert.
On sait peu de choses de Van Gogh enfant. La fille d ’ un voisin le dé crivit comme « ayant bon cœ ur, gent il, bon, compatissant » [11] , tandis qu ’ une ancienne servante de la famille affirmait au contr aire que Vincent avait des maniè res bizarres et dé plaisantes et qu ’ il « é tait souvent puni de maniè re approprié e » . [12] Johanna Van Gogh-Bonger, qui n ’ a rencontré son beau-frè re que quelques rares foi s vers la fin de sa vie, le dé crira aussi comme un vieil enfant difficile, malicieux et obstiné , qui avait é té gâ té par des parents trop indulgents. [13]
On relè ve des incohé rences similaires dans les descriptions de Van Gogh adulte. La plupart des té moignages ont é té recueillis au dé but du 20 e siè cle par Van Gogh- Bonger, à qui fut confié e la garde des biens de Van Gogh aprè s la mort de Thé o en 1891. Ces té moignages sont sujet s à caution, non se ulement en raison de l ’é loigne ment temporel, mais aussi parce que l ’ artiste dé funt é tait dé jà devenu une lé gende.
En gé né ral, Van Gogh é tait bon et compatiss