L’Art de la chaussure
405 pages
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Description

Qu’y-a-t-il de plus banal qu’une paire de chaussures ? Pourtant, aujourd’hui encore, la moitié de l’humanité n’en connaît pas l’usage. Dans un monde où la chaussure est devenue un objet de consommation, comment oublier que nos arrière-grands-parents l’utilisaient pour les cérémonies et autres occasions exceptionnelles. L’industrie a accompli son devoir : produire en grande quantité à des prix plus abordables. Mais il fut un temps où la chaussure symbolisait la force des légions romaines, la puissance des seigneurs du Moyen Âge européen ou encore l’oppression des femmes chinoises. C’est une histoire longue et passionnante que l’auteur Marie-Josèphe Bossan, conservateur du Musée International de la Chaussure de Romans, conte avec rigueur et talent. Appuyant son analyse sur une iconographie choisie avec méthode, l’auteur donne à ces objets de tous les jours, des lettres de noblesse qui nous interpellent sur les modes et les valeurs de nos civilisations.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 juillet 2023
Nombre de lectures 0
EAN13 9781783108237
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

1. Sandale « akha » coiffe des tribus Akha du Triangle d’or, (boîte de coca recyclée et graine de la jungle, talon en acier de 6 cm, cuir. Trikitrixa, Paris.
Auteur : Marie-Josèphe Bossan

Mise en page : Baseline Co Ltd,
61A – 63A Vo Van Tan Street.
4 e étage
District 3, Hô Chi Minh-Ville
Vietnam

© Confidential Concepts, worldwide, USA
© Parkstone Press Ltd, New York, USA
© Miró Estate / Artists Rights Society, New York / ADAGP, Paris
© Arroyo Estate / Artists Rights Society, New York / VEGAP, Madrid
© Magritte Estate / Artists Rights Society, New York / ADAGP, Paris
© Warhol Estate / Artists Rights Society, New York
© Kingdom of Spain, Gala-Salvador Dalí Foundation / Artists Rights Society, New York, USA / VEGAP, Madrid
© Joël Garnier, ill. 11, 35, 36, 39, 45, 49, 50, 51, 52, 58, 59, 60, 61, 63, 64, 66, 71, 72, 74, 75, 83, 84, 89, 92, 93, 94, 95, 96, 97, 98A, 98B, 99, 100, 101, 102, 103, 104, 111, 113, 114, 115, 116, 117, 118, 119, 126, 152, 153, 154, 155, 156, 157, 159, 160, 161, 164, 165, 166, 169, 170, 171, 175, 177, 178, 183, 187, 194, 198, 199, 200, 201, 206, 207, 212, 220, 223, 224, 225, 226, 227, 228, 229, 230, 231, 232, 238, 244, 247, 248, 249, 250, 251, 252, 253, 264, 266, 272, 274, 300, 301, 302, 303, 304, 307, 310
© Eric Delorme, ill. 85
© E. Eylieu, ill. 306
© Photothèque des musées de la Ville de Paris, Cliché Marchand ill. 31, Cliché Pierrain ill. 73, Cliché Ladet ill. 79, Cliché Lifermann ill. 216, 234, 235, 277
© The Metropolitan Museum of Art, ill. 107
© Fondazione Nazionale C. Collodi, ill. 278

ISBN : 978-1-78310-823-7

Remerciements à la ville de Romans, et à Joël Garnier pour ses photographies.
Tous droits d ’ adaptation et de reproduction réservés pour tous pays. Sauf mention contraire, le copyright des œuvres reproduites se trouve chez les photographes qui en sont les auteurs. En dépit de nos recherches, il nous a été impossible d ’ établir les droits d ’ auteur dans certains cas. En cas de réclamation, nous vous prions de bien vouloir vous adresser à la maison d ’ édition.
Marie-Josèphe Bossan



L ’ Art de la Chaussure
Sommaire


Avant-propos La chaussure, objet de civilisation et objet d’art
De l’Antiquité à nos jours
Le Tour du monde des chaussures
Chaussures célèbres
Histoire de chaussures Histoire de vie
Chaussures et littérature
Chaussures et art
Annexes
Abécédaire
Bibliographie
Table des matières
Remerciements
2. Bottes d’aviateur, vers 1914. France.


Avant-propos La chaussure, objet de civilisation et objet d ’ art


Objet nécessaire de la vie quotidienne auquel les contemporains ne s ’ intéressent guère que par souci de confort et d ’ élégance, la chaussure revêt une grande importance pour l ’ histoire des civilisations et elle n ’ en est pas dépourvue pour l ’ histoire de l ’ art.
En perdant contact avec la nature, on a perdu de vue sa signification profonde ; en reprenant contact avec elle, en particulier par les sports, on ne tarde pas à la redécouvrir. Chaussures de ski, de montagne, de chasse, de marche, de football, espadrilles de tennis, bottes de cheval… sont autant d ’ outils indispensables et qu ’ on choisit soigneusement, autant de signes révélateurs des occupations ou des goûts.
Au cours des siècles, alors que l ’ homme dépendait beaucoup plus que maintenant du climat, de la végétation, de la nature du sol, alors que la plupart des métiers demandaient la participation du corps, la chaussure avait pour tout le monde l ’ importance qu ’ elle n ’ a plus aujourd ’ hui que pour quelques-uns. On ne se chaussait pas de la même façon dans les glaces ou sous les tropiques, en forêt ou en steppe, en plaine marécageuse ou en montagne, pour labourer, pour chasser, pour pêcher. Ainsi donne-t-elle de précieuses indications sur l ’ habitat et sur les modes de vie.
Dans des sociétés fortement hiérarchisées, organisées en castes ou en ordres, le soin de la vêture était déterminant. Princes, bourgeois, soldats, ecclésiastiques, serviteurs se différenciaient aussi par ce qu ’ ils portaient. La chaussure met en lumière, moins spectaculairement que le couvre-chef, mais de façon plus astreignante, l ’ éclat respectif des civilisations, dévoile la classe sociale, la finesse de la race : signe de reconnaissance, comme l ’ anneau qu ’ on passe au doigt le plus menu, la « pantoufle de verre » n ’ ira qu ’ au pied de la plus délicate des belles.
Bien des coutumes l ’ imposent ou la conditionnent et, par retour, elle nous transmet leurs images. Elle nous renseigne sur les déformations que l ’ on faisait subir aux pieds des femmes chinoises ; elle nous montre comment, en conservant les bottes inusuelles en Inde, les cavaliers nomades du nord entendaient prouver leur souveraineté sur le sous-continent indien. Les patins évoquent les hammams ; les babouches, l ’ interdiction islamique d ’ entrer les pieds chaussés dans les lieux de culte et les demeures.
Parfois elle est symbolique, rituelle, liée à quelque moment crucial de l ’ existence. On raconte que les hauts talons servaient, ici, à grandir la femme le jour de ses noces pour lui rappeler que c ’ était le seul moment où elle dominerait son mari.
Là, la bottine du chaman était garnie de peaux de bêtes et d ’ ossements pour faire de celui-ci l ’ émule du cerf, pour le rendre capable de courir, comme le cerf, dans le monde des esprits. On est ce que l ’ on porte. Et si, pour participer à une vie plus haute, il faut orner sa tête, dès qu ’ il s ’ agit de se déplacer avec plus d ’ aisance, ce sont les pieds qu ’ il convient de parer. Athéna porte des chaussures d ’ or, Hermès, des talonnières. Persés, pour voler dans les airs, va chercher près des Nymphes les sandales ailées. À la haute mythologie répondent les contes. Les bottes de sept lieues qui s ’ élargissent ou se rétrécissent pour chausser l ’ Ogre ou le Petit Poucet, leur permettent de parcourir l ’ univers. « Vous n ’ avez qu ’ à me faire faire une paire de bottes, dit le Chat Botté à son maître, et vous verrez que vous n ’ êtes pas si mal partagé que vous croyez » .
Suffit-elle donc à transcender le pied, souvent considéré comme le membre le plus modeste et le plus défavorisé de l ’ être humain ? Sans doute parfois, mais non toujours. Car le pied lui-même n ’ est pas toujours démuni de sacré et peut à son tour en communiquer à la chaussure. C ’ est aux pieds des hommes que se sont constamment jetés ceux qui supplient ou qui vénèrent ; c ’ est le pied des hommes qui laisse sa trace sur le sol humide ou poussiéreux, souvent le seul témoignage de leur passage. Pièce d ’ habillement spécifique, la chaussure peut parfois servir à représenter celui qui la portait, qui a disparu, dont on n ’ ose pas retracer les traits : l ’ exemple le plus caractéristique est offert par le boudhisme primitif évoquant l ’ image de son fondateur par un siège ou par l ’ empreinte de ses pieds.
Faite de matériaux les plus divers, cuir, bois, étoffe, paille, nus ou plus ou moins ornés, la chaussure, par sa forme, par son décor, devient un objet d ’ art. Si la forme est parfois plus fonctionnelle qu ’ esthétique – mais non pas toujours et il y aurait lieu d ’ expliquer tant de formes aberrantes – les dessins des étoffes, les broderies, les incrustations, le choix des couleurs relèvent toujours étroitement de l ’ art caractéristique des pays où elle a été fabriquée.
Son intérêt primordial vient de ce qu ’ elle n ’ est pas, comme les armes ou comme les instruments de musique, réservée à une caste, à un groupe social déterminé, qu ’ elle n ’ est pas, comme le tapis, le produit d ’ une ou deux civilisations seulement, qu ’ elle ne relève pas comme un objet « somptueux » de la classe riche, comme un objet « folklorique » de la classe pauvre. Elle a été utilisée, du haut en bas de l ’ échelle sociale, par tous les individus du groupe considéré et, de groupe en groupe, par le monde entier.

Jean-Paul ROUX,
Didecteur de recherche honoraire au CNRS
Professeur titulaire honoraire de la chaire des Arts
Islamiques à l ’ Ecole du Louvre
3. Modèle de soulier en argile à bout relevé provenant d’une tombe de l’Azerbaïdjan, XIII e -XII e siècles av. J.-C., musée Bally, Schönenwerd (Suisse).
4. Chaussure en fer, provenant de Syrie, 800 av. J.-C., musée Bally, Schönenwerd (Suisse).


De l’Antiquité à nos jours


La Préhistoire
La Préhistoire semble ignorer la chaussure car toutes les empreintes connues révèlent des pieds nus. Néanmoins, des peintures rupestres découvertes en Espagne, datant du paléolithique supérieur (il y a environ quatorze mille ans), montrent des Magdaléennes chaussées de bottes de fourrure. D ’ après l ’ abbé Breuil, paléontologue et préhistorien français (1877-1961), l ’ homme du néolithique recouvrait ses pieds de peaux de bêtes pour se protéger des rigueurs du climat.
Ainsi, si nous ne disposons d’aucune preuve concrète, il semble que l’homme a toujours, d’instinct, protégé ses pieds pour se déplacer. Ces chaussures, à l’état d’ébauche, n’ont alors sans doute qu’une fonction utilitaire. Un excellent témoignage à ce sujet nous est fourni par Ötzi, l’homme découvert « momifié » dans un glacier du Tyrol. Il portait des « bottes » très bien conservées. Recouvertes sur le dessus de cuir de cerf et composées de semelles en cuir d ’ ours, ces chaussures lui permettent de se déplacer sur de longues distances pour effectuer ses activités commerciales. Le choix de la matière était largement déterminé par la capacité des matériaux utilisés à protéger les pieds contre la rudesse des conditions. Ce n ’ est qu ’ à partir de l ’ Antiquité que la chaussure s ’ enrichira d ’ une dimension esthétique et ornementale, devenant ainsi un véritable révélateur de l ’ ordre social.

L’Antiquité La chaussure dans les grandes civilisations de l ’ Orient antique
Au IV e millénaire avant J.-C., les premières grandes civilisations se développent en Mésopotamie et en Égypte. C ’ est là que se forment les trois

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