Marc Chagall - Vitebsk -París -New York
117 pages
Français

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Description

Chagall aimait le bleu.«Le bleu du ciel qui combat sans cesse les nuages qui passent, qui passent…» (Baudelaire). La trajectoire de Marc Chagall commence dans sa Russie natale et s’achèvedans la consécration parisienne, avec cet extraordinaire plafond de l’Opéra de Paris commandé par Malraux.Chemin faisant, son inspiration embrasse le XXe siècle de ses couleurs, sans jamais renier ses origines de Juif russe.Cet ouvrage suit le parcours de l’artiste avec ses œuvres fondatrices, sa découverte des Etats-Unis, sa passion pour la France.Marc Chagall, sans adhérer à un mouvement, mais influencé par ses rencontres avec Bakst, Matisse et Picasso, reste sans conteste le peintre de la poésie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 juillet 2023
Nombre de lectures 0
EAN13 9781644618226
Langue Français
Poids de l'ouvrage 26 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

MIKHAIL GUERMAN - SYLVIE FORESTIER
DONALD WIGAL






Marc Chagall
Auteurs : Sylvie Forestier (ch.1), Mikhaïl Guerman (ch.2-3), Donald Wigal (ch.4-5-6)
Traducteur : Karin Py pour les chapitres 4-5-6.
© Confidential Concepts, worldwide, USA
© Parkstone Press International, New York, USA
© Marc Chagall Estate/Artists Rights Society, New York, USA/ADAGP, Paris
ISBN 13 : 978-1-64461-822-6
Tous droits d’adaptation et de reproduction réservés pour tous pays.
Sauf mention contraire, le copyright des œuvres reproduites se trouve chez les photographes qui en sont les auteurs. En dépit de nos recherches, il nous a été impossible d’établir les droits d’auteur dans certains cas. En cas de réclamation, nous vous prions de bien vouloir vous adresser à la maison d’édition.
Sommaire
Le Pays qui se trouve en mon âme
La Période russe
Le Symbolisme
Chagall et le théâtre
Chagall et l’Amérique
La Vie après Bella
Biographie
Index des œuvres reproduites
Notes
Le Pays qui se trouve en mon âme
Par un de ces curieux renversements de l’histoire qui font d’une destinée d’homme un destin, voici qu’un exilé, mort en exil, retrouve sa terre natale. Depuis l’exposition de ses œuvres organisée en 1987 au musée des Beaux-Arts Pouchkine à Moscou, qui suscita – nous l’avons constaté – une extraordinaire ferveur populaire, Marc Chagall naît une seconde fois. Voici donc que ce peintre, peut-être le plus singulier du XX e siècle, rencontre enfin l’objet de sa quête intérieure : l’amour de « sa Russie ». Ainsi les dernières lignes de Ma Vie , le récit autobiographique que le peintre arrêtera en 1922, à son départ pour l’Occident – « et peut-être, l’Europe m’aimera et, avec elle, ma Russie » -, trouvent-elles leur accomplissement.
Le signe de ce dernier nous est donné aujourd’hui par la tendance réflexive venue du pays natal de Chagall, qui, au-delà du phénomène somme toute naturel de réappropriation culturelle du peintre, témoigne d’un intérêt authentique, d’un effort d’analyse, d’une vision originale qui renouvellent les études chagalliennes. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, celles-ci restent encore historiquement peu sûres. Dans son ouvrage publié en 1961 [1] , aujourd’hui encore ouvrage de référence, Franz Meyer le souligne déjà : l’établissement, par exemple, d’une chronologie des œuvres est problématique.
Chagall, en effet, répugnait à dater ses tableaux ou les datait a posteriori . Bon nombre d’approximations peuvent surgir de ce simple fait, auquel s’ajoutent, pour l’analyste occidental, l’absence de sources comparatives et, souvent, la méconnaissance de la langue russe.
Aussi doit-on se féliciter de travaux récents comme celui de Jean-Claude Marcadé [2] , qui, à la suite de ceux, pionniers, de Camilla Gray [3] et de Valentine Vassutinsky-Marcadé [4] vient souligner l’importance du terreau originel de la culture russe dans l’œuvre de Chagall. Aussi, doit-on, plus encore, se réjouir de la publication des travaux d’historiens russes contemporains, comme l’ouvrage d’Alexandre Kamensky [5] et celui de Mikhaïl Guerman, avec qui nous avons aujourd’hui l’honneur et le plaisir de dialoguer.
Et pourtant, Marc Chagall a suscité une abondante littérature. Les grands noms de ce temps ont écrit sur son œuvre. Du premier essai décisif, d’Efros et Tugendhold, L’Art de Marc Chagall [6] , publié à Moscou en 1918 – Chagall a trente et un ans – au catalogue érudit et rigoureux de Susan Compton, Chagall [7] publié en 1985, année de la mort de l’artiste, à l’occasion de l’exposition organisée à Londres par la Royal Academy, les études critiques n’ont pas manqué.
La perception de l’art de Chagall ne s’en trouve pas pour autant clarifiée. Tantôt rattachée à l’Ecole de Paris, tantôt au courant expressionniste, tantôt proche du surréalisme, l’interprétation de l’œuvre semble soumise à contradiction. Chagall échapperait-il définitivement à l’investigation historique, à l’interrogation esthétique ? La recherche pourrait en effet se stériliser en l’absence de documents sûrs, dont certains sont évidemment perdus pour cause d’errance. Cette singularité du peintre dont l’art se rebelle à toute tentative de théorisation, voire de catégorisation, se trouve d’ailleurs confortée par une observation complémentaire. Les approches les plus suggestives pour l’esprit, les intuitions les plus divinatrices sont nourries de la parole des poètes ou des philosophes. Paroles analogiques s’il en fût, que celles de Cendrars, d’Apollinaire, d’Aragon, de Malraux, de Maritain ou de Bachelard.
Parole qui révèle la difficulté à s’élaborer de tout discours critique, qu’Aragon lui-même souligne en 1945 : « Chaque moyen d’expression a ses limites, ses vertus, ses manques. Rien n’est plus arbitraire que d’essayer de substituer la parole écrite au dessin, à la peinture. Cela s’appelle la critique d’art, et je n’ai pas conscience d’en être coupable ici » [8] ; témoignage qui révèle la nature fondamentalement poétique elle-même, de l’art de Chagall. Si cet arbitraire du discours critique apparaît en conséquence encore plus justifié en ce qui concerne Chagall, doit-on pour autant renoncer à toute tentative de clarification, sinon d’une œuvre, dont le mystère resterait intact, au moins d’une expérience plastique et d’une pratique picturale ?
Doit-on pour autant isoler sous la seule effusion lyrique des mots, l’une des individualités les plus inventives de ce temps ? Doit-on abandonner la recherche relevant de l’ordre de l’esthétique, ou au contraire persister à croire qu’elle se construit dans la vie intime et multiforme des idées, dans leur libre et parfois contradictoire échange ?
Si tels sont, au contraire, les prolégomènes nécessaires à tout mouvement de la pensée, alors le discours sur Chagall peut s’enrichir de l’épaisseur d’une connaissance nouvelle apportée par les œuvres des collections de Russie restées inédites, les archives mises à jour, les témoignages des historiens contemporains. Et la confrontation, dès lors, permettre la compréhension approfondie d’un art sauvage, que toute tentative de conceptualisation s’épuise à domestiquer.
Quelque cent cinquante œuvres, peintures et dessins sont ici analysés sous la plume sensible de Mikhaïl Guerman. Ils se situent entre 1908 ( La Fenêtre, Vitebsk ) et 1922 – date à laquelle Chagall quitte définitivement la Russie – à l’exception de quelques œuvres postérieures dont les illustrations pour Les Ames mortes de Gogol (1923-1927) faites sur une commande d’Ambroise Vollard, un Autoportrait (1927) et deux toiles marquantes Le Temps n’a point de rives (1930-1939) et La Pendule à l’aile bleue (1949).
Le corpus des œuvres présentées rend compte du champ chronologique des « débuts d’une œuvre ». L’analyse de Mikhaïl Guerman souligne avec une indiscutable pertinence les sources culturelles russes qui ont nourri l’art de Chagall – l’influence du loubok (imagerie populaire) par exemple – et se signale de surcroît par une particulière et corollaire clairvoyance.
Elle met au jour le mécanisme mémorial qui est au cœur de la pratique du peintre et cerne un concept majeur – on est tenté de dire un « tempo » majeur –, celui de « temps-mouvement », perceptible dans l’organisation plastique de l’œuvre. Beaucoup plus compréhensible se révèle ce phénomène de floraison vivante d’une peinture à la vérité cyclique, apparemment répétitive (mais pourquoi ?), qui pourrait se définir comme être organique, et évoquer ce sens ontologique de la création propre à la pensée d’un Berdiaev.


Autoportrait au col blanc , 1914. Huile sur carton, 29,2 x 25,7 cm. Philadelphia Museum of Art, Collection Louis E. Stern, Philadelphie.


La Chambre jaune , 1911. Huile sur toile, 84 x 112 cm. Collection privée, avec l'aimable permission de Christie’s, Londres.


Le Sabbat , 1910. Huile sur toile, 90,5 x 94,5 cm. Museum Ludwig, Cologne.


Le Petit Salon , 1908. Huile sur carton, 22,5 x 29 cm. Collection privée, Paris.


L’Atelier , 1910. Huile sur toile, 60,4 x 73 cm. Musée national d’art moderne, Centre Georges Pompidou, Paris.


Le Père , 1914. Tempera sur papier collé sur carton, 49,4 x 36,8 cm. Musée Russe, Saint-Pétersbourg.
Ce jaillissement primordial de la peinture qui fit l’admiration de Cendrars et d’Apollinaire, cet impérieux païen pictural qui dicte sa loi à l’artiste et lui impose une finalité théurgique, dessinent une esthétique et une éthique de la prédestination que, pour notre part, nous souhaiterions expliciter. C’est dans l’immédiateté de sa pratique picturale, dans l’immédiateté d’une décision créatrice où se construit sa propre identité, que Chagall se trouve.
Cette révélation à soi-même, celle qui conduit de la personne à l’artiste, nous est relatée par Chagall lui-même. Le récit autobiographique Ma Vie , rédigé en russe, parut pour la première fois dans la traduction française qu’en fit Bella Chagall, en 1931, à Paris.
Témoignage infiniment précieux de toute une part de la vie de l’artiste, ce texte, tendre, alerte, cocasse, révèle cependant au-delà de l’anecdote les thèmes fondamentaux de l’œuvre et surtout sa problématique. Le récit dans son ensemble n’est pas d’ailleurs sans évoquer ces biographies d’artistes étudiées par Ernst Kris et Otto Kurz [9] qui en organisent la typologie. Dès les premières lignes, une phrase singulière appelle l’attention : « Ce qui d’abord m’a sauté aux yeux, c’était un ange. »
Ainsi, les premières heures de la vie de Chagall inscrivaient-elles ce dernier dans le champ du voir. Inaugurée sur le ton de la fable, cette biographie-là ne peut être que celle d’un peintre. Et, plus loin, Chagall qui rappelle les difficultés de sa naissance ajoute : « Mais avant tout je suis mort-né. Je n’ai pas voulu vivre. Imaginez une bulle blanche qui ne veut pas vivre. Comme si elle était bourrée de tableaux de Chagall. [10] »
Ainsi, vivre serait-il donc peut-être libérer cet intérieur de soi qui est d’abord peinture ? Le thème de la vocation, inscrit dans celui du rêve prémoni

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