Un demi pression

motorevue

Cet ouvrage peut être téléchargé gratuitement

3 pages

Français

Cet ouvrage peut être téléchargé gratuitement

A propos
Informations
Extrait

Description

Un demi pression Perso, j'aurais pas aimé habiter sous le casque de Max Biaggi à quelques minutes du départ de la seconde manche du championnat du monde Superbike disputé sur le circuit de Nevers Magny-Cours.

Informations

Publié par	motorevue
Publié le	18 octobre 2012
Nombre de lectures	23
Langue	Français

Extrait

Un demi pression

Perso, j'aurais pas aimé habiter sous le casque de Max Biaggi à quelques minutes du départ de la seconde manche du championnat du monde Superbike disputé sur le circuit de Nevers Magny-Cours. Mordant le bitume lors du premier débat et récoltant un affligeant zéro pointé, Max voyait ses deux derniers rivaux (Melandri et Sykes) recoller à son aspiration. Le confortable matelas de points sur lequel se lovait encore le quintuple champion du monde italien quelques instants avant le premier round avait perdu, en un freinage raté, l'essentiel de ses plumes... Difficile d'imaginer alors les sentiments qui pouvaient animer le Romain en pré-grille de l'ultime débat. Figé sur sa machine, des lunettes noires masquant des yeux que l'on devinait tout aussi noirs, Biaggi ne respirait pas la sérénité. Sûrement rêvait-il à cet instant d'être plus vieux d'une heure, se moquant pour le coup d'ajouter 60 minutes à ses 41 années déjà écoulées. Une petite heure pour connaître l'issue... Une heure avant de certainement se laisser submerger par l'émotion et de laisser couler ses larmes, qu'elles soient de joie ou de rage, mais savoir, savoir ! J'ai toujours été admiratif de la capacité qu'ont les grands champions à résister à la pression infernale qui les accompagne tout au long de leur carrière. Imaginez : à chaque fois que leur visière se ferme, les chronos se déclenchent, les acquisitions de données mouchardent, les teams scrutent, et les gens commentent... Il n'est dès lors plus d'échappatoire possibleÉDITO à la contre-performance, les pilotes sont jugés sur pièce, au risque d'y être mis (Ndlr : en pièces) si le résultat obtenu ne se montre pas conforme aux attentes. Le scénario qui se dessinait au départ de la seconde manche semblait prendre, au grand dam du Romain, des allures de tragédie grecque... Un comble. Si Melandri craqua le premier en chutant, Sykes fit une course remarquable, celle qu'il fallait, en s'isolant en première position, mettant de facto une énorme pression sur Biaggi. Neuvième en début de manche, l'Italien à cet instant perdait tout : le titre déjà, et peut-être son image, son aura, et probablement jusqu'à sa place en championnat du monde SBK, lui dont le contrat n'était pas encore reconduit. Pour être champion et rester dans la lumière, Max devait absolument terminer au minimum cinquième au cas où Sykes l'emportait. Facile a priori pour un champion de sa classe, mais tellement surhumain quand l'émotion ne demande qu'à vous bouffer, qu'à vous paralyser... Et c'est pourtant là que Biaggi fit, pour la sixième fois, basculer l'Histoire à son avantage. Remontant au forceps un à un les pilotes qui le précédaient, il parvint à arracher cette 5e place aux deux officiels Ducati dans les ultimes boucles de la course. Champion du monde pour un demi-point (!), Biaggi pouvait hurler sa joie autant que son soulagement. D'un titre qui lui était promis, l'Italien avait failli tout perdre... Après tant d'émotions, il était temps d'actionner la tireuse pour s'en jeter un, à notre tour, un demi, et plein de houblon cette fois. Max, lui, l'a fait au champagne. Chapeau l'artiste.Trac