Mon retour forcé à Nîmes
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Bis-répétitat !

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Publié le 09 mai 2014
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Extrait

MON RETOUR FORCE A NÎMES
P a g e| 1
Au cours du deuxième trimestre, en cette année 1967, je débarque accompagnée de bonne-maman à la pension religieuse de Ste Marie –Thérèse, rue Rouget de Lisle, à Nîmes. Cela ne m’a pas trop peiné de quitter ma famille, puisque ce n’était pas la première fois. Ce qui différait était la distance. Mais le moyen de transport était le même. Pour Palavas nous prenions le pittoresque petit train à vapeur. Celui là était plus moderne, allait plus vite, et malgré cela mettait beaucoup plus de temps à rejoindre ma destination finale. Nîmes la gardoise est à une cinquantaine de km de Montpellier l'héraultaise. De cette grande tranche de vie dans ce premier pensionnat, j’ai d’innombrables histoires à vous conter. Dans cette période d’environ 1 an et demi, de grandes choses se sont passées. Mais mes amis, n’attelons pas la charrue avant les bœufs. Ne croyez-vous pas qu’il faut garder le suspense jusqu’au bout ? Ce qui permettra aux plus belles perles de se révéler au cours de l’histoire. Et c’est mieux ainsi. Commençons par le début. Je me souviens que je suis rentrée en cours d’année par une belle matinée ensoleillée. Par contre le voyage m’a tellement marqué, qu’il est parti aux oubliettes. J’avais amenée avec moi mon très grand ami de toujours, mon plus proche compagnon, mon unique confident et le seul lien qui me reliait encore à ma famille : mon gros ours en peluche. De tous les jouets que j’avais c’était de loin mon préféré, celui avec lequel je me sentais protégée grâce à sa présence, et sa proximité, contre toutes les blessures morales occasionnées par les autres. C’était mon doudou, mon talisman. C’était mon nounours en peluche. Voilà. Petite description des lieux d’après ce dont je me souviens. Nous entrions dans un hall formant un petit salon d’attente, par une porte en bois massive. Sur le la gauche, en montant quelques marches nous accédions à l’accueil et au bureau de la Mère Supérieure. Après nous ressortions à l’air libre, cette fois dans l’enceinte de la pension, par la porte en vis à vis de celle d’où nous étions rentrés. Nous faisions face à la chapelle. Sur la droite un grand escalier, nous mène sur un grand palier, qui se révélera être celui de mon groupe. En montant quelques marches, en face de nous des classes, l’une à côté de l’autre allant vers la droite. Juste devant celles-ci, une grande cour qui nous servait lors des récréations Le fond de ce grand espace, agrémenté par une belle et grande balustrade surplombait les lieux réservés pour les grandes. En longeant les classes et la cour sur la droite, nous arrivions dans un autre bâtiment celui-là réservé aux adolescentes et aux grandes.
P a g e| 2 En descendant d’autres marches, il y avait une autre cour et une autre sortie qu’elles seules empruntaient puisqu’elles allaient dans un collège à côté du pensionnat. C’était pour nous, les petites, un secteur interdit. Par contre la salle des spectacles en faisait partie. Mais revenons-en au niveau des classes. A gauche une porte menant dans le bâtiment du premier groupe celui des petites. L’escalier continuait menant à un autre palier pour groupe de filles plus âgées, et plus haut, à dernier niveau qui débouchait sur un autre espace de jeu. Au fond se trouvait un jardin, pas très large mais tout en longueur, avec un parterre de fleurs parsemé ça et là de rosiers grimpants. Dans l’angle gauche une volière où j’aimais souvent aller pour être tranquille et pour voir s’ébattre des tourterelles. Depuis lors, je sais reconnaître ces chers petits volatiles. Sur la gauche, nous avions aussi une vue, à travers du grillage sur une partie de la Maison d’arrêt de Nîmes. Combien de fois j’ai regardé dans sa direction en pensant aux prisonniers qui s’y trouvaient. Je me suis souvent interrogée à leurs sujets. Quand nous rentrions dans notre lieu de vie, nous pénétrions dans une grande salle à manger. Puis une porte donnait sur un immense dortoir. Et à côté étaient, les lavabos, 3 ou 4 toilettes et idem pour les douches. Les règles de vie dans le groupe étaient simples, communes dans l’ensemble aux pensions et divers foyers de jeunes filles où j’ai été. A chaque début de semaine toutes les pensionnaires se voyaient attribuer des taches ménagères différentes par un système de roulement. Si j’étais de vaisselle, la semaine d’après j’étais la table et après… Vogue la galère !!! Si nous avions été régulières et sages, nous avions droit à un pécule. Cette petite rétribution, je ne l’ai connu que dans cet endroit. Soit on l’épargnait ou on s’en servait pour acheter ce que l’on voulait. Pour notre groupe de gamines cela se limitait exclusivement aux bonbons. Le samedi matin nous étions toutes de corvée de dortoir. Il faut dire que le parquet était en bois et que pour s’y déplacer, il nous avait été donné à notre arrivée des patins. Personnellement j’en avais ramené de chez moi à roulettes. Mais cela aurait fait désordre de les utiliser en ce lieu de repos. Donc debout vers 8h du matin, passage au sanitaire pour se laver, petit déjeuner au réfectoire. Toute la matinée était consacré d’abord à ranger notre placard, à balayer en grand, puis tirer les lits et pousser la table de nuit pour passer la paille de fer, après re-balayage. Une fois cela fini, cirer tout notre coin et le faire reluire en frottant très énergiquement avec des chiffons. Une fois que cela brillait faire très attention à ne pas rayer les lattes de bois en remettant tous le mobilier en place tout en patinant. Personnellement j’aurais privilégié le patin dans la cour. C’était moins astreignant, contraignant, démoralisant. Car si la sœur estimait que c’était mal fait, on retournait à la case départ, sans recevoir son dû.
P a g e| 3 Et même peut-être son argent de poche, si tu n’avais pas atteins le quota requit des bons points donnés en classe et ceux qui récompensaient ton bon comportement général au sein du groupe.
Le dimanche matin la messe pour toutes. Un matin, toujours ensoleillé, je descends pour l’office. J’étais en forme. Soudain, je ne sais pas pourquoi, je me sens tourner de l’œil. C’est l’unique fois que j’ai eu l’autorisation de sécher la liturgie. Cela ne m’est plus arrivé de toute ma vie. Je n’ai jamais été réfractaire pour aller à l’église dans toutes les maisons où j’ai été. Au contraire cela me donnait un petit plus aux yeux de mes supérieurs. Je détonnais par rapport aux autres qui elles étaient en rupture totale avec tout et surtout avec la religion. C’était ma petite fierté, ma singularité. Invariablement dès notre entrée en classe en début de journée, il y avait 2 cérémonials : la prière et la morale. J’adorais ce petit cours et rappel de la morale, puisque j’étais très imprégnée par l’éducation sans faille de ma grand-mère. Puisque je comprenais la portée et le sens de l’enseignement proposé. Pour ça, avec bonne-maman, j’avais été à la bonne école. J’étais entourée de filles aux caractères et comportements très difficiles, et bien pires que moi. Je n’étais en aucuns cas en rupture familiale, ni scolaire comme les autres. Et par la suite je n’ai rencontré que des cas sociaux dont certains étaient intenables. Puisque mon cas, paraissait désespéré, on m’a placé dans des pensions en milieu fermé, verrouillées considérées comme Maisons de Corrections. Quelqu’un m’a traitée de caractérielle. Mais qu’étaient donc les autres ? Enfin pas toutes : certaines. Loin de moi l’idée de les juger. Mais avec le recul et le regard que je porte, sur tout ce qui se passe aujourd’hui, je tombe encore des nues d’en être passée par là. Après mures réflexions, j’ai compris leurs tristes attitudes envers moi. Au départ, elles étaient intriguées par mon bégaiement. Après venait le temps des railleries. Puis de la mise à l’écart. Et pour finir du rejet. Ce scénario, je l’ai retrouvé dans toutes les pensions et foyers où j’ai mis les pieds, dans mon adolescence et ma vie de jeune adulte. A l’exception d’un: Le foyer de jeunes filles de: La providence, rue de la Faïence, toujours à Nîmes, que j’ai fréquenté quand j’avais 17 ans. Approfondissons les détails de cette dégringolade invariable. Un des multiples éléments provenait de la jalousie des autres. J’arrive avec une très bonne base éducative, donc je me distingue de la vulgarité des autres. Mon niveau scolaire, bien que j’aie 2 ans retard, est bon.
P a g e| 4 Ce qui au final est tout bénef, puisque j’ai quand même suivi normalement ma scolarité et mes acquis scolaires sont dans l’ensemble très sûrs. La seule matière dans laquelle je rame, qui est ma bête noire, c’est le calcul, l’arithmétique. Et l’histoire dans moindre mesure à cause des dates à retenir. Dans les autres je me sens à l’aise comme un poisson dans l’eau
J’étais favorisée puisque j’entretenais de très bons rapports familiaux avec ma famille. J’étais bien vêtue, puisque ma grand-mère me montait grâce à son métier une garde-robe originale, digne des princesses. Je recevais beaucoup de courriers et de colis. Mes parents dès que l’occasion se présentait, venaient me voir et nous sortions dans Nîmes. Et lors des vacances je retournais dans ma famille à Montpellier. Bien que je fusse en pension, j’étais vraiment gâtée. D’autres éléments venaient de moi. Au coucher, dans la nuit et au réveil, je leurs tapais sur le système à cause de mon bercement. Le dérangement venait beaucoup du lit qui grinçait atrocement, puisqu’il était déjà usagé et des lattes du parquet qui en rajoutaient. Pour peu que les filles de mon groupe aient été odieuses et méchantes envers moi, je ne me privais pas, par vengeance, d’accentuer ce brouhaha. Mon bégaiement me mettant sur le banc de touche ne me gênait en aucune façon puisque j’étais une enfant solitaire. Je ne me suis jamais ennuyée toute seule. Je lisais beaucoup. Souvent j’étais plongée dans mes pensées et j’aimais observer la nature. Si les autres m’acceptaient, j’étais sociable. Sinon je m’enfermais dans ma bulle. Je me réfugiais dans mon jardin secret. Lors de disputes quand elles me cherchaient, à l’inverse des autres je ne rentrais pas dans leurs jeux de provoque. Je ne me suis jamais crêpée le chignon. Les bagarres et moi nous ne faisions pas bon ménage. Et si les autres n’avaient plus rien à perdre, moi j’avais tout à gagner. Donc étant quand même réfléchie, et connaissant les conséquences de tels actes, je préférais que se soient elles qui soient punies que moi. Là-dessus j’ai toujours réussie à tirer mon épingle du jeu. Ce qui avait le don d’envenimer les choses plus que cela ne les arrangeait. Et une fois que la coupe a été pleine ce fut apocalyptique. Je vous la raconterai à la fin puisque, c’est elle qui fut à l’origine de mon départ.
Une autre de mes caractéristiques dominante : Quand j’étais dans une colère noire et en détresse complète à cause des autres, je piquais une crise de larmes. Au lieu de rejeter toute ma haine, mon poison, et ma hargne dans leur direction, je me mordais la main jusqu’au sang. Bien que je n’étais en aucun cas une autodestructrice pour moi. Je ne me mutilais pas, ni me scarifiais comme certains jeunes le faisaient. Et tant que je ne m’étais pas calmée grâce avant tout à la douleur, j’insistais. Ce qui me permettait de décharger et dégager sur moi-même toute ma violence, sans pour autant exploser. Tout se faisait à l’insu de tous.
P a g e| 5 Certes on me voyait pleurer mais l’entourage était loin de s’imaginer ce qui se passait dans la réalité et en moi. Dans ces instants j’ai toujours étais d’une discrétion infaillible. C’était une vraie implosion intérieure. Je m’effondrais totalement, en prenant tout le mal en moi et sur moi. En toute discrétion et surtout dans ces moments de vulnérabilité, j’ai tout fait à l’abri du regard des gens. Et personne à l’époque n’en a jamais rien su. Par contre même bégayant, il m’est arrivé de me rebiffer ouvertement. Même de me disputer avec les éducatrices Quand les bègues se mettent en colère, ils ne réfléchissent pas à ce qu’ils disent. Dans cette occasion là, ils sont comme vous et moi (maintenant). Par contre ceux dit : « normaux » c’est tout le contraire. Si vous le pouvez, faites-en l’expérience. C’est déroutant. A tel point qu’une de mes éducs dans la pension suivante m’a fait le reproche suivant, devant toutes les filles de mon groupe : que je faisais semblant de bégayer. J’en suis restée paf. De quel droit se permettait-elle de porter un jugement aussi affirmatif et qui plus était archi-faux ? Fallait-il vraiment que je l’ai désarçonnée en faisant mouche dans mes propos pour qu’elle ne puisse plus rien dire que cette absurdité ? Ou bien ai-je mouchée une de ses chouchous qui ne s’attendant pas à une telle répartie, ne sut quoi me répondre ? A-t-elle reprise la balle au vol pour qu’elle ne perde pas pied devant mon incroyable et invraisemblable aplomb ? Quoiqu’il en soit à mon avis, elle a fait une faute professionnelle qu’elle n’aurait jamais du commettre. Surtout dans ce lieu spécial qu’étaient à l’époque les pensions qui s’apparentaient aux maisons de corrections d’antan. Ni devant les pensionnaires aussi versatiles qui n’en rataient jamais une pour critiquer le système éducatif en général et elles en particulier.
Mais revenons à Nîmes. J’avais un sacré caractère. Ne lâchais pas facilement le morceau, surtout si je savais pertinemment bien que j’avais raison. Là par contre j’allais très loin dans la provoque, et rien ne me faisait peur. Une exception confirme cependant la règle C’est à Marie-Thérèse que j’ai eu la première grande frayeur de ma courte vie. Je me suis très inquiétée quant j’ai vu petit à petit des protubérances pousser. Bien que j’aie eu un peu mal, je n’avais pas de fièvre. Et sans fièvre pas question de louper ne fusse un cours. Ce qui me tracassait, était que plus le temps passait, plus cela enflait. Certes je maman me répétait que j’étais un phénomène, mais avec 2 paires de seins je ne voulais pas devenir un de cirque. Plus tard ma mère m’a expliqué d’où venaient mes côtes déformées.
P a g e| 6 Et puis un jour la catastrophe des catastrophe : un matin de beau soleil, je vais au WC pour constater que je faisais pipi tout rouge. Là, j’ai reçu un coup de massue. Je ne savais pas quoi faire, quoi penser, ni que dire aux religieuses, aux éducatrices. Surtout pas aux filles de peur que cette aventure ne tourne encore une fois de plus en ma défaveur. Enfin, je ne sais plus comment, tout est rentré dans l’ordre. Et dans ma tête de toute nouvelle adolescente encore enfant, de me dire aussi que je l’avais échappée belle.
Encore aujourd’hui, je ne suis pas une personne trouillarde. Je serais plutôt une tête brûlée. Je n’ai peur de rien. Je sais que je prends des risques inconsidérés mais il faut savoir et pouvoir se dépasser et reculer toujours plus ses limites. Bien qu’à ce jour je sois plus réfléchie, mais s’il me fallait tout laisser pour recommencer à zéro ailleurs et pourquoi pas ? Une sacrée habitude pour moi. Ma façon d’agir et de réagir est la suivante, si c’est pour te faire engueuler à tort ou à raison va jusqu’au bout de ce que tu as entrepris. Souvent j’ai aussi compté sur ma chance, sur mes Bien-aimés pour qu’ils me donnent le petit coup de pouce pour pouvoir faire une pirouette (cacahuète) sans filet et sans trop de casse. Et la plupart du temps je n’ai jamais été déçue puisque je me suis sortie de pas mal de cata sans une égratignure (enfin façon de parler).ou avec le strict minimum de ce que j’aurais pu avoir. Pas mal, ne trouvez-vous pas ?
Je me suis posée longtemps cette question. Pourquoi ? Oh, pas envers les filles de mon groupe, mais à mon intention. J’ai regretté amèrement, mon inattention. Et j’ai culpabilisé sincèrement sur ma naïveté.
Un jour les filles dans le dortoir m’ont provoquée à mort. Elles ont eu le malheur de parier que je ne serais incapable d’aller dans les WC et de casser le globe de la lumière. Il est vrai que je n’aimais pas trop répondre à leurs provocations idiotes et prendre part à leurs bêtises. Je n’aimais pas trop me mouiller. Mais cette fois là, j’avais des problèmes en classe, et je me suis dit qu’un petit repos pour blessure à la main droite serait le bien venu. Le défi étant lancé, ne voulant pas perdre la face et surtout leurs montrer de quoi j’étais capable, me voilà dans les toilettes. J’ai pris une grande respiration et me suis lancée à l’eau sans réfléchir. Le hic dans l’histoire, puisque hic il y a, est que mon côté dominant d’origine a pris le dessus. Donc depuis ce jour mémorable, j’ai encore la petite cicatrice blanche, de ce haut-fait de guerre, pas très reluisant, au bas de la paume de ma main gauche.
P a g e| 7 Et pour mon arrêt de travail scolaire, je l’ai eu dans le baba. C’est peut-être pour cela que je n’ai jamais trop aimé le rhum (à part dans succulentes crêpes que me faisait ma grand-mère). Et voilà comment, par ce petit détail qui semble insignifiant, j’ai mis de l’eau dans mon moulin pour la compréhension finale déterminante sur l’origine de mon bégaiement. Dans mon panier, j’avais deux éléments indiscutables prouvant que j’étais une vraie gauchère : mon poignet gauche cassé et cette cicatrice. Par mon observation, j’en ai récolté d’autres qui au fil du temps sont venus étayer mon hypothèse et ensuite confirmer ma certitude. Ma grand-mère était une grande bricoleuse. Chaque fois qu’elle me demandait de visser, je dévissais ou je ne savais pas dans quel sens tourner la vis. Quand j’essuyais la vaisselle, surtout la moulinette, je la remontais toujours à l’envers pour elle qui étais une pure droitière. Au collège en éducation physique, notre prof de sport, en saut hauteur, nous spécifiait que pour les droitiers, il fallait se placer du coté droit de l’élastique et pour les gauchers l’inverse. Et moi invariablement je restais au milieu, sans savoir sur quel pied il me fallait danser. Euh !!! Compter. Non pas pour me faire remarquer, je n’avais pas besoin de cela pour le faire, mais parce que j’écrivais de la main droite et que mon pied d’appel était et est toujours celui des gauchers.
Pour les fêtes de fin d’année de 67, nous les petites avons présenté un quadrille de petits chevaux, sur un extrait de Guillaume Tell de Rossini. Pour ceux qui connaissent cette célèbre ouverture, notre danse endiablée commençait après l’admirable et très calme solo de violoncelle. Cet extrait avait déjà était le support d’un fantastique dessin animé de Walt Disney, où il est question d’un orchestre jouant dans un kiosque, pris dans une tempête qui envoie tous les musiciens emportés par la tornade, voltiger à hue et à dia, sans toute fois arrêter de jouer. Un vrai petit chef d’œuvre. Personnellement pour prouver à tous qu’en chantant, je ne bégayais pas, j’avais proposé, à mon éducatrice, et qui l’avais accepté, d’interpréter devant tout le pensionnât : En passant par la lorraine. Aux répétitions tout était impeccable. Et même pour la générale, tout était OK. Je ne m’étais pas imaginé le trac qui m’a pétrifiée lorsque je me suis retrouvée seule sur la scène et devant cet immense public. Je ne savais plus où me mettre. J’étais rouge comme une pivoine, non pas par la chaleur de la salle, mais par la peur de l’échec. J’ai regretté de ne pas être une petite souris, pour pouvoir aller me cacher dans son trou. Je jetais des regards inquiets et désespérés vers mon éducatrice, pour qu’elle m’aide à me sortir de ce mauvais pas dans lequel je m’étais engouffrée toute seule, corps et âme. J’étais tellement terrorisée et tétanisée que je ne pouvais même pas commencer le premier mot : En. Mot sur lequel logiquement en parlant, je ne butais pas. Les seules lettres qui accrochaient, c’étaient celles que j’appelle gutturales: P, B, G, C, entre autres.
P a g e| 8 Au bout de quelques secondes qui me parurent éternelles, pour me déstresser et me redonner confiance en moi, elle a commencé à chanter. J’ai pris le train en marche et j’ai pu finir sans encombre. Car une fois le démarreur enclenché, plus de ratés. Les deux strophes que j’avais apprise par cœur et que je connaissais sur le bout des doigts sont passées comme une lettre à la poste. A la fin de ma mini représentation, après un gros ouf de soulagement, tremblante comme une feuille, j’ai eu des applaudissements soutenus de tous le public. Et même plus tard, des félicitations pour avoir osé ce challenge. Encore heureux que tout n’a pas été aussi noir. J’ai d’autres souvenirs plus guillerets et moins pesants. Mais ceux là je vous les réserve pour dans mon récit à venir : Joyeux Témoignages.
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