Bonnard et les Nabis
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Description

Pierre Bonnard était le chef d’un groupe de peintres post-impressionnistes. Ils se nommèrent eux-mêmes les Nabis, du mot hébreux signifiant ‘prophète’. Bonnard, Vuillard, Roussel, Denis, les plus illustres des Nabis, ont révolutionné l’esprit des techniques décoratives durant l’une des époques les plus riches de la peinture française. Influencés par Odilon Redon, Puvis de Chavannes, l’imagerie populaire ou les estampes japonaises, ces post-impressionnistes furent avant tout un groupe d’amis fréquentat les mêmes milieux culturels. L’individualisme croissant de leurs créations ébranla souvent l’unité du groupe. Bien que liés par une même philosophie, leurs oeuvres divergeaient nettement. Cet ouvrage permet de les comparer et de les mettre en perspective les unes avec les autres.Les oeuvres présentées dans cet ouvrage offrent une palette d’expressions merveilleusement poétiques : candide chez Bonnard, ornementale et mystérieuse chez Vuillard, doucement rêveuse chez Denis, âpre jusqu’à l’amertume chez Valloton, l’auteur nous fait partager la vie intime des artistes jusqu’à la source profonde de leurs dons créatifs. Bonnard et de nabis do

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 juillet 2023
Nombre de lectures 4
EAN13 9781783108282
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Auteur : Albert Kostenevich

Mise en page :
Baseline Co. Ltd
61A-63A Vo Van Tan Street
4 ème étage
District 3, Hô Chi Minh-Ville
Vietnam

© Confidential Concepts, worldwide, USA
© Parkstone Press International, New York, USA
Image-Bar www.image-bar.com

© Estate Bonnard / Artists Rights Society, New York, USA / ADAGP, Paris
© Estate Vuillard / Artists Rights Society, New York, USA / ADAGP, Paris
© Estate Roussel / Artists Rights Society, New York, USA / ADAGP, Paris
© Estate Denis / Artists Rights Society, New York, USA / ADAGP, Paris
© Estate Picasso / Artists Rights Society, New York, USA / Picasso
© Estate Matisse / Artists Rights Society, New York, USA / Les Héritiers Matisse

Tous droits d’adaptation et de reproduction réservés pour tous pays.
Sauf mention contraire, le copyright des oeuvres reproduites se trouve chez les photographes qui en sont les auteurs. En dépit de nos recherches, il nous a été impossible d’établir les droits d’auteur dans certains cas. En cas de réclamation, nous vous prions de bien vouloir vous adresser à la maison d’édition.

ISBN : 978-1-78310-828-2
Albert Kostenevich




BONNARD
et les Nabis
SOMMAIRE


LA VIE
LES CHEFS-D ’ OEUVRE
LES NABIS
EDOUARD VUILLARD (1868-1940)
KER XAVIER ROUSSEL (1867-1944)
MAURICE DENIS (1870-1943)
FÉLIX VALLOTTON (1865-1925)
BIOGRAPHIES
PIERRE BONNARD
KER XAVIER ROUSSEL
MAURICE DENIS
EDOUARD VUILLARD
FÉLIX VALLOTTON
BIBLIOGRAPHIE
INDEX
ANNEXES
Bonnard vers 1890.
Photo prise par Alfred Natanson.
LA VIE



Article de Christian Zervos, Cahiers d ’ art , 1947,
annoté par Matisse, janvier 1948. Collection particulière.


En octobre 1947, le musée de l’Orangerie à Paris organisa une grande exposition posthume des œuvres de Bonnard. A la fin de cette même année parut un numéro de l’influente revue Cahiers d’Art. Dans son article, figurant en première page, « Pierre Bonnard est-il un grand peintre ? », l’éditeur des Cahiers, Christian Zervos se faisait l’écho de l’exposition. Tout d’abord, Zervos en saluait l’importance dans la mesure où auparavant seules de rares expositions de peu d’envergure permettaient de juger de l’œuvre de Bonnard. Mais, poursuivait Zervos, celle-ci l’avait déçu, car les mérites de l’artiste ne nécessitaient pas pareille exposition : « ...Bonnard, ne l’oublions pas, a vécu ses premières années de travail sous le beau rayon de l’impressionnisme. Il fut en quelque sorte le dernier organe assimilateur de cette esthétique. Mais ce fut un organe si faible qu’il n’en a jamais recueilli la veine vigoureuse. Peut-on s’en étonner ? Dépourvu de nerf et faiblement original, il était impuissant à donner de l’essor à l’impressionnisme, en transfuser le sang dans une langue neuve, remettre ses éléments sur le métier ou, à la rigueur, les tourner à neuf. Bien qu’il soit persuadé qu’on ne doit plus considérer la peinture comme un art de sensation pure, selon la règle impressionniste, il ne peut pas faire intervenir l’esprit, et bien qu’il soit certain qu’il ne s’agit plus pour l’artiste de reconstituer le monde, il ne trouve pas en lui les possibilités de le constituer, comme l’ont fait de son temps les peintres qui ont eu la chance, dès la première heure, de réagir avec force contre l’impressionnisme. Entre ses mains, celui-ci décline et dépérit [1] ».
Cet éditorial de Zervos était-il une attaque personnelle ? Vraisemblablement, non. Zervos se faisait simplement le porte-parole de l’avant-garde qui, dans sa logique, concevait l’histoire de l’art moderne comme une succession de mouvements anticonformistes qui créaient chacun leur monde, monde toujours plus éloigné de la réalité. Pendant que l’histoire de la peinture se développait sous l’aspect de chronique des courants d’avant-garde, il restait à Bonnard et à ses semblables peu d’espace, d’autant plus que lui-même n’avait jamais cherché à attirer l’attention et se tenait à l’écart du combat. Il ne vivait pas à Paris et était assez rarement exposé.
Au sein même de cette avant-garde, tous n’auraient pas signé l’article de Zervos. Picasso, contrairement à son admirateur qui venait d’éditer le catalogue complet de ses dessins et tableaux, reconnaissait la valeur de la peinture de Bonnard. Lorsque ce numéro des Cahiers d’Art tomba entre ses mains, Matisse nota avec fureur dans la marge, de son écriture large : « Oui! Je certifie que Pierre Bonnard est un grand peintre pour aujourd’hui et sûrement pour l’avenir. Janv. 48 ». [2]
Matisse était dans le vrai. Dès le milieu du XX e siècle, l’œuvre de Bonnard attire les jeunes peintres plus qu’elle ne le faisait dans les années vingt et trente, par exemple. La gloire vint à Bonnard d’une étrange façon. Dans une certaine mesure, il se fit tout de suite un nom, ne connut ni le besoin, ni la réprobation, alors que les coryphées de l’art moderne ne connurent la célébrité que plus tard, souvent après leur mort. Le stéréo-type de l’avant-garde en usage dans la première moitié du XX e siècle, du peintre maudit, bohème, pauvre, ignoré et aux prises avec les normes établies, ne saurait être associé à Bonnard. Ses toiles se vendaient. Il disposa de bonne heure parmi les peintres et les collectionneurs d’un cercle d’admirateurs fidèles sur lesquels il pouvait compter. Cependant, ces derniers n’étaient pas nombreux. Longtemps, la peinture de Bonnard ne connut pas la ferme reconnaissance générale qu’elle méritait. Pourquoi donc, tout au long d’une vie qui fut loin d’être brève, Bonnard ne parvint-il pas à attirer suffisamment le public ? Cela tient sans doute au caractère et au mode de vie de l’artiste qui fuyait la publicité, les déclarations et même les expositions. Voici qu’en 1946 les organisateurs du Salon d’Automne décidèrent d’organiser une grande exposition de son œuvre. « Une rétrospective ? », demanda Bonnard, « est-ce que je suis déjà mort ? ».
Pierre Bonnard, La Partie de croquet , 1892.
Huile sur toile, 130 x 162 cm , Musée d ’ Orsay.
Pierre Bonnard, Andrée Bonnard et ses chiens , 1890.
Huile sur toile, 180 x 80 cm , Collection particulière.


La structure même de l’art de Bonnard jouait aussi un certain rôle, ignorant l’efficacité de l’influence immédiate, les nuances fluides et fuyantes de son art ne se livrent pas au spectateur qui n’a pas su développer en lui-même un sens aigu de la perception. Il y a encore une raison à cette réserve du public envers Bonnard : sa vie n’eut rien d’extraordinaire, aucun événement sensationnel ne vint la perturber. On ne peut pas la comparer avec celle que connurent Van Gogh, Gauguin, Toulouse-Lautrec. Il n’y avait pas de quoi faire une légende. L’opinion publique, qui sait porter au pinacle ceux qu’hier encore elle ignorait ou haïssait, a tant besoin de légendes ! Il suffit de gommer certains traits, d’oublier certains détails délicats, les légendes aiment la simplicité.
Mais le temps a fait son œuvre. Ces dernières décennies ont vu changer les sentiments du public à l’égard de Bonnard. Les rétrospectives de son œuvre qui eurent lieu en 1984-1985 à Paris, Washington, Zurich et Francfort-sur-le-Main furent des événements culturels qui connurent un large succès. Quelle fut donc la vie de Bonnard? Il passa sa plus tendre enfance à Fontenay-aux-Roses, près de Paris. Son père était chef de bureau au Ministère de la guerre et sa famille le destinait à faire carrière dans les affaires. Mais l’impulsion initiale imprimée par le milieu bourgeois dont il était issu et qui l’avait conduit à la faculté de droit, commença bientôt de faiblir. Bonnard assiste plus aux cours de l’académie Julian, puis de l’École des beaux-arts, qu’à ceux de la faculté de droit. Le rêve que les élèves de l’École chérissent le plus est de recevoir le Prix de Rome. Bonnard y restera un peu moins d’un an. Il en partira après son échec au concours du Prix de Rome. Le tableau qu’il y présentait sur le thème imposé le Triomphe de Mardochée ayant été jugé insuffisamment sérieux. Les petits paysages peints durant l’été 1888 au Grand-Lemps, dans le Dauphiné, sans recourir aux recettes de l’École des beaux-arts doivent être considérés comme le véritable début de l’œuvre de Bonnard. Ses amis, Sérusier, Denis, Roussel, Vuillard en font grand cas. Ce sont des études des environs du Grand-Lemps, d’une composition simple et au coloris frais qui révèlent un rapport poétique à la nature qui n’est pas sans rappeler Corot.
Pierre Bonnard, France-Champagne , 1891.
Lithographie en 3 couleurs, 78 x 50 cm , Musée de Reims.
Pierre Bonnard, La Revue Blanche, 1894.
Lithographie en 4 couleurs, 80 x 362 cm ,
National Gallery of Art, Washington.
Pierre Bonnard, Portrait de Berthe Schaedlin , 1892.
Huile sur toile, 31 x 16,5 cm , Galerie Daniel Malingue, Paris.


Insatisfaits de l’enseignement prodigué à l’École des beaux-arts et à l’académie Julian, Bonnard et Vuillard se mirent à travailler seuls. Ils visitaient assidûment les musées. Durant les dix premières années de leur amitié, rare fut le jour où ils ne se rencontrèrent point.
Le groupe des Nabis, réuni par Paul Sérusier, comptait certains membres de l’Académie Julian. Ceux-ci, refusant de s’assimiler à l’impressionnisme, revendiquaient l’influence certaine de Gauguin. Leur nom dérivé de l’hébreu nebiim , dont la signification est « prophète » ou « voyant », symbolise la volonté de retrouver le caractère sacré de l’écriture. Ils sont influencés par l’art japonais, notamment les gravures sur bois, l’art populaire et primitif, ainsi que la peinture symboliste de Puvis de Chavannes. Bien que très différents les uns des autres, ils obéissent à deux lignes de conduite : la déformation subjective, née de l’émotion de l’artiste qui accentue certains aspects de sujet représenté et la déformation objective, qui soumet la représentation à l’ordre nécessaire du tableau. L’absence de perspective, et l’utilisation de tons purs ou assombris les caractérisent. Tous tenteront d’anéantir la barrière entre la peinture de chevalet et l’art décoratif

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