Frida Kahlo
215 pages
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Frida Kahlo , livre ebook

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Description

Frida Kahlo est devenue plus familière aux amateurs d’art après la sortie d’un film sur sa vie. Son OEuvre n’en reste pas moins compliqué dans son approche et sa compréhension. L’auteur, Gerry Souter, avec délicatesse et talent, explore les aspects les plus intimes de l’artiste et de ses oeuvres en alternant vie et création, danger et exaltation. Un livre d’art qui se lit comme un roman.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 juillet 2023
Nombre de lectures 12
EAN13 9781783108336
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Auteur : Gerry Souter
Traduction : Karin Py

Mise en page :
Baseline Co. Ltd
61A-63A Vo Van Tan Street
4 ème étage
District 3, Hô Chi Minh-Ville
Vietnam

© Confidential Concepts, worldwide, USA
© Parkstone Press International, New York, USA
Image-Bar www.image-bar.com
© Banco de México Diego Rivera & Frida Kahlo Museums Trust. Av. Cinco de Mayo n°2, Col. Centro, Del. Cuauhtémoc 06059, México, D.F.

Tous droits d’adaptation et de reproduction réservés pour tous pays.
Sauf mention contraire, le copyright des œuvres reproduites se trouve chez les photographes qui en sont les auteurs. En dépit de nos recherches, il nous a été impossible d’établir les droits d’auteur dans certains cas. En cas de réclamation, nous vous prions de bien vouloir vous adresser à la maison d’édition.

ISBN : 978-1-78310-833-6
Gerry Souter



Frida Kahlo
Au-delà du miroir
1. Le Rêve ou Le Lit , 1940. Huile sur toile,
74 x 98,5 cm . Collection Isidore Ducasse, France.
Sommaire


Introduction
La Sauvageonne
La Fin de l’innocence
Señora Diego Rivera
Une Palette d’aventures
« J’ai vraiment besoin de pèze de toute urgence ! »
« Vive la joie, la vie, Diego… »
Conclusion
Index
Notes
2. Autoportrait , 1930. Huile sur toile,
65 x 55 cm . Museum of Fine Arts, Boston.


Introduction


Son visage serein encadré d’une couronne de cheveux ardents, l’enveloppe brisée, déchirée, recousue, crevassée et flétrie qui renfermait autrefois Frida Kahlo, s’abandonnait aux flammes du crématorium. Le brasier échauffant la table d’acier qui était devenue sa couche ultime, remplaçait la chair morte par la pureté de la cendre et mettait un terme – un point final – au corps traître qui avait contenu son âme. Son image incandescente dans la mort n’était pas moins réelle que les portraits de son vivant. Lorsque les cendres furent consumées et refroidies, les ténèbres s’abattirent sur son nom, ses peintures et son bref flirt avec la célébrité. Elle devint une note de bas de page, un « talent prometteur » se languissant éternellement à l’ombre de son époux, le fameux muraliste mexicain Diego Rivera, ou encore, ainsi que le déclara un critique du New York Times en baillant sur l’une de ses œuvres : « …peinte par une ex-épouse de Rivera ».
Frida Kahlo aurait dû mourir trente ans plus tôt dans un horrible accident d’autobus, mais son corps transpercé, anéanti, résista assez longtemps pour fonder une légende et une collection d’œuvres qui refit surface trente ans après sa mort. Ses tableaux firent des étincelles dans un monde nouveau, préparé à reconnaître et comprendre ses dons. Ils constituaient un journal intime visuel, une manifestation de son dialogue intérieur qui était, bien trop souvent, un cri de douleur. Ses peintures donnaient forme aux souvenirs, aux paysages de l’imagination, à des scènes entrevues et des visages étudiés. Avec leur palette de symboles, elles maintenaient à distance respectueuse la folie (jaune) et le sentiment de claustrophobie suscité par la prison des corsets de plâtre et d’acier. Son vocabulaire personnel d’images emblématiques nous dévoile sa façon de dévorer la vie, d’aimer, de haïr et de percevoir la beauté. Ses peintures, agrémentées de mots, de pages de son journal et de souvenirs de ses contemporains, nous gratifient d’une existence vécue au rythme d’un galop brisé, interrompue – peut-être – selon sa propre volonté, et lèguent à la postérité un autoportrait d’ensemble courageux, la somme de toutes ses parties.
Le peintre et la personne sont indissociables, et pourtant elle porta de nombreux masques. Avec les intimes, Frida dominait l’espace de ses commentaires spirituels et spontanés, par sa manière singulière de s’identifier avec les paysans du Mexique tout en maintenant une certaine distance avec eux, de dénigrer les Européens et leur besoin de marcher sous une bannière : impressionnistes, post-impressionnistes, expressionnistes, surréalistes, réalistes socialistes, etc. en quête d’argent et de riches mécènes, ou d’un siège dans une académie.
Et pourtant, alors que son œuvre gagnait en maturité, elle désira la reconnaissance pour elle-même et les tableaux qu’elle avait offerts en souvenir. Ce qui avait débuté comme un passe-temps prit bientôt possession de sa vie. Les conversations de Frida étaient relevées par l’argot des rues et les grossièretés qui faisaient mentir sa petite stature, son éducation catholique et son amour conservateur des coutumes traditionnelles mexicaines. Alors qu’elle se promenait dans les rues de New York vêtue de sa robe aux galons rouges de Tehuantepec, parée de ses pendentifs de jade millénaire et portant un reboso (châle) sur les épaules, un petit garçon s’approcha d’elle et lui demanda : « Le cirque est-il de passage en ville ? » Elle était un spectacle à elle seule, un recueil dadaïste de contradictions.
Sa vie intérieure oscillait entre exubérance et désespoir car elle menait une lutte presque permanente avec la douleur due à ses blessures à la colonne, au dos, au pied droit, à la jambe gauche, à des mycoses, des virus contractés lors des fausses-couches, et les continuels soins expérimentaux prodigués par ses médecins. Une inépuisable source de joie extraordinaire dans sa vie fut Diego Rivera, son mari, son prince grenouille, un communiste ventru aux yeux globuleux, à la chevelure désordonnée et à la réputation de bourreau des cœurs. Elle supporta ses infidélités et riposta en entretenant ses propres liaisons sur trois continents, fréquentant aussi bien des hommes forts que des femmes désirables. Mais en fin de compte, Diego et Frida revenaient toujours l’un vers l’autre comme deux bêtes blessées, séparées par leur art, la politique et leurs tempéraments volcaniques, et réunis par le ténu ruban rouge de leur amour.
Ses tableaux sur métal, bois et toile sans perspective, évoquant la peinture murale avec ses contours tranchés et un recours sans vergogne à la couleur locale reflétaient son influence. Mais tandis que Diego peignait la surface des choses qu’il voyait, elle s’éviscérait elle-même et devenait ses sujets. Et dans les années 40, alors que Frida parvenait à une plus grande maîtrise de son médium et que mûrissait en elle la conscience de son témoignage, son corps la trahit et lui ôta la capacité de réaliser toutes les images jaillissant de son esprit épuisé. Bientôt, il n’y eut plus de place que pour les narcotiques et un quart d’eau-de-vie par jour.
A la fin, Diego fut à ses côtés, comme le Mexique, son pays, lent à réaliser la valeur de son trésor. Privée de reconnaissance individuelle par son pays natal jusqu’aux dernières années de sa vie, l’unique exposition monographique de Frida Kahlo au Mexique fut inaugurée là où sa vie avait commencé, et retraçait les quarante-sept années de sa brève existence. Lorsqu’elle fut partie, les yeux de cette vie demeurèrent, nous lançant de son cadre un regard direct et provocateur.
3. Diego Rivera , Autoportrait , 1906.
Huile sur toile, 55 x 54 cm . Collection du
gouvernement de l ’ état de Sinaloa, Mexique.
4. Pancho Villa et Adelita , vers 1927.
Huile sur toile, 65 x 45 cm . Museo del
Instituto Tlaxcala de Cultura, Tlaxcala.


La Sauvageonne


Enfant, partout où elle allait, elle courait comme s’il lui restait peu de temps et tant de choses à accomplir. Magdalena Carmen Frieda Kahlo y Calderón naquit le 6 juillet 1907 à Coyoacán, au Mexique. En ce temps-là, courir, se cacher et apprendre à identifier rapidement quelle armée s’approchait du village, étaient des aptitudes quotidiennement requises pour la survie des civils mexicains. Excepté pour quelques lettres intimes, Frida finit par abandonner l’orthographe allemande de son nom, hérité de son père, Wilhelm (transformé en Guillermo), un hongrois élevé à Nuremberg. Sa mère, anciennement Matilde Calderón, dévote catholique et métisse d’ascendance indienne et européenne, possédait une vision profondément conservatrice et religieuse de la place d’une femme dans le monde. De l’autre côté, le père de Frida était un artiste, un photographe d’un certain renom qui l’encourageait à penser par elle-même. Guillermo était entouré par ses filles dans la Casa Azul (la maison bleue) située à l’angle des rues de Londres et Allende à Coyoacán. Au cœur de cette vie de famille traditionnelle, il s’accrocha à Frida comme à un succédané de fils, destiné à suivre ses pas dans le domaine des arts. Il devint son premier mentor en l’éloignant des rôles traditionnels acceptés par la majorité des femmes mexicaines. Elle lui servit d’assistante dans son laboratoire et commença à apprendre le métier, bien que sans grand enthousiasme pour le médium photographique. Elle voyageait à ses côtés pour être présente au cas où il aurait été saisi d’une crise d’épilepsie.
Guillermo Kahlo était un homme fier et exigeant, ayant ses habitudes et s’adonnant à de nombreuses activités intellectuelles, allant du goût pour la belle musique classique – il jouait presque quotidiennement sur un piano allemand – à sa propre peinture et son admiration pour l’art. Son travail à l’huile et à l’aquarelle était quelconque, mais cela fascinait Frida de le voir réaliser des tableaux sur une simple toile en utilisant les petits coups de pinceau d’un retoucheur de photo au lieu de se contenter de dissimuler les doubles mentons sur les portraits de clients suffisants.
Il entretenait avec rigidité sa propre dualité : extérieurement actif, mais prisonnier de son épilepsie lorsqu’il reprenait conscience, étendu dans la rue, terrassé par une attaque du grand mal, Frida agenouillée à ses côtés, tenant le flacon d’éther sous son nez et s’assurant que son appareil photographique n’avait pas été dérobé. Il jouait sa musique et lisait les ouvrages de sa grande bibliothèque, mais intérieurement, il était en proie à une constante agitation due à son besoin d’argent pour soutenir sa famille. Il portait ce que Frida décrivait comme un masque « serein ». Elle adopta ce self-control ou du moins son a

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