199
pages
Français
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2023
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Ebook
2023
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Publié par
Date de parution
04 juillet 2023
Nombre de lectures
0
EAN13
9781783108503
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
2 Mo
Publié par
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04 juillet 2023
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EAN13
9781783108503
Langue
Français
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2 Mo
Auteurs : Emile Michel et Victoria Charles
Article de Charles Bernard (tous droits réservés)
Mise en page :
Baseline Co. Ltd
61A-63A Vo Van Tan Street
4 ème étage
District 3, Hô Chi Minh-Ville
Vietnam
© Confidential Concepts, worldwide, USA
© Parkstone Press International, New York, USA
Image-Bar www.image-bar.com
ISBN : 978-1-78310-850-3
Tous droits d’adaptation et de reproduction réservés pour tous pays.
Sauf mention contraire, le copyright des œuvres reproduites se trouve chez les photographes qui en sont les auteurs. En dépit de nos recherches, il nous a été impossible d’établir les droits d’auteur dans certains cas. En cas de réclamation, nous vous prions de bien vouloir vous adresser à la maison d’édition.
Note de l’éditeur
Par respect pour le travail originel des auteurs, le texte n’a pas été réactualisé dans ses propos, notamment en ce qui concerne les changements d’attribution, les datations et la location des œuvres, qui ont été et qui sont encore parfois incertaines. En revanche, les légendes ont été actualisées.
Emile Michel & Victoria Charles
Les Brueghel
Sommaire
Introduction
Le Siècle de Pieter I Bruegel l’Ancien
Ses Débuts
Les Œuvres de la maturité
Liste d es proverbes illustrés dans Les Proverbes flamands ou Le Monde à l’envers
La Prospérité d’une dynastie
Arbre généalogique de la famille Brueghel
Bibliographie
Liste des illustrations
Notes
1. Pieter I Brueghel l’Ancien, Le Peintre et l’amateur , vers 1565.
Plume et encre brune, 25 x 21,6 cm .
Graphische Sammlung, Albertina, Vienne.
2. Antoon Van Dyck, Pieter Brueghel le Jeune , 1627-1635.
Pierre noire, 24,5 x 19,8 cm .
Collection Devonshire, Chatsworth.
Introduction
Après une première période d’éclat, l’art des Flandres, parvenu dès ses débuts à la perfection, avait peu à peu décliné. Bien qu’une étude aujourd’hui plus approfondie de ses origines nous ait révélé, surtout chez les miniaturistes, des tentatives et des œuvres qui, même avant les Van Eyck, méritaient d’être signalées, cette perfection à laquelle les deux frères ont atteint reste merveilleuse ; elle tient surtout à leur génie. Ils dépassent de si haut leurs prédécesseurs qu’on chercherait en vain dans l’histoire une transformation de l’art aussi brusque, aussi décisive, aussi glorieuse que celle qu’ils ont accomplie.
Sans s’élever jusqu’à leur niveau, les artistes qu’ils avaient formés directement ou ceux qu’avaient stimulés leurs exemples montrent encore, après les Van Eyck, des talents dignes de notre admiration. Mais, en même temps que le sens de la nature devenait chez eux moins pénétrant et moins profond, leur exécution était aussi moins scrupuleuse. En se relâchant de la conscience avec laquelle ils consultaient la réalité et de ce fini minutieux dont ils s’étaient d’abord fait une règle, les peintres perdent quelque chose de leur originalité. Ils commencent aussi, et de plus en plus, à regarder vers l’Italie, à quitter leur patrie, à mêler par conséquent aux impressions qu’ils en emportent celles que font naître en eux les contrées qu’ils traversent. Au sortir de ces plaines flamandes dont quelques faibles ondulations rompent à peine de loin en loin la monotonie, les émigrants ne pouvaient manquer d’être frappés par l’aspect des pays montagneux placés sur leur chemin. Les Alpes, le Tyrol, les Apennins leur offraient ces accidents nombreux que déjà les Primitifs avaient recherchés, car la simplicité, on le sait, n’était point leur affaire. Dans les panoramas à perte de vue qu’ils se plaisent à dérouler, ces nomades restent fidèles à la préoccupation excessive du pittoresque. Ils croient qu’ils n’accumuleront jamais assez de détails et multiplient outre mesure les entassements de rochers aux formes bizarres, les cours d’eau innombrables ; sur les montagnes qui, de toutes parts, dressent leurs crêtes hérissées, ils étagent à l’infini des forêts, des villes, des villages, des châteaux forts. Séjournent-ils dans les villes, ils y rencontrent à chaque pas les ruines du passé, des monuments de tous les styles, des statues, les chefs-d’œuvre des maîtres de la grande époque et les productions non moins admirées de leurs indignes successeurs ; partout, des traditions et des courants d’idées bien différents de ceux que, jusque-là, ils avaient suivis. Comment résisteraient-ils à tant de séductions qui, de toutes parts, les sollicitent ? Leurs compatriotes fixés au-delà des monts et groupés en associations les accueillent, les affilient à leur bande, les initient aux merveilles de cet art nouveau. De retour chez eux, ils en prônent les principes et en deviennent eux-mêmes les apôtres, essayant, le plus souvent sans grand succès, d’en imiter les allures et le style.
Aussi, au lieu de cette forte unité qui caractérise les œuvres des Primitifs et qui, chez eux, s’allie aux qualités les plus diverses, des tendances très opposées, et même inconciliables, se manifestent alors parmi les artistes des Pays-Bas. Dans le paysage, les adeptes des doctrines académiques, comme les Bril et leurs imitateurs, visent surtout à l’aspect décoratif et préludent, par leurs compositions encore un peu gauches et apprêtées, à ces inspirations plus poétiques et plus libres qui trouveront chez deux Français, Claude Gelée, dit le Lorrain et Poussin, leur plus noble expression. Pour la peinture d’histoire, les italianisants restent ses seuls représentants dans les Flandres, et c’est à eux surtout que sont réservées les grandes compositions religieuses ou mythologiques. Celles-ci d’ailleurs sont devenues plus rares en raison de la difficulté des temps. Les princes et le clergé avaient autre chose à faire que de les encourager, obligés qu’ils étaient de défendre leur autorité méconnue ou même leur existence.
Commencé avec Mabuse, le grand mouvement de l’émigration se continue avec Bernard Van Orley, M. Coxie, Lambert Lombard, Pieter Coecke, Frans Floris et Martin de Vos, pour aboutir à Van Veen et à Rubens, son illustre élève. En regard de ces transfuges, à peine peut-on compter çà et là quelques artistes restés fidèles aux traditions nationales, observateurs scrupuleux de la nature, recherchant la vérité et l’aimant jusque dans ses détails les plus familiers. A défaut du style de leurs devanciers, ceux-là ont conservé entière leur sincérité, et les témoignages qu’ils nous ont laissés sur les mœurs populaires de cette époque sont irrécusables. A ce titre, il n’est guère de maître dont les œuvres et la vie soient plus intéressantes que celles de Pieter Bruegel. Fondateur lui-même d’une nombreuse lignée de peintres, il a été le chef d’une de ces familles – comme on devait en compter beaucoup en Hollande et comme l’histoire artistique des Flandres nous en offre déjà un grand nombre – chez lesquelles le talent était en quelque sorte héréditaire : les Van Eyck, les Metsys, les Van Orley, les Pourbus, les Van Cleve, les Coxie, les Key, les De Vos et, plus tard, les Teniers.
Rejeton imprévu de la vieille souche flamande, Pieter Bruegel a puisé dans le sol natal toute sa sève, et projeté en des directions diverses des pousses vigoureuses. A côté de cet artiste et de ce penseur d’une originalité singulière, son fils Jan, bien connu sous le nom de Brueghel de Velours, nous montrera un talent également célèbre, mais qui contraste d’une manière saisissante avec celui de son père. Avec deux maîtres si différents, nous aurons l’occasion de suivre les phases diverses par lesquelles a passé l’histoire de la peinture des Pays-Bas, à une époque où sa constitution et ses visées allaient être modifiées d’une manière si profonde.
Les similitudes fréquentes de prénoms et de talents rendant un peu obscure et assez difficile à suivre toute cette filiation des Brueghel, il nous a paru utile de reproduire, du moins pour les trois générations d’artistes qui méritent d’être cités, l’arbre généalogique de cette famille qu’on trouvera à la suite de cette étude et qui a été dressé par M. Alphonse Wauters.
3. Petrus Paulus Rubens, Jan Brueghel l’Ancien et sa famille , 1612-1613.
Huile sur panneau de bois, 124,5 x 94,6 cm .
Courtauld Institute of Art, Collection Princes Gate, Londres.
4. Pieter I Bruegel l’Ancien, Le Dénombrement de Bethléem , détail, 1566.
Huile sur bois, 115,5 x 163,5 cm . Musées royaux
des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles.
Le Siècle de Pieter I Bruegel l’Ancien
Guichardin séjourne aux Pays-Bas depuis 1542 environ jusqu’à sa mort, survenue à Anvers le 22 mars 1589. Il trouve les habitants froids, continents, peu adonnés aux plaisirs lascifs. Pourtant, ils sont gais ; ils aiment le mot joyeux « quoique parfois trop licencieusement et sans respect quelconque ».
Le gentilhomme florentin est frappé par le contraste entre ce peuple grave et laborieux, mais excessif dans ses plaisirs, et l’allure raffinée des bourgeois qui se promènent en devisant de la chose publique, place de la Seigneurie. Il a du goût à respirer la nouveauté du pays ; il en éprouve comme une alacrité singulière dont on sent le frémissement dans son livre [1] . Ses impressions sont vives et nettes ; elles jettent sur cette époque des lueurs incisives et lui restituent cette vie qui s’est desséchée avec l’encre des parchemins dans les armoires où l’on conserve les archives du temps.
Toutes ces remarques de Guichardin sur les mœurs et les habitants, on pourrait les épingler sous tel dessin, sous tel tableau de Bruegel. L’œuvre de ce peintre constitue en quelque sorte une illustration définitive des plus savants traités d’histoire sur cette époque. Mais les pages les plus probes nous en apprendront toujours moins que tel trait d’observation directe que le sagace Florentin laisse tomber spontanément au détour d’une phrase, ou tel coin de décor avec un paysan dansant, tel intérieur savoureux avec quelques compères attablés, et où le vieux Bruegel a enfermé l’âme éternellement vivante de son peuple.
On ne peut pas, dans l’étude du XVI e siècle aux Pays-Bas, faire