Les Noces secrètes
54 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
54 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Gérard Caramaro Les Noces secrètes Roman Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits » I ........................................................................................... 8 II......................................................................................... 11 III .......................................................................................14 IV........................................................................................16 V .........................................................................................18 VI21 VII ..................................................................................... 24 VIII .................................................................................... 28 IX........................................................................................31 X 35 XI....................................................................................... 38 XII ..................................................................................... 40 XIII.................................................................................... 42 XIV 44 XV...................................................................................... 48 XVI .....................................................................................51 À propos de cette édition électronique ............................

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 16 janvier 2013
Nombre de lectures 162
Licence : En savoir +
Paternité
Langue Français

Extrait


Gérard Caramaro
Les Noces secrètes
Roman

Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits »
I ........................................................................................... 8
II......................................................................................... 11
III .......................................................................................14
IV........................................................................................16
V .........................................................................................18
VI21
VII ..................................................................................... 24
VIII .................................................................................... 28
IX........................................................................................31
X 35
XI....................................................................................... 38
XII ..................................................................................... 40
XIII.................................................................................... 42
XIV 44
XV...................................................................................... 48
XVI .....................................................................................51
À propos de cette édition électronique ............................ 54
Lucile m’est apparue comme ça, à l’automne, entre un
rougeoiement de vignes et un envol jaune de feuilles.
Comme une revanche faite aux coups du sort, il paraît,
parfois, qu’un esprit très bienveillant veuille nous éclairer
l’existence. C’est, dirait-on, un cadeau qui nous arrive
alors, nouvelle, succès ou rencontre, une pluie en terre de
sécheresse ou le feu croisé au cœur de l’hiver.

Elle est venue, ainsi, radieuse et mutine, la bouche au
trouble passé et l’œil noyé de clair. Si je devine là,
mécréant, une main ou, mieux, une baguette féerique, c’est
parce que Lucile m’a regardé et adopté.

Bien sûr, j’ai voulu lui donner les mots, lui expliquer,
l’envelopper, mais elle ne savait que rire. Les armes m’en
tombaient. Lorsque, impuissant, je ne sus plus que la
regarder, empli de gratitude, de peur et d’émerveillement,
Lucile rit, et elle fut la lumière. Quand je lui parlais, et je la
croyais attentive, elle n’était plus humaine, mais déjà
splendeur déconcertante. Qu’étais-je donc, moi, chemineau
du charme, séducteur tôt fourbu, forteresse vide, superbe
naguère ! Un autre. Je fondais, Lucile, mon âme bleue et
grise, elle couverte de cicatrices, coulait, et je voulais qu’elle
te pénétrât !

Ma brève vie d’avec Lucile ne fut pourtant pas
qu’angélique et, là encore, sa sensualité me déroutait. Elle
ne me donnait pas à caresser un corps de femme neuf, un
autre, avec ses belles différences, non, mais un souffle. Ses
chairs savaient se transformer sous mes paumes, mais il
me semble que c’est un nuage que je m’obstinais à
– 3 – embrasser. Dans leur fermeté même, leur luxuriance et
leurs apothéoses, elle gardait une dimension étrange et
impalpable. La seule assurance vraie que je garde de la
carnation de Lucile est sa bouche. Tendre, grande, vive,
brûlante et avide, tout à la fois rouge, étincelante, fraîche et
souple, elle attise le regard et la furie sans doute. Elle est la
vivacité du vent et elle engendre, toujours, des cascades de
rires ou de rauques psalmodies. Elle est l’antre primordial,
le plus ancien rêve de l’homme, la caverne et la source,
aérienne et nocturne, la vague lunaire réchauffée de désir
en son sein. Oh ! Lucile, par quelle alchimie as-tu su sans
volition et sans travail me transmuer en feu, haleine
incandescente au piège de la retenue ? Pont prisonnier de
son enjambement, j’errais en toi suspendu hors de l’heure,
et tu étais l’eau qui baigne la pile, et la voussure même du
pont, et le pas au-delà, vers l’autre monde. J’étais demeure,
toi le devenir.

Puis je me dis, Lucile, que mon emportement ne me
servirait de rien. À quoi bon rêver à t’épouser, sinon que je
songe à t’annexer ? Imagine-t-on un nuage de coin du ciel
ficelé à la main de son maître ! Va, évolue comme dois, et
laisse-moi te penser comme je le peux. Si tout n’est
qu’apparence, peut-être n’es-tu qu’illusion de beauté. Et si,
Lucile, vous n’étiez qu’une clef ? Un organe de lumière, un
signe, un passage obligé, une promesse ? Mais c’est
toujours de l’amour, Lucile, qui goutte de ma plume et je te
jure que c’est mon sang qui signe la ligne. Hé quoi ! aurais-
je changé, et, serein, je serais plus enclin à admettre que
celle-là même que j’aime ne m’appartient pas ?

– 4 – Une clef, Lucile, vous m’ouvriez les yeux sur un monde
plus beau. Votre charme sur moi a laissé, entendez-moi
bien, comme un rai de lune qui œuvre en secret.

Quand vous m’aurez quitté, belle, me disais-je déjà, et
que, évanouie, le songe de vous se subtilisera, n’oubliez pas
que je serai à vos côtés. Vous connaissez, je crois, mes
facultés à m’abstraire, et vous souvenez comme je vous
visitai quelquefois. Sachez alors discerner dans la
pénombre le mouvement qui vous cernera, ou distinguer
dans la clameur du soleil des scintillements bizarres. S’il se
peut que tu te complaises de l’invisible présence, mon âme,
je serai comblé.

Pour l’heure, je ne sais si je t’attends. Il est toujours chez
moi une oscillation entre l’amour et l’amour d’aimer. Tu
vois, je peins. Je te peins avec mes mots, je joue. C’est la
même rêverie qu’en ta présence, si tu veux, mais avec une
dimension laborieuse en plus. L’art est travail, puisque
nous en sommes aux poncifs. Toi, tu te fiches de cela, non ?
Tu es, simplement, et tout le reste n’est que digression. De
nos deux modes d’être, ou de vivre, je ne sais en toute
sincérité lequel est le plus positif, ou cohérent, ou
raisonnable, si tu préfères. Choisit-on, de toute manière !
Le plus étonnant — et pourquoi ! — est que nous nous
soyons abordés. Imagines-tu ? Deux vaisseaux, solitaires,
un rien fantomatiques croisent, entités autonomes et
mystérieuses, dans les parages de la solitude. Un cri dans
la brume, un regard échappé du bastingage, et c’est la
reconnaissance ; les grappins sont lancés, les armes sont
au pied, les passerelles abattues. Et nous voici, simulant
une panne d’isolement dans l’océan fantasque de
– 5 – l’existence, appariés à notre gré, sans cap défini. Des
pirates de rencontre, en définitive, nous ne sommes que des
flibustiers, des enfants de la maraude sur les chemins
terraqués.

Il me semble, de temps en temps, n’entendre que la
houle aveugle et le vent entêté. Notre course duelle aurait-
elle pris fin ! Suis-je de nouveau dérouté pour l’inconnu aux
commandes de ce bateau fou ? Écoute. J’aime à naviguer
seul. Même s’il me faut emmener dans ma tête l’image de
vous, je continuerai. Serais-je moins solitaire ? Merci,
Lucile, merci de nourrir mes songes encore. Tout cela
importe-t-il, pour toi ? Qui es-tu lorsque tu es seule ? Es-tu
seule parfois ? Le vide, comme l’on dit, t’emplit-il le cœur de
son vorace et noir silence ? Moi, j’aime. La nuit couchée sur
la terre, lorsque les vents miaulent en sourdine entre les
branches d’arbres hagards, je suis là et je guette. Je guette
et je bois, avide, tous les signes de l’univers. Ceux que
d’ordinaire ne peuvent goûter les hommes. L’étoile
traçante, je la salue. Le nuage écorché de lune, je
l’interprète. Alors, la Lune, elle, penses-tu comme elle peut
m’être familière ! C’est très simple. Elle ne m’est pas un
simple lumignon accroché, là, au cœur du ciel. Elle irradie,
et je suis semailles en ses rayons. C’est étrange, mais elle
est pour moi le passé, et elle me semble toujours raconter
l’histoire des temps. Il m’arrive de me dire que je vous
connais si fort parce que je la sais très proche.

Non, tu n’as pas disparu. Comment le pourriez-vous !
Ta présence est réelle, peut-être ne cherché-je plus à te
revoir. Tu es le point fixe et unique dans cet univers
crucifié, la rencontre, le point d’intersection des quatre
– 6 – bras égaux cloués aux horizons du monde. Tu es, mon rêve,
la seule référence, hors espace et hors temps, là où tout
s’accroche pour osciller au gré de lois occultes, tu es
l’ancrage.

N’allez pas imaginer, ma mie, que vous ne soyez qu’un
prétexte, un alibi à ma déraison galopante. Vous &

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents