Audimat N° 9
192 pages
Français

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Description

Audimat éditions publie des textes critiques, sensibles et politiques, des contre-récits, de l'esthétique sauvage.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2023
Nombre de lectures 1
Langue Français

Extrait

Une revue édiée par LES SIESTES Électroniques
Avec l’aide du CNL
13 Overdrive: héorie d’une sonorié élecrique — Pierre Arnoux
51 Nouveaux rêves cyberpunk — Philippe Llewellyn
85 Générer l’euphorie en ligne : l’eshéique de la culure ASMR — Rob Gallagher
115 One sep forward, wo seps back: 976, reggae roos e amnésie criique — Neil Kulkarni
155 Poèmes arrangés : pourquoi fouiller jusque dans le bac « Dicion » — Fanny Quémen
Playliss audio disponibles sur nore chaîne : www.youtube.com/user/AudimatRevue
Édio
Les playlists « Humeurs » de Spotify nous laissent perplexes. Chaque fois qu’on lance l’application suédoise surgit ce sentiment que l’intitulé « Travaillez en musique » se déchiffre en fait en « Circulez, il n’y a plus rien à écouter ». L’autre jour, à l’IRCAM, Martin Kaltenecker lisait des textes sur la radio en 1968, la façon dont les ondes perturbées et les voix altérées à l’antenne donnaient réalité à l’événement. En 2018, est-ce qu’on entend des interférences sur Spotify ? Non. Pas même un gros malin pour glisser une allusion, faire remonter Alkpote, « Survet noir », les Doobie Brothers, « Long Train Running », ou Gala, « Freed From Desire », tube qui n’avait, jusqu’aux récentes manifs étudi-antes, sans doute jamais résonné dans la rue, lui qui jadis rinçait plus volontiers les écouteurs de Discman, les woofers de boîtes de nuit et les baffles de mini-chaînes descendues le temps d’une fête dans un sous-sol. Mais bref, sur Spotify, nada, rien de tout ça : le pilote automatique.
Vous ne vous êtes peut-être jamais demandé d’où venait l’idée de pilote automatique, mais si par hasard c’est le cas, sachez que le concept a pris forme chez Norbert Wiener, père fondateur de la cybernétique, lit-téralement la science du pilotage, grand promoteur du concept de la rétro-action, c’est-à-dire dufeedback, et auteur d’une poignée de livres qui continuent de peser sur notre époque, en particulierLa Cybernétique :information et régulation dans le vivant et dans la machine etCybernétique et société –L’usage humain des êtres
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humains. Le paradoxe des thèses de Wiener, c’est que tout en établissant les fondements d’une théorie qui permettait de traiter indifféremment humains, animaux et machines, il mettait en garde contre le risque de vou-loir administrer les êtres humains comme des machines, et de voir la délibération politique remplacée par cette ambition gestionnaire – toute ressemblance avec des faits réels, etc.
La cybernétique est un projet paradoxal, et ce numéro, par un de ces heureux hasards qui font qu’on aura du mal à remplacer la composition d’Audimatun par algorithme prédictif, aborde souvent cette ambiva-lence. Il y est question avec Pierre Arnoux de boucles de rétro-action, celles de la distorsion condamnée à toujours déborder de son programme ; de cyborgs, ceux deBlade Runneret deGhost In The Shell, êtres ambigus revenus comme des fantômes hanter les productions du label Dream Catalogue dont nous parle Philippe Llewellyn ; d’une façon de transformer YouTube et de se transformer soi-même en machines à sensations, avec les vidéos ASMR étudiées par Rob Gallagher, qui reconduisent à propos de l’écoute toute l’ambiguïté de la cybernétique, entre thérapie person-nelle et bond vers des sensations hybrides et étranges.
Il fallait des contrepoints pour briser cette inquiétante cohérence. Ce sera donc la brocante des poèmes en musique récoltés par Fanny Quément, qui nous dit ce que l’oreille peut aller y chercher, à la frontière
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de la poésie parlée et d’un art de « l’arrangement » qui porte ici bien mal son nom. Et nous verrons aussi Neil Kulkarni revenir sur l’année 1976 dans l’histoire du reggae : bien loin des fictions afro-futuristes de Lee Scratch Perry (cf. la figure du rasta alien ou visionnaire analysée par Kodwo Eshun dansAudimat n°6), il se penchera sur une série de disques qui touchèrent au réel des luttes des partis politiques jamaïcains de la période, quand ces derniers pliaient les prophéties de Marcus Garvey à leurs intérêts immé-diats, dans une logique qu’on qualifierait aujourd’hui de nationale-populiste, et que les artistes témoignaient de ce tumulte par des chansons dignes, fiévreuses et subtiles.
Vous lisezAudimat, et nous vous en remercions. Il n’est sans doute pas trop tard pour oublier nos humeurs et pour entendre ce que l’on ne nous dit pas d’écouter.
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