Egon Schiele
75 pages
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Description

Egon Schiele (1890-1918) est un artiste incontournable de l’Expressionnisme. Influencé par Klimt et la Sécession viennoise, il rompt très jeune avec l’art officiel autrichien. Nerveux, ses nombreux nus et autoportraits restent fidèles à l’image de cet artiste majeur : érotiques, sensuels et torturés. Cet ouvrage, de par son texte et les œuvres qui le composent, nous retransmet tout le talent de cet artiste qui mourra, foudroyé, en 1918.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 juillet 2023
Nombre de lectures 0
EAN13 9781780422862
Langue Français
Poids de l'ouvrage 12 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Esther Selsdon - Jeanette Zwingerberger




Egon
Schiele
Texte : Esther Selsdon, Jeanette Zwingerberger
© 2011, Confidential Concepts, Worldwide, USA
© 2011, Parkstone Press USA, New York
© Image-Bar www.image-bar.com
Tous droits d’adaptation et de reproductions réservés pour tous pays.
Sauf mention contraire, le copyright des œuvres reproduites se trouve chez les photographes qui en sont les auteurs. En dépit de nos recherches, il nous a été impossible d’établir les droits d’auteur dans certains cas. En cas de réclamation, nous vous prions de bien vouloir vous adresser à la maison d’édition.
ISBN: 978-1-78042-286-2
Sommaire
SA VIE
L’enfance de Schiele
Gerti, la sœur préférée
Vienne et la fin de siècle
Gustave Klimt, l’ami paternel
Les modèles de Schiele
Le radicalisme de Schiele
Un processus de peinture expressif
Rencontre avec l’Autre dans le miroir
Les premières expositions
Les « Artistes nouveaux »
Le milieu artistique viennois
Les amis proches de Schiele
Wally, la première compagne
L’autoportrait nu
Schiele, l’homme tourmenté
La fascination de la mort
Créatures ébauchées
La perspective des corps
L’aspect vampirique du sexe
Dégoût et attraction
A l’époque de l’industrie de la photographie pornographique
L’arrestation de Schiele
L’artiste international
Exploit tactique sur le plan social
Schiele, le bourgeois
Schiele, un artiste adulé
SES ŒUVRES
BIOGRAPHIE
INDEX DES ŒUVRES
Autoportrait, se tenant la joue, 1910. Gouache, aquarelle et crayon, 44,3 x 30,5 cm. Graphische Sammlung Albertina, Vienne.
SA VIE
Oskar Kokoschka jugea « pornographique » la première grande exposition des œuvres de Schiele en 1964, à Londres. A l’époque où l’on découvrait la peinture abstraite et où l’on délaissait le « sujet », Schiele répliqua que, pour lui, il n’y avait pas de modernisme, mais uniquement quelque chose « d’originel et d’éternel ». Le monde de Schiele est réduit aux seules représentations de corps hors du lieu et du temps. L’auto-analyse se transforme en dévoilement brutal de lui-même et de ses modèles. Le lexique allemand des artistes de Thieme et Becker qualifie Schiele d’érotomane, parce que son art consiste à représenter le corps humain de façon érotique. Toutefois, il ne s’intéresse pas exclusivement à la nudité féminine, mais aussi aux nus masculins. Ses modèles sont caractérisés par une incroyable liberté vis-à-vis de leur propre sexualité, de l’auto-érotisme, de l’homosexualité ou des comportements voyeuriste, de même qu’envers une séduction habile du spectateur. Par contre, les clichés et les critères de la beauté féminine, du poli parfait et de la froideur sculpturale ne l’intéressent pas. Il sait que la pulsion du voyeur est étroitement liée aux mécanismes du dégoût et de l’attraction. C’est le corps qui renferme en lui la force et la puissance du sexe et de la mort.
Sur la photo Schiele sur son lit de mort , on voit le jeune homme de 28 ans, presque endormi, le corps décharné, amaigri à l’extrême, la tête posée sur son bras replié ; la ressemblance avec ses dessins est frappante. A la fin de sa vie, Schiele souffrait de la grippe espagnole. En raison du risque élevé de contagion, ses derniers visiteurs ne pouvaient communiquer avec lui qu’au moyen d’un miroir, placé sur le seuil séparant sa chambre du salon, et dans lequel il regardait son propre reflet et celui de ses modèles. Cette même année 1918, Schiele avait tracé les plans d’un mausolée pour lui et sa femme. Lui, qui s’était si souvent illustré comme « voyant », savait-il que sa fin était proche ? Le destin individuel fusionne-t-il ici avec l’effondrement d’un ordre mondial ancien, celui de l’empire habsbourgeois ?
La période créative de Schiele ne s’étend guère au-delà de dix ans ; pendant cette brève période, il réalisa environ 334 huiles et 2 503 dessins (Jane Kallir, New York, 1990). Il peignit des portraits ainsi que des paysages et des villes ressemblant à des natures mortes ; c’est cependant le dessin qui le rendit célèbre. Au moment où Sigmund Freud révèle les principes régissant le refoulement du désir charnel de la haute société viennoise qui engonce ses femmes dans des corsets, les affuble de robes bouffantes et leur concède comme seul rôle la disponibilité effacée de future mère, Schiele dénude ses modèles. Ses études de nus pénètrent brutalement l’intimité de ses modèles et finissent au bout du compte par confronter le spectateur à sa propre sexualité.


Schiele sur son lit de mort , 1918.


Photographie d’Anton Josef Trcka, Egon Schiele , 1914. Graphische Sammlung Albertina, Vienne.
L’enfance de Schiele
Le 12 juin 1890, sous le signe de l’industrialisation caractérisée par le vacarme des machines à vapeur dans les usines et les masses humaines qui y travaillent, Egon Schiele vient au monde dans le bâtiment de la gare de Tulln, une petite ville de province de la Basse-Autriche située sur le Danube. Né après ses sœurs aînées, Mélanie (1886-1974) et Elvira (1883-1893), il est le troisième enfant du chef de gare Adolf Eugen (1850-1905) et de sa femme Marie, née Soukoup (1862-1935). Les ombres de trois bébés de sexe masculin mort-nés précèdent cet unique garçon qui perdra, à l’âge de trois ans, sa sœur Elvira alors âgée de dix ans. La forte mortalité infantile est une des fatalités de cette époque, fatalité qui, plus tard, marquera l’œuvre de Schiele et son image de la femme. En 1900, il fréquente le « Realgymnasium » (établissement d’enseignement secondaire) à Krems. Mauvais élève, il se réfugie sans cesse dans ses dessins que son père, exaspéré, brûle.
En 1902, celui-ci envoie son fils dans un autre établissement, le « Bundesrealgymnasium » à Klosterneuburg. Le petit Schiele a une enfance difficile, marquée par la maladie de son père qui souffre de la syphilis qu’il aurait contractée, selon la chronique familiale, au cours de son voyage de noces en fréquentant les maisons closes de Trieste. Pendant la nuit de noces, sa femme s’enfuit de la chambre et le mariage ne sera consommé que le quatrième jour ; la jeune femme sera ainsi à son tour contaminée.
Le père de Schiele est un homme en proie au désespoir ; contraint à une retraite anticipée, il reste assis à la maison en uniforme de service, dans un état de désarroi complet. Durant l’été 1904, gagné de plus en plus par la paralysie, il tente de se jeter par la fenêtre. Finalement, le jour de l’an 1905, il meurt à la suite d’atroces souffrances. Le père laisse sa femme et ses enfants sans moyens, ayant brûlé, dans un accès de démence, toutes ses actions de la compagnie des chemins de fer.
L’oncle Léopold Czihaczek, inspecteur principal auprès des « K.U.K. Nordbahn » (chemins de fer royaux et impériaux du nord), accepte de partager avec sa mère la tutelle d’Egon qui est alors âgé de quinze ans, et pour lequel il envisage, selon la tradition familiale, la carrière de cheminot. Durant cette période, le jeune Schiele finit d’user les vieux vêtements de son oncle et se bricole de faux cols blancs en papier. Schiele semble avoir été très attaché à son père qui avait lui aussi un certain don pour le dessin. Très proche de la nature, ce dernier possédait une collection de papillons et de minéraux.
Bien des années plus tard, Schiele écrit à sa sœur : « J’ai vécu en effet un beau cas de spiritisme aujourd’hui, j’étais réveillé mais comme fasciné par l’esprit qui s’était annoncé dans mon rêve avant que je ne me réveille et, pendant tout le temps où il me parlait, j’étais incapable de bouger et de parler. » Incapable de surmonter la mort de son père, Schiele le fait revivre à travers des visions. Il raconte que son père l’aurait visité et lui aurait longuement parlé. Ses relations avec sa mère, par contre, sont empreintes de distance et d’incompréhension. Vivant dans la détresse financière, elle attend de son fils qu’il subvienne à ses besoins mais c’est en réalité sa sœur aînée qui travaillera, pour cela, dans les chemins de fer. Schiele, par contre, choyé par les femmes durant son enfance, revendique pour lui le statut d’« éternel enfant ».
Le fait que le peintre Karl Ludwig Strauch (1875-1959) donne des cours de dessin à ce garçon doué constitue un signe du destin. L’artiste Max Kahrer de Klosterneuburg s’occupe lui aussi du garçon. En 1906, Schiele, âgé alors d’à peine seize ans, réussit d’emblée le concours d’entrée de la classe générale de peinture de l’Académie des Beaux-Arts à Vienne. Même son oncle, un homme plutôt sévère, chez qui il prend désormais ses repas de midi, envoie à la mère de Schiele un télégramme portant le mot : « réussi ».
Gerti, la sœur préférée
Le nu de la rousse fougueuse avec son petit ventre, ses seins charnus et ses poils pubiens ébouriffés représente sa sœur cadette, Gertrude (1894-1981). Dans une autre aquarelle, Gerti est étendue sur le dos, encore toute habillée, portant des bas et des chaussures noires, et elle soulève l’ourlet noir de sa robe sous lequel s’ouvre la bouche rouge et béante de son corps. Schiele ne dessine pas de lit ni de chaise, juste le geste provoquant du corps offert de sa sœur . Fantasmes incestueux ? Sa sœur, de quatre ans sa cadette, se prête avec docilité à ses expérimentations. Au moment où Sigmund Freud découvre que le chemin vers le « moi » passe par des événements d’ordre érotique et que l’envie de voir se manifeste chez l’enfant en tant qu’expression spontanée de la sexualité, le jeune Egon capte sur le papier la confrontation avec l’autre sexe. Dans ses études de nus, il traite les jeux de la découverte érotique et le vif intérêt qu’il porte aux organes génitaux de sa compagne de jeu.
Regard interdit qui cherche le vagin ouvert de la femme sous le bruissement des jupes et de la dentelle blanche. Gerti, avec sa peau parsemée de taches de rousseur, ses yeux verts et ses cheveux roux, représente le prototype de toutes les futures femmes et de tous les futurs modèles de Schiele.


Portrait de Leopold Czihaczek, debout, 1907. Huile sur toile, 1

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