Les Manuscrits enluminés occidentaux
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Description

Quiconque a eu la chance de tenir entre ses mains des livres manuscrits du Moyen Âge a certainement été ému de ce contact direct avec un passé retrouvé. Les oeuvres d’auteurs célèbres, ou parfois même à jamais anonymes, s’animent sous ses yeux : anciens traités de philosophie, de sciences naturelles et de théologie, romans de chevalerie et poèmes courtois, oeuvres d’humanistes et de savants théologiens traduisant et commentant les classiques antiques, de voyageurs décrivant leurs incroyables pérégrinations, de chroniqueurs héroïques sauvant pour la postérité des événements de l’histoire emportés par le temps.

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Informations

Publié par
Date de parution 04 juillet 2023
Nombre de lectures 1
EAN13 9781644617892
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Tamara Voronova
Andréï Sterligov







Les Manuscrits enluminés occidentaux
VIII e –XVI e siècles
Texte : Victoria Charles
Maquette et mise en page : Stéphanie Angoh
ISBN : 978-1-64461-789-2
© Confidential Concepts, Worldwide, USA
© Parkstone Press USA, New York
© Image Bar www.image-bar.com
Tous droits d’adaptation et de reproduction réservés pour tous pays.
Sauf mention contraire, le copyright des œuvres reproduites se trouve chez les photographes qui en sont les auteurs. En dépit de nos recherches, il nous a été impossible d’établir les droits d’auteur dans certains cas. En cas de réclamation, nous vous prions de bien vouloir vous adresser à la maison d’édition.
Sommaire
Introduction
France
Espagne
Angleterre
Allemagne
Italie
Pays-Bas
Bibliographie
Index des manuscrits enluminés
Introduction
Quiconque a eu la chance de tenir entre ses mains des livres manuscrits du Moyen Âge a certainement été ému de ce contact direct avec un passé retrouvé. Les œuvres d’auteurs célèbres, ou parfois même à jamais anonymes, s’animent sous ses yeux : anciens traités de philosophie, de sciences naturelles et de théologie, romans de chevalerie et poèmes courtois, œuvres d’humanistes et de savants théologiens traduisant et commentant les classiques antiques, de voyageurs décrivant leurs incroyables pérégrinations, de chroniqueurs héroïques sauvant pour la postérité des événements de l’histoire emportés par le temps. Nous imaginons l’artisan copiste peinant du soir au matin dans son atelier situé dans l’étroite ruelle d’une cité médiévale, ou encore le scribe méticuleux reproduisant encore et toujours les textes des Saintes Écritures dans le calme du scriptorium de son monastère.
Le charme d’un livre manuscrit ancien est d’autant plus fort que son histoire est riche et enchevêtrée, que le nombre de ceux qui l’ont lu, possédé ou admiré à diverses époques est grand. Il n’est pas rare qu’à l’envoûtement dû au livre s’ajoute la joie d’une rencontre avec l’art : un art plastique d’une très haute maîtrise, riche et raffiné — celui de l’enluminure. L’alliance harmonieuse du récit, de la maîtrise d’exécution spécifique aux anciens codex et d’un art plastique raffiné, multiplie la force émotionnelle de chacune de ces composantes.
Les immenses in-folio des chroniques et des bibles, les ouvrages des auteurs antiques et médiévaux, les élégants petits livres d’heures, ont été transformés par les maîtres miniaturistes en minuscules galeries de peinture dissimulées sous les plats des reliures. Par bonheur le temps nous a conservé des chefs-d’œuvre parmi les miniatures byzantines, slaves méridionales, celles de l’ancienne Russie, d’Arménie et de Géorgie, d’Iran et d’Inde, qui ont joué un rôle important dans l’histoire de l’art mondial. Toutefois, notre édition étant consacrée à l’enluminure des livres manuscrits d’Europe occidentale, c’est de ses caractéristiques et de son importance qu’il sera question maintenant.
Les fresques médiévales, dans les rares cas où l’édifice qu’elles décoraient nous est parvenu sans d’importantes reconstructions ni de graves mutilations, et où elles n’ont pas été masquées aux époques suivantes par de nouvelles peintures correspondant au renouvellement des goûts, n’ont pu — même dans ces cas exceptionnels — conserver leur coloris d’origine du fait des variations de température et des effets atmosphériques. Le destin des tableaux de chevalet, dont les couleurs se modifiaient, se craquelaient, s’effritaient sous l’effet de la lumière et de l’air, et qui souvent, aussi, étaient repeints et « rafraîchis » , ne fut pas beaucoup plus heureux. Les couleurs des somptueuses tapisseries ont passé, se sont ternies. Le verre fragile des vitraux n’a pas souvent survécu à la violence de l’Histoire. Seule la miniature, soigneusement préservée à l’intérieur du livre, parmi ses pages, de l’humidité, de l’air, de la lumière et de la poussière, a su faire parvenir jusqu’à nous le coloris de la peinture ancienne dans sa fraîcheur originelle.
Une raison importante de l’admirable intégrité des miniatures réside dans l’extraordinaire minutie, la conscience et le savoir-faire de ces artisans dans leur ouvrage. Les moines qui travaillaient dans les scriptoria étaient pénétrés d’un sentiment de piété qui ne laissait aucune place à la négligence. Les maîtres laïcs pensaient à « l’honneur de l’uniforme » de leur corps de métier, leur corporation, leur atelier ; les commandes dépendaient de la perfection technique apportée, et les commanditaires, en général, étaient tels que tout travail de mauvaise qualité était exclu. Les livres enluminé étaient exécutés pour l’aristocratie, le clergé, la bourgeoisie montante de la finance et du commerce, et devinrent de véritables objets de luxe rivalisant de virtuosité et de prix avec les ouvrages d’orfèvrerie les plus précieux.
Si les manuscrits enluminés connurent un sort heureux, c’est aussi grâce au fait qu’ils furent toujours des objets de collection. En général, ils firent partie des bibliothèques avant d’entrer dans les musées. Cependant ce destin relativement heureux n’explique pas à lui seul l’importance de la peinture des manuscrits. Son étude, toujours plus élargie et approfondie ces dernières années, a révélé que dans le système des arts de son temps elle a occupé une place telle que si l’on ne tient pas compte de ses réalisations il est impossible, de nos jours, de comprendre la culture artistique du passé.
La miniature était exécutée pour le lecteur du livre, aussi était-elle destinée à l’élite intellectuelle de la société. L’analphabétisme de la population et le coût de ces livres uniques restreignaient considérablement le cercle des gens auxquels s’adressait l’artiste. Cependant cet élitisme n’a pas conduit à une paralysie des procédés. Bien plus, à partir du XIII e siècle, quand la production des livres passa massivement des monastères aux artisans des villes, on vit de plus en plus souvent apparaître dans la miniature des inventions picturales qui influencèrent l’ensemble des arts plastiques. Les chercheurs contemporains la qualifient fréquemment de « champ d’expérimentation de la peinture » , de « laboratoire des nouveaux procédés » . L’élaboration d’un nouveau langage artistique — acquisition de l’espace, rendu des masses, du volume, du mouvement, etc. — s’effectua pour beaucoup dans les ateliers des enlumineurs. Les fonctions d’illustration poussèrent les auteurs de miniatures vers la narration, le récit, les détails du réel, vers une tentative de rendre en image non seulement l’espace, mais aussi la durée. « La peinture primitive française est plus audacieuse sur parchemin que sur panneaux » ¸ écrit Grete Ring, éminente spécialiste de l’art français.


Évangiles . Northumbrie (?). Fin du XIII e siècle. Page d’initiales de l’Évangile selon Matthieu. ( Liber generationis ). F° 18.
L’enluminure a joué dans la création de nouveaux genres picturaux, le paysage et le portrait surtout, un rôle très important et aisément compréhensible : la liberté dans le choix des sujets, la variété des thèmes sont incomparablement plus vastes dans la miniature que dans la peinture de chevalet. Il est impossible, aujourd’hui, de ne pas admirer l’audace, l’énergie créatrice, le génie inventif des maîtres enlumineurs qui firent progresser l’art en dépit des contraintes sévères imposées par les traditions et par les modèles. L’un après l’autre, ils introduisirent des nouveautés dans le dessin, le coloris, la composition, élargirent le répertoire des scènes, des sujets, des motifs décoratifs, utilisant toujours plus dans leur travail leur observation de la vie.
L’importance de l’enluminure pour l’histoire de l’art ne peut s’apprécier si l’on ne tient pas compte d’un autre facteur. Tout comme les objets d’art, le livre illustré est la forme d’art la plus aisément transportable. Parmi les articles colportés par les marchands se trouvaient des manuscrits enluminés. En se mariant, les princesses emportaient avec elles les œuvres des meilleurs enlumineurs de leur pays ; les livres étaient transmis en héritage aux fils qui partaient pour de nouveaux domaines, échoyaient aux vainqueurs à titre de trophées. Les manuscrits enluminés voyageaient dans toute l’Europe, faisant connaître les goûts, les idées et les styles nouveaux. Nul doute que dans la seconde moitié du XIV e et au début du XV e siècle l’influence de l’art parisien sur de nombreux pays s’explique principalement par cette diffusion des livres enluminés.
On observe de profondes interactions entre la miniature et la peinture de chevalet, mais aussi la sculpture, car les ouvrages illustrés servaient, dans l’élaboration des scénarios sculpturaux des cathédrales romanes et gothiques, de source d’inspiration pour les thèmes, les images, l’iconographie au sens large et strict du terme. Les émailleurs, sculpteurs sur ivoire, tapissiers, maîtres verriers et même les architectes, utilisaient des images qu’ils tiraient des livres. Il existait bien entendu une influence inverse, parfois très forte, la miniature étant alors fécondée par les progrès d’autres arts plastiques ; cependant, même dans ce cas, son étude est d’un apport considérable pour la compréhension de la culture du passé. Jusqu’au milieu du XV e siècle, Jean Fouquet compris, les maîtres miniaturistes français s’inspirèrent de la remarquable sculpture gothique. Au XIII e siècle, le vitrail exerça une grande influence sur l’enluminure ; au XIV e siècle, ce furent sans conteste les fresques italiennes ; au XV e siècle, la miniature ne laissa pas passer les découvertes fondamentales des maîtres de la peinture flamande, ni celles des architectes et sculpteurs italiens ou des peintres du Quattrocento . Toutefois il importe de souligner que dans toutes ces interactions complexes et fécondes d’écoles, de formes et de genres, l’enluminure a joué son propre rôle, en toute indépendance et dignité.
Le rassemblement des miniatures, leur étude et leur public

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