131
pages
Français
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2019
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Ebook
2019
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Publié par
Date de parution
28 novembre 2019
Nombre de lectures
123
EAN13
9782212468212
Langue
Français
La collection "Petite philosophie des grandes idées" retrace, à travers la présentation d'une dizaine de penseurs majeurs, le destin d'un concept-clé.
Ainsi, ce livre raconte l'histoire de l'idée d'amour, de l'Antiquité à nos jours : chaque chapitre est consacré à la pensée d'un philosophe dont l'auteur dégage les lignes de force. Illustré de citations de référence et d'exemples de la vie quotidienne, ce guide constitue une approche vivante et efficace de l'histoire de la pensée philosophique.
Préface d'André Comte-Sponville
Publié par
Date de parution
28 novembre 2019
Nombre de lectures
123
EAN13
9782212468212
Langue
Français
CATHERINE MERRIEN
PRÉFACE D’ANDRÉ COMTE-SPONVILLE
Petite philosophie de
L’AMOUR
de Platon à Comte-Sponville
Éditions Eyrolles
61, Bd Saint-Germain
75240 Paris Cedex 05
www.editions-eyrolles.com
Chez le même éditeur, dans la même collection :
L’amour
L’amitié
Le bonheur
Le corps
Le désir
La justice
La liberté
Le plaisir
La religion
Ouvrage dirigé par André Comte-Sponville
Mise en pages :
Le Bureau des Affaires Graphiques
Corrections :
Bertrand Vauvray
Véronique Pruvot
En application de la loi du 11 mars 1957, il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement le présent ouvrage, sur quelque support que ce soit, sans autorisation de l’éditeur ou du Centre Français d’Exploitation du Droit de Copie, 20, rue des Grands- Augustins, 75006 Paris.
© Groupe Eyrolles, 2010
© Éditions Eyrolles, 2020 pour la nouvelle présentation
ISBN : 978-2-212-57306-0
À l’occasion de ce quatrième tirage, cet ouvrage bénéficie d’une nouvelle couverture. L’essentiel du texte et des illustrations reste inchangé.
Table des Matières
Couverture
Page de Titre
Page de Copyright
Table des Matières
Préface
Avant- propos
1 / Platon
Pour commencer
L'amour, nostalgie du plein et désir du vide
Sur les ailes du désir : de l’amour bestial à l'amour divin
Aimer, le combat de l’ange
Pour finir…
2 / Lucrèce et l’épicurisme
Pour commencer
L'amour est le mauvais rêve du désir
Le délire amoureux, ennemi mortel de la sagesse
Le joyeux libertinage, remède à la maladie d'amour
L'habitude, pour construire le couple : de l’indifférence à l'amour
Pour finir…
3 / Saint Augustin
Pour commencer
Le démon de la sexualité, une lutte à mort contre l'esprit
La sainteté du mariage : un couple d'anges parmi les hommes
Pour finir…
4 / Montaigne
Pour commencer
Le mariage, une douce société sans amour
L'amour, plaisir de chasseur
Jouer ensemble, sans se jouer l'un de l'autre : les valeurs fixes d'un amour en mouvement
Pour finir…
5 / Descartes
Pour commencer
J’aime donc je suis
Distinguer l'amour de ses masques
Maîtriser ses passions : aimer le bien pour aimer bien
Pour finir…
6 / Rousseau
Pour commencer
Entre grandeur et misère : les contradictions de la passion
L'amour conjugal, pour tenir les promesses de la passion
Brûlure de la passion ou ennui conjugal : l’amour comme problème sans solution
Pour finir…
7 / Kant
Pour commencer
L'amour est presque toujours « une maladie de l’âme »
L’amour dans les limites de la moralité
Pour finir…
8 / Schopenhauer
Pour commencer
La clé de l’énigme amoureuse
Toutes les réponses aux grandes questions de l'amour
Mariage d'amour, malheur toujours
L’amour, crime contre la vie
Pour finir…
9 / Nietzsche
Pour commencer
Sous le voile de l'amour passion : bassesse et décadence
Le mariage, ce « pitoyable bien-être à deux ! »
Les pôles du courant amoureux : amour d’homme et amour de femme
L’amitié comme idéal amoureux
L'amour, pour sauver le monde : vers une nouvelle Genèse
Pour finir…
10 / André Comte-Sponville
Pour commencer
Trois pôles de l'amour, dans le champ d'aimer : éros, philia et agapè
L'ascension amoureuse : partir de la terre « à l'assaut du ciel »
Aimer, désespérément : l'amour, visage de la sagesse
Pour finir…
BIBLIOGRAPHIE LES AUTEURS ÉTUDIÉS DANS L’OUVRAGE
Préface
La grande affaire, c’est bien sûr d’aimer. Et d’être aimé ? Soit. Mais parce que nous aimons ça. Rien ne vaut pour nous – fût-ce l’amour reçu – qu’à proportion de l’amour que nous lui portons. La vie ? Elle ne vaut que pour qui l’aime. La justice ? la fraternité ? Elles ne sont rien pour qui s’en moque. L’amour n’est pas seulement la valeur suprême. Il est aussi la condition de toutes les autres : lui seul donne de la valeur à ce qui est (le réel), et même à ce qui n’est pas (l’idéal). Si vous n’aimez pas ça, n’en dégoûtez pas les autres. Comment se fait-il, sur un si beau sujet, que les philosophes soient si souvent décevants ? Plusieurs donnent le sentiment de ne le connaître que par ouï-dire, ou d’être contre, ou de ne célébrer qu’un amour impossible, dont nul d’ailleurs ne voudrait si nous en étions capables ! Mais ce n’est pas le cas de tous, ni des plus grands. Ceux-là nous éclairent, au contraire, sur la joie et la difficulté d’aimer, sur nos illusions ou désillusions amoureuses, sur la force et les limites du désir sexuel, sur la violence de la passion, sur la douceur des couples, quand ils sont heureux, sur leur douleur, lorsqu’ils se déchirent, sur leur lourdeur, lorsqu’ils s’ennuient... Il n’y a pas d’amour heureux, ni de bonheur sans amour. Voilà ce que la vie nous apprend et qu’il faut essayer de comprendre. Les philosophes nous y aident, du moins les meilleurs d’entre eux, lorsqu’ils ne sont pas trop prisonniers de leurs croyances, de leurs préjugés, de leur pudibonderie, de leurs peurs peut-être… La philosophie n’est pas une garantie contre la sottise. Quelle haine du sexe, chez saint Augustin, quelle misogynie, chez Kant, Schopenhauer ou Nietzsche (mais oui, chère Catherine Merrien, chez Nietzsche aussi), quelle méconnaissance, chez presque tous, de ce qu’est la vie réelle et sensuelle d’un couple heureux ! Philosophie de célibataires, de puceaux ou de peine-à-jouir, du moins c’est ce qu’il m’est arrivé de penser, les lisant, ou de pester. Heureusement qu’il y a Platon et Lucrèce, Montaigne et Descartes, Aristote et Spinoza ! Cela n’empêche pas les autres d’être éclairants, dérangeants, décapants, profonds. C'est à quoi on reconnaît le génie : même ses errements donnent à penser. Kant, sur la sexualité, est plus perspicace que plusieurs de nos sexologues,
comme Rousseau sur la passion ou Schopenhauer sur le couple… Tous nous aident à réfléchir, c’est leur fonction de philosophes, et à penser – y compris contre eux – par nous-mêmes. C’est l’un des grands mérites de ce livre, si riche, si vivant, si clair, que de nous présenter plusieurs des pièces du dossier, sur quoi chacun pourra se faire son opinion, voire élaborer, s’il en est capable, sa propre « philosophie de l’amour ». Penser par soi-même, ce n’est pas penser tout seul ; c’est s’appuyer sur la pensée des autres, vivants ou morts, pour forger la sienne. De là le dialogue, comme on voit chez Platon, ou la polémique, qui n’est qu’un dialogue un peu plus virulent. Que la sagesse soit une paix, tous l’ont dit. La philosophie, qui y tend, serait plutôt un combat – une arène, disait Kant. À chacun d’y choisir ses alliés et ses adversaires. Catherine Merrien nous présente les conceptions de neuf philosophes, parmi les plus grands : Platon, Lucrèce, saint Augustin, Montaigne, Descartes, Rousseau, Kant, Schopenhauer et Nietzsche. Qu’elle ait voulu ajouter un contemporain, c’est tout à son honneur, qui n’allait pas sans risque ; et que je sois celui-là est un honneur aussi, qu’elle me fait et que certains (c’est une partie du risque) lui reprocheront… Tout choix est subjectif. On me permettra de ne pas discuter celui-là.
Les neuf autres auteurs sont incontestables, et par leur place dans l’histoire de la philosophie, qui est de tout premier rang, et par la force ou l’originalité de leur philosophie de l’amour. La sélection de Catherine Merrien n’en reste pas moins subjective, comme elle devait l’être, et dès lors discutable. J’ai surtout regretté, lisant l’ouvrage, l’absence de deux philosophes, aussi grands que ceux qui y figurent, mais plus chers à mon cœur que la plupart d’entre eux : Aristote (le sublime livre VIII de l’ Éthique à Nicomaque est ce qu’on a écrit de plus beau sur l’amitié) et Spinoza, qui sut penser le désir comme puissance et l’amour comme joie. Il est vrai que je me suis beaucoup appuyé sur l’un et l’autre, dans mes propres écrits sur l’amour, et que Catherine Merrien, pour éviter les redites, a pu vouloir me déléguer, si j’ose dire, la charge de les présenter. Le fait est que lorsque j’oppose éros , philia et agapè , ou lorsque je les distingue, j’oppose aussi trois conceptions différentes de l’amour : celle de Platon ( éros : le manque, l’amour qui prend, celuiqui veut posséder et garder), celle d’Aristote ou de Spinoza ( philia : la puissance de jouir et de se réjouir, l’amour qui se complaît et qui partage, par exemple dans l’amitié ou le couple), celle enfin de Jésus ou, pour citer plutôt des philosophes, de Pascal ou Simone Weil ( agapè : l’amour du prochain, c’est-à-dire de n’importe qui, l’amour de charité, celui qui renonce à la possession et même à la puissance, celui qui donne et s’abandonne). Disons, quitte à simplifier beaucoup : l’amour-passion, celui qu’on ne choisit pas, celui qui nous emporte et qu’on subit ; l’amour-action, celui qu’on fait (y compris au sens sexuel de l’expression) ou qu’on bâtit ; enfin l’amour-grâce, celui, s’il existe, si nous en sommes capables, qui nous libère de nous-même, de la petite prison du moi, comme une amitié affranchie de l’ego, comme un amour sans rivage et sans appartenance.
Que ces trois amours soient à prendre ensemble (et quand bien même le troisième ne serait qu’un idéal), j’y ai souvent insisté. Il n’en reste pas moins qu’Aristote ou Spinoza me paraissent, pour nos histoires d’amour, les meilleurs maîtres. Ce sont deux façons, à bien des égards convergentes, de refuser le platonisme et le malheur. Qu’est-ce, en effet, qu’être heureux ? Avoir ce qu’on désire. Mais si l’amour est manque, comme le veut Platon, je n’aime que ce que je n’ai pas. Je n’ai donc jamais ce que j’aime ni ne puis aimer longtemps ce que je possède... Comment pourrais-je être heureux ? C'est le piège du manque, qui ne débouche que sur la souffrance (tant que le manque demeure) ou l’ennui (si le manque s’abolit dans la satisfaction). C’est où l’on tombe de Platon en Schopenhauer, de « la grande souffrance de la passion », comme dit le premier, à l’ennui, comme dit le second, des couples… Que cela parle à notre expérience, que cela soit vrai souvent, seuls de très jeunes gens pourraient