Paul Gauguin
99 pages
Français

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Paul Gauguin , livre ebook

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Description

Gauguin : « Pour moi, le grand artiste est la formule de la plus grande intelligence, à lui arrivent les sentiments, les traductions les plus délicates et par suite les plus invisibles du cerveau. Travaillez librement et follement… Surtout ne transpirez pas sur un tableau : un grand sentiment peut être traduit immédiatement, rêvez dessus et cherchez-en la forme la plus simple. »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 juillet 2023
Nombre de lectures 0
EAN13 9781639199525
Langue Français
Poids de l'ouvrage 13 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Anna Barskaïa





Paul Gauguin
Texte : Anna Barskaïa
Couverture et maquette : Julien Depaulis
© 2022 Parkstone Press International, New York, USA
© 2022 Confidential Concepts, worldwide, USA
© Image-Bar www.image-bar.com
ISBN : 978-1-63919-952-5
Tous droits d'adaptation et de reproduction réservés pour tous pays.
Sauf mention contraire, le copyright des œuvres reproduites se trouve chez les photographes qui en sont les auteurs. En dépit de nos recherches, il nous a été impossible d'établir les droits d'auteur dans certains cas.
En cas de réclamation, nous vous prions de bien vouloir vous adresser à la maison d'édition.
Sommaire
Sa vie
Ses œuvres
Gauguin 1848 - 1903 : Chronologie
Gauguin - Bibliographie
Index des œuvres
Notes
Sa vie
Paul Gauguin décède le 8 mai 1903, exténué par son combat inutile mené contre les fonctionnaires coloniaux, vaincu, désemparé, menacé d'une énorme amende et d'un emprisonnement pour avoir incité les indigènes à la rébellion et avoir calomnié les autorités locales, torturé par des semaines de souffrances insoutenables, abandonné, complètement seul. Ainsi s'achevait la vie du peintre qui avait consacré son œuvre à glorifier l'harmonie originelle de la généreuse nature océanienne, qui l'avait recueilli. Les noms que Gauguin avait donnés à sa maison d'Atuana et aux panneaux de bois sculpté qui l'ornait, « Maison du jouir », « Soyez amoureuses et vous serez heureuses », « Soyez mystérieuses », retentissent d'une ironie amère.
Lorsque l'évêque et les gendarmes, représentants des pouvoirs locaux, apprirent le décès de leur vieil ennemi, émus, ils se hâtèrent à l'unisson de sauver l'âme pécheresse de l'artiste et l'enterrèrent dans le cimetière catholique. Seuls quelques autochtones accompagnèrent Gauguin jusqu'à sa dernière demeure. Aucune oraison funèbre ne fut prononcée, pas plus qu'aucune inscription ne fut gravée sur sa tombe. Dans le rapport qu'il envoyait régulièrement à Paris, l'évêque mentionnait : « Il n'y aura eu de bien saillant ici que la mort subite d'un triste personnage nommé Gauguin, artiste de renom, mais ennemi de Dieu et de tout ce qui est honnête [1] ». Ce n'est que vingt ans plus tard que le nom de Gauguin fut gravé sur sa tombe, et sa découverte fut pour le moins originale. En effet, son emplacement fut trouvé par un artiste, membre de la Society of American fakirs. Et ce n'est que cinquante ans après sa mort que, grâce à l'initiative du peintre de marines Pierre Bompard qui avait dressé les plans d'un monument et participé à son érection, la France rendit hommage à son célèbre citoyen. Personne ne se rappela, cependant, qu'il avait demandé que l'on dresse sur sa tombe sa sculpture Oviri.
Quoi qu'il en soit, ce monument construit et financé par la société Singer (fabricant de machines à coudre) est l'unique témoignage matériel du séjour de Gauguin dans l'île de Hiva-Oa où il vécut ses dernières années et réalisa ses dernières œuvres. En mai 1903, on dressa la liste des biens du peintre.
Sa maison d'Atuana et tout son contenu furent vendus à Papeete, capitale de Tahiti. On procéda à une vente en gros et au détail des biens restants.
Un grand nombre de dessins, de gravures, d'objets en bois décorés et sculptés, considérés comme indécents ou inutiles, furent jetés. La présence de certains amateurs d'art parmi les voyageurs et les colons, ainsi que l'avidité de ceux qui avaient dénigré l'artiste, mais qui ne répugnaient pas à s'enrichir à ses dépens, permirent de sauver une partie de l'héritage artistique de Gauguin.


1. Vahiné no te tiare , ( La Femme à la fleur ), 1891. Huile sur toile, 70 x 46 cm. Ny Carlsberg Glyptotek, Copenhague.


2. Autoportrait « à l’ami Carrière » , 1886. Huile sur toile, 40,5 x 32,5 cm. National Gallery of Art, Washington.
C'est ainsi que le brigadier de gendarmerie d'Atuana qui dirigeait la vente aux enchères et qui détruisit de ses propres mains de nombreux objets que sa nature chaste jugeait outrageants, de retour en Europe, ouvrit une sorte de musée Gauguin présentant les œuvres qu'il avait dissimulées et qu'il s'était octroyé.
De ce fait, on ne trouve à Tahiti, dont le nom seul suffit à évoquer Gauguin et son œuvre, aucune de ses productions. Lorsqu'en 1965, on créa un luxueux musée Gauguin à Papeari (lieu où l'artiste n'a jamais vécu), il fallut, à la place des tableaux, se contenter d'en exposer les photographies. En revanche, la cérémonie d'inauguration fut agrémentée de discours, moins en l'honneur de Gauguin, qu'à la gloire de la France qui avait apporté la civilisation sur les îles (celle-là même qui l'avait poussé à fuir loin de l'Europe), ainsi que de danses et de chants tahitiens exécutés à la lumière des flambeaux en costumes de l'« époque de Gauguin ».
Ce spectacle réjouit les hauts fonctionnaires et militaires du territoire et quelques centaines d'invités de marque. C'est justement ce genre de mondanité qui avait poussé Gauguin à s'élever contre les fonctionnaires appelés à encourager le développement des arts en France : « Votre mission est-elle de découvrir l'artiste et de le soulager de sa tâche ou bien […] de légaliser les succès posthumes par des trafics à grand tapage, en vous couvrant de l'auréole des grands mots transformée en banderole de réclame ? [2] »
La nouvelle de la mort de Gauguin ne parvint en France que quatre mois plus tard. Elle provoqua alors un intérêt sans précédent à l'égard de sa vie et de son œuvre.
Les paroles du peintre, comme les prédictions de Daniel de Monfreid, sur une reconnaissance posthume se révélèrent prophétiques :
« Il est à craindre que votre venue ne vienne déranger un travail, une incubation, qui ont lieu dans l'opinion publique à votre sujet, écrivait Daniel de Monfreid à Gauguin quelques mois avant sa mort. Vous êtes actuellement cet artiste inouï, légendaire, qui du fond de l'Océanie envoie ses œuvres déconcertantes, inimitables, définitives d'un grand homme pour ainsi dire disparu du monde.
Vos ennemis (et vous en avez bon nombre, comme tous ceux qui gênent les médiocres) ne disent rien, n'osent vous combattre, n'y pensent pas : vous êtes si loin ! Vous ne devez, par conséquent, pas leur ravir l'os qu'ils ont aux dents […] Bref, vous jouissez de l'immunité des grands morts, vous êtes passé dans l'histoire de l'art [3] ».
Effectivement, son éloignement du monde, le secret qui entourait la vie et la mort de l'artiste dans les îles lointaines intriguèrent et, dans une certaine mesure, réconcilièrent le public et les critiques avec les œuvres qui les déconcertaient. En 1903, Ambroise Vollard exposait dans sa galerie parisienne près de cent toiles et dessins de Gauguin, certains envoyés par l'artiste, les autres achetés à des marchands et collectionneurs.
En 1906, Paris organisa une exposition rétrospective de Gauguin au Salon d'Automne récemment créé ; 227 œuvres furent exposées (sans compter celles qui n'étaient pas numérotées) : peintures, dessins, céramiques et bois sculptés. Le critique belge Octave Maus écrivit : « Et enfin, voici Paul Gauguin, Paul Gauguin sous tous les aspects de son mâle et savant talent, Paul Gauguin grand coloriste, grand dessinateur, grand décorateur, peintre multiforme et toujours sûr de lui, présenté au public dans une exposition qui, comme l'a dit, dans la préface pour le catalogue, Charles Morice, doit dissiper l'incertitude jetée dans le public avec le nom de cet artiste [4] ». En 1906 et 1907, les œuvres de Gauguin furent encore présentées à Berlin et à Vienne. En 1908, la direction de la revue « Zolotoe Rouno » (La Toison d'Or) organisa à Moscou, dans ses salons, une exposition réunissant des tableaux de peintres français et russes dans lesquels figuraient des œuvres de Gauguin. Avant sa mort, Gauguin et son art n'étaient connus en Russie que de quelques amateurs d'art, artistes et collectionneurs qui avaient pu voir à Paris ses travaux dans des galeries ou collections privées.
C'est ainsi qu'en 1895, un jeune peintre et critique d'art russe, défenseur des nouvelles tendances de la peinture moderne et futur historien renommé de l'art russe, Igor Grabar entra par hasard dans la Galerie Vollard.
Les tableaux de Gauguin, Van Gogh et Cézanne qu'il y vit furent pour lui une révélation.
Il s'efforça de communiquer son enthousiasme à un groupe de compatriotes étudiant à cette époque à Paris chez Cormon et à ses amis. Lors de son séjour suivant à Paris, au début des années 1900, il se rendit chez Gustave Payet, propriétaire d'une magnifique collection de Gauguin.
Sous l'influence de Grabar, Alexandre Benois, un de ses amis éditeur, artiste et connaisseur des arts russes et occidentaux, très réticent vis-à-vis de la peinture moderne et de l'art de Gauguin en particulier, revint sur son jugement non sans restrictions : « J'apprécie Gauguin, en fin de compte, écrivit-il à Grabar et bien que je ne me place pas encore dans son Olympe, je lui tire respectueusement mon chapeau et je l'aime [5] ». Benois, tout en reconnaissant les mérites des tableaux de Gauguin, ne s'éloigna pas du point de vue officiel des fonctionnaires français de l'art.
Dans une lettre adressée à un ami, il déclarait : « Gauguin est excellent, mais il est dangereux de l'exposer au Louvre car il est bizarre [6] ». La rédaction de la revue Mir Iskousstva ( Le Monde de l ' Art ), dirigée par Benois, jugea néanmoins nécessaire en 1904 de publier des reproductions de sept toiles de Gauguin (trois d'entre elles appartenaient à S. Chtchoukine) et un article élogieux de Grabar sur son art.
Faire connaître au public russe les œuvres des peintres français, de Gauguin en particulier, était un objectif que d'autres revues pétersbourgeoises et moscovites s'étaient fixé : Iskousstvo ( Art ) dès 1905, publia dans deux numéros la traduction des articles du célèbre historien d'art allemand Julius Meier-Graefe sur l'œuvre de Gauguin, accompagnée de reproductions ; la revue Vessy ( La Balance ) publia des extraits de certaines lettres de l'artiste ; la Toiso

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