194
pages
Français
Ebooks
2023
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Ebook
2023
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Publié par
Date de parution
04 juillet 2023
Nombre de lectures
0
EAN13
9781783102631
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
Publié par
Date de parution
04 juillet 2023
Nombre de lectures
0
EAN13
9781783102631
Langue
Français
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1 Mo
Auteur :
Gerry Souter
Traduction :
Aline Jorand
Mise en page :
Baseline Co. Ltd
61A-63A Vo Van Tan Street
4 e étage
District 3, Hô-Chi-Minh-Ville
Vietnam
© Confidential Concepts, worldwide, USA
© Parkstone Press International, New York, USA
Image-Bar www.image-bar.com
© Heirs of Josephine N. Hopper, licensed by the Whitney Museum of American Art
Tous droits d’adaptation et de reproduction, réservés pour tous pays.
Sauf mentions contraires, le copyright des œuvres reproduites appartient aux photographes, aux artistes qui en sont les auteurs ou à leurs ayants droit. En dépit de nos recherches, il nous a été impossible d’établir les droits d’auteur dans certains cas. En cas de réclamation, nous vous prions de bien vouloir vous adresser à la maison d’édition.
ISBN : 978-1-78310-263-1
Gerry Souter
EDWARD HOPPER
Lumière et obscurité
Sommaire
Introduction
Émergence – un monde d ’ obscurité et de lumière
Paris, les impressionnistes et le grand amour
Moments décisifs
La Fuite
Ses Exigences
L’Époque des changements
La Recherche de nouveaux outils
Rédemption en noir et blanc
Amour et aquarelles
De Nouvelles Aventures
Sur la Route avec Ed et Jo
Le Sacre d ’ une icône
L’Apogée et le déclin
Les Affres de la gloire
Confrontation (décennie 1940)
Son Opinion
Les Comédiens
Bibliographie
Liste des illustrations
Autoportrait, 1903-1906.
Huile sur toile, 65,8 x 55,8 cm.
Whitney Museum of American Art,
legs de Josephine N. Hopper, New York.
Introduction
« L ’ homme est son travail. Tout résultat provient forcément de quelque part. »
— Edward Hopper
« Si vous ne savez pas le genre de personne que je suis
Et je ne sais pas le genre de personne que vous êtes
Il se peut que le chemin tracé par d ’ autres triomphe sur ce monde
Et il est probable qu ’ en rendant hommage à un dieu erroné nous perdions notre étoile. »
Extrait tiré de
A Ritual to Read to Each Other
— William Edgar Stafford, 1914-1993
Les peintures à l’huile réalistes d’Edward Hopper, ses aquarelles et ses gravures le rendirent célèbre pendant l’entre-deux-guerres en Amérique, des années 1920 aux années 1940. Pendant les vingt dernières années de sa vie, il connut les honneurs, les médailles, les expositions rétrospectives. Il reçut d’innombrables invitations aux musées et aux ouvertures de galeries. Il en refusait la plupart. C’était un ermite, otage d’une éducation qui le poussait en permanence à se dépasser. Il était prisonnier des souvenirs humiliants du rejet qu’il avait vécu lors de son enfance. Il habitait un corps défaillant et il était le seul représentant d’une philosophie sombre et silencieuse qui trouvait un écho chez pratiquement tous ceux qui furent confrontés à son travail. Les efforts créatifs de Hopper mettaient en exergue des éléments de l’art américain qui avaient été tus et oubliés. Ils représentaient également les courants artistiques à venir. Son travail est autobiographique.
Edward Hopper et sa femme, Josephine – tous ceux qui les connaissaient les pensaient indissociables et ils le restèrent par conséquent dans l’histoire de l’art – furent mariés quarante-trois ans. Il mesurait un mètre quatre-vingt-quinze tandis qu’elle dépassait à peine le mètre cinquante-quatre. Elle avait les cheveux roux de la couleur du cuivre. Toute leur vie fut pratiquement consacrée à l’art de Hopper. Josephine Nivison Hopper avait également un talent artistique modeste. Grâce à ses contacts, elle aida Hopper à exposer ses premières aquarelles. Néanmoins, dans l’univers de Hopper, il n’y avait de place que pour un seul artiste – lui, le soleil au centre de tout. Elle réussit pourtant à s’immiscer dans son monde égocentrique. Après leur mariage, sauf rares exceptions, les seules femmes qui apparaissaient dans les quelques tableaux de Hopper à thème féminin furent inspirées par la silhouette nue ou costumée de Jo. Mis à part la pose, elle commença dès 1933 à tenir un journal extrêmement intime sur leur vie commune ainsi qu’un livre de registre détaillé sur le travail de Hopper : taille, marque des peintures utilisées, peinture sur toile ou sur papier, peinture à l’huile ou à l’aquarelle, galerie accueillant l’œuvre et prix de vente – incluant la déduction des 33% de commission pour la galerie. Avec sa propre carrière d’artiste en lambeaux et écrasée par le poids de l’ombre créative et de l’indifférence de Hopper, elle établit un lien avec lui et devint son assistante, sa diariste, son laquais, son manager, son jongleur financier et son coach en matière de création. Goutte à goutte, le flot constant de ses encouragements volubiles eut raison des blocages, de l’incapacité de travailler et des dépressions caverneuses de Hopper. Elle savait néanmoins le mettre également hors de lui puis lui retourner le couteau de la culpabilité dans la plaie. Il ne voyait pas pourquoi il aurait dû arrêter de rappeler à sa femme son statut de deuxième classe, que ce soit dans le ménage et en tant qu’artiste. Ils s’éclaboussaient mutuellement avec un dédain acide. Ils s’aiguillonnaient avec préméditation puis se battaient jusqu’au sang, tant physiquement qu’émotionnellement. Leur dépendance mutuelle persista néanmoins.
Edward et Jo vécurent également de bons moments lorsqu’ils voyagèrent sur la côte Est des États-Unis dans les années 1920, s’arrêtant çà et là pour élaborer des esquisses et des aquarelles. Ils se lièrent d’amitié avec les personnes qui possédaient les maisons, les bateaux et les lieux qu’Edward dessinait et peignait. Ils marchèrent ensemble le long des rues de New York où ils avaient fait leurs études et ils firent partie du monde artistique de Greenwich Village. Des années 1920 jusqu’aux années 1960, ils embrassèrent tous les deux le mouvement réaliste d’art américain pendant que d’autres peintres et d’autres sculpteurs montaient au sommet puis en redescendaient. Hopper demeura solide comme un roc parmi le chaos qui accueillit puis rejeta les impressionnistes, qui rejeta puis adula les expressionnistes, les surréalistes et autres « –istes » qui remontaient à la surface. Le travail de Hopper, en revanche, n’eut besoin d’aucun programme, n’appartint à aucune école. L’artiste n’eut besoin d’aucune signature et la valeur de son art ne chuta jamais. Semblable à la réussite financière que représentaient des artistes comme Alexander Calder et Pablo Picasso, une fois qu’il trouva son propre rythme créatif, ses tableaux et esquisses trouvèrent toujours acheteurs. Son monde, en deux dimensions, se suffisait à lui-même avec ses compositions de collines, de bateaux et de maisons introspectives et solitaires qui, sous le talent du peintre, devenaient une collection songeuse d’allégories apparentes représentant une distribution silencieuse de personnages vierges, porteurs d’une histoire à accomplir, d’une histoire achevée et enfouie dans l’oubli ou bien alors en attente d’un événement qui allait changer leur existence.
De sa naissance à Nyack (New York) en 1882, à sa mort à l’âge de quatre-vingt-cinq ans assis sur sa chaise dans l’appartement de New York où il habita pendant cinquante ans, Hopper passa huit décennies de sa vie à la poursuite de la lumière et de l’ombre. Il maîtrisa la représentation de nos vies et de notre environnement à travers ces deux pôles opposés. C’est grâce à Josephine, sa future secrétaire intimidée et constamment affairée à ses côtés, que nous avons aujourd’hui une petite fenêtre permettant de percevoir l’intérieur du monde solitaire de Hopper. Le voyage vers son intimité est une expérience riche à travers la découverte de son monde artistique et douloureux, à travers son abnégation massive. Le voyage dans la vie de Hopper nous montre l’évolution de l’artiste et son talent technique, puis nous mène à travers un labyrinthe schizophrénique qui serpente entre la rentabilité et le succès artistique, auquel vient s’ajouter une soif de reconnaissance marquée par une haine de soi. Tout cela pour figurer enfin, une fois son âge avancé, parmi les hommes immortels des Beaux-Arts.
Chaque écrivain passant par cette expérience présente un Hopper légèrement différent. Bien que sa vie soit connue, que ses fréquentations aient été documentées, que l’on ait vérifié les événements et les dates importants de sa vie et bien que la totalité de son travail ait été catalogué, ce qui émerge reste toujours une énigme. Hopper, l’homme et l’artiste, est en effet une boîte énigmatique aux nombreux compartiments cachés et aux panneaux coulissants. À l’intérieur de cet espace profond et secret, il est possible de trouver une pierre de Rosette, un « Rosebud », une clef qui permettrait de comprendre le fonctionnement de cet homme. Puisque le seul chemin pour découvrir un artiste créatif réside dans la découverte des traces que ce dernier laissa derrière lui et qu’il choisit de révéler, les traces et les choix dispersés par Hopper invitent les écrivains curieux à mettre des chaussures de marche confortables et à s’engager sur le chemin.
— Gerry Souter
Arlington Heights, Illinois
« Personne ne peut prévoir exactement quelle direction l’art prendra dans les années à venir, cependant, du moins je le pense, il est possible qu’il y ait un rejet total de ce qui consisterait à inventer une conception arbitraire et stylisée de l’art. Il y aura, je pense, une tentative de saisir à nouveau le caractère surprenant et accidentel de la nature, ainsi qu’une analyse plus intime et plus compréhensive de ses humeurs, avec un émerveillement et une humilité renouvelés de la part de ceux qui sont encore capables d’avoir ces réactions fondamentales. »
— Edward Hopper, 1933
Notes sur la peinture (extrait)
Jo peignant, 1936.
Huile sur toile, 46,3 x 41,3 cm.
Whitney Museum of American Art,
legs de Josephine N. Hopper, New York.
Le Pont Royal, 1909.
Oil on canvas, 60.9 x 73.6 cm.
Whitney Museum of American Art,
New York, Josephine N. Hopper Bequest.
Émergence – un monde d’obscu