Il était un roi..
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Description

Il était un Roi... Il était un roi. Un très vieux roi. Qui avait un fils très, très mais très jeune... Ce fils avait la vertueuse folie d'écouter les fées. De leur obéir en tout. De toujours les suivre, du jardin à la forêt en passant par la rivière. La féerie était sa raison d'être. Son père, Monsieur le Roi, avait beau s'efforcer à se fâcher, rien n'y faisait. Son fils, le Prince était un incurable rêveur. Et advint ce qui doit advenir quand l'âge se fait sentir, le vieux Roi mourut. Une mort calme dans le moelleux de son lit, sous une lune entourée d'étoiles. Le prince devint par le fait le nouveau Roi. Sur un trône trop grand pour lui. Entouré de nombreux conseillers. Sérieux, efficaces et zélés. Zélés jusqu'à couver de leurs attentions le trésor royal. Qu'il ne fallait en aucun cas toucher, mais juste admirer. Admirer ses grands coffres aux bois précieux enfermant des pièces, des pièces, des pièces d'or... Une incommensurable richesse. Issue du labeur des serviteurs, manants et paysans. De leurs pères, mères, grands-pères, grands-mères et de tous les parents. Et les parents des parents. Une tradition de travail acharné pour le bien d'un roi. Les ministres étaient si zélés qu'ils suggérèrent de lever un nouvel impôt. Un impôt pour couvrir les frais du nouveau Roi. Un Roi qui se devait d'offrir bal et fêtes aux douze princesses. Un Roi qui se devait de se couvrir d'or, hermine, argent et renard blanc.

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Publié le 24 février 2013
Nombre de lectures 380
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Langue Français

Extrait

Il était un Roi...

Il était un roi.
Un très vieux roi.
Qui avait un fils très, très mais très jeune...
Ce fils avait la vertueuse folie d'écouter les fées.
De leur obéir en tout.
De toujours les suivre, du jardin à la forêt en passant par la
rivière.
La féerie était sa raison d'être.
Son père, Monsieur le Roi, avait beau s'efforcer à se fâcher,
rien n'y faisait.
Son fils, le Prince était un incurable rêveur.
Et advint ce qui doit advenir quand l'âge se fait sentir, le
vieux Roi mourut.
Une mort calme dans le moelleux de son lit, sous une lune
entourée d'étoiles.
Le prince devint par le fait le nouveau Roi.
Sur un trône trop grand pour lui.
Entouré de nombreux conseillers.
Sérieux, efficaces et zélés.Zélés jusqu'à couver de leurs attentions le trésor royal.
Qu'il ne fallait en aucun cas toucher, mais juste admirer.
Admirer ses grands coffres aux bois précieux enfermant des
pièces, des pièces, des pièces d'or... Une incommensurable
richesse.
Issue du labeur des serviteurs, manants et paysans. De leurs
pères, mères, grands-pères, grands-mères et de tous les
parents.
Et les parents des parents.
Une tradition de travail acharné pour le bien d'un roi.
Les ministres étaient si zélés qu'ils suggérèrent de lever un
nouvel impôt.
Un impôt pour couvrir les frais du nouveau Roi.
Un Roi qui se devait d'offrir bal et fêtes
aux douze princesses.
Un Roi qui se devait de se couvrir d'or, hermine, argent et
renard blanc.
Un Roi qui se devait de suivre les conseils avisés :
« Non, votre Grâce » lui disaient-ils « Votre père souhaitait
transmettre son trésor en héritage aux enfants des enfants de
vos enfants ! »
« Non, votre Grâce » répétaient-ils « Pour vous, vos paysans
redoubleront d'efforts. »
« Non, votre Grâce » susurraient-ils « Le travail ne les tuera
point ! »« Oui, votre Grâce » admettaient-il « Vous êtes le Roi, mais
si jeune ma foi, que sans l'aide de vos conseillers vous ne
pourriez convenablement régner! »
Zélés, ces conseillers, jusqu'à lui ordonner de les écouter.
Le jeune Roi s'appliqua à ne pas user de son pouvoir,
laissant ce soin à ses conseillers.
Et il retourna auprès de ses fées...
Écoutant le charme discret de leurs ailes.
Une chanson des plus belles.
Celle du bonheur des grâces du matin.
« Le soleil dans le ciel,
des nuages aux merveilles,
le parfum du miel,
et un roi au réveil. »
« O, pauvre de moi » leur dit-il « Je ne suis que roi
d'apparat, j'en porte le nom mais n'use guère de mes
fonctions »
Les fées, aux minuscules ailes, aux doigts délicats se
posèrent sur les ornements de sa couronne.
« Que dites vous, grand Roi à l'incommensurable richesse ?
Comment pouvez-vous, vous plaindre de pauvreté ? »
Le jeune homme secoua la tête, abaissa ses épaules : « Vous
ne pouvez pas comprendre... »Les petites fées, de trois belles étincelles, rendirent le prince
transparent.
Ses mains, son corps disparurent, mais de ses yeux il voyait
tout.
Les fées, les arbres, les nuages...
Il se sentit s'élever au-dessus du sol et doucement il
voyagea, survolant la rivière, les champs et le village où au
centre duquel, sur la margelle d'un puits, les fées le
déposèrent.
« Regarde et écoute » lui dirent-elles puis sous un léger
nuage de poussières, elles se cachèrent.
Il ouvrit grand ses sens, découvrant pour la première fois
l'au-delà du parc et du château.
Le sol de terre battue craquait sous l'ardeur du soleil.
Autour de lui de tristes bâtisses s’émiettaient de leurs
pierres.
Des hommes aux épaules voûtées s'y engouffraient avec
lenteur.
Près de lui, une petite fille s'approcha.
De grosses larmes coulaient de ses yeux.
Elle parla, elle parla comme s'il eut été là :
« Votre Majesté, il paraîtrait que ce puits permet de vous
causer... C'est Mémé qui le dit... Alors voilà... Nous vous
donnons les fruits du verger, les légumes du potager et le
blé des champs... Pourquoi... Avez-vous donc si faim ? »Les grosses larmes s'étaient arrêtées de couler de ses yeux
mais elles embuaient ceux du trop jeune Roi.
La petite fille retourna dans l'abri d'une maison, croisant une
jeune fille, qui vers le puits s'approcha...
De grosses larmes coulaient de ses yeux.
La jeune fille parla, elle parla comme s'il le roi eut été là :
« Votre Majesté, il paraîtrait que ce puits permet de vous
causer... C'est La Mémé qui le dit... Alors, voilà.... Vous
nous protégez de la guerre, le pays est en paix depuis le fils,
du fils, du fils du Roi, mais pourquoi gardez-vous trop près
de vos frontières mon fiancé bien-aimé...
Pourquoi... Avez-vous donc si peur ? »
Les grosses larmes s'étaient arrêtées de couler de ses yeux...
mais elles inondèrent le cœur du jeune Roi...
La jeune fille retourna dans l'abri de sa chaumière, croisant
une vieille dame, qui vers le puits s'approcha...
La vieille Dame parla, parla en souriant de toutes les dents
que l'âge avait épargnées...
Elle sourit tendrement au Roi qui était là....
« Votre majesté, depuis des temps dans lesquels mes
souvenirs se noient, toujours au bord de ce puits, trois
femmes parlent à leur Nouveau Roi... Trois femmes à trois
instants différents de leur vie... Trois femmes aux trois
questions... Ma vie va s'achever et bien voici la mienne :
Êtes-vous heureux ? »La Vieille Dame retourna dans l'abri de sa demeure, passant
dans le nuage où se cachaient les fées.
Sur la margelle du puits, au bord des larmes du roi, elles se
posèrent.
Chacune leur tour, les fées murmurèrent :
« La pluie donne l'eau à la rivière. Le soleil se donne à tous
les êtres. Un Roi, des conseils donnés, doit savoir faire le
choix.»
Bien sûr cette tradition des trois questions datait du père, du
père, du père , du père du Roi.
Une tradition de choix.
De mauvais choix.
Or de sa nature vouée à l'écoute des fées, le trop jeune Roi
avait retenu une riche expérience.
L’expérience du partage et du bon sens.

Il fut un Roi, un très bon Roi qui sut rendre en juste retour
ce que de la vie il recevait en biens et en pensées apportant à
sa contrée pour tous paix et prospérité.
Pour les conseillers zélés, nul n'est censé ignorer qu'ils
partirent à tire-d'aile et croisèrent en chemin les soldats des
frontières qui ,d'un pas chantant, s'en retournaient vers leurs
belles...

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