Le Gabon en France, Une Présence culturelle
184 pages
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Description

À la faveur de la "saison culturelle africaine", conçue par les autorités françaises comme un moment particulier de visibilité de l'Afrique en France, à travers la promotion de la diversité de ses expressions culturelles et de sa créativité, la publication de cet ouvrage collectif vise à interroger et à mettre en lumière des aspects méconnus de la présence culturelle du Gabon en France.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2020
Nombre de lectures 24
EAN13 9782844463463
Langue Français
Poids de l'ouvrage 94 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Gaon en France
© Descares & Cie, juille  ISBN: ----
En application de la loi du 11 mars 1957, il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement le présent ouvrage sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie (CFC), 20, rue des GrandsAugustins, 75006 Paris.
Sous la direction de Flavien Enongoué
Le Gaon en France Une présence culturelle
Préface de Pierre Franklin Tavares Postface de Bertrand Badie
Descartes&Cie
Avantpropos
À la faveur de la saison culturelle « Africa 2020 » – devant se tenir initia-lement de juin à décembre, mais différéesine dieen raison de la pandémie du COVID19 –, conçue par les autorités françaises comme un moment particulier de visibilité de l’Afrique en France, à travers la promotion de la diversité de ses expressions culturelles et de sa créativité, la publication de cet ouvrage collectif vise à interroger et à mettre en lumière des aspects méconnus de la présence culturelle du Gabon en France, à savoir la toponymie, l’histoire, le cinéma, le patrimoine muséal, la littérature, la musique, la recherche scientiqueetlaformationuniversitaire. Où trouve-t-on des noms de rues, places et édifices faisant explicite-ment ou implicitement référence au Gabon (Flavien Enongoué) ? Quelles sont les figures historiques gabonaises inscrites par la France dans son patri-moine mémoriel (Jean-Pierre Coulaud, Steeve Robert Renombo, Sylvère Mbondobari) ? Qu’en est-il du Gabon dans le cinéma français (Imunga Ivanga), les musées (Patrick Mouguiama Daouda), la littérature, plus précisément chez André Gide (Guy Rossatanga-Rignault) et la musique (Steeve Robert Renombo) ? Quelle place lui est-il accordée dans la recherche scientifique (Abderrazak El Albani) ? Quel a été le rôle de Bordeaux dans la formation de ses élites (Bonaventure Mve Ondo) ? Dans la logique d’un croisement de regards, on trouvera aussi dans cet ouvrage, sous la plume de Guy Rossatanga-Rignault, une étude sur l’em-preinte française dans la toponymie urbaine gabonaise, à travers quatre villes (Libreville, Franceville, Lastoursville et Port-Gentil) liées respectivement à quatre figures de la France coloniale (Bouët-Willaumez, Savorgnan de Brazza, Rigail de Lastours et Gentil). Je voudrais remercier chacun pour sa contribution à la réalisation de ce projet, ainsi que Pierre Franklin Tavares et Bertrand Badie ; le premier pour sa formidable préface « Contre l’oubli », et le second pour sa remar-quable postface sur « la diplomatie au miroir de la culture ». À ce sujet, il
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importe de souligner que je dois au président Ali Bongo Ondimba la déter-mination d’accorder à la culture et, conséquemment, à la science une place digne d’attention et d’intérêt dans la mission qu’il a bien voulu me confier, début 2017, de représenter le Gabon en France et auprès de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). Qu’il trouve ici le témoignage renou-velé de ma profonde gratitude. Flavien Enongoué Paris, le  mai 
PRÉFACE
Contre l’oubli
Pierre Franklin Tavares Philosophe
Cet ouvrage collectif que nous avons le grand honneur de préfacer se dresse d’abord contre l’oubli, cette nécessaire défaillance que la mémoire elle-même organise. De cette tension entre oubli et mémoire, saint Augustin a formulé dansLes Confessions: on ne peut seun principe cognitif essentiel souvenir que de ce qu’on a déjà connu. Sinon, toute recherche est vaine, parce qu’impossible. Søren Kierkegaard le dit même si autrement : « le ressouvenir a le gros avantage de commencer par la perte ; c’est pourquoi il est sûr n’ayant 1 rien à perdre » . Il est aisé de reconnaître chez ces deux grands penseurs l’an-tique doctrine platonicienne de « ressouvenir ». 2 Ainsi peut-on donc dire qu’un juste pressentiment cognitif porte, et qu’une certitude guide l’ensemble des écrits de ces huit distingués auteurs réunis ici par Flavien Enongoué. Ce pressentiment et sa certitude se formulent comme suit : pour se savoir en France, autrement dit pour s’y re-connaître,et donc s’y repérer, le Gabon doit se souvenir de lui-même pour rechercher et trouver le « où » (lieux), le « comment » (procédures) et le « pourquoi » (raisons) de ses inscriptions mémorielles dans l’espace et dans le temps français. Ce faisant, le Gabon rafraîchit la mémoire française. Cette quête gabonaise des souvenirs, qui ne fait ici que commencer, prometdêtreabondante.Celivreenestuneremarquablepréguration.
1. Kierkegaard (S.),La Reprise, Flammarion, 1990, p. 72. 2. « Ce qui est concentré dans le pressentiment ne s’oublie pas »,iid., p. 84.
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Aussi, comment ne pas saluer l’audace de ces premiers « ouvriers » engagésdans ce vaste chantier que d’autres viendront poursuivre et peut-être ache-ver ? Certes, dans une telle matière, maints travaux pourraient légitimementse prévaloir du cachet de l’antériorité. Mais aucun d’eux n’avait encore daignéseplacerdemanièreclairesousladignitéducombatcontrelou-bli, en déplaçant et en portant l’investigation en territoire français. À cela pourrait s’ajouter une innovation méthodologique qui distingue ce livre de tous les travaux précédents, une démarche interdisciplinaire innovante, où chaque ouvrier de la mémoire contre l’oubli s’est fait une spécialité mais qui, in fine: la défaite de l’oubli et la, se rassemblent tous sur un site présenifica-ionqui en surgit. En effet, l’un, semblable au voyageur, recense et visite ce qui reste de vivant dans les lieux de mémoire français poinçonnés de souve-nirs gabonais, pour en comprendre la portée, la signification et le sens. Cela rappelle Volney en Égypte et en Syrie. L’autre, qui sait si bien que la France est une nation de combats, ressuscite un haut fait d’armes : celui d’un jeune capitaine gabonais de l’armée française qui fut sans peur et sans reproche ; ce que le nazi même sut admettre. Alors, spontanément, on se souvient du chevalier Bayard, fidèle et loyal, mais aussi et surtout de Joseph Damingue 3 aliasHercule (officier noir de Bonaparte) ou du général Dumas à la tête du régiment des Dragons sous la Révolution de 1789. Un troisième rappelle qu’un Français a excellé dans le don de soi à Lambaréné, au Gabon, et choisi d’y rester pour l’éternité. Et la ville dont l’étymologie signifie « Essayez donc » (de nous attaquer) a cédé face à cette sorte de Kénose laïque au cours de laquelle relativement vidé de ses préjugés et plein d’humilité, un médecin français honora son pays en prenant si fraternellement soin des plus faibles, des plus pauvres, des démunis. Un autre encore s’immisce dans les champs cultivés des lettres françaises pour y glaner une référence littéraire majeure sur le Gabon : André Gide. Dans cette tâche, il est telLe moissonneurardent de Van Gogh. D’autres, précisément trois, d’un pas commun, interrogent le sublime monde des arts. Le premier dévoile les chefs-d’œuvre de la sculpture gabonaise emportés, volés pour nombre d’entre eux. Le deuxième élabore un tableau de films, en concevant un panorama de représentations cinématographiques
3. Pour une présentation succincte de la biographie de Pierre-Franklin Tavares, lire « Hegel et l’escale de Saint-Domingue », inHegel, Criique de l’Afrique, thèse de doctorat, Paris-1 Panthéon-Sorbonne, 1990, note 25, p. 763.
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Préface
du Gabon. C’est presque du Godard : réalisation, scénarisation et montage ! Et le troisième analyse les « rendez-vous » entre deux grandes figures de la musique : Claude Nougaro et Pierre Claver Akendengue ; nécessaires puisque dit élogieusement le premier, ces rencontres sont appelées et fixées par la« voix d’Akendengue », divine (semblable au bruissement de Zeus dans le feuillage des chênes anciens), gustative (au goût de mangue), hindoue (ori-gine du fruit), christologique (l’étoile du Berger), captivante comme celle du plus grand des poètes, Orphée, dont Gobineau assure qu’il est un « noir », une « voix » dont la beauté égale celle du philomèle d’Andes chantant l’universelleintériorité du monde. Suit une scientifique remontée dans le passé le plus reculé, qui place le Gabon à l’origine de la vie multicellulaire sur Terre ; Yves Coppens doit y être attentif. Un philosophe, empruntant le chemin de Hölderlin,Souvenir, évoque Bordeaux, son port et sa bourgeoisie commerçante qui étendirent leurs navires jusqu’au Gabon, avant que Bordeaux ne devienne ce grand pôle de formation des élites africaines, dont gabonaises. Et le dernier, d’un geste alerte et vif, quitte la France, inverse le parcours afin de montrer,en retour, comment la France s’est inscrite au Gabon, puis s’y est enra-cinée, parfois de façon surprenante, notamment par les liens peu connus que constituent les relations équivoques entre André Gide, Marc Allégret, le protestantismeetleGabon. Deux mémoires donc ! Ou du moins une seule, puisque ici tous les sou-venirs sont gabonais, y compris les mémoriels français. En raison de cette facture, on aurait pu s’attendre à de l’acrimonie qui exigerait une certaine reddition de comptes. Mais de cela, rien. En effet, il n’est 4 rien, dans cette collecte, qui renvoie à « l’ivraie du ressouvenir » (Kierkegaard). Aucun ressentiment visible, nulle amertume palpable. Pas d’esprit de revanche, mais une volonté forte de savoir et de penser, en son fond, l’humanité nou-velle du rapport entre anciens colonisés et vieux colonisateur qui ne fut pas toujours tendre. Il s’en faudrait même de beaucoup. Ce fut, au vrai, le rêve 5 tenace de Léon M’Ba , dont un prestigieux Institut de médecine perpétue la mémoire en France et ailleurs ; rêve qu’il faut savoir réinterpréter le projet
4. Kierkegaard,op. ci., p. 112. 5. Tavares (P.-F.),Léon M’BA, enre Franz Fanon, Aimé Césaire e Anacharsis Cloos, Colloque « Léon M’ba : 50 ans après », 2017.
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6 politique à partir deLa Répulique universelle, projet majeur de la Révolution de 1789. Cependant, ne l’oublions pas, gardons-le en mémoire : sur un pied d’égalité. Car, seul « le monde de la culture » établit cette égalité, comme l’a si bien montré Hegel dans saPhénoménologie de l’espri, en décrivant com-ment le terrible combat entre le maître et l’esclave, figuré dans sa célèbre 7 « Domination et servitude » , dépasse (sursomption) ses contradictions et 8 l’inégalité de fortune de ses protagonistes pour aboutir à la « Culture » . Or, la « Culture », n’est-ce pas précisément ce qui, longtemps, fut si injustement dénié aux Noirs, comme l’ont si bien compris Kwamé Nkrumah, Léopold Sédar Senghor, Aimé Césaire et Amilcar Cabral qui en ont fourni des modèles ? Il n’est donc pas de hasard dans le fait que, dans leur pacte intellectuel contre l’oubli, les neuf auteurs aient choisi de mettre l’accent sur la « pré-sence culturelle » du Gabon en France. Ils savent que la Culture, et par suite la présence culturelle, est une instance d’égalité. Mais, trait de génie, ils le font en procédant par un acte cognitif majeur : la présentification culturelle. Qu’est-ce, au juste, que la « présentification » ? Les philosophes la définissent comme l’acte de rendre présent un passé ou alors un fait qui échappait à l’attention. Tous et ensemble, dans une marche commune, ces auteurs vont donc au-delà de la simple « présence culturelle » gabonaise en France. Car ils entendent rendre présent le Gabon en France, ce qui vient renforcer les autres formes de la présence gabonaise. C’est pourquoi cet ouvrage collectif 9 est bien plus profond que la « chambre redoublée dans le miroir » dont parle Kierkegaard ; un miroir qui duplique l’image de la chambre et étend celle-ci par son jeu de reflets. En effet, cet ouvrage est construit d’une autre manière et de façon originale. Il s’agit d’un regard gabonais qui, tout à la fois, tel Janus, observe le Gabon en France et la France au Gabon, pour mettre au jour cette double présence culturelle. L’acte se veut donc complet. Mais si le pari intellectuel demeure audacieux, il vaut la peine d’être assumé non seu-lement pour le plaisir de la connaissance, mais également pour consolider et
6. Cloots (A.),La Répulique universelle ou Adresse aux yrannicides, Éditions Chez les Marchands de nouveautés, L’An quatre de la Rédemption. 7. Hegel (G. W. F.),La Phénoménologie de l’espri, Aubier Montaigne, 1941, T. 1, p. 155-166. 8.Iid., p. 164-166. 9. Kierkegaard,op. ci., p. 90.
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